définitivementenlevée.Le maladeselève dans lecourant de lasemaine qui asuivil'opération. Guérison opératoire.
Suites éloignées. — Dès le lendemain de l'opération,
les héma¬
turies cessèrent, la sonde enlevée, lemalade urina seul. Cependant
de temps à autre, il éprouva quelques
difficultés
dans lamiction, et
la douleur se prolongeait presque dans l'uretère droit et la
région
rénale. Le malade reprit néanmoins ses occupations, ayant seulement
soin de se sonder lorsque la gêne de la miction devenait trop grande.
Au mois de novembre1894, le malades'aperçoit que ses urines sont
un peu sanguinolentes à lafin de la miction. Ce
phénomène qui
se reproduit unefois tous les mois est peu accuséencore enfévrier 1895,
c'est-à-dire seize mois après l'opération. A ce moment les hématuries
deviennent plus fréquentes ; les mictions sont plus difficiles et obli¬
gent le malade à se sonder à chaque miction. Il est pris
de rétention
parcaillots,qui cèdent à l'aspiration. Ilse sondeetvide biensa
vessie.
Mais, après l'évacuation, ellereste volumineuse etjepeux m'assurer
parl'examenintra-vésical et lapalpation bimanuelle qu'elle
renferme
une énorme tumeur pour laquelle jepropose uneautreopérationque le malade refuse. La tumeur grossissant, la cicatrice éclate ;
épan-cliement de pus et d'urine dans la cavité de Retzius. Le malade est
sansfièvre et présente unétat relativement satisfaisant.
Incision sur la cicatrice cutanée, un flot d'urine et depuss'échappe.
Mon doigtpénètre dans la vessie, y rencontre une énormemasse fon¬
gueuse que j'enlève en partie, laissant celle-là largement ouverte.
La sécrétion de l'urine s'arrêteaussitôtaprès l'opération, et le malade
succombe à l'anurie entrente-six heures.
Durée totalede l'affection : vingt ans.
— 25 —
Observation VI (Inédite).
(Due à l'obligeance de M. le docteur Pousson.)
Homme, quarante-trois ans.
Date d'origine de la maladie, vingt-six ans.
Hématuriesans aucun autretrouble de la fonction urinaire pendant vingt-deuxans. Ces hématuries qui durent de deux à trois jours, en moyenne, surviennent sans causeet disparaissent de même; d'abord espacées irrégulièrement de quelques semaines, elles sont devenues plus rapprochées et ont plongé le malade dans un état de pâleur
excessive.
En février 1891, les hématuries redoublent deviolence, deviennent subsistantes. Elles durentdepuis dix jours lorsque je suis appelé à
voir le malade. Je fais entrevoir l'urgence d'une intervention si l'hé¬
maturie ne cesse pas. Deux jours après je suis appelépour faire l'opération, mais dans la nuit l'urinea repris subitement ses caractè¬
res normaux. Etant donnés cette amélioration et l'état de faiblesse du
patient, jene crois pasdevoir opérer. Pendant trois ans, le malade auprès duquel jene suis pasrappelé, a à diverses reprises des héma¬
turies de quelques jours de durée, mais ne mettantpas ses jours en
danger, lorsque le 10 mars 1894 il est pris d'une hémorrhagie vésicale
dès ses débuts plus intense que les. autres et pour laquelle il ne fit
d'abord rien, puis prit du matico, de l'eau de Léchelle, de l'ergotine
et autres hémostatiques.
Le 12 avril, plus d'un mois après le début del'hématurie, je suis appelé enconsultation. Bien que le malade ait perdu beaucoup de
Lucciardi i
— 26 —
sang etsoit très pâle, sonpouls est assezbon,pasde souffle cardiaque,
etje crois devoir proposer une opération pour mettre un terme à
l'hématurie. On attend encore dixjours et cen'est que le 22 avril que jesuis appelé à intervenir. Avant d'opérer je préviens la famille de
la possibilité de voir le patient succomber au cours del'opération.
N'ayant été appelé auprès du malade que dans le cours de ses hématuries,jene fis qu'un examen peuprolongé de la cavité vésicale
aveclasonde métallique; cetexamen ne me révélaaucun relief. Par
la palpation bimanuelle il me sembla sentir de l'empâtement et un épaississement de la vessie ducôté droit.
Opération, le 22 avril 1894. —Ouverture sus-pubienne de la
vessie.
Le doigt rencontre, flottant dans la cavité vésicale, unetumeur du
volume d'une noix recouvertede sacoque, rattachée par un pédicule
du volume du petit doigt sur le côté droit du bas-fond. Section du pédicule avec la pince coupante; saignement assez abondant
arrêté
avec une pincehémostatique et le tamponnement pendant quelques
minutes. La vessie ne saignant plus est éclairée avec unepetite lampe
à incandescence; je découvre quatre petites masses du volume d'un porte-plume, renflées à leur extrémité libre et insérées dans le voisi¬
nage de la tumeur principale; je les enlève au galvano-cautère;
malgré cette précaution les surfaces de section saignent abondam¬
ment. Gomme le malade est très affaibli, je ne cherche pas à faire
l'hémostase et mettant rapidement les tubes de Périer-Guyon je
bourre la vessie de gaze iodoformée. Le malade se réveille très calme malgré le tamponnementde la vessie, les tubes soutirentbien l'urine qui, d'abord assez rouge, est dès le soir à peine colorée; je revois le
malade quarante-huit heures après, son état paraît excellent bien qu'il ait la face terreuse et qu'il ait un peu de dypsnée : son pouls est bon, 80; température 37° 1. A peine l'ai-je quitté qu'il commence à se plaindre demanquer d'air; soif vive, subdélire, le pouls devient
très fréquent, les extrémités serefroidissent, et à sept heures du soir,
soixante heures après l'opération, il succombe.
— 27 —
Observation VII (Inédite).
(Due àl'obligeance de M. ledocteur Pousson.)
L..., de La Bastide, femme âgée dequarante-lmit ans. Début de la
maladie remontant à six ans. Violentes douleurs dans lamiction.
Cette observation n'a pu êtresuivie, la malade ne venant plus à la
consultation.
Observation VIII (Inédite).
(Due àl'obligeance de M. ledocteur Pousson.)
B..., de Tonneins, âgé de soixante-sixans.
Début de la maladie remontant à trois ans.
Hématurie spontanéedepeu dedurée il y atroisans. Il y a un an etdemi, nouvelle hématurie depeu de durée, et sans cause apprécia¬
ble. Depuis quelques semaines le pissement de sang est intense,
presque continu; parintervalles, les urines cessentd'être sanglantes,
etsortent claires et limpides. Envies d'uriner fréquentes, douleurs
au moment de la sortie des caillots.
Signes physiques. — Canal libre, la vessie se vide bien, les der_
nières gouttes introduites dans sa cavité sont teintées derouge.
L'exploration à l'aide de l'instrument métallique ne révèle aucun
néoplasmeen relief; prostate légèrement hypertrophiée.La palpation
bimanuelle fait constater un csrtain épaississement des parois de la
vessie du côté gauche.
Evolutionet terminaison. — L'exploration augmentel'hématurie, quipersiste les jours suivants sanspouvoir être arrêtéepar les
hémos¬
tatiques, la mort survientpar affaiblissement progressif quinze jours après ma consultation. Durée totale de l'affection : troisans.
ip50vA' A f
-i.- Us
- 28
-ObservationIX (Inédite)
(Duo à l'obligeance deM. le docteurPoisson.)
P.... liomme, de Bordeaux, âgé desoixante-huit ans.
Début de la maladie il y a un an.
Symptômesfonctionnels. —
Hématurie
sanscause,il
y a un an ;ellea duré quatre jours. Depuis cette époque et
à intervalles variant
de un mois à deux mois et demi, les hématuries se sont reproduites,
durant chaque fois de six à huit jours. Unjour, à la suite
d'un
voyageet d'un léger excès de table, le malade a eu une
rétention complète,
pour laquelle il me fait appeler après vingt-quatre heures
de souf¬
frances.
Signesphysiques. — Unesondeen gommen°
16 pénètre
sansdif¬
ficulté, et évacue 400 grammes d'un liquide rouge-brun, sans
caillots.
J'arrête là l'évacuation, et la complète par des sondages répétés et antiseptiques dans les trente-six heures.
Apartir de ce moment le malade qui n'a pas de
fièvre, et dont
l'état général estexcellent, se sonde régulièrement
toutes les six
heures. Les urines restent teintées avec des alternatives, plus ou moins foncées pendant plus de trois semaines, puis elles
cessent
complètement de contenir du sang. L'exploration de la
vessie
par l'explorateur et le toucherbimanuel demeureabsolument négative,
maisdétermine unsaignementassez abondant.
Evolution etterminaison. —De la dernièrequinzaine demai 1889
à 1898 le malade n'a plusune seule hématurie: il sesonde, et se lave régulièrement avecl'eau boriquée. Je le
considérais
comme un pros¬tatique lorsqueen 1893 il mefait appeler. Je le trouve
très
amaigri-pale, et pouvant à peine se tenir sur ses jambes.
Ses urines sont
noirâtresetfétides. En palpant la région hypogastriqueje suissur¬
pris de trouver une énorme tumeur
simulant
par sonsiège et
saforme une énorme distension de la vessie par l'urine. Cependant, il n'y a pas de rétention, l'exploration intra-vésicale et le toucher
bimanuel permettent d'affirmer que la vessie est remplie par une énorme tumeur solide. Lemalade meurt avant qu'on ait pul'opérer.
L'autopsien'a pu être faite.
Durée totale de l'affection: cinq ans.
ObservationX (Inédite)
(Due àl'obligeance de M. le docteur Pousson.)
H.... âgé de cinquante-quatre ans.
Symptômesfonctionnels. — Hématurie subite il y a
deux
ans,à la
suite d'un effort pour soulever une malle? Depuis cette époque, les
troubles dysuriques consistent en besoinsfréquents d'uriner,
douleurs
à la fin de la miction et souvent hématuries terminales.
A certains moments les urines sont troubles, purulentes etglaireu¬
ses; maisordinairement, elles sont limpides etnecontiennent du sang
que dansles dernières gouttes émises.
Signesphysiques. —L'examen de la région
rénale est négatif; la
vessie, tolérante, selaisse distendre par une injection boriquée qui
revient incolore en grande partie, les dernières gouttes
étant
assezfortement teintées en rouge. A l'explorateur métallique, la
vessie est
épaissie, à gauche et prèsdu bas-fond. Cetépaississement est égale¬
ment constaté par la palpationbimanuelle.
Evolution et terminaison. — Le malade entreà l'hôpital
Saint-André dans leservice de M. A- professeur Lanelongue, et quelque
temps après, ilest opéré d'une tumeur siégeant à
gauche et
enar¬rière dutrigone. Guérison opératoire, j'ignore ce que
le malade est
devenu.
Observation XI (Inédite)
(Due àl'obligeancede M. le docteurPousson.)
H..., âgé de cinquante-six ans,
malade depuis six mois.
Symptômes
fonctionnels.
—Envies fréquentes d'uriner, surtout la
nuit;urinestroubles avecdépôtsassezabondants,
mais
nonsanglantes.
Le maladeabeaucoup maigri, et s'est affaibli
énormément.
Signesphysiques. —Vessie
très distendue,
sevide incomplètement.
Prostate non augmentée de volume, lisse,
régulière. Le bas-fond
a perdu de sa souplesserégulière, etprésente
parplaces des
noyaux quel'on senttrès bien en combinant la palpation bypogastrique avec le
toucher rectal.
Suites. — Malade perdu de vue.
Observation XII (Inédite).
(Due àl'obligeance de M. le docteur Pousson.)
Maladeâgé de cinquanteans, a ressenti des douleurs dans le
bas-ventre il y a un an.
Jamais deblennorrhagie, ni aucune affection des organes
génito-urinaires. Il y a un an, hématurie sans cause appréciable ; cette
hématurie durequelquesjours, puis l'urine reprend sacolorationnor¬
male. 11 y adeux mois, nouvellehématurie, survenueégalement sans motif. Troisième hématurie remontant à huit jours, a eu les mêmes caractères queles deuxprécédentes. En dehors de ces crises les urines
sont toujours claires, limpides, et ont leur coloration habituelle.
Aucune douleur, aucun trouble de la miction.
— o1 —
Signes physiques. —Au toucher rectal, prostate souple, lisse, sans
aucune augmentation de volume. L'examen de la vessie est négatif.
Suites. — Malade perdu de vue.
Observation XIII (Inédite).
(Due àl'obligeance de M. le docteurPousson).
IL.., âgé de soixante-quatre ans, malade depuis deux ans.
Hématurie spontanée il y a deux ans, s'est reproduite depuis, à
différentes reprises,à des intervalles, d'abord éloignés, puis déplus en plus rapprochés. En dehors dupissement de sang,les urines ont
leurs
caractères normaux ; le malade n'ajamais ressenti aucune douleur depuis le commencement desa maladie.
Signesphysiques.— La vessie sevide hien, lorsque
je l'examine les
urines sont incolores mais, lorsqueje presse surla vessiepourévacuer
lesdernières gouttes, avecla sonde, ellessortent
teintées
en rouge.Sur
le côté droit de la vessie,je sens une induration et un certain relief.
Au toucher rectal, la prostate, lisse, paraît un peu
augmentée
devolume. La palpation bimanuellefaitsentir quela
paroi
gauchede la
vessie a perdu de sa souplesse, et qu'elle forme tumeur.
Suites. — Le malade perdant du sang depuis plusieurs semaines, lorsque je le vis, était complètement
affaibli. Je lui proposai
une opération palliative,pour mettre un termeà l'hémorrhagie, la
cysto-tomie sus-pubienne, mais lemalade refusa.
Six semaines après, le maladô succomba, à