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Violence communautaire et problèmes associés chez les adolescents québécois (Article 2)

Violence communautaire et problèmes associés chez les adolescents québécois

Christine Dubé, Université Laval Christine.Dube.6@ulaval.ca Marie-Hélène Gagné, Université Laval

Marie-Helene.Gagne@psy.ulaval.ca

Marie-Ève Clément, Université du Québec en Outaouais Marie-Eve.Clement@uqo.ca

Claire Chamberland, Université de Montréal Claire.Chamberland@umontreal.ca Katie Cyr, Université du Québec en Outaouais

Katie.Cyr1@gmail.com

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Résumé

La présente étude s’intéresse à la violence communautaire et aux problèmes psychologiques qui lui sont associés. À partir d’une enquête populationnelle réalisée auprès de 1400 adolescents âgés entre 12 et 17 ans, elle a pour objectif d’évaluer les différences entre les jeunes ayant un vécu de violence communautaire de nature physique et ceux n’ayant pas vécu de telles expériences sur les variables psychologiques suivantes : symptômes dépressifs, de colère et d’état de stress post-traumatic (ÉSPT). De plus, l’intérêt était de vérifier si le sexe du jeune, la fréquence des expériences de violence communautaire rapportées, le fait d’être directement victime ou uniquement témoin, la présence de blessure et l’identité de l’agresseur permettaient d’expliquer ces différences. Les résultats d’analyses de variance multivariées réalisées montrent que le fait d’être victime, la diversité des manifestations de violence rapportées et l’identité de l’agresseur auraient une incidence significative sur les symptômes psychologiques rapportés, et ce, particulièrement pour la colère. Cette étude souligne l’importance de tenir compte du contexte entourant la violence communautaire, afin de bien comprendre les liens complexes expliquant les difficultés psychologiques qui lui sont associées.

Mots clés : violence communautaire; adolescents québécois; symptômes psychologiques; contexte de la violence

Abstract

The present study focuses on community violence and its psychological consequences. Based on a survey conducted among 1 400 adolescents aged between 12 and 17 years old, the aim of this study is to assess the differences on psychological variables, such as anger, depressive symptoms and post-traumatic stress disorder symptoms, between youths who experienced physical community violence and those who have not. Moreover, the interest is to assess whether the gender, the frequency of community violence, being a witness or a direct victim, the presence of injury and the perpetrator identity, explain these differences. Multivariate analyzes’ results show that being a witness or victim, the diversity of reported incidents and the perpetrator identity would have significant impacts on psychological symptoms reported, and especially on anger. This study highlights the importance of the context in which the community violence takes place, in order to understand the complex linkages that lead to psychological difficulties.

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Violence communautaire et problèmes associés chez les adolescents

québécois

La condition des adolescents en matière de santé mentale et d’adaptation sociale est préoccupante. Selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011 (EQSJS) réalisée auprès de plus de 63 200 adolescents dans 470 écoles du Québec, un jeune sur cinq présente un niveau élevé de détresse psychologique. Près de 9 % des jeunes rapportent avoir reçu un diagnostic d’anxiété, 4,9 % auraient reçu un diagnostic de dépression et plus du tiers (38%) des jeunes rapportent des comportements agressifs (Institut de la statistique du Québec, 2013).

Cette enquête suggère que le niveau de détresse psychologique des jeunes est associé à l’environnement dans lequel ils évoluent. Lorsque cet environnement est composé de différents milieux (famille, école, réseau social, communauté) offrant peu de soutien et empreint de violence, il devient une menace directe au bien-être et à la santé psychologique des jeunes (Institut de la statistique du Québec, 2013). Selon le modèle écologique développemental, à mesure que les jeunes grandissent, ils sont amenés à fréquenter plusieurs milieux autres que le milieu familial, ce qui les expose à de nouvelles formes d’adversité, telle que la violence communautaire (Matjasko, Vivolo-Kantor, Henry, Gorman-Smith, Schoeny, & The Multisite Violence Prention Project, 2013). Selon le cadre conceptuel proposé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la violence communautaire constitue une forme de violence interpersonnelle commise par des étrangers ou des connaissances autres que les membres de la famille ou le partenaire amoureux. Elle peut être de nature physique, sexuelle, psychologique ou susceptible de créer certaines carences chez la victime (Krug, Mercy, Dahlberg, & Zwi, 2002).

Selon une étude de Dubé, Gagné, Clément, Chamberland et Cyr (2014) réalisée sur un échantillon de 1 400 adolescents âgés entre 12 et 17 ans, 35,2 % des adolescents québécois rapportent avoir vécu au moins une forme de violence communautaire dans la dernière année en tant que victime ou témoin. Comme la violence communautaire de nature physique (88,2%) est la forme la plus souvent rapportée par ces jeunes, c’est celle qui sera approfondie dans le cadre de l’étude actuelle, à partir du même échantillon. La présente étude vise à évaluer si les jeunes ayant vécu de la violence communautaire de nature physique se différencient des jeunes qui ne rapportent pas cette expérience, sur différents indicateurs de santé psychologique. Le sexe du jeune, ainsi que divers paramètres de l’expérience de victimisation (la fréquence des incidents violents, le fait d’être victime ou témoin, le fait de connaître ou non l’agresseur et la présence de blessures physiques) seront pris en compte pour raffiner la compréhension du lien entre la violence communautaire et les difficultés psychologiques des jeunes.

Problèmes psychologiques associés à la violence communautaire

La littérature scientifique suggère que le fait d’être victime ou témoin de violence communautaire est un important prédicteur de détresse psychologique chez les jeunes et présente des associations significatives avec plusieurs

problèmes psychologiques et comportementaux tels les comportements extériorisés, intériorisés et les symptômes d’état de stress post-traumatique (ÉSPT) (Butters, Harrison, Korf, Brochu, & Erickson, 2011; Fowler, Tompsett, Braciszewski, Jacques-Tiura, & Baltes, 2009). Les comportements extériorisés impliquent les comportements opposants, agressifs et délinquants, alors que les comportements intériorisés réfèrent aux symptômes anxieux et dépressifs. Pour ce qui est de l’ÉSPT, il réfère aux symptômes d’hypervigilance, de reviviscence, d’évitement et d’engourdissement des affects (Fowler, et al., 2009).

Le fait d’être victime ou témoin de violence communautaire est fortement associé au développement de problèmes de comportement extériorisés chez les jeunes, notamment au recours à des comportements agressifs chez ces derniers (Scarpa, 2001). Cette association serait plus importante que celle observée avec les symptômes intériorisés et les symptômes d’ÉSPT (Fowler et al., 2009). Le fait d’être victime ou témoin de violence contribue au développement d’attributions hostiles envers les actions des autres et à la normalisation des comportements agressifs ou de colère (Janosz, Archambault, Pagani, Pascal, Morin, & Bowen, 2008). De plus, les jeunes exposés à la violence ont des opportunités limitées d’interagir adéquatement avec leurs pairs et de développer des expériences de socialisation positives. Ils apprennent ainsi à adopter les mêmes comportements violents que ceux dont ils sont eux-mêmes victimes ou témoins (Ostrov, 2010).

Actuellement, peu d’études se sont penchées sur les liens associant la violence communautaire aux symptômes d’ÉSPT. Toutefois, une méta-analyse portant sur la violence communautaire et les problèmes psychologiques qui lui sont associés montre une forte association entre la violence communautaire et les symptômes d’ÉSPT, que le jeune soit victime ou témoin de cette violence. Cette méta-analyse comporte 110 études regroupant en tout 39 667 enfants et adolescents. Les résultats de cette dernière suggèrent que le fait d’être victime ou témoin de violence communautaire représente une forme de trauma particulièrement associée au développement de symptômes d’ÉSPT chez les enfants et les adolescents (Fowler et al. 2009).

Il existe également une relation entre le fait d’être victime ou témoin de violence communautaire et le développement de problèmes intériorisés. Selon une méta-analyse réalisée par Hawker et Boulton (2000), la victimisation par les pairs, soit des jeunes sensiblement du même âge qu’eux qui ne sont pas des membres de la famille proche et élargie, serait fortement associée à la dépression (Gibb, Abramson, & Alloy, 2004). Toutefois, cette relation serait la plus faible, comparativement à celles observées entre la violence communautaire et les problèmes extériorisés ou les symptômes d’ÉSPT (Fowler et al., 2009). Par ailleurs, le fait d’être victime ou témoin de violence communautaire amènerait les jeunes à développer des stratégies d’adaptation inefficaces, tels l’évitement, la désensibilisation et l’habituation cognitive et émotionnelle à cette forme de violence, ce qui accentuerait le développement de symptômes dépressifs (Lambert, Nylund-Gibson, Copeland-Linder, & Ialongo, 2012).

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Pour bien comprendre le lien entre la violence communautaire et les différents problèmes psychologiques, la littérature souligne l’importance de tenir compte de différentes variables modératrices caractérisant cette expérience de violence (Trickey, Siddaway, Meiser-Stedman, Serpell, & Field, 2012).

Variables modératrices

Fréquence. Les enfants et les adolescents victimes et témoins de violence communautaire tendent à vivre des événements violents de façon régulière, et parfois même sur une base quotidienne (Foster, Kuperminc, & Price, 2004). Une première expérience de victimisation serait un prédicteur important à la victimisation future (Saunders, 2003; Turner, Finkelhor, & Ormrod, 2010). Les jeunes victimisés une première fois seraient de deux à sept fois plus susceptibles d’être victimisés à nouveau au cours d’une même année, comparativement aux jeunes non-victimes (Finkelhor et al., 2007). Le fait d’être fréquemment victime ou témoin de violence communautaire serait associé à davantage de problèmes psychologiques (Scarpa, Haden, & Hurley, 2006).

Le fait d’être victime ou témoin. Plusieurs chercheurs se sont intéressés au fait d’être victime ou témoin de violence communautaire et au développement de symptômes psychologiques, mais les résultats s’avèrent contradictoires. Selon certains auteurs, le fait d’être victime plutôt qu’uniquement témoin d’un événement violent est associé à une symptomatologie plus importante (Lynch, 2003), alors que pour d’autres, aucune différence significative n’existe entre le fait d’être victime ou témoin et les symptômes rapportés (Kennedy & Ceballo, 2014). Pour Zona et Milan (2011), le fait d’être victime plutôt que témoin d’un événement violent influencerait le développement de symptômes agressifs et dépressifs, alors que les symptômes d’ÉSPT seraient prédits, quant à eux, par le fait d’être victime ou témoin. Selon la méta-analyse de Fowler et ses collaborateurs (2009), seuls les symptômes agressifs seraient influencés par le fait d’être victime ou témoin de violence, les victimes rapportant davantage de symptômes agressifs.

Identité. Une autre variable pouvant expliquer le niveau de difficultés psychologiques chez les jeunes victimes de violence communautaire est la relation de la victime à son agresseur, à savoir si l’agresseur est une personne connue par la victime ou étrangère. Au départ, les traumas qui surviennent dans un contexte interpersonnel sont plus fortement corrélés avec la détresse psychologique et les problèmes de santé mentale que les traumas non relationnels (Price, Higa-McMillan, & Frueh, 2013). Lorsque l’agresseur est une personne connue par la victime, les effets sont plus délétères que lorsque l’agresseur est une personne étrangère, considérant les enjeux d’attachement et la relation de confiance établie initialement (Kennedy & Ceballo, 2014; Lynch, 2003). Ainsi, le fait d’être victime de violence communautaire par une personne proche est associé à davantage de symptômes dépressifs, d’ÉSPT et de comportements agressifs que le fait d’être victime par une personne étrangère. Les symptômes observés sont généralement plus sévères chez les victimes d’une personne proche (Lambert et al., 2012 ; Kennedy & Ceballo, 2014).

Blessures. Selon la littérature sur les traumas et les symptômes d’ÉSTP associés, les formes de violence comportant davantage de blessures, notamment celles dont la gravité porte atteinte à l’intégrité physique de la victime, sont associées à davantage de symptômes d’ÉSPT. Un événement violent impliquant des blessures corporelles augmente de plus de huit fois le risque de développer un ÉSPT (Kennedy & Ceballo, 2014 ; Martin, Germain, & Marchand, 2006). Selon l’état actuel des connaissances, il semble qu’aucune étude n’ait observé le lien entre la présence de blessures relatives à la violence communautaire et les symptômes dépressifs ou de colère.

Sexe. La littérature souligne que les garçons rapportent davantage de violence communautaire (Rose & Rudolph, 2006), à l’exception de la violence sexuelle qui serait davantage rapportée par les filles (Tolin & Foa, 2006). Au-delà de ces observations, le sexe serait associé à l’expression de différents symptômes. Bien que les adolescents de sexe masculin seraient davantage exposés à des événements potentiellement traumatiques que les adolescentes, ces dernières seraient plus susceptibles de répondre aux critères diagnostiques d’un ÉSPT (Afifi, McMillan, Asmundson, Pietrzak, & Sareen, 2011). Globalement, les filles seraient deux fois plus nombreuses que les garçons à rapporter un haut niveau de détresse psychologique (Institut de la statistique du Québec, 2013). Les filles seraient plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs et anxieux, alors que davantage de comportements agressifs et antisociaux seraient observés chez les garçons (Rose & Rudolph, 2006).

Contribution de la présente étude

Les études actuelles ont mis en lumière le fait qu’au-delà des blessures, la victimisation entraine divers problèmes psychologiques, cognitifs et relationnels (Butters et al., 2011; Margolin & Gordis, 2000). Elles ont permis une meilleure compréhension de la nécessité d’intervenir rapidement chez les jeunes, compte tenu des risques élevés de victimisation future lorsqu’ils sont victimisés une première fois (Finkelhor et al., 2007; Finkelhor, Ormrod, Turner, & Holt, 2009).

Certaines limites affectent toutefois ce corpus de littérature scientifique. Plusieurs études ont privilégié des échantillons d’enfants ou d’adolescents à haut risque, soit des jeunes vivant dans des quartiers urbains défavorisés aux États-Unis, avec un faible statut socio-économique ou encore faisant partie d’un groupe culturel minoritaire, comme les Afro-Américains (Scarpa, 2003). Or, ces populations sont typiquement affectées par plusieurs autres facteurs de risque qui nuisent au développement de l’enfant, tels la pauvreté, les soins de santé inadéquats ou la surpopulation (Lynch, 2003). Ces variables confondantes pourraient être responsables d’une partie des problèmes psychologiques mis en lien avec la violence communautaire. Aussi, peu d’études ont observé simultanément plusieurs problèmes psychologiques associés à cette violence.

La présente étude permet de pallier à ces lacunes, en étudiant la violence communautaire auprès d’adolescents issus de la population générale, incluant tant des garçons que des filles. Le vécu de violence communautaire pourra

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être mis en lien avec trois problèmes psychologiques différents, soit la colère et les symptômes dépressifs et d’ÉSPT. Enfin, diverses caractéristiques de l’expérience des jeunes avec la violence communautaire (fréquence, témoin ou victime, identité de l’agresseur, blessures) seront mises à profit pour raffiner les connaissances.

Objectif et hypothèses

La présente étude vise d’abord à évaluer les différences entre les jeunes ayant un vécu de violence communautaire de nature physique, comparés aux jeunes n’ayant pas vécu de telles expériences sur les variables psychologiques suivantes : colère, symptômes d’ÉSPT et symptômes dépressifs. De plus, l’intérêt est de vérifier si le sexe du jeune interagit avec le vécu de violence communautaire pour expliquer ces différences. Les hypothèses appuyées sur la littérature disponible postulent que les jeunes ayant un vécu de violence communautaire de nature physique, en tant que victime et témoin : 1) présenteront davantage de colère, de symptômes d’ÉSPT et dépressifs que les jeunes n’ayant pas vécu de telles expériences ; et 2) les garçons rapporteront davantage de colère que les filles.

Ensuite, la présente étude vise à évaluer si la fréquence des expériences de violence communautaire de nature physique, ainsi que le fait d’être directement victime ou uniquement témoin, amène des différences sur le plan des trois variables psychologiques d’intérêt, et ce, parmi les jeunes qui rapportent au moins une expérience de cette violence au cours de l’année. Les hypothèses appuyées sur la littérature actuelle sont les suivantes : 1) Les jeunes directement victimes de violence communautaire de nature physique présenteront davantage de colère que ceux ayant été uniquement témoins; 2) Les jeunes témoins ou victimes à plus d’une reprise de violence communautaire de nature physique présenteront davantage de colère et de symptômes d’ÉSPT et dépressifs que les jeunes témoins ou victimes de ce type de violence à une seule reprise.

Finalement, parmi les jeunes qui sont directement victimes d’au moins un incident de violence communautaire de nature physique, l’intérêt est d’évaluer si la fréquence de ces incidents, la connaissance de l’agresseur et le fait d’avoir subi des blessures amènent des différences sur le plan des trois variables psychologiques d’intérêt. Les hypothèses associées sont les suivantes : 1) Les jeunes directement victimes de violence communautaire de nature physique et ayant été blessés physiquement présenteront davantage de symptômes d’ÉSPT que ceux n’ayant pas été blessés physiquement ; 2) Les jeunes directement victimes de violence communautaire de nature physique présenteront davantage de colère et de symptômes d’ÉSPT et dépressifs lorsque l’agresseur est une personne connue que lorsque l’agresseur est une personne étrangère.

Méthodologie

Cette étude consiste en une analyse secondaire de données recueillies dans le cadre d’une enquête populationnelle sur la polyvictimisation des adolescents québécois âgés entre 12 et 17 ans (Cyr, et al., 2013).

Échantillon

Une enquête téléphonique sur le thème de la polyvictimisation a été réalisée en 2009 auprès de 1 400 adolescents québécois, en français et en anglais. Au total, 49,7 % des jeunes de l’échantillon sont des garçons (n = 696), alors que 50,3 % sont des filles (n = 704). La majorité des répondants sont Caucasiens (plus de 85 % de l’échantillon). Toutefois, malgré la méthode d’échantillonnage aléatoire privilégiée, les jeunes de l’étude sont issus de familles québécoises un peu plus scolarisées que l’ensemble de la population générale (Nobert, 2009). Dans la présente étude, 72% des parents ont complété des études post-secondaires, comparativement à 60% dans la population générale québécoise (Cyr et al., 2013).

Le taux de réponse obtenu est de 37,6 %. Il s’agit d’un taux acceptable selon les standards de sondage actuels (Babbie, 2007). De fait, les études tendent à démontrer qu’un faible taux de réponse obtenu aux enquêtes téléphoniques ne semble pas influencer la qualité représentative des données. Des études qui ont tenté de maximiser leur taux de réponse n’ont obtenu que peu d’effet sur la représentativité des données (Holbrook, Krosnick, & Pfent, 2007).

Variables de victimisation

Toutes les variables de victimisation sont dérivées du Juvenile Victimization Questionnaire (JVQ) (Hamby & Finkelhor, Ormrod, Turner, 2005). Le JVQ mesure 34 manifestations de violence différentes, regroupées en cinq grandes catégories : crimes conventionnels, maltraitance, victimisation par les pairs et la fratrie, violence sexuelle et victimisation indirecte (être témoin). Pour chacun des 34 items, le JVQ documente la fréquence de l’événement violent abordé à vie, son occurrence dans la dernière année, la présence de blessures physiques et leur nature, ainsi que le nombre, le sexe et l’identité de l’agresseur selon 18 catégories (voir annexe 2). Dans les enquêtes américaines, l’ensemble des items du questionnaire original présente une très bonne cohérence interne (α = .80). Cependant, lorsque l’indice de cohérence interne est calculé pour chacune des catégories de victimisation, il varie de faible à modéré (Finkelhor, Hamby, Ormrod, & Turner, 2005).

Étant donné que le JVQ ne mesure pas directement la violence communautaire, des indices ont dû être construits pour les besoins de la présente étude. Il s’agit des variables suivantes : (1) vécu de violence communautaire physique dans la dernière année (présence ou absence), (2) diversité de la violence communautaire physique dans la dernière année (une seule manifestation ou plus d’une manifestation), (3) avoir été victime ou uniquement témoin de violence communautaire physique, (4) avoir été victime de violence communautaire physique de la part d’un étranger ou d’une personne connue, et (5) avoir subi ou non des blessures en lien avec un incident de violence communautaire physique. Les paragraphes qui suivent expliquent comment chacune de ces variables a été créée.

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Vécu de violence communautaire physique. Dans un premier temps, seuls les items du JVQ qui se rapportaient à la violence communautaire ont été conservés, excluant tout ceux qui se rapportaient à la violence intrafamiliale ou la violence dans les relations amoureuses. De plus, les réponses à ces items n’étaient considérées que si elles impliquaient un agresseur avec lequel la victime n’avait aucun lien familial, soit un étranger, un ami, un voisin ou encore un adulte avec qui l’adolescent n’habite pas (tel qu’un enseignant ou un entraîneur, entre autres). Dans une étude antérieure (Dubé et al., 2014), une analyse factorielle exploratoire réalisée sur ces 27 items a permis de conserver 15 items du JVQ correspondant au construit de violence communautaire, répartis en trois facteurs: Violence physique (six items, α = .55), Climat de violence (cinq items, α = .38) et Violence sexuelle (quatre items, α = .37). Dans le cadre de la présente étude, seuls six items relatifs aux manifestations de Violence physique ont été

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