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III.2.2.1 - L’apport de vitamines et d’oligo-éléments

Les veaux sont soumis lors du sevrage à différents facteurs de risques responsables d’affections notamment respiratoires. Des études ont recherché les effets de l’apport de nutriments essentiels tels que les vitamines et les oligo-éléments au-delà des recommandations sur les performances et la santé des animaux entrant en atelier d’engraissement. S’il est admis que les états de carences en vitamines et oligo-éléments chez les animaux sont associés à un moins bon fonctionnement des défenses immunitaires (Spears, 2000), les bénéfices de leur apport au-delà des recommandations ne sont pas clairs.

Une méta-analyse réalisée en 2009 a analysé les résultats d’études publiées entre 1950 et 2006 visant à évaluer les effets de la supplémentation en vitamine E et en sélénium sur la santé et les performances des animaux à l’engraissement. Les résultats obtenus semblent mettre en évidence une tendance à la diminution de la morbidité lors de la supplémentation par voie orale en vitamine E. Une seule étude met en évidence une diminution significative, toutefois le groupe contrôle ne recevait aucune complémentation en vitamine E ce qui pourrait être un biais dans les résultats du fait d’un possible état de carence de ces animaux. Il semblerait toutefois que l’apport à long-terme de vitamine E soit associé à une diminution significative de la morbidité, plus que l’apport au-delà des quantités recommandées. Cette méta-analyse n’a pas trouvé d’effets bénéfiques de la supplémentation en sélénium par voie orale qu’elle soit associée

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ou non à une supplémentation en vitamine E. La supplémentation par injection en vitamine E et en sélénium, seule ou en association, n’a pas d’effet significatif sur la morbidité des animaux à l’engraissement (Cusack et al., 2009). Au contraire, une autre revue met en évidence l’existence de deux études montrant les effets bénéfiques de la supplémentation en vitamine E des veaux après leur entrée à l’engraissement. L’apport de vitamine E dans le premier mois suivant l’arrivée des veaux a permis une augmentation du gain de poids et une diminution du nombre de jours durant lesquels les animaux étaient malades et de la morbidité de 13,4%. Ces effets ont été notés pour une supplémentation à hauteur de 1600 UI par animal par jour les 21 premiers jours puis 800 UI par animal et par jour les 7 derniers jours. Il semblerait de plus qu’un apport trop faible de vitamine E ne soit pas associé à une détérioration des performances puisque certaines études n’ont pas noté de bénéfices lors de la supplémentation de 0 à 200 UI par animal et par jour pendant 131 jours (McDowell et al., 1996). Il semblerait aussi que l’injection d’α-tocophérol à l’entrée en engraissement permette d’augmenter la production d’anticorps (Nockels, 1996).

De même, les effets de la supplémentation concomitante en vitamines A, D, E et C à l’entrée des veaux à l’engraissement ne semble pas avoir d’effet significatif sur le nombre d’animaux atteints d’affections respiratoires. Toutefois, il semblerait que l’injection de 5g de vitamine C en parallèle de la mise en place d’un traitement antibiotique permette une réduction de la mortalité des veaux atteints d’affections respiratoires (Cusack et al., 2008).

L’intérêt de l’apport de certains oligo-éléments a été analysé dans une étude où des veaux en pré-conditionnement ont reçu pendant 45 jours une supplémentation avec un mélange de cuivre, zinc, cobalt et manganèse. Il n’a pas été mis en évidence d’effet significatif de cette supplémentation sur le taux de morbidité et de mortalité (Lippolis et Cooke et Silva et et al., 2017).

Finalement, il n’est pas clairement établi que l’apport de vitamines et d’oligo-éléments au-delà des recommandations ait un effet stimulant sur les défenses immunitaires des veaux à l’engraissement et permette une réduction de l’incidence des affections. Toutefois, durant ces périodes de mise en lot, les animaux sont soumis à un stress élevé pouvant conduire à une diminution de l’ingestion d’aliment et donc à des carences en nutriments essentiels. Dans ces cas, l’apport de vitamines et de minéraux chez des animaux probablement en état de carence peut être bénéfique pour le fonctionnement de leur défenses immunitaires. Une étude a révélé que les veaux présentant des carences en sélénium au moment du sevrage avaient encore une

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concentration sanguine en sélénium faible, 3 semaines après le sevrage, et cela malgré des apports en vitamines et minéraux respectant les recommandations. La supplémentation en sélénium a permis une augmentation des concentrations sanguines en sélénium et une augmentation de l’activité de la glutathion peroxydase (Beck et al., 2005).

III.2.2.2 - L’apport d’agents biologiques et de molécules chimiques

Les produits contenant des agents biologiques, comme les probiotiques, ont montré leur intérêt notamment dans les contextes d’affections digestives des veaux nouveau-nés. Leur utilisation chez des veaux plus âgés peut sembler intéressante en raison de la nécessité de maintenir un équilibre du microbiote intestinal dans des contextes de changements alimentaires parfois brutaux. Peu d’études sont disponibles sur les bénéfices d’une telle utilisation sur leurs défenses immunitaires et sur l’incidence des principales affections. Une étude a mis en évidence une tendance à la réduction de l’excrétion d’E. coli lors de l’administration de probiotiques. Toutefois les résultats ne sont pas significatifs et l’incidence des troubles digestifs pouvant être associés n’a pas été investiguée, ce qui ne permet pas d’émettre avec certitude des recommandations concernant la prévention par l’administration de probiotiques des affections digestives chez les veaux à l’engraissement (Ran et al., 2018).

D’autres études ont recherché les effets de l’administration de produits immunostimulants sur l’incidence des affections respiratoires. Dans ces études, les produits utilisés sont des mélanges de différents immunostimulants et les résultats obtenus entre les deux études sont contradictoires. Une première étude met en évidence une diminution de l’incidence des affections respiratoires durant la période précédant le transport des veaux en atelier d’engraissement. Dans ce cas, les veaux avaient reçu un mélange de probiotiques, de prébiotiques et de béta-glucanes dès la mise en lot. Aucun effet significatif sur l’incidence des affections respiratoires n’a été noté dans la période suivant l’entrée en atelier d’engraissement (Silva et al., 2018). Une autre étude a investigué les effets de l’administration à des veaux à l’engraissement de deux types d’immunostimulants chacun constitué d’un mélange de levures

Saccharomyces cerevisiae, de produit de fermentation de champignons, de vitamines et de

minéraux ou d’un mélange de colostrum, de polysaccharides dérivés de plantes, de probiotiques produisant des lactates, de vitamines et de minéraux. Il a été noté un renforcement de l’immunité innée par l’augmentation de la concentration de certains effecteurs, l’interleukine

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IL-8 et le facteur de nécrose tumoral TNF-α. Toutefois aucun effet significatif sur l’incidence des affections respiratoires n’a été observé (Lippolis et Cooke et Schumaher et et al., 2017).

III.2.2.3 - L’apport d’extraits végétaux

Peu d’études ont été réalisées sur l’impact de l’utilisation d’extraits végétaux sur les affections des veaux en atelier d’engraissement. Une étude a été réalisée pour investiguer les effets de l’administration d’alcaloïdes isoquinolines, composant extrait de la plante Macleaya cordata, sur les performances de veaux à engraissement. Elle ne met pas en évidence d’effets sur les performances des veaux mais augmente le rendement de carcasse. L’impact sur la santé des animaux n’a pas été étudié (Michels et al., 2018). Aucune autre information n’a été trouvée concernant des recommandations pour la prévention des affections respiratoires chez les veaux sevrés. Au vu des résultats bénéfiques obtenus lors de l’administration de Macleaya cordata à des veaux nouveau-nés sur les affections respiratoires (Köroğlu, 2019), son utilisation peut sembler intéressante dans la prévention de leur apparition, mais des études supplémentaires chez les veaux sevrés sont nécessaires.