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4. DE L'INSTABILITE EN PLACEMENT AUX PARCOURS DE PLACEMENTS : UNE QUESTION

4.2. Une quasi-absence d'études sur les parcours de placements

Très peu d'études rendent compte du parcours de placements des enfants. L'étude la plus récente qui permet d'analyser le plus de caractéristiques du parcours de manière simultanée est celle de Kim et al. (2012). Ces auteurs soulignent que les études dont la centration principale porte sur les parcours de placements sont des exceptions. En effet, ils n’ont recensé que trois études leur permettant d’appuyer leurs travaux sur les parcours de placements d’enfants. Ces trois études, toutes menées aux États-Unis, sont celles de Usher et al. (1999), Wulczyn et al. (2003) ainsi que James et al. (2004). Elles se démarquent toutes trois par la prise en compte de plus d'une dimension du parcours de placements.

Par exemple, en portant une attention particulière au moment de survenue des déplacements, James et al. (2004) ont identifié quatre parcours de placements selon le niveau de stabilité et le moment d'acquisition de cette stabilité. Près du cinquième (19,8 %) des enfants a emprunté un parcours « instable », comportant au moins un déplacement au cours des neuf premiers mois du placement. Si la principale force de cette étude est l'obtention de parcours de placements types qui permettent des comparaisons entre eux, James et al. (2004) n’ont étudié les parcours de placements que sur une période de 18 mois, ce qui ne tient pas compte des placements vécus avant et après cette période. La principale force de cette étude est l'obtention de parcours de placements types qui permettent des comparaisons entre eux. James et al. (2004) profitent d'ailleurs de cet avantage pour comparer les parcours de placements obtenus avec la présence de problèmes de comportement, un avantage important dans l'optique de notre thèse. En fait, leurs résultats démontrent l'avantage d'établir une typologie pour étudier les facteurs qui peuvent être associés à l'instabilité dans les parcours

de placements. Rubin et al. (2007) reprennent la typologie de James et al. (2004), pour évaluer les effets des parcours de placements sur les problèmes de comportement. Ces résultats démontrent que les enfants de la typologie instable auraient 36 % plus de risque d'avoir des problèmes de comportement 18 mois plus tard que les jeunes de la typologie caractérisée par une stabilité tardive, et 63 % plus à risque que les jeunes ayant atteint une stabilité précoce.

Kim et al. (2012) tracent quant à eux des parcours de placements sur quatre années. Ils décrivent également les placements antérieurs à cette fenêtre de temps faisant en sorte que cette étude couvre une importante période de temps. Leur objectif est de proposer un outil d'analyse qu'ils nomment Placement History Chart pour définir les parcours de placements au moyen d’un ensemble de caractéristiques : le nombre de placements, leur durée, le type des milieux d'hébergement, la séquence des placements et des retours dans la famille et le changement de parents substituts. Ces auteurs sont d'ailleurs les seuls à avoir intégré ces deux dernières caractéristiques. La figure 1 démontre que ces différentes informations sont distribuées sur une ligne du temps en utilisant des couleurs différentes selon le milieu d'hébergement. Les placements sous la ligne médiane représentent des placements qui se veulent permanents. L'échantillon de Kim et al. (2012) était composé de 117 enfants âgés en moyenne de 4,4 ans au début de l'étude. Pour être admissibles à l'étude, ces enfants devaient débuter un nouveau placement (en excluant les placements chez un tiers) pour au moins trois mois, peu importe s'ils avaient ou non été placés antérieurement. Cet échantillon, puisé aléatoirement à même un échantillon plus large, comportait des enfants ayant déjà vécu quatre placements en moyenne. Les résultats indiquent que les enfants vivent en moyenne sept transitions (placements et retours dans la famille) de leur naissance à la fin de l'étude et 44,4 % d'entre eux vivent au moins une tentative de retour infructueuse dans leur famille. Également, ils rencontreraient en moyenne cinq nouveaux intervenants au cours de leur parcours. La durée moyenne des placements était de 231 jours et la durée cumulée des placements allait de 55 jours à 2988 jours.

Figure 1: Aperçu du Placement History Chart

Tirée de Kim et al. (2012, p.1462)

Le modèle proposé par Kim et al. (2012) est particulièrement riche puisqu'il intègre un ensemble d’indicateurs qui permet de décrire de façon détaillée les parcours de placements des enfants. Ces auteurs qualifient eux-mêmes leur étude comme la description la plus détaillée et continue des parcours de placements d'enfants. Pourtant, si cette étude est la plus précise de la littérature, elle a tout de même certaines limites. D'abord, le groupe d'âge étudié était relativement jeune (4,4 ans au départ). Or, l'adolescence nous apparaît comme une période particulièrement névralgique lorsqu'il est question du risque d'instabilité (Wulczyn et al., 2003). Enfin, les auteurs ont proposé un modèle permettant d'illustrer des parcours sur une base individuelle, sans toutefois dégager des profils « types » pouvant caractériser des sous-groupes au sein de leur échantillon.

Seule l'étude de Kim et al. (2012) rend compte de l'ensemble des dimensions présentées et celle-ci est très récente. Ces auteurs suggèrent que la prise en compte de ces différentes caractéristiques permettrait ultimement d'identifier des parcours similaires sur

certains aspects, et d'autres dissemblables. Ils proposent d'ailleurs d'identifier des parcours de placements types dans le but de tester l’influence de ceux-ci : « the different placement trajectory groups could be compared on outcomes of interest, including measures of psychosocial adjustment (...)29 » (Kim et al., 2012, p.1463).

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