Les verbes
5.2.2 Les verbes de la classe générale
La classe générale rassemble la grande majorité des verbes, y compris les verbes dérivés statifs, causatifs en -ɑs et honori ques. Elle correspond à la classe des verbes à radical consonantique du japonais (dits aussi quadrigrades, yodan四段), bien que dans le dialecte d’Ōgami les évolutions phonétiques ont fait qu’une par-tie de ces verbes a perdu sa consonne. Synchroniquement les critères suivants les distinguent des verbes en-i:
– ils forment leur impératif avec le suffixe-iet non-ɾu;
– ils prennent l’allomorphe-ɑidu suffixe de passif/potentiel et non-ɾɑi; – ils prennent l’allomorphe-ipɑdu suffixe de converbe circonstanciel et non
-ɾipɑ;
– ils peuvent prendre le suffixe de factitif-ɑs;
– ils prennent l’allomorphe-ɑmɑɾ-du suffixe honori que et non-sɑmɑɾ-; – ils prennent le suffixe d’irréel-ɑ.
Le fait qu’ils prennent l’allomorphe sans consonne initiale de certains suffixes s’explique par le fait qu’ils sont tous à l’origine des verbes consonantiques : dans le cas d’un suffixe commençant par une attaque consonantique, la consonne initiale du suffixe chutait pour préserver la structure syllabique.
Il est par ailleurs nécessaire de distinguer plusieurs sous-classes de verbes se-lon le segment nal de leur radical ainsi que le nombre et la forme de leurs thèmes.
5. Les verbes
5.2.2.1 Les verbes à thème unique
Les verbes en -m, -n et -s ont un thème unique invariable auquel s’attachent
tous les suffixes dérivationnels et exionnels.
Les verbes en -f et -ʋ ont eux aussi un thème unique mais dont la consonne
nale est redoublée devant une voyelle.
5.2.2.2 Les verbes à deux thèmes
Les verbes en -p ont un thème spécial se terminant par-pɯ.
Les verbes en -ɾ ont un thème spécial où leɾest remplacé par-ɯ(ɾ / ɯ). Pour les verbes de la forme-ɯɾ, leɾchute devant la voyelleɑ(ɾ /ɯ ɑ), ce qui revient à dire que le thème spécial est également utilisé devant les suffixes de passif, causatif et irréel.
Les verbes en -t ont un thème spécial où le-test remplacé par-ks.
Les verbes en -k se divisent en deux sous-groupes : ceux qui forment leur thème
spécial en ajoutant-set ceux qui le forment en ajoutant-ɯau thème simple. Cette division aujourd’hui entièrement morphologisée re ète en fait une ancienne op-position phonologique de voisement entre *k et *ɡ (cf. chap. 10).
Les verbes en ɑ et en u ont un thème spécial en-u. Les rares verbes enusont soumis à la règle phonologique génerale u ɑ/ ɑ.
Il n’existe qu’un seul verbe en -n, le verbe « mourir » (sɯn), dont certaines formes sont irrégulières.
5.2. Classes de verbes
5.2.3 Verbes dérivés en
-kɑɾ-Une racine adjectivale nue ou bien suivie du similatif-kipeut servir à former un verbe en lui ajoutant le suffixe-kɑɾ-. Les formes en-kɑɾ-sont en général classées comme adjectifs, sans aucun doute du fait de leur ressemblance avec les adjectifs verbaux du japonais. Koloskova & Ohori (2008) n’échappent pas à cette règle. Toutefois il ne semble pas justi é de traiter ces formes comme autre chose qu’une classe particulière de verbes, car elles possèdent l’ensemble des caractéristiques partagées par les verbes en général.
Comme les verbes ordinaires, les verbes en-kɑɾ-peuvent apparaître en fonc-tion prédicative ou bien devant un nom pour le modi er. Ils peuvent prendre un argument sujet marqué au nominatif, et au moins pour deux d’entre eux, utuɾuskɑɾ-« avoir peur de » etpɑkskɑskɑɾ-« avoir honte de » , il est même possible d’avoir un objet à l’accusatif.
(5.2) tus=su année=acc tuɯ-tikɑ prendre-ant nɑu=iu=mɑi quoi ?=acc=incl pɑkskɑ-ffɑnɛɛn honteux-nég
« Quand on prend de l’âge, on n’a plus honte de rien. »
Les formes en-kɑɾ-peuvent comme la plupart des verbes être sujets à la dé-rivation causative et prennent les mêmes suffixes de tam et de converbes que les autres verbes.
Il est vrai que néanmoins les verbes en -kɑɾ-ne possèdent pas certaines des formes, mais cela tient plus à des critères sémantiques que syntaxiques qui sont partagés par d’autres verbes également. Ainsi les verbes en-kɑɾ-ne peuvent être mis au passif, mais c’est le cas des verbes intransitifs en général, ni au potentiel, comme certains verbes d’état comme ɑɾ-« exister » . De même, comme certains verbes d’état, les verbes en-kɑɾ-ne peuvent être mis aux modes intentionnel,
pro-5. Les verbes
La différence majeure concerne les formes négatives, qui n’ont rien de com-mun avec celles des autres verbes. Mais on ne voit pas pourquoi les verbes en -kɑɾ-devraient être mis à part sur le seul critère qu’ils ont une morphologie différente pour un tiroir verbal. En effet cela n’est pas très différent des différences de para-digmes observées entre les deux catégories de verbes, dont les suffixes d’impératif diffèrent.
Il apparaît donc bien préférable de classer les formes en-kɑɾ-comme une sous-catégorie de verbes puisqu’elles en partagent l’ensemble des caractéristiques.
Il est également possible de dériver un verbe statif à partir d’un nom dont le signi é est une qualité ou une propriété, comme « force »tɑiɑtɑiɑ-kɑɾ-« fort » .
5.2.4 La copule
La copule a un paradigme largement défectif, et irrégulier, puisqu’elle n’a pour vocation que de porter les marques de tam dans les prédications nominales. Le détail de ses formes est donné en annexe.