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VERSIFICATION IAMBO-TROCHAÏQUE

Dans le document Traité de Métrique latine classique (Page 72-75)

La vieille versification dramatique.

§ 151. Elle est représentée pour nous par les vingt et une comédies de Plaute (254?-184) et les six comédies de Térence (i90?-i59) qui nous sont parvenues. Des autres dramaturges, Livius Andronicus, Névius, Ennius, Cécilius, Pacuvius, qui furent sensiblement les contemporains des deux premiers, d’Accius (170 ?-86), qui semble avoir été le plus grand tragique latin, nous n’avons que des bribes, conservées par des citations.

Elles ont été réunies par Ribbeck, Scaenicae Romanorum poesis fragmenta (1897-8), et Diehl, Poetarum Romanorum reliquiae (1911) ; on en trouve un choix dans Ernout, * Recueil de textes latins archaïques (1938).*

§ 152. La versification dramatique latine est issue pour une part de la versification dramatique grecque, mais il y a plus loin du vers d’Aristophane ou de Ménandre à celui de Plaute que du vers homérique au vers de Virgile. En effet tandis que les règles métriques tiennent l’hexamètre prisonnier, elles s’assou¬

plissent à l’extrême pour les ïambiques et les trochaïques, et leur permettent de se plier à toutes les nuances de la conver¬

sation : ils étaient faits pour la foule, et la foule était pré¬

parée à les goûter. On se souvient du chant des soldats de César (Suet. Caes. 49 et 51) :

urba|ni ser|uate u|xores || moechum | caluum ad|duci|mus

c’est un septénaire trochaïque qu un pas cadencé un peu lourd semble rythmer.

GÉNÉRALITÉS él

§§ I5I-IS6

Il est probable qae Plaute a profité de l’exemple des Grecs, mais il était aidé en même temps par cette littérature popu¬

laire. D’ailleurs ses comédies ne représentent pas l’état premier de la versification dramatique à Rome : Névius et Livius l’avaient précédé, et il faut rappeler que Tite Live (VII 2) reporte à 364 av. J.-C. l’origine des Ludi scaenici, soit plus de 120 ans avant la représentation du premier drame de Livius Andronicus (240 av. J.-C.).

§ 153. En grec la versification des comiques se distingue de celle des tragiques par une liberté plus grande (Havet, §§249- 266). En latin la métrique de la tragédie est la même que celle de la comédie (Lejay, Histoire de la littérature latine, p. 221).

§ 154. En grec, le vers se décompose en sous-unités appelées mètres, qui renferment deux pieds. L’unité du mètre est assurée par le caractère différent des deux pieds qui le constituent. Les pieds impairs des vers trochaïques et les pieds pairs des ïam- biques sont obligatoirement purs, c’est-à-dire ont la forme dans les trochaïques, et la forme w_ dans les ïambiques. Inver¬

sement les pieds pairs des trochaïques et les pieds impairs des ïambiques peuvent être condensés (§§ 31 et 161-162).

§ 155 . Le mètre étant la vraie unité métrique des vers drama¬

tiques grecs, c est d’après le nombre de mètres qu’ils renferment qu’ils sont nommés : le trimètre comprend trois mètres (ou six pieds), le tétramètre quatre mètres (ou huit pieds).

§ 136. Les anciens dramatiques latins ont effacé la distinction entre pieds purs et pieds condensés. Par conséquent, l’unité du mètre étant détruite, le mètre cesse d’exister : le vers latiq est composé de pieds et non plus de mètres. Ainsi le vers qui con¬

tient six pieds n’est plus un trimètre mais un sénaire (senarius), et celui qui en contient, huit n’est plus un tétramètre mais un octonaire (oclonarius). Quant aux vers qui, par suite de cata- lexe (§ 22), ne contiennent que sept pieds complets plus un

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demi-pied final, ils sont dits septénaires (septenarius), la déno¬

mination ne tenant compte ici que des pieds complets.

§ 157. Parlé, récitatif et chant. — Une comédie latine renferme des parties parlées, en latin diuerbium ou deuerbium (noté dans les mss DF), des parties récitées avec accompagnement de flûtes, sortes de récitatifs, en latin canticum (noté C), et des parties chantées, en latin mutatis modis canticum (noté M. M. C.). Par¬

fois aussi la danse se mêle aux paroles. Une palliata aurait plus d'affinités, quant à la forme, avec notre opérette qu’avec notre comédie du Boulevard. Ces trois éléments, parlé, récitatif et chant, existaient déjà en grec ; le canticum ou récitatif corres¬

pond à ce que P. Mazon appelle mélodrame dans sa traduction d’Eschyle (Voir O. Navarre, Le théâtre grec, Payot 1925,

pp- 162-3).

Remarque. — Il arrive que pour abréger on donne le nom de parlé ou dialogue aux parties parlées et aux récitatifs, et celui de cantica aux parties chantées mutatis modis.

§ 158. Quelles considérations déterminaient l’emploi du parlé, du récitatif et du chant ? Le besoin de clarté et la tradition théâ¬

trale commandaient sans doute certaines dispositions : presque toutes les pièces de Plaute et toutes celles de Térence com¬

mencent par un exposé parlé, presque toutes celles de Plaute et toutes celles de Térence finissent sur un récitatif.

On observe aussi que dans le corps même d’une pièce les changements de rythme, du trochaïque à l’ïambique ou inverse¬

ment, et les changements du débit, du parlé au récitatif ou au chant ou inversement, coïncident avec des péripéties de l’ac¬

tion .

Mais dans l’état de nos connaissances il n’est pas possible d’al¬

ler au delà de ces indications générales.

§ 159. Le parlé proprement dit n’employait que le sênaire ïambique :

KJ KJ KJ KJ •J KJW

§§ 157"1 ^i VERS DU dialogue 63 Le récitatif employait surtout le septénaire trochaique :

_W_W_W_W_W_W-w w

moins souvent le septénaire ïambique :

W-W_W—W-W—W-W-w

et Voctonaire ïambique :

w-W-W-W-W-W-W-WW

Pour abréger, les ïambiques sont appelés simplement sênaire, septénaire, octonaire, et le septénaire trochaïque est appelé /ru- cbaïque. Le dialogue (parlé et récitatif) utilise donc quatre vers differents : sénaire, trochaïque, septénaire et octonaire.

Le chant proprement dit (mutalis modis canticum, ou, pour abréger, canticum) dispose d’une grande quantité de vers ïam¬

biques, trochaïques, anapestiques et autres qui seront énumérés

§§ 221-257.

Dans le document Traité de Métrique latine classique (Page 72-75)