• Aucun résultat trouvé

Variabilité intra-opérateur

des frottis génitau

2. Variabilité intra-opérateur

2.1.Protocole

Le calcul de la variabilité intra-opérateur a été réalisé après double lecture de 45 lames (23 frottis endométriaux et 22 endocervicaux) par un même individu. Parmi ces 45 lames, 21 (10 frottis endométriaux et 11 endocervicaux) provenaient de vaches prélevées entre 21 et 35 JPP.

Le coefficient de Lin mesurait la concordance entre les deux lectures. La concordance de diagnostic entre les deux lectures, après classement du taux de neutrophiles qualitativement (aux seuils de 6 et 5% pour les frottis endométriaux et endocervicaux respectivement), a été évaluée par le calcul du coefficient kappa.

74

2.2.Résultats

Pour les frottis endométriaux, la médiane (EIQ) du %N de la première lecture était de 12% (0 – 33%). Celle de la deuxième lecture fut de 13% (2 – 32%). Un coefficient de Lin de valeur ρc = 0,88 (IC95% ; 0,80 – 0,97) a été obtenu.

Parmi les 10 vaches prélevées entre 21 et 35 JPP, cinq présentaient un taux de neutrophiles supérieur à 6% lors de la première lecture, contre six lors de la deuxième lecture. Le coefficient de concordance kappa était de ĸ = 0,80.

Pour les frottis endocervicaux, les médianes (EIQ) de la première et deuxième lecture étaient respectivement de 2% (1 – 9%) et de 2% (1 – 10%). Le coefficient de Lin avait pour valeur ρc = 0,95 (IC95% ; 0,92 – 0,98).

Chez les vaches prélevées entre 21 et 35 JPP, quatre présentaient un taux de neutrophiles supérieur à 5% quelque soit le numéro de lecture. La concordance était de ĸ = 1.

3.

Discussion

La littérature équine et bovine propose deux modes de lecture des frottis cytologiques, qualitative ou quantitative. Santos et al. [73] ont proposé une évaluation ordinale subjective de l’inflammation utérine selon quatre catégories : le score de zéro désignait l’absence d’inflammation et celui de trois, une inflammation importante. Parallèlement à cette classification, un deuxième opérateur dénombrait 200 cellules par lame selon leur type morphologique. La corrélation entre les évaluations ordinales et quantitative était forte (r² = 0,96 ; P < 0,01). Les erreurs de classement concernaient principalement les groupes à inflammation faible ou absente. Le diagnostic d’inflammation génitale reposant sur une faible infiltration de la muqueuse par des neutrophiles (la proportion est de 6%N pour l’utérus et de 5% pour le col ; se reporter à la partie II.A. des résultats ; [45,60]), nous avons donc privilégié dans ce travail une évaluation quantitative du taux de neutrophiles.

Dans un souci de précision, pour chaque frottis, 200 cellules ont été comptées à l’objectif à immersion (1000 x), beaucoup d’études se limitant à l’identification de 100 cellules au grossissement 400 x [4,60,117,120]. Notre but était de limiter la variabilité intra-opérateur. En médecine humaine, Roussel et al. [122] proposent jusqu’à un comptage de 400 cellules par lame, pour améliorer la précision d’une numération-formule sanguine. Dans notre cas, la première appréciation de la lame au faible grossissement a révélé des frottis d’homogénéité variable, tant

75 sur la concentration en cellules épithéliales (de quelques cellules isolées à des amas en nid d’abeille), que sur l’infiltration de cellules inflammatoires, parfois localisée en une zone particulière du frottis. Le coefficient de concordance de Lin a indiqué une variabilité intra- opérateur faible, équivalente à celle obtenue par Barlund et al. [60] sur des frottis endométriaux bovins (ρc = 0,85, suite au comptage de 100 cellules par lame).

La reproductibilité de la mesure entre deux opérateurs (variabilité inter-opérateur) était bonne, avec un coefficient de concordance de Lin révélateur d’une forte liaison entre les deux comptages numériques. Le coefficient kappa a confirmé la bonne concordance du diagnostic final annoncée par Gilbert et al. [45] pour un prélèvement cytologique endométrial (ĸ = 0,86 ; au seuil de 15%N).

Nos observations montrent que le résultat de la lecture d’un frottis cytologique post- partum est fiable, tant sur la variabilité inter- qu’intra-opérateur. Outre le comptage d’un total de 200 cellules par lame, l’identification de seulement cinq catégories cellulaires (neutrophiles, éosinophiles, lymphocytes, monocytes et cellules épithéliales) y a probablement contribué. En effet, Koepke et al. [123] ont montré une bonne concordance de lecture de frottis sanguins entre 73 techniciens et un référent lorsque l’identification portait sur une population cellulaire normale (neutrophiles, lymphocytes et éosinophiles). Une augmentation de la variabilité était notée dans l’identification de formes immatures de neutrophiles et de variants atypiques de lymphocytes et de monocytes. Dans notre étude, les composants cellulaires et acellulaires atypiques ont été signalés qualitativement pour ne pas diminuer la précision de la lecture. D’autre part, les erreurs de comptage des sous-populations leucocytaires ont été enrayées par la définition du statut inflammatoire reposant sur la seule proportion de neutrophiles parmi la population cellulaire totale comptée.

Ces deux études ont permis de valider le comptage manuel pour l’estimation de la proportion de neutrophiles lors d’un frottis génital chez la vache. Il est nécessaire maintenant d’évaluer l’homogénéité du statut inflammatoire au sein du tractus génital bovin.

76

C. Variabilité liée au site de prélèvement

Publications et travaux associés

Thèse de Doctorat Vétérinaire (encadrement)

Daragon B. (en préparation ; soutenance prévue au second semestre 2011) Homogénéité de l’inflammation

77 L’examen cytologique endométrial est proposé chez les bovins pour évaluer la santé de l’utérus. Le prélèvement réalisé à l’aide d’une cytobrosse ne collecte cependant des cellules que sur une zone très localisée de l’endomètre, dans le corps utérin, à la base des cornes. Nous avons donc cherché à savoir si un tel prélèvement unique du corps utérin par une cytobrosse était représentatif du statut inflammatoire de l’ensemble de l’utérus.

L’objectif était d’évaluer l’homogénéité de l’inflammation dans les différents secteurs de l’utérus, à savoir le corps utérin et chacune des cornes. Nous avons également examiné l’état inflammatoire du canal cervical. Pour cela, deux approches ont été associées, l’une à partir d’appareils génitaux d’abattoir (étude ex vivo), la seconde chez des vaches vivantes (étude in vivo).