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Modèle conceptuel de performance Sommaire

7.5 Validation analytique : aides visuelles de Fan Cursor

Les différentes formes de la technique Implicit Fan Cursor [126] présentées au chapitre 2 sont analysées grâce au modèle conceptuel de performance. Dans l’étude de Su et al. (2014), une expérience est réalisée afin de déterminer la forme de Fan Cursor la plus per-formante en terme de performance de pointage. Les prédictions du modèle conceptuel de performance correspondent pleinement aux résultats de cette expérience, ce qui apporte une première validation analytique de ce modèle.

Fan Cursor a été conçue avec trois alternatives visuelles, c’est-à-dire trois aides visuelles différentes, utilisant toutes le même algorithme d’expansion spécifique à cette technique (figure 7.7).

— L’aide visuelle minimale de Fan Cursor : une croix permettant de situer le curseur et un mécanisme de mise en valeur de la cible désignée. Cela constitue également une aide visuelle minimale pour toute technique d’expansion de cibles.

— Le curseur-bulle : une bulle circulaire centrée sur le curseur croît jusqu’à atteindre la cible désignée. Cette bulle s’ajoute à l’aide visuelle minimale et constitue la première alternative.

— Le curseur-éventail : la part de la bulle circulaire qui est dirigée vers la cible dé-signée est ajoutée à l’aide visuelle minimale. Le curseur résultant a une forme d’éventail, qui s’ouvre et se ferme selon la vitesse du curseur. Lorsque le curseur

Figure 7.7 –Aides visuelles de Fan Cursor : (a) le curseur-bulle, (b) le curseur-éventail et (c) l’aide visuelle minimale. Figure modifiée de [126].

accélère, l’éventail s’ouvre jusqu’à 180˚maximum. Lorsque le curseur ralentit, l’éventail se referme jusqu’à 90˚d’ouverture minimum. L’éventail est toujours di-rigé vers la cible désignée, c’est-à-dire dans la direction du mouvement du curseur. L’analyse de ces aides visuelles a permis d’identifier les informations qu’elles fournissent. Cette analyse est résumée à la figure 7.6. L’aide visuelle minimale n’apparaît pas à la figure 7.6 car elle constitue une base présente dans les trois aides visuelles : un curseur et une mise en valeur de la cible désignée.

Les trois variantes de Fan Cursor sont comparées lors d’une expérience constituée de tâches de pointage ISO 9249-9 (900 tâches de pointage étant enregistrées) accomplies dans des conditions de bureau sur un ordinateur avec un écran 24 pouces, une souris et la configuration par défaut de Microsoft Windows 7 de la souris. L’étude est présentée comme une étude préliminaire (seulement six participants, tous droitiers).

Considérant l’analyse des aides visuelles de Fan Cursor, les prédictions du modèle de performance sont les suivantes :

1. Pour la phase de départ : aucune différence n’est observable entre les trois alter-natives visuelles car aucune d’elles ne fournit d’informationprimaire.

2. Pour la phase de transfert : comme le curseur-bulle fournit plus d’informations

secondairesque l’aide minimale (figure 7.6), le curseur-bulle est plus lent que l’aide minimale et, comme le curseur-éventail fournit plus d’informationssecondairesque le curseur-bulle (figure 7.6), le curseur-éventail est plus lent que le curseur-bulle. 3. Pour la phase de validation : comme le curseur-bulle fournit plus d’informations

primaires que l’aide minimale (figure 7.6), le curseur-bulle est plus lent que l’aide minimale et, comme le curseur-éventail fournit plus d’informationsprimaires que le curseur-bulle (figure 7.6), le curseur-éventail est plus lent que le curseur-bulle. 4. Concernant les erreurs, le curseur-éventail indique les cibles voisines à proximité

par son ouverture et son orientation (figure 7.6). Comme Rope Cursor, cette infor-mationimplicite permet une meilleure prévention des erreurs. Le curseur-éventail génère donc moins d’erreurs que le curseur-bulle. L’aide visuelle minimale doit causer encore plus d’erreurs car elle fournit l’information primaire minimale et

implicite, sans aucun indice sur la proximité des cibles voisines. Cependant, ce manque d’information peut aussi conduire l’utilisateur à poursuivre son geste vers la cible pour s’assurer d’une validation correcte, plaçant ainsi le curseur loin

Modèle de performance des aides visuelles. Modèle conceptuel de performance 142 des bords de la taille étendue de la cible. Dans ce cas, l’aide visuelle minimale génère moins d’erreurs que les autres aides visuelles.

L’étude de Su et al. montre également que toute l’informationsecondaire durant la phase de transfert est bien traitée par les participants. En effet, l’étude [126] rapporte que :

"Certains participants ont exprimé que le curseur-éventail et le

curseur-bulle entraînent tous deux de la distraction visuelle, due à leur taille changeant constamment. Ils attirent l’attention de l’utilisateur, causant des changements de focus superflus entre le curseur et les

cibles. Pour le curseur-éventail en particulier, l’aire d’activation en forme d’éventail les distrait de la sélection de la cible désirée pour se concentrer sur la manipulation de l’orientation du curseur."

Texte original :"Some participants commented that both the fan-shape and circular cur-sors caused visual distraction, due to their continuous changing sizes. They drew user attention, causing unnecessary focus switching between the cursor and the targets. For the fan-shape cursor in particular, the fan-shape activation area distracted them from the selection of the desired target to the manipulation of the cursor orientation."

Les prédictions du modèle conceptuel concernant le temps total de sélection (pour le geste entier) peuvent être synthétisées de la façon suivante : le curseur-bulle est plus lent que l’aide minimale et plus rapide que le curseur-éventail.

Les résultats de l’expérience confirment les prédictions de notre modèle (figure 7.8) : l’aide minimale est la plus rapide, suivie par le curseur-bulle et enfin, le curseur-éventail. La prédiction concernant les erreurs est également confirmée par l’expérience : le curseur-éventail génère moins d’erreurs que le curseur-bulle.

Les résultats rapportent également que l’aide minimale génère moins d’erreurs que les deux autres variantes de Fan Cursor, malgré une informationprimaire moins importante durant la phase de validation (figure 7.8). La pauvreté de l’information primaire durant la phase de validation peut donc pousser l’utilisateur à rapprocher le curseur de la cible pour assurer sa validation. Or, dans le cas de Fan Cursor, cela éloigne le curseur de la taille étendue des autres cibles en raison de son algorithme d’expansion particulier [126]. L’aide visuelle minimale étant la plus performante, c’est elle qui est choisie pour la forme définitive de Fan Cursor, qui devient alors Implicit Fan Cursor.

Figure 7.8 – Résultats de la comparaison des aides visuelles pour Fan Cursor. De gauche à droite, les colonnes présentent l’aide visuelle, le temps moyen de mouvement et le taux d’erreur. De haut en bas, les aides visuelles sont le éventail, le

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons présenté un nouveau modèle conceptuel de performance des gestes de pointage effectués avec une technique d’expansion de cibles. Ce modèle est basé sur un découpage du geste en trois phases orientées-but et sur une analyse de l’information visuelle fournie par les techniques d’expansion de cibles. Le concept-clé de ce modèle conceptuel est la pertinence de l’information visuelle en fonction des phases orientées-but du geste. Il permet de caractériser l’information visuelle comme primaire

ou secondaire pour chaque phase. Le modèle conceptuel de performance considère alors l’impact de cette information sur la durée de chaque phase orientée-but.

Ce modèle est complémentaire à l’espace de conception présenté au chapitre 4. Il permet de mieux détailler les informations explicites et implicites fournies par les aides visuelles que l’axe Observabilité de l’expansion. Il adopte de plus un point de vue cognitif sur les phases du pointage, complémentaire au point de vue cinématique des travaux de la littérature [88, 96, 107]. Les trois phases orientées-but décrivent la tâche de pointage différemment, notamment la phase de validation, des trois phases du MIIO (chapitre 2 section 2.1.5) utilisées par l’espace de conception. Cependant, certaines limites de ce modèle conceptuel ont été identifiées, comme la séquentialité et l’indépendance des phases orientées-but. Ce modèle conceptuel est une première tentative de modélisation des performances d’une technique d’expansion de cibles en fonction de l’information fournie par l’aide visuelle. De nombreuses améliorations sont possibles.

Nous opérationnalisons le modèle en quantifiant l’information, au moins de façon relative, par le nombre d’informations différentes identifiées par l’analyse de chaque technique d’expansion de cibles. Cette approximation permet une ré-interprétation des résultats de l’expérience préliminaire réalisée pour déterminer la meilleure aide visuelle d’Implicit Fan Cursor. Les prédictions du modèle pour cette expérience sont confirmées par les résultats, ce qui apporte une première validation analytique du modèle conceptuel de performance.

Dans le chapitre suivant, nous confrontons ce modèle conceptuel de performance à l’ex-périence en ré-interprétant les résultats de l’exl’ex-périence 2 (chapitre 6) et en réalisant une expérience qui compare plusieurs techniques d’expansion de cibles pour lesquelles nous avons mené une analyse complète de l’information que leur aide visuelle fournit à l’utilisateur.

Validation expérimentale du modèle