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5 "Document d’accompagnement du programme de BEP", non référencé, disponible sur le site Internet www.ac-versailles.fr/pedagogi/lettres-histoire-lp

(Ce glossaire se donne en effet comme finalité de faire un point théorique sur les notions savantes qui sous-tendent toute réflexion sur l’argumentation et ne constitue, pas bien évidemment, une liste de notions à enseigner à nos élèves.)

Pratiques sociales : une discipline d'enseignement se définit à la fois par ses savoirs scientifiques, issus de l’Université, et ses pratiques sociales de référence. On entend par

« pratiques sociales » tous savoirs et savoir-faire extra scolaires mis en œuvre dans les actes sociaux et professionnels. Ainsi, l’argumentation relève de savoirs philosophiques et linguistiques, mais aussi de savoirs et savoir-faire développés dans le monde professionnel (celui de l’avocat, du vendeur…) et l’univers social (la famille, les amis…). Ces deux dimensions sont donc prises en compte lorsque l’on enseigne l’argumentation.

Argumentation : Alain Boissinot, dans son ouvrage Les textes argumentatifs, rappelle que l’argumentation est un terme ambigu. Elle se différencie d’une part de la démonstration qui vise à atteindre la vérité -et par là ne laisse guère de place au débat- et d’autre part de la persuasion qui vise à agir sur le récepteur par tous les moyens possibles, même les plus irrationnels. Elle trouve sa place au croisement de ces deux pôles et, plus que la vérité, elle tend à atteindre le vraisemblable par le biais d’un raisonnement construit qui sache prendre en compte la pensée d’autrui. Elle s’inscrit dans « une logique du préférable », devient le lieu d’une vision contradictoire du monde où les valeurs sont questionnées et suppose donc l’acceptation du dialogue. Dans ce cas l’adhésion du récepteur relève davantage de la conviction que de la persuasion puisque le caractère rationnel l’emporte sur le caractère irrationnel.

Pragmatique : discipline issue de la philosophie du langage qui s’intéresse à la place accordée au destinataire dans l’énoncé et aux formules utilisées par les interlocuteurs pour agir les uns sur les autres. Tout acte de langage ne se comprend qu’en référence à la situation de communication.

Actes de langage ou actes de parole : acte d’énonciation qui ne se contente pas de délivrer de l’information mais qui tend à agir sur le destinataire. Cette notion nous vient des philosophes du langage Austin et Searle9 qui distinguent des énoncés dits constatifs, qui se contentent de décrire un événement des énoncés performatifs, qui accomplissent ce qu’ils énoncent « je te promets »,

« je t’ordonne ». Mais la notion d’actes de langage dépasse le seul énoncé performatif, en nombre d’ailleurs limité, pour englober des formes déclaratives, interrogatives, impératives qui constituent autant d’actes de langage. Ainsi une phrase comme « il fait beau ce matin » ne peut se réduire à un simple énoncé constatif.

9 John L.Austin, Quand dire c’est faire, Paris, Le Seuil, 1970 ; J.-R.Searle, Les actes de langage : essai de philosophie du langage, Paris, Herman , 1972.

Selon le contexte, elle peut constituer une incitation à sortir se promener ou au contraire une incitation à rester tranquillement chez soi… Austin a proposé une classification des actes de langage autour de trois approches complémentaires : « acte locutoire » (production d’un énoncé structuré, l’acte de langage est alors envisagé d’un point de vue purement linguistique sans se préoccuper de l’effet produit.), « acte illocutoire » (action exercée sur le destinataire par la parole en tentant par exemple d’emporter son adhésion) et un acte « perlocutoire » (effet produit réellement sur le destinataire : va-t-il répondre ? est-il convaincu ?… Le perlocutoire s’oppose à l’illocutoire dans la mesure où il se situe davantage du côté du récepteur.10 Cette classification, qui ne doit pas constituer un objet d’étude en soi pour les élèves, constitue cependant pour le professeur un cadre de référence intéressant pour analyser par exemple les dialogues au théâtre ou encore les échanges oraux .

Texte argumentatif : la notion de « texte argumentatif » s’est longtemps comprise au regard de la classification des textes par "types" et renvoyait à des critères formels de cohérence et de cohésion (voir à ce sujet l'ouvrage d’Alain Boissinot, Les textes argumentatifs, pages 35 à 50).

Les nouveaux programmes de Collège parlent désormais de « types de discours ». Le discours constitue « toute mise en pratique du langage dans une activité écrite et orale (et par extension on peut parler de discours iconique) ». Le texte est alors le résultat de cette activité. C’est pourquoi, du côté du discours, on s’intéresse à la situation d’énonciation, à ce qui relève des actes de parole, à l’implicite, au point de vue ; et du côté du texte on se préoccupe de l’organisation et de la structure autour des phénomènes de cohérence textuelle (enchaînement de séquences descriptives, argumentatives à l’intérieur d’un même texte, progression linéaire et thématique, étude des connecteurs, reprises nominales et pronominales et phénomènes de répétition).

Étant donné la polysémie du mot discours et l’introduction récente dans les programmes de Collège de la nouvelle acception de cette notion, il nous paraît raisonnable, à l’heure actuelle, de continuer à parler de « texte » à nos élèves pour lesquels ce mot renvoie à une réalité connue.

Françoise Girod, IEN Académie de Versailles Françoise Bollengier, Maryse Lopez IUFM de Versailles

10 Voir à ce sujet : O. Ducrot, T. Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil, 1972,

« Langage et action » dans « Les concepts descriptifs ».

BIBLIOGRAPHIE

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ARGUMENTATION ET ŒUVRE INTÉGRALE

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