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IV. Résultats

IV.2. Recueil de données

3.9. Le vécu de l’après IVG

3.9.1. Le couple/ L’autre

L’IVG est une étape pour le couple, elle peut renforcer les liens qui unissent deux personnes :

E1 : « Il a été présent pour moi, tout ça… » E8 : « On s’est plus soudés, plus rapprochés. »

Néanmoins elle peut aussi les séparer ou les mettre en difficulté surtout quand le choix de faire l’IVG n’est pas commun :

E3 : « Il m’a fait la gueule pendant 15 jours à peu près, ( rires ) mais bon c’est parce

que voilà il aime notre famille, il nous aime beaucoup et il voulait un troisième. »

E4 : « Il a été présent mais après c’était un truc dont il ne fallait plus parler donc euh

pour lui c’était réglé, il avait été là, il était présent, on a fait le bon choix de toute façon, c’était le choix qu’il fallait faire et voilà. »

Quand il n’y a pas de couple, le soutien de l’autre est également important :

E5 : « Il a fait l’effort de venir, il a dit qu’il pouvait gérer ça etc, du coup il est venu. » Le vocabulaire pour désigner l’autre est intéressant :

E2 : « Le potentiel papa »

Une femme nous a aussi parlé de la souffrance que peuvent ressentir les hommes et qui est souvent non exprimée :

42 E9 : « ils savent pas quoi faire et ils en souffrent et on en parle pas assez, les femmes

elles souffrent mais les hommes aussi bien plus que ce qu’ils peuvent croire »

3.9.2 La sexualité

Le vécu de la sexualité dépend de l’âge et du statut matrimonial. Les femmes mariées vivent leur sexualité comme avant :

E3 : « Non, à ce niveau là tout va très bien dans notre couple. » Pour les jeunes femmes, la sexualité devient plus réfléchie :

E7 : « Je vois l’acte sexuel différemment parce que depuis j’ai pas eu de rapport, et j’ai

moins banalisé, je le vois pas comme… Comment expliquer ça… C’est plus par rapport à une envie mais par rapport à être avec une personne de confiance, quelqu’un avec qui on se projette. »

E9 : « pour cette personne avoir un bébé c’est un engagement, et donc c’est plus du

sexe pour du sexe »

Elles prennent conscience que la sexualité a une fonction de procréation.

Il peut y avoir une peur d’une nouvelle grossesse non désirée, qui se traduit par une perte de libido :

E1 : « On a moins de relations qu’avant, mais c’est moi qui n’est pas très envie, je préfère prendre du recul sur ça. I : Est-ce que vous savez pourquoi ? E1 : La peur que ça arrive à nouveau (larmes aux yeux). »

3.9.3. L’importance de partager son expérience

L’IVG peut être vue comme un sujet tabou dans notre société, un sujet dont on ne parle pas. Certaines femmes qui se trouvent dans une situation difficile n’en parlent pas à leur entourage car elles pensent qu’elles ne sont pas légitimes car coupables de la situation ou bien parce qu’elles ont honte :

E4 : « Et quand je l’ai dit à ma mère, elle m’a dit qu’il fallait le cacher à tout le monde,

[…] c’est très tabou donc on peut en parler à personne et on a un moment de solitude » « Je n’avais personne pour en parler donc euh peut être que si avec ma mère on avait un dialogue plus facile et si elle m’avait dit tu peux aller en parler à quelqu’un, mais comme c’était "on en parle pas il faut passer à autre chose", je suis tombée dedans donc pour moi il ne fallait pas commencer une thérapie »

E2 : « Je pouvais pas en parler à personne, d’ailleurs j’en ai parlé à personne. I :

43 E5 : « Il y a déjà un sentiment de honte, je me suis mise dans cette situation-là, j’étais déjà honteuse d’en parler à des personnes proches, alors à ma famille encore plus. »

Par contre pour d’autres femmes, l’entourage a un rôle primordial. Le fait d’en parler et d’être soutenue par ses proches permet un meilleur vécu de l’IVG :

E6 : « J’ai été soutenue par mes parents, ils m’ont demandé si j’étais sûre de mon choix, je leur ai dit que oui. »

E8 : « Je l’ai dit à mes parents et quelques amis, après je l’ai pas non plus… voilà mais

ils m’ont soutenue, ils ont été là, il n’y a eu aucun problème particulier. »

Pour finir, l’entourage n’a pas toujours un rôle bienveillant :

E5 : « Ça a été compliqué avec certains amis à moi qui sont dans la religion et pour

eux c’est pas acceptable ce genre de chose. »

3.9.4. La vie professionnelle

Avoir une vie professionnelle riche et épanouissante peut être un soutien dans le vécu de l’IVG :

E3 : « Pour moi, le boulot c’est très important, au contraire ça m’a aidé à continuer. » Pour des femmes qui sont étudiantes, il y a un sentiment de honte à devoir expliquer pourquoi elles ont été absentes, malgré un certificat médical d’absence scolaire :

E2 : « Ils ont divisé mes notes par deux, alors que j’ai donné des certificats médicaux

qu’ils n’ont pas acceptés, et j’ai pas envie de donner des informations médicales, mon dossier médical, ils n’ont pas le droit de me le demander. »

E5 : « Si la CPE est au courant, les autres professeurs ne le savent pas, donc ils

peuvent confondre avec de l’absentéisme juste par non envie, ben du coup ça donne pas une super image de moi en tant qu’élève. »

3.9.5. La vie psychique

Les conséquences de l’IVG sur la thymie sont très importantes, pouvant aller jusqu’à la dépression :

E4 : « Ben je pouvais rester des heures assise dans mon lit à ne rien faire, j’avais pas

envie de faire quoi que ce soit, j’avais envie d’être seule et voilà. I : Ça a duré combien de temps ? E4 : Pas mal de temps, 3-4 mois où j’étais pas très bien. »

E2 : « Le médecin m’a expliqué que je faisais une dépression. » Il peut même y avoir des troubles somatiques :

44 E4 : « Je fais des insomnies, on m’avait noté des cachets et j’ai tendance à me gratter,

je me gratte la nuit jusqu’au sang. Ça a commencé à ce moment-là mes problèmes, d’ailleurs. »

Pour certaines femmes, l’IVG n’a pas de conséquence sur le moral ou le sommeil, il y a même un soulagement que la situation soit terminée :

E6 : « Avant de faire l’IVG oui, j’étais pas en grande forme, mais après pas du tout. »

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