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Vérification des hypothèses avancées

III. Analyse du questionnaire

2. Vérification des hypothèses avancées

a. Les religions correspondent-elles aux stéréotypes qu’on leur attribue ?

Selon l’étude menée, une moyenne de 87,2 % de l’échantillon croit en Dieu et 33,1 % au Diable. En revanche, 90 % des candomblecistas croient en Dieu et 23,8 % admettent l’existence du diable. En revanche, on remarque que 100 % des évangélistes croient en Dieu et 93,33 % au diable, alors que les catholiques ne sont que 91,90 % à croire en Dieu et 51 % au diable.

On observe que les évangélistes sont plus impliqués dans leur foi que les catholiques et en particulier vis à vis des croyances démoniaques. L’aspect étrange est que les néo- pentecôtistes sont, parmi les évangélistes, ceux qui croient le moins au diable (80 %). Cela remet en question les théories préalablement évoquées concernant la diabolisation présente chez les néo-pentecôtistes. Il est évident que les petits nombres ne permettent pas de généraliser. Mais ne peut-on pas se demander si ce n’est pas la très grande majorité des évangélistes qui croient au diable et de ce fait diabolisent le monde ?

Les stéréotypes précédemment évoqués présentent le candomblé comme une religion de noirs. Or, dans le questionnaire, 44,74 % des personnes sont blanches (31,59 % noires et 23,68 % métis), ce qui confirme la présence de blancs dans le candomblé, comme l’évoque

Mãe Sônia Uchôa. Et si, parmi les évangélistes, près des 3/4 des personnes sont blanches et

une infime partie est noire, les noirs sont majoritaires chez les néo-pentecôtistes. Cela renforce l’idée avancée dans notre première partie selon laquelle la démonialisation des cultes africains encourage les noirs à renier leur identité religieuse pour les croyances des néo- pentecôtistes.

La valorisation de l’identité personnelle des gays et bisexuels par la religion, qui a été évoquée lors de la première partie, est confirmé par les chiffres du questionnaire. En effet, 40,54 % des candomblecistas sont homosexuels et 8,11 % sont bisexuels alors que la moyenne des gays dans l’échantillon est bien moindre. En revanche, tous les évangélistes sont hétérosexuels. On en déduit, d’après les chiffres obtenus, qu’il est vrai que l’adhésion au candomblé permet la valorisation de l’identité personnelle des gays et bisexuels tandis que les évangélistes sont peu laxistes face aux choix d’orientation sexuelle non traditionnels.

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b. Quelle est l’opinion des différents groupes religieux vis à vis de la tolérance religieuse ?

La liberté religieuse est « importante » ou « très importante » pour tous les groupes étudiés. On observe que la quasi totalité des candomblecistas la considère comme « très importante », tandis que chez les évangéliques et catholiques, cette nécessité de liberté, bien que présente, est sensiblement moins importante. Le respect des autres religions est « très important » ou du moins « important » pour tous sauf pour un des néo-pentecôtistes, qui estime que le sujet est « sans intérêt ».

Le prosélytisme est le plus souvent considéré comme « sans intérêt » ou « absurde », chacune de ces options incluant 35 % de l’échantillon, tandis qu’environ 25 % le juge « important », et le faible pourcentage restant l’estime « très important ».

Pour la majorité des catholiques le prosélytisme est « absurde », probablement parce qu’il s’agit de la religion la plus pratiquée (bien qu’elle souffre de l’extension du marché religieux) et que le prosélytisme est aujourd’hui condamné par le Pape.

Pour les pratiquants du candomblé, encourager l’adhésion à leur croyance est jugé, de manière égale parmi les interrogés, « absurde », « sans intérêt », et « important ».

En revanche, pour les évangéliques, 46,66 % considèrent le prosélytisme comme « important » et 13,33 % comme « très important ». Mais seuls 20 % des néo-pentecôtistes le considèrent comme « important », ce qui peut paraître surprenant quand on sait que la très grande majorité des évangélistes baptistes, elle, le considèrent comme « important » voire « très important », tout comme l’unique presbytérien ayant répondu.

Le prosélytisme est donc « absurde » ou « sans intérêt » pour la majorité des personnes interrogées, mais « important » principalement pour les évangélistes, sauf pour les néo- pentecôtistes.

Cette constatation fait peser un doute sur les affirmations avancées dans les œuvres étudiées, qui désignent les néo-pentecôtistes comme les principaux coupables de la « guerre sainte ». La promotion des religions est principalement considérée par l’échantillon comme étant « absurde », alors que pour les candomblecistas elle est surtout « importante » (60 %), probablement car il leur est nécessaire de faire connaître et de valoriser leur religion, qui fut cachée aux yeux du monde pendant si longtemps.

Les néo-pentecôtistes sont 40 % à estimer que la promotion des religions est « très important ». Rappelons que de nombreux médias appartiennent à cette catégorie religieuse.

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La majorité de chaque groupe religieux estime que l’engagement du gouvernement à l’égard de la liberté religieuse est « important » ou « très important ». En revanche, parmi les sept évangélistes baptistes ayant répondu, un d’entre eux pense qu’il est « absurde » et un autre qu’il est « sans intérêt ». Quant à la politique dirigée par des chefs religieux, une majorité de candomblecistas et de catholiques la croient « absurde » alors que ce n’est le cas que de quelques évangélistes (13,33 %). D’ailleurs, plus du quart de ceux-ci considèrent que la présence de référence religieuse dans la politique est « importante », et c’est le cas pour 40% des néo-pentecôtistes. Ces interprétations sont en accord avec les études présentées précédemment concernant les pouvoirs politiques des évangélistes et en particulier des néo- pentecôtistes.