III. PERCEPTION ET ACCEPTABILITÉ DE LA DENSITÉ 67
3. La qualité de vie et l’acceptabilité de la densité 77
3.1 Le végétal 77
La végétation est reconnue aujourd’hui pour avoir des effets bénéfiques. L’utilisation de la nature permet en milieu urbain d’améliorer le confort et le climat urbain. Il est prouvé que la végétation est une solution à la réduction de l’ilot de chaleur urbain. Les plantes auraient pour fonction d’absorber la chaleur et ainsi de rafraichir l’atmosphère. De plus, les végétaux ont également des incidences sur la consommation énergétique des bâtiments.
Dans le ressenti de la densité, le végétal joue un rôle important. Il est même considéré comme étant un facteur déterminant dans la perception de la densité. Selon Sylvaine Corbin du CAUE de la Haute-‐Savoie, « la densité est une notion d’équilibre entre les vides et les pleins avec une bonne part de nature intégrant cet équilibre et permettant de donner
à la densité une moindre importance ». Dans l’imaginaire des gens, la ville idéale est souvent associée à la nature, ce qui rend nécessaire d’apporter une attention particulière aux espaces végétalisés lors de conceptions de projets urbains. La verdure et la nature apportent à un espace urbain un sentiment de liberté, d’espace aéré. On se sent beaucoup moins oppressé dès lors qu’il y a un peu de verdure autour de nous. Dans certaines cités jardins, des stratégies ont été opérées afin d’absorber la densité par le végétal. Pour ce faire, des plantes grimpantes ont été plantées dès la construction, ce qui crée un paysage végétal. Nous pouvons également donner comme exemple le réaménagement des berges du Rhône à Lyon, qui visent elles aussi à noyer la densité à travers l’installation de fontaines, la présence de reliefs, de cônes de vues…permettant ainsi d’oublier que nous sommes au sein d’un espace purement urbain. Ce type de projet permet d’insérer la nature en ville par le biais de la conception urbaine et sans utiliser la végétation comme élément principal. On joue avec différentes formes paysagères.
Il devient aujourd’hui essentiel de mieux prendre en compte les apports de la végétation et d’en tirer les avantages pour la conception des projets urbains, étant donné que les villes se densifient de plus en plus pour éviter le phénomène de diffusion urbaine.
Dans cette optique de densification des villes, la plupart des individus vivant au sein de ces espaces urbains denses, ne bénéficient pas d’un jardin. L’espace vert peut alors se trouver au bord d’un chemin, en cœur de ville sous la forme d’un parc…On peut alors se demander si la création de ces formes de « jardins » est réalisée dans un but esthétique ou plus dans le cadre d’un besoin humain ? Aujourd’hui, il faut concilier cette aspiration naturelle avec les impératifs de la vie contemporaine. Il ne s’agit donc plus de satisfaire mais d’assurer ce qui devient une nécessité vitale. Il est donc important de voir comment la densité se comporte avec la nature. La densité n’exclut pas la nature, ce sont les bâtiments qui deviennent des jardins par le manque de place. Il est récurrent de voir aujourd’hui des toitures végétalisées, des murs végétalisés, ou d’autres formes de végétation couplées aux bâtiments. Aussi les grandes villes telles que Tokyo ou encore New York réalisent des études et commencent à cultiver des légumes sur les toits pour les besoins de la population, afin d’éviter les livraisons et garantir la quantité suffisante face à l’augmentation des populations. Des études ont été réalisées dans le but de créer des jardins suspendus, destinés à la culture de légumes. Les Américains et Japonais utilisent ces techniques en raison du manque d’espace au sol.
A Montpellier par exemple, la nature et la présence de la végétation sont des facteurs essentiels de l’attractivité résidentielle et économique. Selon le PADD du SCoT de Montpellier, il est donc important de préserver l’environnement pour rendre l’attractivité pérenne. 27
27 PADD du SCoT de Montpellier – p 71
Figure 31 -‐ Flower Tower, Edouard François -‐ ZAC des Hauts Malesherbes, Paris Source : http://www.edouardfrancois.com
Comme nous pouvons le constater grâce à de multiples projets, la végétation a des fonctions architecturales, récréatives et esthétiques. En milieu urbain le végétal joue sur les ambiances de manière significative par son action sur la lumière, mais aussi sur la chaleur, le vent, l’humidité et le son. À travers les saisons la végétation change de couleur, et apporte donc de l’esthétisme à l’espace ou au bâtiment. La végétation influe donc fortement sur les perceptions et l’appropriation de l’espace urbain par les usagers.
Vincent Fouchier propose d’explorer la notion de COS végétal afin de chiffrer la densité végétale au même titre que la densité bâtie. La végétalisation peut donc être utilisée comme un moyen compensatoire de la densité urbaine.
Figure 32 -‐ La densité et le végétal
Source : Réalisé par E.Forner, inspiré de Vincent Fouchier
Mais le végétal peut aussi être utilisé comme un réel générateur d'ambiances urbaines spécifiques. Le végétal peut ainsi devenir un attribut, un composant de l’identité d’un quartier.28 Le coefficient de biotope, crée par la loi ALUR, renvoi à la préservation minimale de la nature sur une parcelle. La notion de COS végétal ne permet pas de rendre compte de la part qualitative.
Yves Chalas parle d’une « ville-‐nature vécue dans sa quotidienneté, sa sensibilité et ce grâce à tous les sens ». On peut se demander si la recherche de nature en ville ne témoigne pas d’un souhait d’isolement, et de protection contre une proximité jugée trop envahissante ?29 La végétation peut ainsi être utilisée à une fin compensatoire de la densité urbaine, mais peut aussi être un moyen de générer des ambiances. Le végétal peut donc devenir un attribut, un composant de l’identité d’un quartier. 30