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La vague politique

Dans le document Atlas de la diaspora iranienne (Page 58-61)

Sociologie 34 Structuraliste ou Institutionnaliste

IV. Définir et interroger la migration iranienne Différentes formes juridiques de la diaspora

1- La vague politique

Cette vague commence sept mois avant la révolution, il y a trente- trois ans, et elle comporte sept sous-catégories.

1.1-Les royalistes

La vague des royalistes qui commence quelques mois avant la révolution est formée d’Iraniens appartenant à l’ancienne élite appelée dans l’ambiance révolutionnaire d’alors les taqoutis.105 Ils sont parmi les premiers à prendre la route de l’exil, dès l’apparition des premières failles dans le régime du Shâh, suivant ainsi l’exemple de la cour. Cette vague

104

. Entretien avec Said le 30/04/2010 à Paris.

105. Taghout : expression coranique signifiant idolâtrie, tyrannie ; le despotisme est une

forme d’idolâtrie puisqu’il contraint l’individu à rendre un culte à un homme ou à un système politique plutôt qu’à Dieu. Dans le langage courant, le mot désigne l’ancien régime. Taghouti, idolâtre, désigne dans le langage courant le partisan aisé du taghout, le régime impérial.

d’exode est majoritairement formée par les royalistes, les familles de la classe aisée hostiles à la révolution, d’un niveau d’éducation élevé et qui occupaient des postes clés du régime Pahlavi en tant que PDG, entrepreneurs ou chefs d’entreprise. Ces Iraniens ont eu peur de la révolution ainsi que des représailles ; la majorité d’entre eux se sont exilés vers les Etats-Unis, le Canada, l’Europe et les pays limitrophes de l’Iran106.

1.2- Les libéraux et les mossadéghistes107

Cette vague commence après la chute du gouvernement libéral Bazargan le 6 novembre 1979 et se renforce après le limogeage de Bani Sadr le 12 juin 1981. Elle comprend les libéraux et le front national (Djebhié

melli en iranien) qui sont sympathisants de leur leader historique :

Mossadegh. Considérer le départ de ces réfugiés comme une phase d’exode n’a pas été partagé par tout le monde, notamment par la gauche révolutionnaire qui sera étudiée dans la troisième vague. Il est vrai que l’ampleur de la vague mossadéghiste, n’est pas du tout comparable à celle des autres vagues et que le processus du départ n’a pas non plus été aussi douloureux. Néanmoins, elle constitue une phase importante car elle correspond au moment où Khomeiny chasse les libéraux du pouvoir et elle marque donc le début de la mainmise des clercs fondamentalistes sur l’État108.

1.3- Les révolutionnaires désenchantés

Il s’agit de la vague des acteurs révolutionnaires (Moudjahédines du peuple et radicaux de gauche) qui commence pour les uns en juin 1981 et pour les autres beaucoup plus tôt, mais quel que soit son début, elle s’intensifie après juin 1981 parce que la répression prend une ampleur exceptionnelle, inconnue dans toute l’histoire contemporaine de l’Iran109. Cette émigration concerne essentiellement la gauche et les partisans de divers groupes politiques de tendance « gauchiste » qui avaient participé à la révolution. Ils se donnent le titre « d’opposition progressiste » pour se

106. Certaines autorités du régime du Shâh ont commencé à écrire leurs mémoires pour

cette période, cf. Farah Pahalvi, Mémoires, Paris, Editions XO, 2003.

107

. Mossadegh était Premier ministre entre 1951 et 1953. Il fut renversé en 1953 par le coup d’État préparé par le Shâh, la CIA et les services secrets britanniques. Le gouvernement de Mossadegh n’a duré que deux ans (1951-1953).

108

. Pour une étude plus approfondie de la chute du gouvernement Bazargan, cf. Farhad Khosrokhavar, L’utopie sacrifiée, op. cit. p. 81-88.

distinguer des « rétrogrades nostalgiques de la monarchie » et des libéraux.

Cette opposition qui s’inscrit dans le bouillonnement idéologique du printemps de la révolution englobe principalement les Moudjahédines du peuple et une quinzaine de groupes et groupuscules classés ci-après par ordre alphabétique.

-Le parti communiste d’Iran (gauche)

-Le Conseil National de la Résistance iranienne110 (l’alliance des Moudjahédines avec Bani Sadr)

-Le parti démocratique du Kurdistan iranien -Le Parti Démocratique du peuple d’Iran (gauche) -Djebhié melli

-Ershad

-Enghélab-é-eslami dar hejrat.

-Ettéhad-é-communisti-yé- Iran (gauche)

-Le mouvement des Fedâ’iyân « les minoritaires » -L’organisation des guérillas d’Ashrafe Dehghani

-Le Komeleh, (le parti régionaliste du Kurdistan, d’inspiration marxiste) -Khandagh

-Movahhédin-é-enghelab

-L’organisation des mostazafines

- L’organisation des Mohajérines –é- Khalgh (distincte des Moudjahédines du peuple)

-L’organisation de Paykar (gauche) -Le Randj-bar(gauche)

-L’organisation de Rah-é-kargar (gauche) -L’organisation de Razmandegan (gauche) -L’organisation de Toufant (gauche)

-L’organisation -Vahdat-é-communisti (gauche).

1.4- La gauche réformiste (gauche prosoviétique)

Cette vague d’émigration clandestine est constituée par les partisans du parti Tudeh, le parti communiste iranien prosoviétique, après sa dissolution en février 1983 et par les partisans du mouvement des

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. Début juillet 1981, le CNRI est créé à l’initiative de Bani Sadr, premier président de la République islamique, destitué le 21 juin 1981, et de Massoud Rajavi, dirigeant des Modjahédines du peuple.

Fedâ’iyân « les majoritaires »111. L’éventail des âges est très hétérogène, bien que les jeunes soient les plus nombreux ; leur origine sociale est comparable à celle de la troisième vague. Une partie de ces exilés a émigré directement en Russie et d’autres sont allés en Afghanistan d’où ils ont émigré pour la Russie avant la chute du régime communiste d’Afghanistan. Après l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev ils se sont exilés à nouveau en Europe.

1.5- Les réformistes de Khatami

Cette vague commence à partir de la répression du mouvement des étudiants de l’Université de Téhéran, le 9 juillet 1999, mouvement qui met en échec la politique du président réformiste Khatami que nous avons évoquée plus haut.

1.6- Les nationaux-religieux

Il s’agit d’acteurs sociaux et politiques qui s’inspirent de l’islam et veulent concilier I’Islam avec le nationalisme tel que Mossadegh le définit. L’origine de ce mouvement n’est pas clairement connu car plusieurs cercles musulmans le revendiquent : notamment les partisans de Bani-Sadr, Shariati, le mouvement de la libération de l’Iran (Bazargan, Sahavi, etc.)

1.7-L’émergence d’une proto-vague

Il existe également une sorte de vague diffuse, encore en cours actuellement, formée d’éléments et de personnalités du régime qui abandonnent leur poste et quittent l'Iran. Réfugiés à l'étranger, certains commencent à écrire leurs mémoires ou essayent de dénoncer la violation des droits de l’homme en Iran. On peut citer dans ce groupe l’ancien commandant en chef des gardiens de la République islamique, Abbas Agha Zamani (connu sous le nom d’Abu Sharif), exilé après le limogeage du dauphin de Khomeyni, Montazari en 1989 ; 112 Mehdi Hâchemi, le fils du président du Conseil de discernement, Akbar Hâchemi Rafsandjani, ancien ministre de l’orientation culturelle de la période Khatami, etc.

Dans le document Atlas de la diaspora iranienne (Page 58-61)

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