• Aucun résultat trouvé

CATHÉDRALE

Cette partie a pour objet d’étudier le fonctionnement et l’organisation du chapitre et de présenter

un tableau de la vie canoniale à Metz aux XIIe - XIIIe siècle. Il ne s’agit pas d’écrire une histoire

du chapitre mais seulement de partir des informations transmises par le Cérémonial.

À travers sa lecture, il est en effet possible de connaître les membres qui composent la communauté de chanoine. Le rôle et la fonction spirituelle de chacun d’entre eux sont visible dans la liturgie, dans la place qu’ils tiennent au chœur ou dans les gestes ou rites qu’ils exécutent. Quelques faits historiques seront tout de même exposés pour établir l’origine de la fonction ou préciser la hiérarchie. Pour le chapitre messin, la règle canoniale de Chrodegang permet d’ébaucher sa première organisation.

Comme dans le monde monastique, la journée canoniale est rythmée par les offices et la messe

est célébrée quotidiennement. Recueil d’incipit, le Cérémonial précise pour chaque feria, ce

qui doit être lu, chanté à chaque office. Pour les solennités à la liturgie plus complexe, la liturgie est minutieusement décrite.

Les processions quotidiennes des chanoines dans l’espace claustral est le cœur de l’organisation des espaces. La liturgie dominicale se développant dans différents sanctuaires, les chanoines sont ainsi amenés à se déplacer.

162

Chapitre 1. Le chapitre de la cathédrale

À travers les pratiques liturgiques détaillées dans le Cérémonial de la cathédrale, il est possible

de dresser une liste des membres qui composent au XIIe siècle le chapitre cathédral de Metz.

N’apparaissent que les individus acteurs dans la liturgie ou présents dans le chœur lors des cérémonies.

I. Aux origines du chapitre cathédral

La règle, édictée en 755/757 par l’évêque de Metz Chrodegang, pour le clergé de son Église ne nous donne que très peu d’informations concernant la constitution de la communauté de chanoines et son fonctionnement. Elle mentionne, au hasard des prescriptions, les charges ou les fonctions de certains chanoines sans que l’on puisse établir une liste complète de l’ensemble de la communauté. La hiérarchie ecclésiastique comprend, après l’évêque, l’archidiacre et le

primicier. Parmi les chanoines, on compte des jeunes chanoines (canonici minores ou parvi) et

des plus âgés (canonici majores), auxquels s’ajoutent des enfants et des adolescents. Sont

évoquées les fonctions de célerier (celerarius), de portier (portarius), d’hebdomadier, de

gardiens des églises Saint-Pierre, Sainte-Marie et Saint-Étienne (custodes ecclesiarum), de

prieur (prior) et de lecteur (lector). Au VIIIe siècle, l’évêque est le seul à pouvoir élever ou

dégrader l’un des membres1. Cette hiérarchie connaît déjà quelques mutations dès le IXe siècle.

Un grand-chantre fait son apparition en 832. Le martyrologe de Berne cite un gardien pour

l’église Saint-Paul, custos sancti Pauli.

Au Xe siècle, une liste contenue dans le Liber memorialis de Saint-Amand2 donne le premier

aperçu de la composition du chapitre cathédral de Metz. Il s’agit d’une liste de 18 noms de

membres morts et vivants appartenant au chapitre cathédral3. Après trois évêques décédés,

1Regula canonicorum, PELT, J.-B., p 10, Ch. II : Ordines suos canonici ita conservent, ut ordinati sunt in gradibus suis secundum legitimam vel sanctam institutionem romana ecclesia, in omnibus omnino locis, id est in ecclesia vel ubicunque simul convenerint, et ratio prestat, excepto his quos episcopus in alciora gradu constituerint vel degradaverint certis ex causis… [Pueri parvi vel adulescentes in oratione vel ad mensas…]

2 Insérée dans le manuscrit 1038 de la bibliothèque de Valenciennes, cette liste est datée entre 927 et avant 941 par Dom Daniel MISONNE, dans son article « Les membres du chapitre cathédral de Metz au Xe siècle. Une liste destinée au « Liber memorialis » de Saint-Amand ? » in Revue benedictine, p. 111-124.

DE LA CATHÉDRALE

163 figurent un doyen, un coûtre de la cathédrale, un chantre, huit prêtres, cinq diacres, quatre

sous-diacres et deux acolytes4.

II. Organisation et effectifs du chapitre

L’aperçu le plus complet de l’organisation du chapitre cathédral de Metz ne nous est connu que bien tardivement, en 1380, par les statuts du cardinal Guillaume d’Aigrefeuille. Ce légat du

pape d’Avignon Clément VII, fut chargé de réorganiser en profondeur le chapitre messin5. Par

une bulle du 25 août 1381, le cardinal d’Aigrefeuille procède à la réduction du nombre des prébendes par la suppression des vingt premières qui viendront à vaquer. Cette hiérarchie

subsistera sans grands changements jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

Les effectifs du chapitre ne sont pas précisément connus pour les périodes antérieures au XIIIe

siècle6. En 1229 le chapitre constitue déjà un groupe important avec 60 prébendes7. Il compte

ainsi parmi les plus importants après Reims (70) et à égalité avec celui de Paris ou encore ceux de Cologne ou de Liège. Les nouveaux statuts du chapitre en 1381, établis par le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille, réduisent le nombre de prébendes à 40. Entre 1381 et 1409, 19 à 26

chanoines seulement apparaissent comme résidant effectivement en ville8. Les statuts du 23

août 14089 énumèrent les maisons canoniales avec les cens dont elles sont frappées et leur taxe

4 MISONNE, D., « Les membres du chapître cathédral de Metz au Xe siècle », Mélanges offerts à Jacques Stiennon, Liège, 1982, p. 495 – 508.

5 Aigrefeuille, légat de Clément VII pour l’Allemagne, obtient l’adhésion d’une grande partie du clergé et des bourgeois réunis en assemblée dans la salle haute de l’évêché, le 30 juin 1379. En vertu d’une bulle du mois de juin 1380, il procède à la visite de la cathédrale et du chapitre auquel il donne de nouveaux statuts le 21 août. En 1381, les revenus de ses prébendes avaient à nouveau fortement diminué, à cause des malheurs des guerres, qu’ils suffisaient à peine pour les distributions manuelles.

PEW : Les statuts du cardinal d’Aigrefeuille n’existent plus en original du moins dans les collections françaises (Vatican ?) cependant plusieurs copies modernes (plus ou moins complètes) sont signalées encore vers 1880- 1920. Pas de Statuts d’Aigrefeuille à la BMM voir a la BnF ou peut être aux archives départementales : Archives départementales de la Moselle, G498.

6 On dénombre environ au moins 12 chanoines en 858 et 50 d’après un diplôme de l’évêque Robert vers 884. Voir GAILLARD, M., D’une réforme à une autre (816-934) : les communautés religieuses en Lorraine à l’époque carolingienne…

7 Otton de Montferrat, cardinal de Saint-Nicolas-in-Carcere, légat de Grégoire IX pour l’Allemagne (1229-31) réforme le chapitre de Metz par une constitution datée de Verdun le 25 janvier 1229. Cette constitution réglemente sévèrement la résidence des chanoines messins car « à peine s’en trouvait-il six ou sept sur soixante pour assister le doyen aux offices ». Une transcription en a été reportée peu après au verso du premier feuillet blanc d’une Bible du début du XIIIe siècle (Metz, Bibliothèques-Médiathèques, ms.1)

8 FRANTZWA, G., Vivre hors du cloître. L’habitat canonial à Metz au Bas Moyen Âge (1200-1530), Thèse de l’école des Chartes.

164 de mise à prix. En 1462, 26 chanoines s’exilent, 6 ou 7 demeurent en ville, donc un maximum de 33 chanoines pour 38 prébendes.

Pour desservir les diverses églises rattachées au cloître, de petites communautés, filles du

chapitre cathédral, firent leur apparition. Vers le début du XIe siècle, l’église

Saint-Pierre-aux-Images fut ainsi détachée du chapitre et érigée en communauté distincte, composée de quatre chanoines à l’origine, six en 1185, conduits par un prévôt, sous le patronage du chapitre cathédral. En 1130, Sainte-Marie devient à son tour un chapitre distinct pourvu de cinq chanoines et d’un prévôt, sous le patronage du chapitre et de l’évêque.

III. L’abandon de la vie en communauté

Avant le IXe siècle, le chapitre n’existe pas en tant que tel. Les chanoines dépendaient de

l’évêque. Un lent processus d’émancipation de ces communautés est alors entamé. Le concile de Cologne de 867, qui prévoit le partage des biens de l’Église entre l’évêque et ses chanoines, pour assurer la subsistance de ces derniers, marque la naissance des chapitres canoniaux. Ce partage est effectif pour les chapitres de Metz, de Toul et de Verdun dans la seconde moitié du

IXe siècle10. Puis les Conciles romains de 1019 à 1059 admirent la possession particulière de

biens et la possibilité pour chaque chanoine de résider à part. Selon les circonstances et selon les lieux, les chapitres canoniaux ont, par conséquent, abandonné progressivement la vie

commune. À Metz, cet abandon est antérieur au milieu du XIe siècle. Dès 1052, on voit dans

un diplôme impérial l’octroi aux chanoines du droit de justice sur leurs serviteurs au cloître et

dans leurs habitations privées11. De fait, les chanoines résident alors dans des maisons

particulières, dans un second quartier canonial, établi au nord-ouest de la cathédrale, place de

Chambre12. Cet abandon de la vie commune provoque des modifications dans les usages et les

aménagements du cloître. Ainsi dès le XIIIe siècle, le cloître est ouvert aux séances de la justice

laïque. Au XVIe siècle des écoles sont établies dans l’ancien réfectoire.

10 GAILLARD, M., D’une réforme à une autre (816-934), Paris, 2006.

11 AD Moselle G439/2

12 Dès avant le XIIe siècle, la place en contrebas de la cathédrale porte le nom latin de in Thalamis, in Cameras, soit « En Chambre ». Au début du XIIIe siècle, les chanoines ont acquis la plupart des vastes parcelles traversantes bordant la rue du Voué, actuelle rue des Clercs, en raison de la présence de l'hôpital Saint-Nicolas-des-Pauvres-Clercs-de-Metz. Ils y resteront jusqu’à la Révolution.

DE LA CATHÉDRALE

165

IV. Les dignitaires

Au XIIe siècle, la liste des dignitaires du chapitre s’est complétée depuis le VIIIe siècle. Elle

comprend le primicier, le doyen, le chantre, le chancelier et le trésorier. Dans le Cérémonial,

les dignitaires sont considérés comme des « maioribuspersonibus». Ils siègent dans le

sanctuaire et se placent à l’arrière des processions, juste devant l’évêque. Au réfectoire ils occupent la grande table.

A. Primicerius (Primicier)

Étymologiquement, le primicier est le primus in cera, c’est-à-dire le « premier inscrit sur la

tablette de cire »13. Les listes de souscriptions du IXe siècle attestent cette position. Il est par

conséquent le chef en titre du chapitre.

Les conciles de Nicée II (787) ordonnent à chaque évêque d’avoir dans sa cathédrale, outre l’archiprêtre et l’archidiacre, un primicier. Mais ils ne disent pas quelles doivent être ses fonctions. En tant que premier chanoine, il se voit attribuer certaines responsabilités dans la direction des cérémonies liturgiques. À Rome, le primicier est désigné comme le directeur de

l’enseignement et du chant14. Nous n’avons aucune mention de cette charge à Metz. Néanmoins,

sous l’évêque Angelram (768-791) la schola de Metz semble fonctionner, du moins dans son

organisation, comme la schola cantorum pontificale, on peut donc supposer que le primicier

exerçait également cette fonction à Metz.

Mais la nature de la fonction de primicier semble d’étendre au-delà des limites de la simple

communauté de chanoines. Dans les Gesta Aldrici15, elle nous est ainsi définie :

« Donc le susdit pontife Drogon, tout le clergé et tout le peuple, voyant quel zèle il avait pour ces fonctions et ces connaissances et qu’il avait formé honorablement de nombreux docteurs et maîtres, l’élevèrent de force au plus haut ministère et l’instituèrent primicier

selon l’ordo romain et décidèrent que tout le clergé tant de la ville que des monastères

et de la paroisse de toute cette cité lui seraient soumis et l’instituèrent maître de tous »16

13 C’est à ce sens que se réfère l’appellation qui lui est donnée dans la charte d’Advence pour Gorze de 858/59 (AE,4, p. 353) : Primus cens.

14 « Primicier » dansDictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, CABROL, F (dir.), T. XIV.

15 Aldric (vers 800 - † 856) a commencé sa carrière ecclésiastique comme chanoine à la cathédrale de Metz, sous l’évêque Gondoul. Il est consacré évêque du Mans le 11 janvier 832.

166 Par conséquent, le primicier dirige tout le clergé du diocèse, dans la ville comme dans les monastères et les paroisses. Il est à la tête du chapitre, ce qui lui vaut son rôle de président de séance au chapitre.

Dans la Règle de Chrodegang, la charge de primicier est prévue, sans préciser toutefois en quoi elle consiste. Le paragraphe qui lui est consacré s’attache davantage à détailler les qualités intellectuelles et morales qui doivent y être attachées : « (…) et [que l’archidiacre et] le primicier soient en toutes choses, dans toutes leurs actions et toutes leurs œuvres obéissants et fidèles à Dieu et à leur évêque… ».

Il est d’autant plus difficile d’en dégager ses fonctions, que la charge de primicier et celle d’archidiacre sont placées sur le même plan et dans certains passages semblent être

confondues17. La hiérarchie entre elles est difficile à établir. Le primicier ne semble pas être

une dignité inférieure à celle d’archidiacre. Les deux fonctions sont mêmes à de nombreuses

reprises placées sur le même rang dans les listes de témoins18. L’utilisation du vel, « et/ou »,

entre ces deux fonctions laisse à penser qu’elles pourraient être associées dans une seule et

même personne19. Cette ambiguïté est également perceptible dans d’autres sources, ainsi dans

les Gesta Aldrici, saint Aldric, archidiacre de Metz, est appelé primicier (en 814). À partir du

Xe siècle, les listes de témoins conservées dans les actes laissent transparaître une place plus

importante accordée au primicier plutôt qu’à l’archidiacre à la tête de la communauté. Au XIIe

siècle, les deux fonctions de primicier et d’archidiacre coexistent toujours, dans le texte du Cérémonial.

Un diplôme impérial de 1056 réserve aux chanoines l’élection du primicier comme celle des

doyens, chantre, librarius et coûtre de Saint-Étienne20.

La réforme du chapitre de 1229, selon la constitution de Verdun par le cardinal Otton, fait définitivement du primicier le premier dignitaire du chapitre. Au chapitre, il a en charge la nomination du premier sous-chantre et des quatre offices du cloître. Parmi les nombreux

17 Dans le paragraphe 25, la regula canonicorum désigne l’archidiacre ou/et (uel) le primicier. Voir l’étude de Michèle Gaillard, D’une réforme à l’autre (816 – 934), p. 191- 204.

18 On voit qu’Angelram a progressé de celle d’archidiacre à celle de primicier. Dans la charte de Robert, le scribe a placé Gunbertus primicier et archidiacre en tête des souscriptions bien rangées en ordre hiérarchique. Et de manière générale, dans les listes de témoins on voit d’abord le primicier et l’archidiacre, ensuite les abbés et archidiacres, ensuite les abbés, puis les prêtres, les diacres, les sous-diacres et les simples chanoines (AE 9, p. 356)]

19 Regula canonicorum cap.VI – L’archidiacre ou le primicier ou le gardien de l’église prévoit quelles clochent il convient de sonner pour les heures. (« Et praevideat arcidiaconus vel primicerius seu custor ecclesie, ut illa signa oras conpetentibus sonent. »)

DE LA CATHÉDRALE

167 privilèges attachés à cette dignité, le primicier dispose gratuitement de sa propre résidence de

fonctions, l’hôtel de la Princerie21.

Cette charge ne subsistera pas longtemps dans l’Église romaine. Elle fut abolie, excepté en Lorraine, où la pérennité de ce titre au-delà du Moyen Âge paraît spécifique. On retrouve la charge de primicier dans les diocèses de Metz, de Toul et de Verdun. Ce n’est que lors des

crises économiques qui ont secoué les diocèses lorrains à la fin du XIVe siècle, que les chapitres

de Verdun et de Toul ont fait le choix de supprimer la fonction. À Metz, la réforme du cardinal d’Aigrefeuille de 1381 a choisi de maintenir cette dignité traditionnelle mais de supprimer 20

prébendes sur les 60 existantes22. En 1448, le Concordat germanique reconnaît l’importance

sans pareille de la dignité de primicier dans le clergé diocésain en réservant au pape le droit

d’en nommer le titulaire. Cette fonction se retrouve à Metz jusqu’au XVIIIe siècle.

À la lecture de la liturgie du XIIe siècle, le primicier peut remplacer l’évêque pour la lecture

aux matines ou aux vêpres aux jours de grandes festivités, comme Noël ou Pâques. Sa fonction

est associée à celle du doyen (decanus). Il siège au chœur dans la partie droite, du même côté

que l’évêque. Dans le cortège des processions, le primicier se place juste avant l’évêque, avec

les autres « maioribus ».

B. Decanus (Doyen)

Les fonctions du doyen ne concernent que l’intérieur du chapitre et non le gouvernement du diocèse.

Aucune allusion n’est faite à cette charge dans la Règle de Chrodegang et elle n’est pas plus légitimée dans la Règle d’Aix. La charge de doyen est peut-être à l’origine confondue avec celle du primicier, en tant que premier clerc et chef du chapitre. Toutefois, elle apparaît dans la liste du Liber memorialis de Saint-Amand du Xe siècle, où le doyen a pour nom Oldericus. Le

nécrologe de Gorze mentionne également, pour sa part, deux Petrus, doyens de Saint-Étienne :

21 Dès le premier quart du XIIIe siècle, on connaît l’existence de la curia primicerii dans la liste du ms. 2 de la Bibliothèque municipale de Metz. Voir FRANTZWA, Guillaume, « Être princier à Metz au temps du Saint-Empire (XIIIe – XVIe siècles), dans Les Cahiers lorrains, 2015, n°3 et 4, p. 46-53.

168

15 mars et 6 décembre. L’un des deux fut doyen au début du XIIIe siècle, au temps des évêques

Conrad et Jean (1221, 1227, 1238)23.

En 1382, le doyen reçoit le droit de percevoir les fruits d’une seconde prébende (décision confirmée en 1384). Et d’après les registres capitulaires, il est souvent appelé à suppléer les princiers absents.

Au XIIe siècle, dans le Cérémonial, le doyen est à la tête du chapitre où il est secondé dans

certaines de ses tâches liturgiques par le cerchier. Il est avant tout un prêtre, doté de l’autorité spirituelle sur le chapitre. En l’absence de l’évêque, il préside aux différentes cérémonies et il lui revient d’inciter, au chapitre, au début du carême, les chanoines à la dévotion et à la

fréquentation aux heures. Dans la hiérarchie ecclésiale, il est considéré parmi les « maiores

personae ». Il siège face à l’évêque, dans la partie gauche du sanctuaire24. Dans les processions épiscopales, il se tient à l’arrière du cortège, aux côtés du primicier, devant l’évêque. À

complies, il est premier à être aspergé d’eau bénite, juste après les enfants25.

Le mercredi des Cendres, le doyen et le coûtre lavent les pieds et les mains des pauvres assemblés au réfectoire. Après quoi, le doyen bénit le pain et le vin qui seront distribués aux nécessiteux. Lors du rite de l’Imposition des cendres, si l’évêque est présent, ce dernier procède à la bénédiction et le doyen doit lui imposer les cendres sur la tête […]. En revanche si l’évêque est absent, la bénédiction des cendres est à la charge du doyen qui se fera imposer par un autre prêtre. Les chanoines viennent ensuite à lui, l’un après l’autre, pour recevoir les cendres.

Le Jeudi saint, « les [autres] maiores personae, c'est-à-dire l’évêque, le doyen et le cerchier

doivent se ceindre d’un tissu blanc sur leur surplis et laver les pieds des chanoines assemblés dans le chapitre ».

23 Le nécrologe de Gorze est une copie du XVIe ou XVIIe siècle. L’essentiel des mentions de ce document intéresse des personnages ayant vécu aux Xe et XIe siècles et de nombreux abbés des XIIe et XIIIe siècles.

24 Cérémonial, PELT, J.-B. (éd.), p. 247.

DE LA CATHÉDRALE

169

C. Cantor (Chantre)

Le cantor est le troisième dignitaire du chapitre cathédral. Si on tient Chrodegang comme l’artisan principal de l’adoption du chant romain en Gaule, sa règle des chanoines reste

silencieuse sur la pratique du chant et son enseignement26. Seul le témoignage de Paul Diacre

évoque la pratique du chant romain à Metz dans les premières années de la seconde moitié du

VIIIe siècle27. Or, l’école de Metz jouissait d’une haute réputation dès les années 760-770. Ainsi

Documents relatifs