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La vitesse de déplacement comme facteur explicatif des transformations de l’espace urbain

Chapitre I. L’évolution des vitesses des transports urbains au cœur de la métropolisation

1.3 La vitesse de déplacement comme facteur explicatif des transformations de l’espace urbain

Les changements de la vitesse de déplacement, accélérée et différenciée, ont-ils produit des impacts sur l’organisation et la dynamique de l’espace urbain ? Dans la partie suivant, nous montrerons certains liens entre les changements de vitesses de déplacements et les mutations de l’espace urbain. Bien que la vitesse ne soit pas le seul facteur pour les transformations de ce dernier et que ces liens ne s’inscrivent pas dans un rapport de cause et effet, l’évolution de la vitesse de déplacement participe à ces transformations et en constitue un facteur explicatif majeur. Les multiples dimensions - spatiale, économique, sociale et politique – dans lesquelles s’inscrivent les fonctionnements des territoires nous serviront de cadre d’observation.

1.3.1 Une lecture des transformations spatiales de la ville à travers l’évolution de la vitesse L’expansion spatiale continue est l’évolution la plus marquante dans l’histoire de la ville. La plupart des grandes métropoles contemporaines ont vécu un parcours

80

Selon les EGT, la mobilité globale a peu changé depuis 1976 en restant autour de 3,5 déplacements par jour et par personne, 0,2 déplacements quotidiens ont été transférés des motifs obligés (professionnels et scolaires) vers les motifs privés. Ce transfert s’est même légèrement accéléré puisque entre 1991 et 2001, il s’élevait à 0,1 déplacement.

similaire : nées d’un petit village initial et agrandies à l’intérieur des remparts de cités médiévales, elles débordent ensuite progressivement les limites artificielles pendant l’industrialisation pour prendre la forme d’agglomération en intégrant une vaste banlieue, avant d’arriver aujourd’hui à la formation d’aires urbaines issues de la métropolisation. Peu de signes portent à croire que cette expansion spatiale sera terminée ou réversible, au moins dans le cas des grandes villes81.

De plus, cette transformation de l’espace urbain est témoignée par une évolution conceptuelle parallèle. L’« agglomération formée autour d’une ancienne cité, sur le terrain d’anciens domaines ruraux » a donné naissance au mot « ville » dans la langue latine82, la dynamique des campagnes proches de la ville dans les années 1960 et 1970

concourt à l’apparition des termes de « rurbanisation » et de « périurbanisation ». La reconnaissance de cette dynamique, au milieu des années 1980 en France, comme un prolongement du processus d’urbanisation, rend populaire le vocable de « métropolisation » 83. Enfin apparaît en 1990 la notion d’« aire urbaine » définie par

l’INSEE pour désigner la ville et son aire d’influence.

En apparence, cette expansion spatiale résulte d’une concentration continue des populations et des activités vers l’espace urbain. Mais au fond, ce sont les progrès en matière de communications et de vitesse qui l’ont rendu possible. De la ville classique jusqu’à nos jours, à chaque révolution technique dans le domaine des transports urbains, la ville s’étale, prenant une nouvelle forme, ce qui suggère un lien inhérent entre l’expansion spatiale de la ville (plus récemment l’étalement urbain) et l’augmentation générale de la vitesse de déplacement. Cette corrélation est notamment en accord avec l’hypothèse d’Y. ZAHAVI : si la dépense temporelle moyenne en déplacements quotidiens

dans une agglomération restera stable pendant une longe durée, la vitesse moyenne des déplacements urbains, proportionnelle à la portée des déplacements, agit de façon déterminante dans la dimension géographique de la ville. Et son augmentation contribuera à l’expansion spatiale de l’espace urbain. Nous pouvons constater cette corrélation à travers des évolutions historiques des villes européennes.

ƒ De la ville pédestre à l’urbanisation en « doigts de gant »

La ville avant l’ère industrielle, est une ville pédestre. Jusqu’au début du XIXème

siècle, la plupart des citadins se déplacent à pied. Les déplacements quotidiens sont très lents et de faibles portées en raison d’une force motrice des transports essentiellement musculaire (humaine ou animale). C’est la vitesse de l’homme allant à pied, 5 kilomètres à l’heure environ, qui détermine la dimension géographique de la ville.

La Révolution Industrielle déclenchée dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle

81

Certaines études récentes ont constaté que la perte des activités et des populations a entraîné une contraction surfacique dans certaines villes industrielles en Europe et en Amérique du nord. Ces « shinking cities » ne concernent aujourd’hui que des villes de petite ou moyenne taille à mono activité (la mine, l’industrie lourde…).

82

Voir le terme de « Ville », in Le petit Robert, Dictionnaire de la langue française, p. 2677.

83

Le colloque « Périphéries urbaines » tenu en décembre 1984 à Angers ouvre la voie à une nouvelle approche de cette expansion périurbaine en émettant l’idée que la nouvelle croissance démographique dans les campagnes proches de la ville n’est pas à opposer au processus d’urbanisation.

a marqué le premier essor de la vitesse de déplacement urbain. Les omnibus à chevaux font leur apparition au tout début du XIXème siècle, puis le tramway, né aux Etats-Unis en

1832, est progressivement adopté dans toutes les villes d’Europe. Ensuite, les métros souterrains ou sur viaduc, les chemins de fer de banlieue et les autobus à essence rejoignent les uns après les autres le service de transports collectifs en ville. Ce développement des modes de transports motorisés a conduit à une accélération importante des déplacements urbains, de l’ordre de 2 à 4 fois plus rapide par rapport à la marche à pied. Avec une vitesse de déplacements beaucoup plus performante, « c’est toute la vie urbaine qui se met en mouvement à l’orée du XXème siècle »84.

Conjugué avec la croissance démographique spectaculaire due à l’exode rural et au recul de la mortalité85, ce progrès en matière de transport a radicalement bouleversé la

morphologie de la ville classique et concouru à une expansion urbaine rapide. Les agglomérations urbaines prennent des formes et des dimensions jusqu’alors inconnues. Durant cette période, l’expansion urbaine est structurée par le transport en commun dont la vitesse était le plus rapide. Guidée par les lignes de tramways et de chemins de fer de banlieue, elle fait développer les banlieues sous la forme de « doigts de gant ». En France, dès 1900 à Paris et plus tard en province, les villes s’étendent le long des axes de transport et les écarts se creusent avec les périphéries moins accessibles. Malgré sa caractéristique expansive dans la représentation spatiale, l’urbanisation de cette époque a été dominée par la concentration qui se traduit par l’accroissement démographique et la hausse de la densité en agglomération.

ƒ Etalement urbain, une forme d’urbanisation diffuse en « tache d’huile »

La ville du XXème siècle connaît ensuite le déferlement de la voiture individuelle.

Ce moyen de transport individuel se répand très rapidement dans toutes les couches de la société aux Etats-Unis à partir des années 1920 et en Europe dès les années 195086. La

démocratisation de l’automobile en Europe a impulsé le deuxième essor de la vitesse de déplacement et suscité des transformations profondes de l’espace urbain. Pour « adapter la ville à la voiture »87, de nombreuses infrastructures routières et autoroutières sont

construites dans des agglomérations. L’invasion de l’automobile a entraîné la disparition progressive des tramways de la ville. Avec une rapidité sans rival et une liberté de circulation dans toutes les directions, la domination de l’automobile a concouru à une nouvelle forme d’urbanisation, en « tache d’huile », peu dense, éclatée, voire même éparpillée. Les voies rapides ont entraîné une périurbanisation importante qui fait surgir des îlots périurbains en pleine campagne comme des archipels au « vieux continent urbain », ville-centre et banlieues denses. En France, en 1990, cette vaste couronne périurbaine regroupe le tiers des citadins, la banlieue et la ville-centre en englobant chacune un autre tiers.

84

F. Beaucire (1997), Les transports publics et la ville, Editions Milan, Toulouse, coll. "Essentiels Société", p.7.

85

A titre d’exemple, entre 1800 et 1850, Londres et Paris triplent leur population, pour atteindre respectivement 3 millions et 1,5 million d’habitants.

86

En 1900, on compte 2000 voitures immatriculées à Paris, puis 500 000 en 1939 et 1,2 million en 1960.

87

Ce phénomène du surgissement des surfaces urbanisées en périphérie des grandes villes est lui, désigné par le terme d’« étalement urbain ». Selon la définition des autorités municipales du Québec, l’actuel étalement urbain présente quatre caractéristiques principales : « une extension du territoire urbain qui produit à l’échelle métropolitaine une forme urbaine diffuse, ayant l’apparence de taches d’huile contenant un tissu urbain, généralement de faible densité, séparées par des espaces de friche. »

L’étalement urbain concourt à donner une nouvelle dimension aux fonctionnements de l’espace urbain, celle de l’« aire urbaine » selon le terme de l’INSEE. Il présente une nouvelle forme de l’expansion opérée par la croissance de la motorisation. Au contraire à l’urbanisation précédente, les aires urbaines en formation sont dominées par une urbanisation diffuse qui se traduit par la stagnation démographique et la dédensification : la partie dense de l’agglomération centrale perd de ses habitants au profit des zones de faible densité en périurbain.

ƒ Les territoires fragmentés, éclatés…

Depuis les années 1980, la vitesse des moyens de transports et de communications a connu un nouvel essor. En France, le redéveloppement du transport en commun est lancé avec l’introduction des nouveaux moyens de transport collectif rapide en ville : les Transport Collectif en Site Propre (TCSP) en province et le système de Réseau express régional (RER) dans la région parisienne. A l’échelle nationale, c’est le réseau de TGV qui règne. La grande vitesse ferroviaire que l’on ne connaît jamais jusqu’ici a réussi à concurrencer l’avion, en réduisant considérablement les temps de trajet.

Dans cette période, l’évolution la plus significative en termes de vitesse est le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Les nouveaux services d’accès à l’Internet haut débit ou sans fil, de téléphones portables, etc., ont introduit une vitesse absolue, quasi instantanée, pour des échanges entre les individus. Ils créent même un nouvel « espace », dans lequel les flux d’informations remplacent une partie des déplacements physiques dans l’espace réel. Par une proximité virtuelle, en temps réel, ils maintiennent des interactions sociales à distance.

Le nouvel essor de la vitesse des transports et des communications et la superposition de l’espace virtuel sur le territoire physique ont contribué aux transformations profondes de l’organisation et des dynamiques spatiales. La métropolisation à l’œuvre a fait apparaître les processus de fragmentation socio-spatiale à diverses échelles. Décrite par J. VIARD comme la formation d’une « société archipel »88

et par P. VELTZ comme une « fractalisation du territoire »89, l’actuelle fragmentation de

l’espace urbain est particulièrement marquée par une nouvelle répartition spatiale, dispersée et décalée, des populations, des logements et des emplois.

88

J. Viard (1994), La société d'archipel ou les territoires du village global, L'Aube, La Tour d'Aigues, 126 p.

89

P. Veltz (1996), Mondialisation, villes et territoires: L'économie d'archipel, Puf, Paris, coll. "Economie en liberté", 262 p.

En France, les recensements de l’INSEE ont enregistré un redéploiement depuis 1975 de la population nationale vers les zones en périphérie et vers l’espace à dominante rurale au détriment des agglomérations. La population vivant dans les pôles urbains, qui a crû jusqu’en 1975, est depuis en décroissance. A l’inverse, la population des couronnes périurbaines croît fortement sous l’effet de soldes migratoires positifs. Entre 1990 et 1999, l’espace rural sous faible influence urbaine a gagné 410 000 personnes. La population de cet espace pris dans son ensemble augmente de 0,53% par an, croissance imputable à un solde migratoire positif (0,56% par an). Pour 58 % des communes de cet espace, la population s’accroît par le seul jeu de l’apport migratoire.90

En ce qui concerne les logements, l’augmentation de la vitesse de déplacement joue un rôle croissant en France sur les tensions du marché du logement et la politique de l’accès au logement pour les ménages modestes. Jusqu’au milieu des années 1970, l’essentiel de l’aide d’Etat en matière de logements allait à la construction locative en immeuble collectif. Le dispositif a été progressivement assoupli puis fortement concurrencé par des dispositifs d’aide à l’accession à la propriété, avec entre autres le prêt à taux zéro. Ce dispositif pousse les accédants modestes à rechercher les terrains les plus économiques, de 20 à 40 kilomètres des villes selon leur taille et les contextes locaux. Une étude réalisée par l'Association des études foncières (ADEF) en 200191 montre que

les bénéficiaires de prêt à taux zéro s’orientent aux deux tiers vers les communes rurales ou les communes périurbaines, qui ne représentent que 40% de la population.

L’étalement et la dispersion concernent aussi les emplois. Les économistes observent une concentration de l’emploi vers les agglomérations, mais ils enregistrent aussi une spécialisation simultanée des territoires, au sein d’une même métropole, en pôle d’activités discontinus. Depuis 1975, les villes centres françaises gardent un nombre d’emplois stable au niveau global, dans la mesure où les pertes importantes enregistrées dans les plus grandes sont en partie compensées par des gains dans les plus petites. La banlieue intérieure gagne près de 400 000 emplois tandis que la banlieue extérieure en gagne le double. Le voisinage des voies rapides dans cette dernière a induit un développement important des grandes fonctions de distribution (grandes surfaces alimentaires et spécialisées, multiplexes, plates-formes logistiques, etc.). Les zones périurbaines quant à elles perdent des emplois même si leur population active résidente croît. Hier, zones riches en emploi agricoles, artisanaux et en commerces de proximité, elles se spécialisent aujourd’hui sur l’accueil des populations et des activités de service à ces populations.

90

Voir L’INSEE Première, N° 726, Juillet 2000. L’INSEE a élaboré, en 1997, une nouvelle nomenclature spatiale - le zonage en aires urbaines (ZAU) – dans le but de donner une définition précise des villes et de leur zone d’influence. Les aires urbaines, au nombre de 361, sont découpées en deux composants : les pôles urbains d’une part que sont les villes importantes et leur banlieue et la couronne périurbaine d’autre part comprenant les communes dont 40% ou plus des actifs résidents vont travailler dans l’aire urbaine. Un ensemble constitué d’aires urbaines et de communes multi-polarisées, toutes contiguës les unes aux autres, forme un espace urbain. Le reste du territoire est l’espace à dominante rurale, au sein duquel l’espace rural sous faible influence urbaine représente les communes dont 20% ou plus des actifs résidents vont travailler dans l’aire urbaine.

91

1.3.2 La vitesse de déplacement participe à la différenciation de l’espace urbain

L’étalement urbain conduit par l’augmentation de la vitesse des moyens de transport et de communication n’est pas un simple changement apparent de la dimension géographique de la ville. Il implique des transformations profondes sur les fonctionnements et l’organisation des territoires. Etant donné que l’objet de recherche de notre étude est le déplacement, notre analyse suivante se focalisera sur les impacts spatiaux, économiques et sociaux, produits par le changement de la vitesse de déplacement.

ƒ « De la lenteur homogène à la rapidité différenciée »

D’abord, l’augmentation de la vitesse de déplacement a modifié en profondeur le rapport entre l’homme, l’espace et temps. Elle entraîne une différenciation des vitesses qui contribue à l’hétérogénisation de l’espace urbain. Comme le résume J. OLLIVRO dans

le sous titre de son ouvrage92, l’évolution de la vitesse de déplacement est caractérisée

par le passage « de la lenteur homogène à la rapidité différenciée ».

Dans la ville classique, les vitesses de déplacements urbains sont très lentes, ce qui permet un contact étroit et direct entre les hommes et l’espace naturel. Et cela d’autant plus, qu’elles varient très peu dans le temps et entre les modes : les hommes se déplacent tous à des vitesses voisines. Les déplacements sont donc structurés par une stricte proportionnalité entre le temps et l’espace. Dans ce cadre, la faible vitesse de déplacements constitue un outil majeur de cohésion, produisant des espaces urbains très peu différenciés, identiques à tout le monde. Le rapport entre l’homme et l’espace est caractérisé par une « lenteur homogène », selon le terme de J. OLLIVRO. Cette

caractéristique d’homogénéité se présente également à l’échelle territoriale : La hiérarchie fonctionnelle entre les villes est très faible et les mêmes fonctions sont reproduites dans chaque structure urbaine.

Suite à la première industrialisation, la ville du XIXème siècle connaît une

accélération considérable des déplacements urbains générée par le développement de transports motorisés. Cette accélération porte une caractéristique collective pour deux raisons : d’une part, la production industrialisée à l’époque, dépendant d’une division plus fine du travail au sein de la société, exige un mode d’organisations du travail fortement synchronisé ; d’autre part, les déplacements rapides dépendent exclusivement du transport en commun motorisé qui devient très vite un mode de transport prédominant93.

92

J. Ollivro (2000), L'homme à toutes vitesses, de la lenteur homogène à la rapidité différenciée, Presses universitaires de Rennes 2, Rennes, 179 p.

93

Jusqu’au début du XXème siècle, les transports ferrés ont offert à la périphérie des villes des performances plus élevées que les transports individuels.

Cependant, le transport urbain, collectif et rapide, impose une rupture entre l’homme de passage et l’espace traversé. Il engendre petit à petit une perception discontinue sur l’espace urbain. En vue d’une vitesse plus élevée, le transport en commun doit limiter, voire réduire, le nombre de points d’accès et gommer les espaces intermédiaires. Cette contradiction inhérente entre vitesse et accessibilité du transport en commun produit un « effet de tunnel », privilégiant certains points d’accès et avalant les lieux traversés. L’espace urbain, structuré par le tracé des lignes de transports en commun d’abord et par la localisation de ses points d’accès ensuite, devient progressivement hétérogène.

Le rôle de différenciation de la vitesse de déplacement est plus complexe dans la ville postindustrielle. A partir des années 1950 en Europe, la voiture particulière supplante les transports en commun et devient le mode de déplacements urbains prédominant. La rapidité de l’automobile est sans rival, sa disponibilité est individuelle, partout et à tout moment. Au contraire de celle des transports en commun, la vitesse rapide introduite en ville par l’automobile constitue par défaut un facteur d’homogénéisation en raison de sa commodité et sa disponibilité. Ceci se voit dans le tissu urbain quasi identique dans les banlieues des différentes villes américaines. Toutefois, la vitesse de l’automobile est conditionnée par l’infrastructure routière et autoroutière. L’organisation réticulaire de cette dernière entraîne un effet de polarisation. Les nœuds d'infrastructure routière dont l’accessibilité en voiture est plus importante (les entrées de ville, les points de rabattement, les intersections, etc.) attirent autour d’eux un nombre croissant d’activités en formant des pôles. La polarisation issue de la motorisation, associée avec l’effet de différenciation du transport en commun, engendre une hétérogénéité plus importante de l’espace urbain.

ƒ Les territoires fonctionnent à plusieurs échelles

En outre, l’espace et le temps constituent deux contraintes majeures pour l’organisation et les fonctionnements des territoires. Lorsque la vitesse de déplacement était lente et peu différenciée, l’espace et le temps présentent pour les individus deux références cohérentes d’où la durée de déplacement est proportionnelle avec la distance spatiale parcourue. Mais, au moment où l’on accepte la séparation entre corps et espace pour procurer une rapidité dans les déplacements, la différenciation des vitesses de déplacements pose un problème sur la perception de l’espace. Parcourue à des vitesses de déplacements variables, une même distance ne correspond plus à une durée de déplacement fixée et égale. Le rapport proportionnel entre espace et temps disparu, l’espace perçu n’est plus identique : en voiture ou par RER, le quartier de La Défense est à quelques minutes de trajet des Halles et donc perçu comme un quelconque quartier parisien ; mais pour un cycliste ou un piéton dans le quartier Les Halles, il paraîtrait lointain, à l’image d’une autre ville. La référence de l’espace (distance) et la référence du temps (la durée) se séparent et deviennent indépendantes l’une de l’autre. La vitesse de