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2. VEILLE SUR LES MEILLEURES PRATIQUES À L’INTERNATIONAL

2.3. Villes, régions et pays d’Europe du Nord

En commençant par Stockholm en Suède, ce qui attire l’attention est la variété de petites places publiques et l’animation qui y règne. Des exemples remarquables sont le Peter Myndes Backe avec sa diversité d’offres commerciales pour les citoyens et le Medborgarplatsen. Ce second lieu, durant la saison hivernale, est séparé en trois sections : des vendeurs de saucisses avec une terrasse, une colline de neige pour jouer et glisser et une patinoire (figure 2.4 a, b et c). (Legault, 2013)

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Pour Legault (2013), les bons espaces publics se caractérisent par une offre d’activités constantes et diversifiées, une conception à l’échelle des sens, une similarité dans la hauteur des bâtiments, un réseau piétonnier développer et une réutilisation de la neige facilitée par l’absence de transport automobile. À Luleå, une ville industrielle située près du cercle polaire, ce qui retient l’attention est un réseau de quatre parcs complémentaires adaptés à l’hiver : une patinoire avec des stations de repos protégées du vent par des paravents modulables en bois, une petite forêt dans le centre-ville, une rue commerciale avec des trottoirs chauffés par l’énergie résiduelle d’une industrie à proximité et un square public avec une glissade de glace géante et un village pittoresque en bois. De plus, dans cette ville, seules les couleurs vives comme l’orange ou le jaune sont autorisées dans la construction des bâtiments afin de contraster avec le blanc de l’hiver et d’augmenter la réflexion de la lumière. Également, la hauteur des infrastructures est limitée à quatre étages afin de restreindre l’effet de corridor de vent et maximiser la radiation solaire passive. À Ostersund, le principal lieu de festivité hivernal (marché de Noël et autres évènements spontanés) se déroule au Stortorget (signifiant littéralement le grand carré). Il s’agit d’un espace public encastré par des bâtiments d’une hauteur de deux à quatre étages et accessible majoritairement par des rues piétonnes. D’autres designs urbains d’intérêt sont la conception d’un amphithéâtre de neige à Kiruna et des stations de confort climatique à une intersection fortement achalandée de Stockholm, mais où personne ne s’attarde (Utopia, 2017). Une visualisation des exemples discutés est présentée à la figure 2.5.

Figure 2.5Station de repos protégée du vent à Luleå (a), place publique Stortorget à Ostersund (b) et

stations de confort climatique à Stockholm (c) (tirée de : Hem, 2016; Legault, 2013; Utopia,

2017)

Figure 2.4Vue aérienne (a), dimension (b) et photo prise en hiver de Medborgarplatsen (c) (tiré de :

Wordpress, 2011; Legault, 2013) 80 m 80 m Coline de neige Coline de neige Terrasses Terrasses Patinoire Patinoire 23 m 23 m 27 m 27 m 15 m

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En Norvège, deux conseillers municipaux envoyés à Oslo par la Ville d’Edmonton observent que « l’hivernité » de la ville est créée à partir de petites places publiques caractérisées par une originalité dans les jeux de lumière, une finesse dans les détails et une multitude d’opportunités offertes aux citoyens pour se rencontrer. Plusieurs quartiers, comme Aker Brygge, sont conçus de telle sorte à ce que les marchés extérieurs soient en mesure de s’installer dans un ensemble de petits espaces urbains connectés par un réseau de rues piétonnes. À cette fin, la ville a aménagé dans ces espaces des structures ressemblant à des saunas pour encourager l’implantation de petits commerces extérieurs en hiver. En ce qui concerne le transport actif, plusieurs techniques sont employées pour favoriser les marcheurs comme l’emplacement des drains dans le milieu de la rue, le chauffage des principales artères, le rainage des trottoirs pour prévenir les chutes et l’utilisation du sel uniquement sur la route. Au niveau du transport en vélo, la ville a installé des feux de circulation qui laissent les bicycles passer six secondes avant les voitures et des entrepôts à vélo qui protègent des intempéries dans la majorité des lieux publics. (Fricson et Ranson, 2011)

Situé à 200 km à l’ouest d’Oslo, le village de Rjukan ne reçoit aucune radiation solaire directe pendant plus de la moitié de l’année en raison de sa position s’étirant dans la vallée Vestford. Pour répondre à un besoin criant de luminosité, le conseil municipal a installé sur une montagne environnante une série de trois miroirs capables de suivre électroniquement la trajectoire du soleil et ainsi d’éclairer le principal lieu public du village. (Henley, 6 novembre 2013)

Peu importe la saison de l’année, les Danois ont compris que l’humain est un être curieux. À Copenhague, les espaces publics servent de cadre pour attirer les citoyens à sortir dehors en proposant des activités spécifiques et éphémères pour certains de ses lieux publics. Par exemple, le Ofelia Plads, un square normalement dénudé d’achalandage en hiver, est depuis 2017 le théâtre d’une expérience de bateaux spas. L’objectif est de profiter de la flexibilité des installations spontanées pour inciter le plus grand nombre possible de citoyens à découvrir de nouvelles activités et de tirer profit des atouts offerts par la saison hivernale. (Sharing Lab, 2017) Dans le même ordre d’idées, une compagnie danoise, OURHUB, se spécialise dans la conception de petites boites qui s’installent dans les espaces publics et qui procurent aux résidents un accès à des équipements récréatifs ou d’entrainement sur demande. Le but est de promouvoir le partage d’activités récréatives et sociales pour redonner une vie urbaine aux lieux dénudés d’achalandage et d’identité. (OurHub, s. d.)

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Comme mentionné précédemment, la noirceur, tout comme le froid et la neige, peut limiter le plaisir de sortir à l’extérieur. Plusieurs villes, dont Montréal, ont répondu à ce problème en ajoutant des jeux de lumière pour créer une ambiance chaleureuse et plaisante et ainsi engendrer de l’émerveillement et de la curiosité chez les citoyens, mais il n’y a pas une seule ville qui peut se comparer à ce qui est réalisé à Édimbourg en Écosse (figure 2.6 a). À l’opposé, la Ville d’Helsinki n’est cependant pas le meilleur modèle à retenir en ce qui concerne l’incitation aux citoyens à vivre l’hiver puisque les décideurs ont préféré développer intensivement le réseau urbain sous-terrain (figure 2.6 b) (Ville d’Helsinki, 2014). À Lahti en Finlande, où il s’organise désormais des safaris hivernaux, des bancs conçus pour les quatre saisons ont été ajoutés à différents points stratégiques (figure 2.6 c). En plus d’être faciles d’entretien, ils protègent des intempéries, possèdent une lumière ajustable intégrée et captent la chaleur (Design boom, 2017).

Comparativement à l’Amérique du Nord, ce qui détonne le plus avec « l’hivernité » dans les pays du nord de l’Europe est l’attitude des citoyens et des administrations publiques envers l’hiver. Il y a un dicton qui dit « qu’il n’y a pas de mauvaise météo, uniquement de mauvais habillements ». Les communautés scandinaves ont bien compris cette idée en se construisant autour d’eux un contexte qui incite à vouloir profiter des atouts de l’hiver. Si l’objectif est d’engendrer une culture hivernale similaire, le chemin à parcourir n’est pas bien long. En effet, il est démontré qu’il nécessite très peu d’actions pour modifier un comportement en raison de la malléabilité du cerveau humain. Dans de nombreux cas, il suffit d’une seule expérience positive. Ainsi, il est fort probable que le meilleur remède pour vaincre l’olympique de la misère hivernale observable au Québec consiste à habiller les espaces publics d’un aménagement adapté aux variations du climat pour que tout un chacun y trouve son compte. Néanmoins, les difficultés inhérentes de l’hiver imposent que la saison froide ne puisse pas être profitable pour tous également, d’où l’importance de concevoir en considérant ceux qui vivent l’hiver difficilement.

Figure 2.4 Jeux de lumière dans le centre-ville d’Édimbourg (a), piscine sous-terrain à Helsinki (b) et banc pour le confort climatique à Lahti (c) (tiré de : Design boom, 2017; Ville d’Helsinki,

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