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Vaccination contre la grippe pandémique A(H1N1)pdm09 au Québec

CHAPITRE 1 : Vaccination antigrippale

1.5 Vaccination contre la grippe pandémique A(H1N1)pdm09 au Québec

À l’automne 2009, le Québec a mis en place un programme de vaccination de masse en vue d’une pandémie appréhendée d’influenza A(H1N1).[29] Au moment de mettre en place la campagne, les premiers bilans épidémiologiques de cette nouvelle souche d’influenza suggéraient la possibilité d’une pandémie sévère.[41] En effet, les données issues du Mexique suggéraient qu’une proportion importante des cas nécessitait une hospitalisation (6,5%) ou décédait de la maladie (41%), ce qui semblait aussi être reflété au Canada par une forte proportion de cas requérant une admission aux soins intensifs.[42, 43] De plus, la souche virale identifiée en 2009 s’avérait être antigéniquement similaire à celle responsable de la grippe espagnole de 1918 qui avait été particulièrement sévère.[41] Les femmes enceintes apparaissaient aussi présenter un risque accru de pneumonie, de détresse respiratoire aiguë et de mortalité due à l’influenza A(H1N1)pdm09.[44]

Pour la campagne de vaccination, le MSSS a privilégié le recours aux points de distribution établis dans 1 500 cliniques de vaccination de masse.[29] La vaccination contre la grippe pandémique a débuté le 26 octobre 2009, presque au pic de l’activité grippale pandémique. La vaccination a été offerte aux personnes vulnérables en priorité, soit : les femmes enceintes (peu importe le stade de la grossesse), les enfants âgés de 6 mois à 4 ans, les personnes âgées de moins de 65 ans atteintes d’une maladie chronique, les travailleurs de la santé (incluant les premiers répondants), les personnes résidant dans les communautés éloignées ou isolées, ainsi que celles qui habitent avec les nouveau-nés âgés de moins de six mois ainsi que les personnes immunosupprimées.[29] Contrairement à la vaccination contre la grippe saisonnière, les personnes âgées de 65 ans et plus en bonne santé ne faisaient pas partie des groupes prioritaires pour la vaccination pandémique puisque celles-

La vaccination s’est déroulée sur une période de deux mois selon la séquence suivante : personnes vulnérables (à partir du 26 octobre), les enfants de 5 à 19 ans et les personnes de 65 ans et plus avec maladie chronique (à partir du 9 novembre), les personnes de 65 ans et plus en bonne santé (à partir du 20 novembre), puis l’ensemble de la population (à partir du 25 novembre). La campagne de vaccination de masse s’est terminée officiellement le 18 décembre 2010, bien que des doses aient été administrées jusqu’en janvier 2011.

1.5.1 Populations particulières

Les vaccins antigrippaux, tant saisonniers que pandémiques, sont fabriqués à partir d’œufs embryonnés de poulet. Ceux-ci peuvent contenir jusqu’à 1µg d’ovalbumine par dose.[45, 46] Jusqu’à tout récemment, la vaccination antigrippale était contre-indiquée chez les personnes allergiques aux œufs.[47] Afin de permettre aux personnes allergiques aux œufs de recevoir le vaccin pandémique dans un cadre sécuritaire, la vaccination des personnes allergiques aux œufs a d’abord été réalisée dans un corridor de service hospitalier établi en collaboration avec les allergologues et les pédiatres du Québec.[29] Durant cette intervention, aucune réaction anaphylactique n’a pu être observée, bien que certaines personnes aient présenté des symptômes légers qui se sont résolus soit spontanément, soit après utilisation d’antihistaminiques ou de salbutamol.[48]

Le recours à l’adjuvant AS03, dérivé d’huile de foie de requin, a soulevé des doutes similaires quant au risque d’administrer le vaccin chez les personnes allergiques aux poissons et aux fruits de mer.[49] Toutefois, le squalène qui entre dans la composition du vaccin est un lipide hautement purifié. Considérant que les lipides ne sont pas allergènes et que le produit est purifié pour éliminer toute trace de protéines résiduelles, l’utilisation du vaccin adjuvanté n’était pas contre-indiquée chez les personnes allergiques aux poissons ou aux fruits de mer.

1.5.2 Vaccination saisonnière 2010-2011

La vaccination contre la grippe saisonnière 2010-2011 normalement prévue pour l’automne 2010 a été repoussée en janvier 2011 selon les recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ).[50] Cette décision a été prise afin de prioriser la distribution et l’administration des vaccins pandémiques, mais aussi en raison de données scientifiques qui démontraient que la vaccination saisonnière pouvait accroître le risque de contracter l’influenza pandémique A(H1N1).[29] En vertu d’une entente conclue entre le MSSS et les trois fabricants de vaccins saisonniers (i.e. GlaxoSmithKline, Sanofi Pasteur et Solvay), les vaccins saisonniers 2010-2011 n’ont pas été distribués avant la fin de la campagne de masse contre l’influenza pandémique. Il n’y a donc pas eu de coadministration des vaccins pandémiques et saisonniers dans la population québécoise.

1.5.3 Mesures supplémentaires de pharmacovigilance

Afin d’effectuer le suivi en temps réel de la couverture vaccinale et de fournir des dénominateurs précis pour assurer une surveillance étroite de la sécurité du vaccin pandémique, un registre électronique provincial de vaccination a été mis sur pied par le ministère de la santé et des services sociaux du Québec. Les informations sociodémographiques des personnes assurées par la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ) ont été obtenues et préchargées dans le registre pour améliorer la qualité des données saisies dans le registre. De fait, le dossier de 99,7% des personnes qui se sont présentées pour être vaccinées était disponible dans le registre.Par la suite, les informations sur l’acte vaccinal (vaccin administré, numéro de lot d’antigène et d’adjuvant) et certaines données médicales étaient inscrites par le vaccinateur et saisies dans le registre moins de 48 après l’administration du vaccin.

En prévision de la campagne de vaccination de masse contre l’influenza A(H1N1)pdm09, plusieurs mesures ont été mises en place afin d’améliorer les activités de surveillance passive des MCI.[29] D’une part, les personnes vaccinées ont reçu la consigne d’aviser les services d’Info-Santé si une MCI survenait, permettant ainsi à toute MCI observée par le biais d’Info-Santé (811) d’être acheminée à la direction de santé publique de l’usager.

Durant la campagne de vaccination de masse, près de 70% des signalements reçus dans les DSP sont provenus d’Info-Santé.

De plus, le Bureau de surveillance et de vigie du MSSS a produit et distribué un outil complémentaire d’enquête à toutes les DSP afin de standardiser la collecte d’informations supplémentaires (p. ex. antécédents médicaux de maladie chronique, d’allergie, médication concomitante, et maladie/lésion aiguë) et ces variables ont été ajoutées dans la base de données provinciale.(Annexe B) En raison du nombre important de déclarations à traiter, les MCI non-sérieuses pouvaient être déclarées au niveau provincial, sans qu’il y ait eu d’enquête préalable au niveau régional.