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3. LA COOPÉRATIVE

3.3 Valeurs et principes coopératifs

Les valeurs et les principes coopératifs ont été définis dans le cadre d’une déclaration sur l’identité coopérative lors de l’Assemblée de la fondation de l’Alliance coopérative internationale (ACI) tenue à Manchester en 1895 et regroupant plus d’une centaine de mouvements coopératifs nationaux provenant de plus de 100 pays différents. Ces derniers ont été périodiquement modifiés et la dernière version a été adoptée lors du centenaire de l’ACI en 1995. Ils sont énoncés dans les tableaux 6 et 7 (Alliance coopérative internationale, 1995).

Tableau 6

Valeurs de la coopérative

Prise en charge et responsabilité personnelles et mutuelles Démocratie

Égalité Équité Solidarité

Adapté de l’Alliance coopérative internationale (1995). Déclaration sur l’identité coopérative. Déclaration approuvée par l’Assemblée générale de l’ACI lors du Congrès de Manchester, septembre 1995. Saisie le 15 janvier 2013, de http://ica.coop/fr/node/1625.

Tableau 7 Principes coopératifs Principes Commentaires 1. Adhésion volontaire et ouverte à tous

Les coopératives sont des organisations fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce, sans discrimination fondée sur le sexe, l’origine sociale, la race, l’allégeance politique ou la religion. 2. Pouvoir

démocratique exercé par les membres

Les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à l'établissement des politiques et à la prise de décision. Les hommes et les femmes élus comme représentants des membres sont responsables devant eux. Dans les coopératives de premier niveau, les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle « un membre, une voix » : les coopératives d'autres niveaux sont aussi organisées de manière démocratique.

3. Participation économique des membres

Les membres contribuent de manière équitable au capital de leurs coopératives et en ont le contrôle. Une partie au moins de ce capital est habituellement la propriété commune de la coopérative. Les membres ne bénéficient habituellement que d’une rémunération limitée du capital souscrit comme condition de leur adhésion. Les membres affectent les excédents à tout ou en partie des objectifs suivants : le développement de leur coopérative, éventuellement par la dotation de réserves dont une partie au moins est impartageable, des ristournes aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative et le soutien d'autres activités approuvées par les membres.

4. Autonomie et

indépendance Les coopératives sont des organisations autonomes d'entraide, gérées par leurs membres. La conclusion d’accords avec d’autres organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à partir de sources extérieures, doit se faire dans des conditions qui préservent le pouvoir démocratique des membres et maintiennent l’indépendance de leur coopérative.

5. Éducation, formation et information

Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés, l'éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et les dirigeants d’opinion, sur la nature et les avantages de la coopération.

6. Coopération entre

les coopératives Pour apporter un meilleur service à leurs membres et renforcer le mouvement coopératif, les coopératives œuvrent ensemble au sein de structures locales, nationales, régionales et internationales.

7. Engagement envers la communauté

Les coopératives contribuent au développement durable de leur communauté dans le cadre d’orientations approuvées par leurs membres.

Adapté de l’Alliance coopérative internationale (1995). Déclaration sur l’identité coopérative, Déclaration approuvée par l’Assemblée générale de l’ACI lors du Congrès de Manchester, septembre 1995. Saisie le 15 janvier 2013, de http://ica.coop/fr/node/1625.

Ensemble, les principes et valeurs guident les coopératives dans leurs décisions et contribuent à la satisfaction des aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs, comme stipulé dans la définition de la coopérative de l’ACI.

Les coopératives croissent rapidement au XXe siècle et deviennent des institutions

locales à caractère pérenne. Cette croissance les amène à s’institutionnaliser après le départ de leurs premières générations de fondateurs. Elles deviennent des lieux de travail où les employés et les gestionnaires font carrière : cela entraîne une acculturation au mode de gestion dominant, soit celui des entreprises privées (Bridault, 2012).

4. DISTINCTIONS ENTRE MODÈLE BANCAIRE ET MODÈLE COOPÉRATIF Le modèle bancaire et le modèle coopératif sont dissemblables à plusieurs égards. Il importe de préciser quelques éléments concernant le modèle financier coopératif et le modèle financier bancaire. Ce dernier tient ses principes du néolibéralisme : il s’agit d’un

courant de pensée assimilant l’amélioration du bien-être humain au renforcement des capacités entrepreneuriales individuelles où triomphent les droits de propriété, le libre marché et le libre-échange : la main invisible de Locke et Smith (Saucier, 2012). Le néolibéralisme impose son modèle où la richesse acquise renforce le besoin d’en accumuler davantage. La compétition l’emporte sur la coopération, comme mentionné par les économistes d’aujourd’hui (Cohen, 2012; Stiglitz, 2012).

Le modèle coopératif, quant à lui, opère dans l’économie de marché avec des activités qui accroissent le réseau des échanges économiques et sa viabilité économique doit être socialement utile (Béziaud, 2012; Saucier, 2012). La coopération se passe entre les membres, qui doivent arbitrer entre l’intérêt du consommateur membre et celui de l’entreprise coopérative. Le tableau 8 est constitué des principales distinctions du modèle bancaire et du modèle coopératif telles que retracées dans Béziaud (2012), Demoustier (2004) et Saucier (2012).

Tableau 8

Distinctions entre modèle bancaire et modèle coopératif Modèle bancaire Modèle coopératif

1. Conception individualiste de l’activité économique

Conception collectiviste et individualiste de l’activité économique : création de richesse pour l’individu et pour la communauté.

2. Glorification de la concurrence entre les institutions

Glorification de la collaboration et de l’entraide entre les personnes.

Interdépendance et soutien fourni aux autres coopératives.

Esprit favorable à l’égalité des chances. 3. Appartenance et

contrôle par les actionnaires

Adhésion volontaire et contrôle démocratique : membres à la base ayant droit de vote.

Double appartenance des membres : propriétaires et clients.

Organisation en réseaux décentralisés ayant à leur direction un conseil d’administration autonome. Contribution équitable des membres au capital de la coopérative.

4. Maximisation de l’avoir des actionnaires par un modèle de gestion soumis aux pressions des marchés financiers

Inaliénabilité de la coopérative.

Impartageabilité des réserves : trop-perçus mis en réserve ou redistribués aux membres, selon certaines règles. Maximiser la réponse aux besoins des membres. Ristourne selon l’apport du membre.

5. Intérêt des actionnaires Intérêt des membres et engagement envers la communauté et son développement durable.

Éducation et formation aux membres dans le but de développer la coopérative.

6. Décisions de gestion prises sur la base du rendement aux actionnaires

Responsabilisation des employés et implication dans la prise de décision.

Adapté de Béziaud. (2012). L’étonnant pouvoir des coopératives. Sommet international des coopératives; Demoustier, D. (2004). Économie sociale et développement local, Éditions l’Harmattan; Saucier, L.J. (2012). L’étonnant pouvoir des coopératives, Sommet international des coopératives.

Le mouvement coopératif occupe aujourd’hui une place significative dans l’économie mondiale. Une étude de Lafleur et Merrien (2012), présentée dans le cadre

du Sommet international des coopératives tenu à Québec en 2012, fait état d’un impact socioéconomique important : les 300 plus grandes coopératives au monde regroupent 750 millions de personnes, touchant près de la moitié de la population mondiale, qui sont à la fois usagers et propriétaires. Toujours selon cette étude, 3,9 millions de personnes voient leur emploi assuré par des organisations proposant des valeurs d’égalité, de démocratie, de liberté, d’équité, de solidarité et de prise en charge.

À travers sa doctrine et son histoire, la coopérative montre bien l’importance de la finalité ultime qui est de servir ses membres (Martin et al., 2012). Comme mentionné par Béland (2009), il importe de considérer l’être humain comme un être global, non pas au service de l’économie, mais au service d’un mieux-vivre ensemble. C’est dans cet esprit que la CDGHY souhaite renouveler la pertinence de la coopérative à travers la transformation de sa culture organisationnelle.

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