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1 Introduction

4.8 Leurs amis occupent-ils une place prépondérante dans le développement de leur

5.2.2 Valeurs et intérêt

Le chapitre trois se concentre sur trois attitudes politiques qu'on associe généralement à l'intérêt : le cynisme (associé négativement à l'intérêt), l'attachement à un parti et le sens du devoir (tous deux associés positivement à l'intérêt). Je poursuivais ici un double objectif. Premièrement, je souhaitais vérifier dans quelle mesure chacune de ces attitudes, en plus d'être corrélée à

l'intérêt, a un effet sur le développement de celui-ci. Pour ce faire, j'ai utilisé la même enquête qu'au chapitre deux, mais plutôt que de suivre les jeunes sur trois vagues, seules les deux dernières vagues ont été utilisées. Les résultats, obtenus sur un bassin de plus de 600 élèves, confirment la croyance habituelle qui veut que le cynisme amène une diminution de l'intérêt pour la politique, alors que l'attachement à un parti et le sens du devoir amènent une augmentation de l'intérêt.

La deuxième partie du chapitre pousse la question plus loin. Je désirais en effet savoir si l'intérêt, à son tour, pouvait provoquer un changement dans chacune de ces attitudes. Cette question a très peu été étudiée, ce qui lui confère un attrait supplémentaire. En ce qui concerne le cynisme et le sens du devoir, l'effet est réciproque, c'est-à-dire qu'ils se renforcissent

l'angle qu'on choisit d'observer. Ainsi, par exemple, non seulement avoir le sens du devoir

entraîne-t-il une augmentation de l'intérêt, les plus intéressés sont aussi plus susceptibles de croire qu'il est de leur devoir de s'informer sur la politique.

Le résultat concernant l'effet de l'intérêt sur l'attachement à un parti est d'autant plus

intéressant qu'il est surprenant: l'effet est nul. Cela signifie que la relation est unidirectionnelle: bien que ceux qui aiment beaucoup un parti aient plus de chances de développer un intérêt pour la politique que les autres, ceux qui sont intéressés par la politique ne sont pas plus susceptibles d'aimer fortement un parti que ceux qui ne s'intéressent nullement à la politique. Le résultat est le même qu'on prenne uniquement l'intérêt pour la politique québécoise (comme c'est le cas dans le chapitre), ou qu'on regroupe les trois types de politique (internationale, canadienne et québécoise). Cela implique qu'à l'adolescence, on peut très bien n'avoir aucun intérêt pour la politique et tout de même développer un attachement pour un parti. Cet attachement, nécessairement, vient donc d'ailleurs. La réponse se trouve probablement du côté des parents, les jeunes ayant tendance à aimer le même parti politique que leurs parents, surtout quand ceux-ci s'entendent sur le parti qu'ils préfèrent. Tant qu'il y aura une transmission de l'affection pour un parti entre les parents et leurs enfants, les chances sont fortes que l'intérêt politique continue de se développer. Un

affaiblissement de cette transmission contribuerait probablement, au contraire, à la diminution de l'intérêt.

Ainsi, les a priori concernant le lien entre l'intérêt et certaines attitudes comme le cynisme, l'attachement à un parti et le sens du devoir sont généralement avérés. Ce lien va bien au-delà de la simple corrélation. La réciprocité observée entre le cynisme et l'intérêt, de même qu'entre le sens du devoir et l'intérêt, oblige à la prudence lorsqu'on discute de causalité.

5.2.3 Les jeunes et la politique

Le chapitre quatre aborde trois questions de recherche qui sont liées à l'intérêt pour la

politique. La première est de savoir si les jeunes ont une image négative de la politique, question qui renvoie au cynisme ressenti face aux politiciens, aux partis, aux gouvernements. Une image négative de la politique pourrait être source de rejet de la politique, source de désintérêt. Je voulais ensuite savoir si les jeunes ont tendance à fuir la controverse, et donc s’ils fuient la politique parce que celle-ci est faite de controverse. Enfin, je me suis demandée si leurs amis occupaient une place prépondérante dans le développement de leur intérêt. Pour répondre à ces questions, j'ai eu une discussion en tête-à-tête avec treize adolescents issus du précédent panel. Ceux-ci étaient tous âgés de 17 ans.

Les entretiens indiquent que la perception que les jeunes ont de la politique est nuancée, exempte de critiques trop fortes envers les politiciens. En fait, ils sont souvent plus prompts à

85 critiquer la population, qui selon eux a tendance à se plaindre trop facilement de tout. Les jeunes montrent aussi un intérêt pour les débats politiques, qui leur donnent accès aux différents points de vue, et qui, par leur aspect concret, rendent les enjeux plus abordables. Les débats en contexte scolaire sont particulièrement intéressants, car ils prennent souvent une forme ludique. Enfin, les amis ne supplantent pas les parents au plan de l'impact sur le développement de leur intérêt. Ceux qui discutent de politique avec leurs parents en parlent aussi avec leurs amis, quoiqu'un peu moins. Inversement, les jeunes qui ne parlent pas de politique avec leurs parents n'en parlent pas plus avec leurs amis.

On dit souvent des jeunes qu'ils participent à la politique différemment de leurs aînés, qu'ils s'impliquent dans la politique dite non conventionnelle à défaut de voter ou d'être membres d'un parti politique. Ce chapitre montre que les jeunes rencontrés dans le cadre de cette recherche, quoique se disant intéressés par la politique, n'y sont pourtant pas engagés. Ils ne suivent pas vraiment la politique, sont rarement passionnés par un enjeu. Ils ne prennent pas non plus part à des manifestations, et rares sont ceux qui boycottent des produits ou des compagnies. En conclusion, ils n'ont rien contre la politique, mais ne tiennent pas vraiment à s'y impliquer non plus.

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