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64% de notre échantillon a entendu parlé des violences obstétricales

Ce graphique nous montre que la question de considérer ou non l’épisiotomie comme une violence divise la population

Les réponses à la question ouverte nous montrent également à quel point le sujet divise.

En effet, 40% de la population du domaine de la santé pense que l’épisiotomie ne fait pas partie des violences obstétricales. En comparaison, 20% de la population n’appartenant pas au domaine de la santé pense la même chose.

En tant que soignant, le désir de bien faire et de ne pas nuire nous est inculqué depuis le début de nos études jusqu’au moment où nous prêtons serment.

50,9 % pensent qu’il est possible de refuser une épisiotomie, les futures parturientes pensent qu’elles peuvent jouer un rôle et être actrices de leur accouchement.

Dans la médecine actuelle, le consentement est devenu une obligation déontologique.

Les plaintes des parturientes concernant une pratique jugée abusive de l’épisiotomie ne sont pas faites auprès de la justice française mais auprès des associations d’usagers.

Le 29 juin 2018, le HCE a remis son rapport sur les violences obstétricales. Il la donne définition suivante : « Les violences gynécologiques et obstétricales sont les

21,8

27,3 26,2

24,8

Pensez-vous que l'épisiotomie fasse parti des "violences obstétricales"?

Oui Non Peut-être Ne sait pas

actes sexistes les plus graves qui peuvent se produire dans le cadre du suivi gynécologiques et obstétricales des femmes ».

« Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s »

Le HCE a défini 6 types d’actes, dont : « Actes (intervention médicale, prescription, etc.) exercés sans recueillir le consentement ou sans respecter le choix ou la parole de la patiente »

Ce rapport nous apprend qu’une femme sur deux ayant eu une épisiotomie s’est plainte d’un manque ou d’une absence totale d’explication sur le motif de l’épisiotomie.

L’étude de la HCE ne nous renseigne pas sur l’information reçue par les femmes sur les actes pratiqués ni sur le recueil de leur consentement.

Au sujet de l’épisiotomie, il serait intéressant d’approfondir le sujet du recueil du consentement des patientes en salle de naissance. [31]

Conclusion

Même si le sujet intéresse les jeunes femmes, l’épisiotomie reste un acte mé- connu quant à sa fréquence et à ses techniques.

Longtemps considéré comme un geste médical systématiquement associé à l’ac- couchement, l’épisiotomie est remise en question depuis le début des années 2000. Les récentes polémiques autour des violences obstétricales, les déclarations de madame Schiappa, l’accessibilité à l’information médicale et les nouvelles recomman- dations du HCE ont progressivement amené le sujet de l’épisiotomie sur la place pu- blique.

Ce sont principalement les femmes, unies au sein de collectifs associatifs qui ont demandé une réévaluation des indications de l’épisiotomie au Collège National des Gynécologues Obstétriciens. Néanmoins, la remise en question de l’épisiotomie pro- gresse plus ou moins rapidement, selon les établissements. En effet, dans certains hôpitaux, comme le CHU de Besançon, le taux d’épisiotomie ne dépasse pas 1% alors que d’autres maternités affichent encore des taux de 45%, ce qui exacerbe la polé- mique et majore l’incompréhension des patientes.

Les femmes demandent aux professionnels de santé à ce que la loi Kouchner soit respectée. Les textes précisent que les soignants doivent une information loyale, claire et appropriée avant tout acte médical.

Cependant, cette information éclairée peut entrainer un refus éclairé et c’est pré- cisément cette situation à laquelle les praticiens ne sont ni préparés ni habitués.

Dans le cadre de l’épisiotomie, à quel moment doit se faire le recueil du consen- tement ? Devons-nous considérer que nous nous trouvons dans une situation où l’ur- gence nous permet de ne pas recueillir le consentement de la patiente ? Et dans quelle mesure notre formation nous a-t-elle appris à recueillir un consentement dans la situa- tion d’urgence relative de l’accouchement imminent ?

Concernant son inscription dans le cadre des violences obstétricales, aucun con- sensus clair ne se dégage même si un cinquième des personnes ayant répondu pen- sent que l’épisiotomie en est bien une. De l’incompréhension à la défiance, il n’y a qu’un pas. Et la méfiance des patients vis à vis du corps médical s’en trouve renforcée.

C’est à nous, soignants dédiés à la santé des femmes, de nous adapter à cette nouvelle époque où le système médical patriarcal est remis en question, afin de réta- blir la confiance entre les patients et les soignants.

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