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Ainsi c’est toi qui as vendu la maison Tu y as vécu toi même

Par ce dialogue entre la femme et l’homme, nous constatons que FOSSE utilise le tutoiement pour montrer un rapport bien défini entre ELLE et L’HOMME il se tutoie alors qu’ils viennent tout juste de se rencontrer.

3-2.La décomposition du langage :

Dans la conversation réelle les paroles échangés interviennent dans un cadre à la fois social et relationnel qui confère aux différents énoncés leur sens véritable ce sont les conditions d'énonciation. De même pour le théâtre elles sont déterminantes.

Ces conditions d'énonciation relèvent de l'implicite, catégorie fondamental de l'échange linguistique, il englobe notamment les présupposés c'est-à-dire les propositions qui sont tenues pour acquises au moment du dialogue et qui constituent le cadre "l'arrière fond de savoirs et des croyances que partagent les interlocuteurs" André Petit Jean, ainsi que les sous-entendus et le non-dit.

Toutes ces notions sont capitales pour l'étude du dialogue théâtral" qui doit utiliser par manque de place une grande quantité d'éléments préconstruits"17

C'est la recherche de l'implicite qui va nourrir le travail du comédien, elle leur "permet de donner à l'énoncé total d'un personnage une richesse plus grande non pas en supprimant les ambiguïtés, mais au contraire, en creusant l'énigme, en orientant vers plusieurs sous-entendus à la fois peut être contradictoires mais pleins de possibilités ou bien en inventant et en indiquant un sous-entendu nouveau."18Anne Ubersfeld

S'il est vrai qu'"une pièce est une conversation" Louis Jouvet, témoignage sur le théâtre. Paul Grice a mis en évidence des " maximes conversationnelles" qui régissent, selon lui, toute conversation ordinaire, l'échange se fonde sur "un principe de coopération" entre les partenaires, qui doivent respecter un certain nombre de maximes :

Maxime de quantité: nous devons donner à nos interlocuteurs autant d'informations que nécessaires

Maxime de qualité: Nous devons dire que ce que nous tenons pour vrai. Maxime de relation: Nous parlons à propos

Maxime de modalité : Nous évitons de nous exprimer avec obscurité et ambiguïté.

Ces maximes implicites sont régulièrement enfreintes, notamment dans la dispute (scène) une description technique des échanges conversationnels met en évidence des procédures d'ouverture et de clôture les échanges se présentent comme suite de "tours" de paroles qui alternent régulièrement, non sans chevauchements (tout le monde parle en même temps ou silence)

17 Anne Ubersfeld 18 Idem.

Le dialogue théâtral se présente comme" une séquence structurée de répliques prises en charge par différents personnages entrant en interaction, c'est-à- dire comme une espèce de »19 .

Sur le plan formel, le dialogue théâtral s'apparente lui aussi à une succession de tours de paroles avec des formules d'ouverture et de clôtures aisément repérables et des lois de causalité et de similarité thématique qui en régissent la progression.

Goffman retrouve dans la conversation ordinaire" les nécessités fondamentales de la théâtralité".20 Catherine Kerbrat Orechioni dit :" la littérature tend à la conversation ordinaire une sorte de miroir grossissant dans lequel viennent se condenser, avec une simplicité, une évidence, une intelligibilité accrues, certains des faits pertinents."

Le dialogue de théâtre est toujours " un dialogue surpris"21 par ce récepteur extra scénique qu'est le public véritable destinataire de l'échange.

Ce dispositif énonciatif particulier induit des écarts par rapport à la conversation ordinaire, particulièrement flagrants dans les scènes d'exposition ou le dramaturge, obligé de livrer au spectateur un minimum d'informations, est amené à violer la "loi

19 Catherine Kerbrat Orechioni

20 Gofman, les Rites d’interaction, Paris, Edition de Minuit, »le sens commun »,1974 21 Pierre Larthomas, Le langage dramatique, sa nature, ses procédés, Paris, A. Colin, 1972

d'informativité" qui régit l'échange ordinaire. À titre d'exemple un quiproquo est un fait accidentel alors que ce fait là est délibéré et recherché dans un échange sur scène.

Nous constatons que l'écriture des dialogues obéit à ses lois propres qui ne sont pas celles de l'échange conversationnel réel. Le dialogue s'ouvre et se clôt

Souvent de manière brutale, sans les formules de politesse habituelles dans la conversation ordinaire, surtout, le dialogue de théâtre est " un objet littéraire c'est- à-dire écrit, travaillé, prémédité." (Catherine Kerbrat Orechioni).

Les personnages dans le théâtre ne parlent pas comme dans la vie courante, ce qui est bien entendu flagrant .un dialogue en prose d'apparence "naturelle" s'éloigne de l'échange véritable parce qu'il tend à éliminé toutes les "scories qui encombrent la conversation ordinaire (bredouillement, inachèvement, tâtonnement, lapsus et reformulation, éléments à pure fonction phatique, compréhension, ratée ou à retardement."22

Le théâtre "exhibe les milles façons de violer les lois conversationnelles". Ces lois "sont en vedette exposées pour être montrées, vues, et entendues, subreptices ou inconscientes"23 selon Anne Ubersfeld qui montre ces infractions aux principes généraux de coopération, de pertinence, de sincérité, d’informativité, d'exhaustivité dégagé par Grice.

22-Catherine Kerbrat -Orecchioni, L’énonciation, Paris Armand Colin, 1986. 23 -Anne Ubersfeld, lire le théâtre III .Le dialogue de théâtre, édit Belin

La problématique de la vérité c’est la maxime « primordiale »selon Grice, rejoignant le sens commun et cette vérité universelle que tout énoncé engage son énonciateur, qu’à la limite que toute parole, ne peut être que parole de vérité.

De ce fait, dans la vie courante, le mensonge est sur le moment indécelable. Mais il n’en va de même au théâtre, ou tout parole est passée au crible et ou mensonge est un outil dramatique, une parole acte.

Quant le personnage ment, sait qu’il ment, le théâtre lui offre le spectacle d’un échange fallacieux, mais aussi scénique qui va travailler la suite des échanges. Avec cette restriction que les mensonges francs, repérables, sont relativement rares

LUI

Pourquoi as- tu fourré le bout de papier