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La valorisation durable des substances naturelles comme source d’inspiration à la

Partie 3 : Une trajectoire opportune pour engager la transition écologique à soutenabilité forte

VIII. Le potentiel des secteurs de la transition

8.6 La valorisation durable des substances naturelles comme source d’inspiration à la

néo-calédonienne pour des activités à forte valeur ajoutée

Contexte actuel et socio-économique

La valorisation des substances naturelles réalisée de manière durable est aujourd’hui présente à petite échelle et surtout à titre expérimental en Nouvelle-Calédonie. Les extraits et produits naturels peuvent trouver leur source dans des ressources terrestres (coprah, santal), marines (biomolécules issues de bactéries, champignons, algues, etc.) ou à l’interface entre ces deux milieux (plantes halophytes dans des bassins à crevettes par exemple).

Les secteurs liés à la valorisation des substances naturelles (biotechnologies vertes) sont actuellement marginaux en Nouvelle-Calédonie. Les retombées socioéconomiques ne sont pas encore suffisamment élevées pour être évaluées.

Analyse du contexte actuel par une matrice AFOM

Sur la base de la bibliographie et des entretiens réalisés avec les parties prenantes de la valorisation durable des substances naturelles, une analyse des Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces (AFOM) du potentiel de développement de la valorisation durable des substances naturelles en Nouvelle-Calédonie a été menée. Une version synthétique est présentée ci-dessous et permet d’identifier les freins et les leviers à son développement. La version complète de l’analyse est consultable en annexe de ce document.

Atouts Faiblesses

Retombées socio-économiques estimées à haut potentiel (ADECAL)

Valorisation des savoirs traditionnels et existence de réglementation (Protocole de Nagoya, association IKAPALA)

Volonté politique exprimée de développement de la filière

Activités de R&D dynamiques et organisées pour les ressources terrestres et marines (Amical, Cluster Nativ NC)

Conditions environnementales du territoire spécifiques limitant la transférabilité des connaissances issues de projets externes

Multiplicité limitée d’acteurs locaux travaillant sur le sujet

Absence de formation spécifique

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Opportunités Menaces

Synergies à potentiel avec la filière sylviculture (essence de Santal), tourisme (valorisation des extraits)

Marché mondial des micro-algues en développement

Bio-mimétisme et biotechnologies attractifs sur la scène internationale

Potentiel de contribution des substances marines à la lutte contre des maladies graves

Concurrence forte à l’international

Ressources et savoirs traditionnels liés à la valorisation des ressources naturelles sujets à la bio-piraterie

Cette analyse AFOM a permis de définir des catégories d’objectifs et d’actions à mettre en œuvre pour les atteindre à horizon 2040.

Les objectifs pour le développement d’un secteur émergent

Ce secteur étant émergent et encore à l’état expérimental, seules les grandes orientations des objectifs ont été définies.

Tableau 16 : Objectifs pour le développement de la valorisation durable des substances naturelles Orientation des objectifs

1. Développer la formation sur les biotechnologies marines et terrestres 2. Appuyer la recherche pour améliorer la connaissance locale sur les filières

3. Maintenir un rythme de plantation annuel de 100 ha de Santal supplémentaires chaque année

Retombées socio-économiques du développement du secteur

Actuellement, les éléments quantifiés portant sur les possibilités de développement de la filière sur la période 2020-2040 ne sont pas suffisants pour pouvoir évaluer les retombées socio-économiques de cette filière émergente. Quelques études mettent cependant en valeur le potentiel des marchés de la cosmétique et de l’agroalimentaire issus de la valorisation durable des substances naturelles, qui correspondent respectivement à 500 MF CFP et 350 MF CFP (ADECAL, Alcimed, 2019). Cette même étude estime qu’un emploi créé dans l’écosystème de Nouvelle-Calédonie (ressources terrestres) génère 29 832 500 XPF d'investissement en fonctionnement (hors frais d’investissements initiaux).

Exemples de filières et projets porteurs

Les filières explorées dans la valorisation durable des substances naturelles sont actuellement à l’état expérimental. Notamment, l’unité LEAD de l’Ifremer porte un projet d’amélioration des connaissances sur les ressources biologiques marines. Le projet Amical d’ADECAL réalise des expérimentations sur des cultures de micro-algues. Un laboratoire spécialisé sur les micro-algues est actuellement en construction à Koné et pourra accélérer le développement de la production et l’amélioration des procédés et des protocoles de production.

Concernant les biotechnologies terrestres, la filière d’exploitation et de valorisation du bois de Santal représente également un intérêt particulier sur le plan de la valorisation du bois local sous la forme d’essences. Cette filière est bien structurée en Nouvelle-Calédonie, intégrée aux enjeux culturels traditionnels locaux et présente des impacts économiques potentiellement importants grâce à la haute valeur ajoutée qu’elle engendre. Par le processus d’extraction de bois et d’essences à potentiel économique

76 important dû à leur qualité et leur rareté, elle permet de valoriser une ressource naturelle sylvicole de manière durable et raisonnée. Notamment, sur les îles Loyauté, la société Serei Non Nengone développe depuis sa création en 2008 un procédé innovant d’extraction d’essences aromatiques pour produire de grandes quantités d’essences de santal (Serei Non Nengoné, 2018). Inclusif et engageant, le fonctionnement de l’entreprise en partenariat avec les collectivités participe à la pérennisation de la filière et de la ressource naturelle en systématisant l’implication des transformateurs et utilisateurs des produits dans le reboisement.

Cette société allie donc des enjeux économiques, et de valorisation de pratiques locales sur l’espèce remarquable de santal néo-calédonien.

Les filières porteuses pour ce secteur émergeant nécessitent toutefois une bonne synergie entre les détenteurs des savoirs traditionnels et les laboratoires de recherche pour la mise en place d’une gestion cohérente et durable des ressources naturelles. De manière transversale, l’association IKAPALA veille à la promotion et à la protection des savoirs traditionnels. Les principes de gestion et conservation des ressources naturelles sont actuellement en cours de rédaction pour un projet de loi pour un « accès aux ressources génétiques et partage juste et équitable des avantages » (APA) qui constitue une transposition en droit français de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Les compétences pour l’adoption d’un régime d’accès et de partage des avantages sur le territoire sont en passe de relever du gouvernement pour les savoirs culturels et de chacune des 3 provinces pour la valorisation du matériel biologique.

Enfin, le cluster Nativ NC vise à réunir tous les acteurs locaux des filières de valorisation des substances marines et terrestres pour œuvrer à son développement.

Comment soutenir le secteur ?

Ce secteur n’est pas intégré dans l’évaluation du plan de relance, puisqu’il n’est pas lié à des retombées socio-économiques pour cause d’absence de données à ce sujet.

Un plan d’actions a toutefois été établi et est présenté ci-dessous.

Tableau 17 : Plan d'actions vers le développement des secteurs de la valorisation des ressources naturelles

Thématique Plan d’actions à horizon 2040

Gestion &

structuration - Mettre en œuvre des politiques de bio-prospection harmonisées réalisées par les services des Provinces

Formation &

Profession -Ouvrir une formation spécialisée dans les biotechnologies marines et terrestres Recherche &

Innovation -Utiliser le statut de Territoire d’Innovation pour mettre en place une

collaboration public privé (mutualiser les besoins et compétences respectives, favoriser le transfert technologique, promouvoir le recrutement de stagiaires et thésards de l’UNC dans les entreprises membres, augmenter et améliorer les activités R&D dans les entreprises locales, crédit impôt/Recherche)

Production -Mettre en place une plateforme mutualisée de valorisation des ressources naturelles sur le territoire néo-calédonien (sur les conseils de l’étude d’Alcimed) -Sélectionner les ressources locales à forte valeur ajoutée et fort potentiel d’exportation

Communicati

on & qualité - Mettre en œuvre un plan de communication sur le potentiel de

développement de la filière et attirer des investissements étrangers durables -Etablir des synergies avec le secteur sylvicole (Santal) et touristique (mise en valeur des ressources remarquables locales)

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8.7 Synthèse des objectifs et des retombées socio-économiques