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que la vie se complique hélas de jour en jour voire s'aggrave depuis l'annonce de

la maladie :

« Je trouve que la vie est un combat. Elle n'est pas toujours rose. 11 y a des hauts et des bas. Bon, il faut faire avec ». « La vie, je pense qu'elle est ce qu'elle est avec ses hauts et ses bas. Elle se complique de jour en jour. Depuis quatre mois, les bas sont plus présents, et je les gère beaucoup moins bien ». « Ça va, ça continue. La dernière séance, je l'ai moins bien supportée. J'étais fatiguée, et puis ces histoires de boule que je sentais revenir. Bon, j'avais un peu le moral dans les chaussettes ».

Le sentiment d'avoir été traitée injustement et de l 'être encore

La conscience raconte son enfance, l'absence d'aménité maternelle, le rudoiement, la sévérité, l'autorité cassante, les paroles blessantes et acerbes. Mais, une conscience qui, au nom d'un attachement filial ou sous couvert de faits générationnels, fait preuve d'indulgence, pardonne :

«J'ai été élevée à la dure. J'avais dix minutes pour prendre ma douche, repasser. Ma mère m'a pris mon argent. J'ai travaillé pour payer mes études. On ne m'a pas fait de cadeau ». « J'ai ma maman qui n'a que moi autour d'elle et qui me complique un peu la vie. Ma mère ne veut pas me voir tête nue. Elle dit que c'est une honte. Elle a des paroles très dures vis-à-vis de moi. [...] c'est comme cela, c'est une autre génération. On a une mère, on a toute une mère ». « Je vois avec ma mère on est fâché depuis la mort de mon père. Elle ne voulait plus me voir. Bon, c'est quand même ma mère. Je n'aurais pas eu cette maladie, je n'aurais jamais pardonné à ma mère toutes les méchancetés qu'elle m'a faites. Elle n'a jamais accepté mon mari, mon fils ».

La conscience se dégage de l'ascendant maternel, rompt avec une docilité et une soumission filiale et s'aperçoit qu'elle est passé à côté des avantages que procure la vie pour avoir été utile aux membres de sa famille et les avoir aider sans relâche :

« J'ai perdu mon père il y a 32 ans. Elle a pris le dessus. Le jour où j'ai commencé à lui dire non, à être moins soumise, moins à sa botte entre guillemet, elle ne l'a pas accepté. Ça a été difficile de sortir de tout ça. C'est une génération où les enfants faisaient ce que disaient les parents ». « Pour elle, mon mari lui a pris sa fille. J'étais proche d'elle. Je suis partie tard de chez elle ». « J'ai aidé mes parents, mes beaux- parents, mon mari. Je suis une petite fourmi (rires). Maintenant il faut que je prenne du relâchement. Je n'ai pas pu profiter pleinement de la vie ».

Cesser de s 'investir

Une conscience lasse, affectée par l'insensibilité d'une mère, prête à baisser les bras, qui, après un temps de latence renoue doucement avec la vie, et petit à petit emploie à son avantage les bienfaits de la vie, aspire à éprouver ses plaisirs, à discerner ses beautés et ses agréments :

« Parce que là, avec ma mère, je me laisserais aller beaucoup plus si je ne les avais pas. Je me battrais moins parce que j'ai beaucoup de choses dans le cœur.... et je me dis pourquoi en arriver là ». « J'ai pris goût à la vie. Maintenant, je veux que cela soit totalement différent. Là, je suis restreinte un petit peu avec le traitement et tout. 11 faudra vraiment que je profite chaque jour de la vie ». « Reprendre goût à la vie ».

Une conscience qui, pour vivre et avancer dans la réalité du cancer, a besoin avant tout d'être bien entourée par ses enfants et son mari :

« C'est mon entourage avant tout. Mon mari est très présent. Ma fille et mes petits enfants sont d'un grand soutien ». « Mon fils déjà, puis mon mari. Ce qui me force à me battre, c'est mon fils et mon mari ». « Je suis quand même bien entourée ».

Une conscience qui refuse la commisération condescendante des personnes de son entourage et ce protège ainsi en faisant valoir sa conformité sociale :

« Pour moi, je ne veux pas que l'on m'en parle. Je ne veux pas que l'on s'apitoie sur mon sort. Le cancer, c'est une fatalité. Il n'y a pas une famille qui n'a pas une ou deux personnes de touchées ». « Moralement, c'est tout le temps : Ah ! Ma pauvre ! Oh, la, la ma pauvre ! Ma mère est très dure, très dure ».

Sens donné au cancer du sein

Une conscience qui perçoit le cancer, à titre d'unités de sens, comme une épreuve au péril non imminent, un abîme insondable, qui, sur l'échelle des événements apportant le malheur, occupe de loin une place secondaire parce qu'il n'inflige ni perte significative, ni souffrance corporelle :

« Pour moi, le cancer c'est moins important que les événements malheureux, les pertes vécues avant parce que perdre un frère de 25 ans et l'autre de 52 ans euh ! C'est dur. Lui a souffert. Moi, je ne souffre pas ». « Je ne suis pas tombée au fond du gouffre quand j'ai su que j'avais cette maladie. 11 a fallu queje me batte ». « Je me dis c'est là, c'est arrivé. 11 faut se battre ».

S Ouvrir à sa vérité intérieure

Une conscience qui s'apaise, se détend, acquiert une philosophie de vie fondée sur l'indulgence, opte pour une attitude consistant à admettre chez autrui une manière de penser et d'agir différente de celle qu'elle adopte elle-même :

« Avoir des rapports plus faciles avec mes amis et ma famille ». « Accepter l'autre tel qu'il est. J'ai un regard différent sur les autres. Je deviens plus tolérante. Avant j'étais exigeante. Une relation plus saine, plus vraie ». « Je prends la vie d'une autre façon. Quand je vois le mal que les gens se font les uns les autres, je me dis d'être méchant comme cela par rapport à des choses qui n'en valent pas le coup. Je serai plus tolérante ».

Une conscience qui a besoin de temps, n'aspire à rien, souhaite être tranquille, redistribue l'ordre des choses, fait le point, modère l'appréciation de ses qualités, adopte une nouvelle ligne de conduite emprunte de tolérance :

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