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Les propriétés dépigmentantes des agents dépigmentants sont utilisées à la fois en pratique médicale dans le cade du traitement des troubles hyperpigmentaires et en pratique extra-médicale en dermo-cosmétologie mais aussi dans la dépigmentation volontaire.

Les hyperpigmentations cutanées peuvent être traitées de plusieurs manières : o Topiques dépigmentants :

- Médicaments : hydroquinone, dermocorticoïdes, rétinoïdes ;

- Dermo-cosmétiques : acide azélaïque, acide kojique, acide glycolique, vitamine C, 4-n-butylresorcinol…

o Peelings chimiques à visée dépigmentante: acide glycolique, acide

trichloroacétique, gel de Jeisner (résorcine), neige carbonique, azote liquide… o Lasers dépigmentants : généralement pratiqués en clinique spécialisée.

Dans cette partie nous allons aborder les principaux usages des agents dépigmentants.

1. EN PRATIQUE MEDICALE

La majorité des études cliniques réalisées sur le traitement des hyperpigmentations cutanées ont été réalisées sur des patients atteints d’hyperpigmentation post- inflammatoires ou du mélasma.

Ces problèmes d’hyperpigmentations peuvent disparaître d'eux-mêmes, durer pendant des mois, des années, voire être permanents. Les troubles de la peau ont souvent un impact sévère sur la qualité de vie du patient, les effets psychologiques peuvent être graves et la demande thérapeutique est importante mais avec un résultat souvent incertain.

1.1. L’HYPERPIGMENTATION POST-INFLAMMATOIRE

L’hyperpigmentation post-inflammatoire est une réponse physiopathologique due à une inflammation cutanée. C’est un problème fréquemment rencontré.

inflammation (acné, eczéma, dermatite…), les médiateurs de la réaction inflammatoire (prostanoïdes, cytokines, chimiokines…) stimulent les mélanocytes et activent la tyrosinase. Par conséquent, les mélanocytes hyperactifs produisent de la mélanine en excés ce qui provoque un assombrissement de la peau. Les lésions sont limitées au site de l'inflammation.

Bien que l’hyperpigmentation post-inflammatoire puisse affecter tout type de peau, elle est plus fréquente chez les personnes ayant la peau foncée : les personnes d'origine asiatique, les africains, les latinos ou amérindiens. Ce type d’hyperpigmentation peut affecter les hommes comme les femmes.

Figure 40: Hyperpigmentation post-inflammatoire

(Source : http://hyperpigmentationonface.com/post-inflammatory-hyperpigmentation/)

L’hyperpigmentation cutanée peut survenir à la suite de divers problèmes de peau et est souvent associée aux dommages causés par une exposition solaire. Les causes les plus fréquentes d’hyperpigmentation cutanée sont :

o les blessures ;

o les éruptions cutanées (eczéma, psoriasis ...) ; o les coups de soleil ;

o les changements hormonaux ;

o certaines maladies (maladies auto-immunes et gastro-intestinales ...) ; o les médicaments (certains traitements hormones, antibiotiques ...) ; o les chirurgies.

1.2. LE MELASMA [81] [82]

Le mélasma est une hyperpigmentation acquise (taches brunes à gris-brunes) aussi appelée chloasma ou masque de grossesse. Les taches sont généralement symétriques et sont souvent localisées au niveau des zones photo-exposées du visage (front, les lèvres supérieures, les joues et le menton) et parfois dans le cou. Les lésions élémentaires sont des petites taches irrégulières de couleur brun clair ou noir et sont aggravées par l'exposition au soleil, les contraceptifs oraux et certains médicaments antiépileptiques.

Le mélasma est presque uniquement observé chez les femmes (90% de femmes), de tous types de peau et, comme l’hyperpigmentation cutanée, il est plus fréquent chez les personnes à peau foncée, en particulier ceux qui ont des phénotypes entre IV à VI selon la classification de Fitzpatrick (voir chapitre mélanogénèse).

Figure 41: Mélasma

Histologiquement, le mélasma a été classé en 3 types en fonction de l'examen à la lampe de Wood (L’examen à la lampe de Wood accentue l’hyperpigmentation):

o Le type épidermique (70% des cas) est caractérisé par une hyperpigmentation de l'épiderme (principalement dans les couches basales et supra). Il est le type le plus commun de mélasma et est plus facile à traiter car l'excès de mélanine, étant épidermique, est plus facilement atteint par des traitements topiques. A l'examen à la lampe de Wood, les lésions sont plus prononcées.

o Le type dermique est causé par le dépôt de mélanine dans les macrophages périvasculaires, principalement dans les niveaux superficiel et « moyen » du derme. Il est plus difficile à traiter car les macrophages n'ont pas une activité tyrosinase. A l'examen à la lampe de Wood le mélasma cutané est moins visible.

o La forme mixte, avec à la fois le mélasma épidermique et dermique, est

fréquemment rencontrée.

Les causes exactes du mélasma restent inconnues. Les experts estiment que cette maladie serait due à une prédisposition génétique, aux fluctuations hormonales (œstrogène, progestérone), à l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif ou de contraceptifs oraux, à certains médicaments et à l'exposition solaire.

2. EN PRATIQUE EXTRA-MEDICALE

2.1. LA DERMO-COSMETIQUE

La dermo-cosmétique combine la dermatologie et la cosmétique.

Le règlement (CE) No 1223/2009 du parlement européen et du conseil précise la définition d’un cosmétique. Ainsi, on entend par «produit cosmétique», toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles.

Les produits dermo-cosmétiques incorporant des agents dépigmentants sont disponibles en libre-service en pharmacie et peuvent également être conseillés par un dermatologue.

2.2. LA DÉPIGMENTATION VOLONTAIRE

La dépigmentation volontaire consiste à appliquer sur la peau, régulièrement et à plus ou moins long terme, des « produits éclaircissants ». Il s’agit d’une utilisation extra- médicale non autorisée car ces « faux produits cosmétiques » sont composés :

- d’agents dépigmentants initialement destinés à traiter des troubles d’hyperpigmentation (tels que l’hyperpigmentation post-inflammatoire et le mélasma) ;

- d’agents aux vertus dépigmentantes qui n’ont aucune indication médicale (dérivés mercuriels).

PARTIE C – LA DEPIGMENTATION VOLONTAIRE DE LA PEAU NOIRE: UN PHENOMENE DE SOCIETE QUI DEVIENT UN REEL PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE