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Adulticides

Les traitements adulticides ciblent les femelles adultes hématophages, seules à intervenir dans la transmission des agents pathogènes par les moustiques. Selon les méthodes utilisées, les objectifs des traitements adulticides sont de réduire leur densité, leur longévité ou le contact hôtes-vecteurs : - les traitements par aspersion intra-domiciliaire à effet résiduel, appliqués sur les surfaces

intérieures de l’habitat, ont pour but de réduire les densités des populations d’adultes, l’effet recherché étant surtout de réduire la longévité des femelles pour restreindre la période d'activité des femelles âgées, potentiellement les plus dangereuses pour la transmission d'agents pathogènes. Les aspersions intra-domiciliaires sont indiquées lorsque les vecteurs sont endophages (ils piquent de préférence à l'intérieur des habitations) ou endophiles (ils se reposent de préférence à l'intérieur des habitations après le repas sanguin). Leur persistance d’action varie de 2 à 6 mois selon le substrat et la formulation ;

- les pulvérisations spatiales visent à générer un brouillard de très fines gouttelettes qui tuent les insectes adultes par contact de manière quasi-instantanée et avec une très faible persistance d’action. Les pulvérisations spatiales sont principalement indiquées au cours des périodes épidémiques pour réduire rapidement les densités de moustiques adultes actifs et faire chuter la transmission ;

- enfin, les moustiquaires imprégnées d'insecticide associent à la barrière physique une protection chimique qui éloigne ou tue les vecteurs, même si le tulle est en partie endommagé. Elles sont

43 Les biocides sont utilisés dans le cadre de la lutte chimique et pour une partie des applications de la lutte biologique. Ils sont traités ici dans une section à part entière pour insister sur l’importance de la réglementation sur leur utilisation en lutte antivectorielle. Dans le domaine de la lutte antivectorielle, la lutte chimique concerne l’emploi de produits chimiques, d’origine végétale ou de synthèse, en tant que répulsifs, attractifs (couplés à des pièges), ou insecticides (Fontenille, 2009). La lutte biologique est traitée en section 4.1.2..

aujourd'hui imprégnées industriellement de manière à garantir leur efficacité après 20 lavages et sur 3 années d'utilisation. Leur distribution à grande échelle s’est avérée d’une grande efficacité et constitue l’un des piliers du Plan Mondial d'Action contre le paludisme44.

L’utilisation des adulticides est particulièrement contrainte et limitée dans l’Union européenne. Des quatre familles principales d’adulticides utilisées dans le monde (les pyréthrinoïdes et organochlorés d’une part, modulateurs des canaux sodium voltage dépendant, et les organophosphorés et carbamates d’autre part, inhibiteurs de l’acétylcholinestérase) (WHO, 2011), seule une quinzaine de molécules sont encore autorisées dans l’Union européenne, appartenant toutes à la famille des pyréthrinoïdes. Parmi celles-ci, la plus utilisée est la deltaméthrine. C’est également la molécule privilégiée par les opérateurs publics français de la lutte antivectorielle en raison de son profil environnemental, sanitaire et technologique. Les pyréthrines naturelles, autorisées en agriculture biologique, sont aussi parfois utilisées. Deltaméthrine et pyréthrines naturelles sont donc généralement mentionnées comme étant les principales substances actives autorisées, sinon les seules, à être utilisées en tant qu’adulticides par les opérateurs français, tant dans les arrêtés préfectoraux de démoustication que ceux de lutte antivectorielle45.

Peu toxiques pour les mammifères, les pyréthrinoïdes le sont néanmoins pour les organismes aquatiques et les animaux à sang froid. Les traitements anti-adultes sont donc interdits sur ou à proximité immédiate des points d’eau, c.-à-d. les cours d'eau, les fossés, les plans d'eau permanents ou intermittents, ce qui inclut les zones humides (Code de l’environnement, code rural et code de la santé publique). L’emploi d’adulticides pyréthrinoïdes est donc restreint aux espaces naturels hors zones humides et aux milieux urbain et péri-urbain, sous réserve de respecter strictement un certain nombre de contraintes et de restrictions réglementaires et environnementales.

Larvicides

Les traitements larvicides visent à réduire la densité des populations de vecteurs. Ils sont appliqués contre les espèces qui présentent une phase aquatique au cours de leur cycle de développement, et dont les gîtes larvaires sont relativement stables, repérables et accessibles aux opérateurs.

Les larvicides peuvent également être utilisés indirectement, par auto-dissémination : placés dans des pièges de repos ou des pièges pondoirs sous forme de poudre, ils sont efficacement dispersés par les femelles adultes qui viennent se poser dans ces pièges. Cette stratégie s’est avérée très efficace avec du pyriproxifène (un analogue de l’hormone juvénile), à petite échelle, pour contrôler

Ae. aegypti au Pérou (Devine et al., 2009) puis Ae. albopictus en Espagne (Caputo et al., 2012). Les

femelles contaminées déposent le pyriproxifène dans leurs gîtes larvaires, ce qui réduit très fortement le taux d’émergence des moustiques adultes à partir des larves qui s’y trouvent. La différence d'attractivité entre les stations de dissémination et les gîtes naturels nécessite encore des études sur le terrain pour optimiser le nombre de pièges à l'hectare et leur efficacité avant d'envisager une utilisation à grande échelle. De plus, étant donné le nombre élevé de pièges à poser par hectare, cette technologie n’est pas considérée rentable à ce jour.

Peuvent être utilisés comme larvicides :

- des produits de synthèse de type régulateurs de croissance, comme des analogues de l’hormone juvénile, qui perturbent le développement larvaire et empêchent la transformation en nymphe

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Le Plan d'action mondial contre le paludisme (GMAP pour Global Malaria action Plan) est une initiative du Partenariat Roll Back Malaria (RBM), l'organisme international de coordination de la lutte contre le paludisme (http://www.rollbackmalaria.org/microsites/gmap/1- 1_001.html).

45 La deltaméthrine et les autres substances actives pyréthrinoïdes encore sur le marché sont par ailleurs utilisées de manière diverse par les prestataires privés de dératisation, désinsectisation et désinfection, pour tout type d'usage de l'hygiène public (incluant les moustiques, mais aussi toutes les pestes domestiques, cafards, punaises, termites, etc.). Certaines de ces substances sont également commercialisées en libre-service dans les jardineries et les grandes surfaces, en conditionnements adaptés (fly-tox, tortillons, prises diffuseurs, etc.) pour l'usage domestique des particuliers.

ou en adulte, ou des analogues de l’ecdysone, qui inhibent la synthèse de la chitine au moment de la mue,

- des biocides biologiques, comme les spinosynes A et D produites par les bactéries actinomycètes

Saccharopolyspora spinosa, efficaces contre le contrôle des larves de moustiques mais non

sélectives (Hertlein et al., 2010), ou comme les cristaux protéiques formés par Bacillus

thuringiensis israelensis (Bti) et Lysinibacillus sphaericus (Lsph, anciennement Bacillus sphaericus

(Bs)), dont la toxicité larvaire est très spécifique de par leur mode d’action via des récepteurs suite à leur ingestion (Ben-Dov, 2014; Regis et al., 2001).

A ce jour, sont autorisés en tant que larvicides dans l’Union européenne trois régulateurs de croissance (le diflubenzuron, le pyriproxyfène et le S-méthoprène), et les bactéries entomopathogènes Bti et Lsph. Toutefois, les milieux naturels concernés par les opérations de démoustication font, dans leur grande majorité, l’objet de statuts de protection divers plus ou moins stricts. Au niveau européen, la directive Habitats (Natura 2000) impose de réaliser des études d’incidences. Plus localement, chaque Etat membre peut appliquer des règles particulières associées à des sites de protection labellisés. C’est le cas, en France, des réserves naturelles du Conservatoire du littoral, ou du Parc naturel régional de Camargue par exemple. Au crible de ces nouvelles exigences de protection environnementale, l’emploi du Bti est clairement privilégié dans les milieux naturels, les régulateurs de croissance étant généralement proscrits en raison de leur manque de sélectivité vis-à-vis des invertébrés aquatiques non-cibles et le Lsph étant par ailleurs très peu utilisé ou utilisé en association avec le Bti. En milieu urbain, l’ensemble des larvicides encore sur le marché est utilisé mais dans ce cas aussi, la plupart des opérateurs publics ont plutôt tendance à baser l’essentiel de leur stratégie sur le seul Bti.

Répulsifs

Utilisés dans le cadre de la protection personnelle antivectorielle, les répulsifs ont pour objectif de limiter le contact homme-vecteur [(Duvallet et al., 2011) ; Recommandations de bonne pratique clinique sur la « protection personnelle antivectorielle » établies par la Société de médecine des voyages et la Société française de parasitologie]. Il existe des répulsifs pour application cutanée ou pour imprégnation de vêtements, autres tissus ou moustiquaires. Les substances actives autorisées au niveau européen incluent le DEET (N1,N-diéthyl-m-toluamide) et le IR3535 (N-acétyl-N-butyl-β- alaninate d’éthyle). Les substances KBR3023 (carboxylate de secbutyl2-(2-hydroxyéthyl) pipéridine- 1/Icaridine) et PMDRBO (mélange de cis- et trans-p-menthane-3,8 diol, ou 2-hydroxy-α,α,4- trimethylcyclohexanemethanol) sont en cours d’évaluation au niveau européen. On note par ailleurs que la perméthrine et la deltaméthrine, associée à la transtétramethrine, sont autorisées pour l’imprégnation de vêtements, tissus et moustiquaires. Les moustiquaires pré-imprégnées le sont avec de la perméthrine et de la cyperméthrine46.

Appâts

Les appâts sont utilisés en association avec des systèmes de piégeage. Ils sont abordés dans le cadre de la lutte physique (section 4.1.3).