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Victor Frédéric Jules / Marie Juliette Victorine Aubry-Delanoë

ACTE DE DÉCÈS DE ROSE PAULINE AUBRY.

3. Victor Frédéric Jules / Marie Juliette Victorine Aubry-Delanoë

Victor Frédéric Jules, né le 14 janvier 1878, est comptable comme son grand-père maternel. Sa fiche militaire147 indique qu’il entre à l’armée comme soldat de 2nd classe au 5ème d’infanterie sous le matricule 882, le 19 novembre 1899, puis devient secrétaire du major le 26 septembre 1900. Envoyé en congé le 22 septembre 1902, il est promu caporal le même jour et devient réserviste le 1er novembre. La fiche ne nous donne pas vraiment d’idée de son apparence physique : on lit seulement yeux bruns, visage ovale, cheveux bruns, menton rond ce qui est assez banal. Le niveau d’instruction n’est pas documenté malgré l’espace existant pour ce faire sans doute parce qu’il est comptable et a évidemment reçu un minimum d’instruction.

Toujours selon la fiche militaire, il se marie avec Julienne Dercourt le 23 juin 1908 et transfère son domicile 31, rue Pavée.

Son nom est alors écrit avec un trait d’union Aubry-Delanoë. Y a-t-il eu un mariage religieux ? Les archives de catholicité ne sont pas disponibles aux AD de Rouen après 1900 et les archives du diocèse de Rouen ne sont pas consultables. On m’a demandé d’écrire. Je n’ai pas reçu de réponse à date.

Julienne, fille de Célestin Thomas Dercourt et de Julienne Françoise Bideau, est née à Réalcamp le 6 décembre 1861148 ce qui lui donne 17 ans de plus que son mari. Elle n’a qu’une soeur cadette, Agnès Amanda, née à Réalcamp le 24 août 1863149 et décédée quatre jours après.

Au moment de leur mariage, il est comptable, elle commerçante, veuve d’Ernest Lenoir, décédé en 1895 à Forges-les-eaux. Un contrat de mariage est passé devant Maître Gruel, notaire à Sotteville les Rouen, le 22 juin 1908150.

Ce contrat151 reflète une différence de fortune entre les époux. Le mariage se fait selon la communauté réduite aux acquêts. Le marié apporte 1020 francs quitte de dettes à la communauté tandis que la mariée apporte 6040 f quitte de dettes en dot constituée de meubles, bijoux, équipement domestique (machine à coudre, fourneau) plus 800 f de son

AD de la Seine Maritime. 1R3047

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AD de la Seine Maritime. 4E0508. Réalcamp. Acte n° 39.

148

AD de la Seine Maritime. Réalcamp. 4E0508. Acte n° 22. Vue 14.

149

AC de Rouen. 1908. Acte de mariage n° 512.

150

AD de la Seine Maritime. 2E/95/342

livret de caisse d’épargne et 4000 francs de la valeur de son fond de commerce de « débitante de liqueur » 31 rue Pavée. En cas de séparation, elle se réserve la reprise de ses biens. En cas de décès, le survivant pourra conserver le fond de commerce donc exercer sa profession tandis que les héritiers toucheront ce qui leur est dû. Julienne se protège. Peut-être à raison. En effet, Victor est réformé le 2 octobre 1908 pour cécité bilatérale. C’est une maladie cérébrale terrible.

La libération de son service militaire était prévue le 1er octobre 1914. Il n’atteindra pas cette date et meurt à Rouen le 10 septembre 1909152. Sa mort apparaît dans « Le Journal de Rouen », rubrique état civil le 12 septembre 1909153.

Y a-t-il eu un enfant de ce mariage?

Aux archives communales de Rouen où se trouvent les seules tables décennales disponibles, je ne trouve rien sous le nom de Aubry Delanoë, Aubry ou Dercourt pour la période 1893-1908 que ce soit dans les tables générales ou dans les hôpitaux de la ville. Sa DS ne mentionne pas d’héritier mais précise seulement « sans actif, loyer inférieur à 700 francs154 ». Cette mention, tamponnée à l’encre sur la ligne, se répète de nombreuses fois dans le registre. Elle correspond sans doute à la règlementation fiscale de l’époque et est un signe des faibles ressources de Victor.

AD de la Seine maritime. Rouen. Décès. 4E 17753. 1909. Acte n° 1447.

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AD de la Seine Maritime en ligne. Rubrique Journal de Rouen. Novembre 1909. http://

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recherche.archivesdepartementales76.net. Consultation 7 octobre 2018.

AD de la Seine Maritime. Tables des successions et absences. Consultable sur écran en salle.

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Pas de référence mentionnée.

Cécité bilatérale

Une cécité corticale bilatérale est une forme de cécité qui touche les deux yeux et qui est due à une atteinte cérébrale. Concrètement, les deux yeux sont en parfaite santé et fonctionnels mais c’est le cerveau, qui reçoit les informations visuelles et qui est chargé de les traiter, qui dysfonctionne. La cécité corticale bilatérale est donc due à un problème au niveau du cortex occipital, la région du cerveau qui gère les informations nerveuses transmises par les nerfs optiques. Les causes principales de la cécité corticale sont des lésions consécutives à un traumatisme crânien, à un AVC (accident vasculaire cérébral), à une hémorragie cérébrale ou à une infection telle qu’une méningite.

Source : Medisite https://www.medisite.fr/les-troubles-oculaires-myopie-cecite-corticale- bilaterale-la-definition.4803426.146449.html Consultation 4 octobre 2018

Le contrat de mariage nous indique que Julienne avait un enfant de sa première union sans nous en indiquer le nom. On sait seulement qu’il est mineur. Le premier mariage de Julienne avec Ernest Lenoir a été célébré à Amiens le 3 mai 1879 et Ernest est mort à Forges-les-eaux le 13 avril 1895155. Le seul enfant du couple enregistré à Forges-les-eaux, Robert, décède à cinq ans en 1894156. Pour connaître le nom de l’enfant qui vivait avec Victor et Julienne, j’ai d’abord cherché dans le recensement de Rouen pour 1911. Il n’y a plus personne à cette date rue Pavée mais Julienne Dercourt se marie une troisième fois à Rouen le 27 février 1912157 avec Albert Eugène Fouillart. Lors d’un prochain voyage dans cette ville, je chercherai cet acte. L’adresse qui correspond pourra me donner une indication pour chercher dans le recensement suivant afin d’identifier l’enfant car mes recherches dans les tables décennales d’Amiens n’ont rien donné : les Lenoir nés à cette période ont d’autres parents.

Il n’y a pas trace du décès de Julienne dans les tables disponibles à Rouen (i.e. jusqu’en 1962). A moins qu’elle n’ait dépassé l’âge de 100 ans, il semble qu’elle ait quitté la ville.

De cette branche Aubry-Delanoë ne reste donc que Marie Juliette Valentine que nous allons étudier afin de descendre le plus loin possible dans la recherche des descendants de Jean Baptiste Aubry Delanoë.

Comme nous l’avons vu, Marie Juliette Valentine Aubry Delanoë a épousé Abel Raoul Arsène Cornu le 27 avril 1908158, deux mois avant le mariage de son frère Victor Frédéric Auguste avec Julienne Dercourt. Il m’a été impossible de retrouver le contrat de mariage du 20 avril indiqué sur l’acte, dans les minutes du notaire Turban de Rouen. L’hypothèse de l’archiviste est que ce notaire venait d’entrer en fonction et qu’il y a eu perte de document (?!)

AD de la Seine Maritime. Forges-les-eaux. NMD 1895. Acte n° 31. Vue 21.

155

AD de la Seine Maritime. Forges-les-eaux. NMD 1895. Acte n° 113. Vue 71.

156

Mention sur l’acte de naissance de Julienne.

157

AD Seine Maritime. Rouen. Mariages. 1908. 4E17706. Acte n° 327.

Né le 18 août 1881 à Bosville159, Abel Raoul Arsène Cornu est le fils d’Alfred Delphin Cornu, maréchal-ferrand, et d’Euphrosine Elise Saunier. Sa fiche militaire160 où il apparaît sous le matricule 2702, nous apprend qu’en 1901 il est garçon épicier à Rouen, que son niveau d’instruction est «  3  » (il sait donc lire et écrire), qu’il a des cheveux et sourcils châtain foncé, un front étroit, le visage ovale, le nez long, une bouche moyenne et un menton «  couvert  » sans doute pour dire qu’il porte une petite barbiche. Il est petit : 1,58m. Entré au 37ème d’infanterie, il devient caporal, passe dans la réserve le 1er novembre 1905 avec un certificat de bonne conduite et est rappelé sous les drapeau en 1914. Il est fait prisonnier à Mannetz du 17 au 19 décembre 1914, interné à Meschède et finalement rapatrié au 39ème d’infanterie le 18/12/1918, il ne sera libéré définitivement de ses obligations militaires que le 15 octobre 1930.

Il a quatre frères et soeurs, tous nés à Bosville:

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Alfred Prosper, le 2 décembre1876161

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Gaston Séverin, le 20 février 1878162

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Eglantine Euphrosine Mélanie, le 24 novembre 1879163

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Balthazar Gaétan Mathieu, le 22 juin 1887164

En 1909 le couple Cornu-Aubry Delanoë habite à Forges-les-eaux, 10 rue Albert Bochet, où Abel Raoul Arsène Cornu est maintenant épicier165. Cette ville est aussi celle où leur belle-soeur, Julienne Dercourt, a vécu avec son premier mari. Est-ce grâce à cela que le couple s’est rencontré ? Marie Juliette Valentine Aubry-Delanoë y aura quatre enfants :

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Roger Victor Raoul, né le 6 novembre 1909166. Les mentions marginales sur son acte de naissance nous disent qu’il s’est marié à Asnières le 6 octobre 1933 avec Georgette Louise Tessier sans préciser de quelle ville d’Asnières il s’agit. A tout hasard, j’écris à

AD de la Seine Maritime. Bosville. NMD 1881. Acte n° 60. Vue 20.

159

AD de la Seine Maritime. Fiches matricules en ligne.

160

AD de la Seine Maritime. Bosville. NMD 1876. 4E 06465. Acte n° 78. Vue 26.

161

AD de la Seine Maritime. Bosville. NMD. 1878-1879. 4 E 06465. Acte n° 7. Vue 4.

162

AD de la Seine Maritime. Bosville. NMD. 1878-1879. 4 E 06465. Acte n° 69. Vue 60.

163

AD de la Seine Maritime. Bosville. NMD 1887. 4E 06466. Acte n° 33. Vue 21.

164

AD de la Seine Maritime. Acte de naissance de Roger Victor ci-dessous.

165

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. NMD 1909. 4E 19002. Acte n° 98. Vue 61.

Asnières sur Seine… avec succès. L’acte de mariage n° 479 de l’année 1933 nous apprend que Roger Victor Raoul était premier commis d’architecte au moment de son mariage et sa femme sténo-dactylo.

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Gaston René Abel, né le 13 janvier 1911167

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Marie Antoinette Emilienne née le 15 avril 1912168

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Jean Marie Michel, né le 3 novembre 1914169. C’est sa grand-mère maternelle, Victorine Dubuc, 61 ans, qui fait la déclaration. Il décède deux ans plus tard le 12 septembre 1916170.

On retrouve Abel Raoul Arsène et Marie Juliette Valentine à la même adresse en 1911171. Le frère d’Abel Raoul Arsène, Gaëtan, lui aussi épicier, vit avec eux ainsi qu’un employé et une domestique. L’épicerie semble donc avoir une certaine importance. Il n’est pas fait mention de Roger Victor Raoul, âgé de deux ans, ni de son frère Gaston René (mais peut-être Marie Juliette est-elle encore enceinte). Dix ans plus tard, lors du recensement de 1921172, le couple est toujours là, avec ses deux fils, le frère est parti et vivent à cet endroit deux employés et une bonne. Marie Antoinette Emilienne leur fille n’est pas citée. Aucune mention de décès n’apparaît dans les tables de Forges-les-Eaux entre 1912 et 1921.

Puisque les deux garçons du couple n’apparaissent pas dans le premier recensement alors qu’il est certain que le premier des deux est né, je fais l’hypothèse d’un placement en nourrice dans la petite enfance. Marie Antoinette Emilienne, leur soeur, aurait pu décéder en nourrice mais cela restera à l’état d’hypothèse car je n’ai rien pour le vérifier. Il n’y a plus personne dans toute la ville de Forges-les-Eaux lors du recensement de 1926.

Un avis d’une entreprise de pompes funèbres disponible sur internet, nous apprend qu’Abel Raoul Arsène Cornu est décédé le 2 octobre 1963 à Saint Aubin-lès-Elbeuf où habite son fils, ce que confirme l’acte de décès reçu de la mairie173. Il est veuf. Marie

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. NMD. 1911. 4E 19004. Acte n° 11. Vue 7

167

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. NMD. 1912. 4E19005. Acte n° 30. Vue 22.

168

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. NMD. 1914. 4E 19007. Acte n° 90. Vue 43.

169

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. NMD. 1916. 4E 19006. Acte n° 68. Vue 37.

170

AD de la Seine Maritime. Forges-les-Eaux. 6 M. Recensement 1911. Vue 15.

171

AD de la Seine Maritime, Forges-les-Eaux. 6M. Recensement 1921. Vue 5.

172

AC de Saint Aubin-lès-Elbeuf. Décès 1963. Acte n° 64.

Juliette Valentine est donc morte entre 1933 (date où elle est mentionnée comme vivante sur l’acte de mariage de son fils ainé) et 1963 ! Pour trouver son lieu de décès; il me faudrait sans doute savoir où Abel Raoul Arsène a poursuivi ses activités. En 1933 il est distilleur Boulevard Jean Jaurès à Rouen mais ensuite…

Lors de mon prochain passage à Rouen, je chercherai s’il existe un annuaire professionnel pour cette époque et étudierai les décès survenus dans la commune de Déville-lès-Rouen, toute proche du boulevard Jean Jaurès.

4. Gaston René Abel Cornu

Né le 13 janvier 1911, il s’est marié à Saint Aubin-lès-Elbeuf, le 3 juillet 1937174, avec Nelly Joséphine Augustine Méray.

En 1932, un Henri Méray, cantonnier, né à Hacqueville le 17 juillet 1885, habitant rue Freneuse, figure sur les listes électorales de la ville175, peut-être est-il le père de Nelly ? L’acte de décès d’Abel Raoul Arsène nous apprend que « Gaston » exerçait la profession de plombier, Filae, qu’il a fait partie des conscrits du Nord176 de la deuxième région militaire et qu’il est mort le 16 mars 2007 à Saint Aubin-lès-Elbeuf177. Les archives de la ville ne sont pas déposées aux AD pour cette période et il n’existe pas de service communal d’archives. J’ai donc écris à la mairie pour essayer d’avoir d’autres éléments sans réponse à ce jour. Des Cornu vivent toujours à Saint Aubin-lès-Elbeuf et dans le village attenant.

Conclusion 2 : Rouen rive droite/ Rouen rive gauche

Rose Pauline Aubry Delanoë et son neveu Jules Aubry habitent dans la vieille ville populaire de Rouen sur la rive droite de la Seine, 73 rue Cauchoise pour l’une, 17 rue Saint Denis pour l’autre. Puis Jules déménage pour la rue de Barcelone et la rue Louis Blanc, rive gauche, où habitait, rue Pavée, son fils ainé Victor Frédéric Jules qui va mourir en 1908. La rive gauche est la nouvelle rive populaire de Rouen. Encore aujourd’hui dès

Mention marginale sur son acte de naissance. J’attends toujours le document de la mairie.

174

AD de la Seine Maritime. Saint Aubin les Elbeuf. Liste électorales. 3M142.

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AD du Nord Table des registres des matricules militaires. 1931 A-C . Vue 262

176

https://www.avis-de-deces.net/f_gaston-cornu-saint-aubin-les-elbeuf-76410-seine-

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l’un des ponts passé on voit la différence dans la qualité de construction des maisons, le nombre d’entrepôts, la devanture des boutiques. Un rouennais du DU m’a d’ailleurs confirmé que la rive gauche est la rive ouvrière et industrielle. De fait, lors de mon passage aux AD de la Seine maritime qui y sont situées, une exposition retraçait l’histoire du quartier. Dans l’Ancien régime, il y avait là un marché. En 1833 sous Louis Philippe sont construits des abattoirs et en 1855 un nouveau marché aux bestiaux est inauguré tandis que la gare Saint Sever dite «  Rouen rive-gauche  » est inaugurée en 1843. La révolution industrielle entraîne la création de nombreuses usines textiles et mécaniques et même une fabrique de compteurs à gaz. Les Aubry-Delanoë suivent le développement du quartier. La marché à bestiaux est sans doute un bon endroit pour ouvrir un commerce de vin et la proximité de toutes les usines offre des opportunités d’emploi.

Des habitations des Aubry Delanoë rouennais ne restent que l’immeuble de la rue Cauchoise et la maison de la rue Louis Blanc. Les autres ont été rasées au moment de la seconde guerre mondiale. Ce sont, chacun dans leur genre, des bâtiments modestes à l’image de la vie des Aubry Delanoë à Rouen.

LE 73 RUE CAUCHOISE OÙ MOURUT ROSE PAULINE