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C- S’engager pour l’institut, vivre à l’institut

2- Une vie collective en retrait

L’UER Urbanisation est à son origine un espace de formation plutôt collectif, tout le monde s’y connaît, les enseignants participent aux séminaires de leurs collègues, les espaces de débat avec les étudiants sont omniprésents. Les préoccupations tournent notamment autour du cadre de vie et de la vie quotidienne. Quelle est aujourd’hui l’engagement dans la vie quotidienne de l’Institut ? Quelle est la place accordée aux débats ?

Un manque dans la participation à la vie de l’Institut est déploré chez plusieurs personnes.

«Par rapport à une fac d’histoire, ici c’est complètement mort. Ici on a tous un peu l’impression de venir, de bosser le plus vite possible et après on s’en va alors qu’on y passe quand-même beaucoup de temps.»

La spécificité de l’Institut par rapport à d’autres composantes est mise en avant, l’Institut ne vivrait pas beaucoup, les rapports interpersonnels entre les chercheurs semblent avant tout être des rapports de travail avant d’être des relations amicales. L’Institut est donc principalement perçu comme un lieu de travail, le prolongement des relations est limité. Des discussions hors entretiens ont permis de révéler que certains chercheurs regrettent le faible nombre de rencontres collectives entre le personnel en dehors des cadres du travail. La méconnaissance de certains chercheurs entre eux peut expliquer en partie l’invisibilité de certains engagements et le détournement des postures d’affichage des valeurs défendues par chacun.

«On discute pas de nos carrières, on discute pas des droits, des devoirs, on discute pas d’engagement, on discute de rien en fait. Il faut tourner. [...] C’est non dit, c’est implicite.»

Extrait de l’entretien n°4

L’implication dans la vie et la gestion même de l’Institut semble être limitée.

«On pourrait très bien prendre en main la cafétéria du lieu.»

Extrait de l’entretien n°1

Il est vrai que l’Institut ne donne pas l’impression d’une forte implication que ce soit chez les étudiants ou chez les professeurs. La cafétéria est en effet gérée par le CROUS, l’aménagement de la cour intérieure est en question depuis des années. Une initiative de jardin partagé a été lancé en 2019, celle-ci a permis de rassembler étudiants et professeurs, il reste difficile d’en mesurer les résultats aujourd’hui. Ces éléments peuvent paraître anecdotique mais ils pourraient permettre de créer un effet de corps plus important, plus proche de celui de l’UER, qui pourrait faciliter la communication et les liens entre toutes les composantes de l’Institut. Malgré cela, d’autres enseignants semblent apprécier la vie collective.

«Bon on est dans un monde assez facile où quasiment tous les collègues sont de gauche, quasiment tous nos étudiants sont de gauche. Donc ça se passe plutôt bien on est entre nous.»

«Il n’y a pas dans le corps enseignant à ma connaissance aujourd’hui, des dissensions politiques qui transpirent dans la vie collective. Il y a des dissensions politiques, mais elles n’impactent pas comme elles ont pu impacter à une époque les choix pédagogiques, les intitulés de cours, les types de cours qui sont donnés.»

Extrait de l’entretien n°5

L’aspect politique ne semble donc pas, pour ces enseignants, prévalent dans la construction des rapports. La «gauche» permettrait de créer une forme d’entre soi. La gauche reste tout de même aujourd’hui fortement divisée, comme au début de l’UER, ce que signalait un enseignant : «Des combats épiques sur des inepties, des différences infimes entre gens du PC et du PSU ou du PS, qui se font une montagne de leurs différences qui sont quasi inexistantes.»71 L’orientation de la maquette des cours ne serait pas non

plus définie par le politique, cette vision n’est pour autant pas partagée par l’ensemble des professeurs. La relative «bonne ambiance» présentée ici n’a pour autant pas toujours été présente.

«Après, au sein de l’institut, il y a une période dont j’ai pas envie de parler, il y eu des blocs, il y a eu des gens dans une situation de pouvoir et d’autres qui ne l’étaient pas. Depuis quelques années c’est plutôt l’absence de blocs, l’absence de conflits. Un institut qui a su achever sa réforme entre autre autour de la réorganisation du master. Ça a été des moments assez importants. Quand on est passé du master science du territoire au master urbanisme.»

Extrait de l’entretien n°7

La santé de la vie de l’Institut semble donc s’être améliorée depuis ces dernières années. Cette référence au passé proche est revenue à plusieurs reprises dans quelques autres entretiens. Le mot «bloc» est très fort. Son emploi ici renvoie directement à une image de guerre froide. La vision de l’Institut est influencée par la date d’arrivée des enseignants, ceux ayant vu l’évolution auront tendance à trouver l’Institut “apaisé”.

71 AUGOYARD Jean-François, BOUSSET Christian, MEDAM Alain, PESSIN Alain, TORGUE Henry,

«Mais ceci dit je trouve qu’aujourd’hui, à grenoble, malgré ce que je viens de te dire, le cadre de travail il est super. [...] On a fusionné avec les géographes, Pacte s’est remodelé, et justement il y a plus de jeu, on peut plus parler, pour moi il y a plus de liberté de travail, de penser. Et j’ai l’impression que le monde politique va plutôt mal, le monde universitaire va plutôt mal, qu’à Grenoble c’est pas pire. Il n’y a pas à rougir et ici non plus.»

Extrait de l’entretien n°4

Les évolutions récentes seraient donc positives, la fusion est un élément déterminant de la vie à l’Institut qu’il convient de traiter spécifiquement.

3- La fusion entre urbanisme et géographie, une reconfiguration