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IV. Discussion :

3. Vécu du dépistage

L’impact psychologique de ce dépistage n’est pas anodin. Il varie non seulement selon la personnalité des individus mais aussi leur niveau de connaissances sur la pathologie dépistée elle-même, ses recours

thérapeutiques ainsi que le niveau d’exposition et de risque ressenti. Ce vécu du dépistage et la représentation de la maladie influent sur le taux de

participation à un test de dépistage.

Il est difficile de savoir si l’anxiété est un facteur d’observance ou d’évitement du dépistage c’est-à-dire si la peur de la maladie favorise la participation au dépistage pour se rassurer ou entraine l’évitement du dépistage par un mécanisme de déni ou d’anxiété anticipatoire.

Peu d’études existent sur le suivi du dépistage post-professionnel. Il existe plus d’études concernant les dépistages de masse des cancers colorectaux et du sein

83 qui abordent les différents freins et leviers qui interviennent dans l’observance du dépistage. Il est probable que la plupart des mécanismes d’adhésion et de rejet du dépistage sont communs aux dépistages de masse et post- professionnels. C’est pourquoi les études portant sur le dépistage de masse et notamment son vécu ont été une base de travail importante pour ce travail.

Plusieurs freins et leviers ont été identifiés au cours des études sur le dépistage de masse (39,40,41,42,43) :

En commençant par les facteurs incitant les patients à participer au dépistage : On peut fortement supposer que le sentiment d’avoir plus de risque de développer un cancer que la population générale favorise le recours au dépistage.

Par comparaison avec le dépistage organisé du cancer du sein : on constate une meilleure participation chez les patients qui ont discuté du dépistage avec leur médecin. On note donc bien l’importance des informations données au cours des consultations. Il apparaissait que les patients demandaient souvent l’avis de leur médecin traitant.

La perception de l’utilité de l’examen de dépistage, son caractère embarrassant et le fait de le penser dangereux pour la santé sont des critères entrant en compte dans la compliance au dépistage.

Les facteurs de participation qui ont pu être retrouvés étaient un suivi régulier avec un médecin, un niveau social plus élevé que chez les patientes ne participant pas au dépistage.

Une étude menée sur le dépistage organisé du cancer du sein (40) identifiait notamment comme facteur de résistance la peur du cancer et les représentations de la maladie avec comme idée que le cancer est une maladie incurable et parfois des idées fausses sur ses facteurs de risque. D’autres causes étaient évoquées dans cette étude : le dépistage peut être refusé car il y a un refus de parler de la maladie ou par crainte des effets du dépistage (crainte d’une irradiation, peur de la douleur…). Ils évoquaient également la possibilité que les patients soient sceptiques sur la fiabilité du dépistage ou sur les connaissances médicales en elles-mêmes. Un autre facteur intéressant était que certaines personnes ont une confiance totale envers leur médecin et qu’elles ne feront pas

84 les examens de dépistage tant que leur médecin ne leur aura pas explicitement demandé.

Les facteurs d’adhésion identifiés dans cette étude étaient quant à eux :

- une information complète, de bonne qualité et dans un langage accessible sur la maladie et le dépistage.

- l’idée que le dépistage est une sécurité et une précaution. - la gratuité des examens.

- l’idée que le dépistage permet un diagnostic précoce de la maladie améliorant les chances de guérison et allégeant les traitements.

- le fait qu’en cas de test positif cela ne veut pas obligatoirement dire qu’il y a un cancer.

- la participation du médecin traitant et l’entourage ont un effet de renforcement.

Par analogie, on peut supposer que la connaissance dans leur entourage de personnes atteintes de maladies professionnelles et notamment de cancers participe à leur faire prendre conscience du risque.

Les raisons invoquées pour l’absence de participation au dépistage retrouvées dans les articles portant sur le dépistage de masse pouvaient être :

- Le manque de temps - L’oubli

- Le fait de ne pas se sentir malade - Être en bonne santé

- Ne pas présenter de signes fonctionnels - Penser ne pas en avoir besoin

- Ne pas aimer se faire examiner

A partir de certaines observations déjà menées concernant le dépistage de masse de certains cancers (par exemple, cancer du sein ou de prostate), plusieurs hypothèses peuvent expliquer un manque de participation au dépistage :

- un manque de connaissance des effets synergiques de certaines expositions (comme les amines aromatiques et le tabac).

- Une attitude fataliste vis-à-vis de l’apparition de maladies même en présence de mesures de prévention et de traitements efficaces que l’on retrouve

85 notamment dans le dépistage de masse pour le cancer colorectal ou le cancer du sein.

- un déni du sur-risque de cancer.

- une réticence au dépistage car il peut être vécu comme l’élément pouvant faire rentrer dans la maladie.

- une sous-évaluation de l’intensité de leur exposition.

- le type d’examen en lui-même a plusieurs fois été cité comme un frein dans les études réalisées sur les réticences au dépistage : la manipulation des selles ou des urines peut poser problème, des examens invasifs et désagréables ou douloureux comme une prise de sang ou irradiant comme une tomodensitométrie sont un frein pour certains individus. Une fréquence trop rapprochée peut également être vécue comme contraignante.

De nombreux facteurs de mauvaise observance ont déjà été identifiés concernant le dépistage de masse et on peut supposer qu’ils se retrouvent dans le suivi post-professionnel.

Identifier les principales réticences des salariés à la participation au dépistage post-professionnel permet d’essayer d’améliorer leur participation par une information lors des consultations centrées sur les points posant le plus problème.