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PARTIE 2 : LE DROMADAIRE ET SON IMPORTANCE EN AFRIQUE

I- Généralités

6. Une physiologie générale adaptée au milieu de vie

Les camélidés, font partis des ruminants, et pourtant ils présentent certaines analogies avérées avec les équidés et les porcins ainsi que des particularités spécifiques à cette espèce. Certaines de ces particularités ont permis l’explication de phénomènes physiologiques d’adaptation chez les dromadaires (27).

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6.1. Adaptation à la chaleur du milieu de vie

Contrairement à l’idée reçue la bosse du dromadaire n’est pas une réserve d’eau, mais d’énergie. Il s’agit d’un amas de tissus adipeux blanchâtre pouvant atteindre les 90 kg pour un animal engraissé (20). La teneur de la bosse en matière grasse varie de 53 à 68 g pour 100g (28). Cette accumulation localisée évite au gras de se répandre en région sous-cutanée dans les autres parties du corps. Le dromadaire se refroidit alors mieux. Ce regroupement localisé des graisses sur le dos de l’animal joue ainsi un rôle dans sa thermorégulation. En effet l’absence de gras sous-cutané facilite la dissipation de la chaleur. De plus grâce à cette importante réserve lipidique, il produit une grande quantité d’eau métabolique par des réactions physiologiques d’oxydation des graisses.

En saison chaude, il peut rester sans boire 2 à 3 semaines et en saison plus douce 4 à 5 semaines. Après une longue période de privation le dromadaire est capable de consommer 200 litres d’eau en quelques minutes, ce qui fait de lui le seul mammifère capable de boire autant d’eau aussi rapidement. En effet, chez les autres animaux, l’absorption d’une trop grande quantité d’eau entraîne l’éclatement des globules rouges, ce qui peut conduire à la mort de l’animal (29).

Le dromadaire a la capacité de faire varier sa température interne en fonction de la chaleur externe dans une proportion importante de l’ordre de 8°C (34-42°C) ce qui autorise à considérer que cet animal n’est pas un strict homéotherme (27). Lorsque la température ambiante décroît, la température interne du dromadaire peut descendre à 34°C. Cependant, durant les heures les plus chaudes, la température peut atteindre une valeur maximale de 42°C (29,30). Pour la plupart des mammifères un écart de température corporelle aussi important entraine la mort.

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6.2. Adaptation à la sous-alimentation des zones désertiques

En milieu désertique les ressources alimentaires sont faibles, dispersées et très variables dans le temps. Le dromadaire présente une meilleure capacité à digérer les fourrages pauvres d’un point de vue nutritionnel par rapport aux autres ruminants domestiques. Cette supériorité s’explique par une plus grande rétention des particules solides dans les pré- estomacs, se traduisant par un temps de contact plus long des aliments avec les micro- organismes qui les digèrent (26).

Dans toutes les espèces de mammifères, les lipides constituent la forme de stockage d’énergie la plus importante dans l’organisme, chez le dromadaire elle est concentrée dans sa bosse. Contrairement aux autres ruminants qui assurent l’essentiel de leurs besoins énergétiques à partir de la production d’acides gras volatiles et génèrent ainsi une faible quantité de glucose, le dromadaire présente une glycémie comparable à celle de l’homme (20,29). Il présente une glucogénèse très active au niveau du foie et du rein, ce qui lui permet de maintenir une glycémie presque normale en cas de privation de nourriture, sans cétogenèse.

De plus l’urine du dromadaire est très concentrée, ce qui lui permet d’économiser un maximum d’eau, notamment en cas de déshydratation (29). Le foie est aussi un organe qui diminue les rejets liquides en recyclant son urine soit en protéines soit en eau. Lorsque le dromadaire dispose d’une ration déficitaire en protéines, la quantité d’urée excrétée devient très faible. En situation de déficit protéique, il excrète 1% seulement de son urée, contre 23% chez le mouton. Ainsi, le dromadaire a la capacité de recycler de façon importante l’urée, ce qui permet de répondre aux déficits protéiques d’origine alimentaire et de maintenir la protéosynthèse ruminale.

En ce qui concerne les minéraux, le métabolisme du dromadaire est orienté vers une anticipation des périodes de sous-nutrition minérale. Il signe son adaptation à ces périodes de restriction alimentaire par divers mécanismes tels que l’augmentation des capacités d’absorption en cas de pénurie, une plus grande capacité de stockage de certains éléments minéraux, une plus grande tolérance à certains électrolytes et le maintien des activités enzymatiques de base en dépit des situations déficitaires (26,29,31).

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6.3. Physiologie de la reproduction

La femelle dromadaire présente des particularités de la physiologie de la reproduction qui se caractérise par une puberté et un âge de mise à la reproduction tardifs. La gestation dure en moyenne une année avec un intervalle entre les mises bas qui peut dépasser deux années (Figure 37). L’activité sexuelle se déroule généralement durant la période où les températures sont basses et les pluies abondantes, et où l’herbe est de qualité. La saison sexuelle s’étend alors du mois de novembre au mois d’avril en Arabie Saoudite et en Tunisie par exemple. Le cycle des camélidés est à ovulation provoquée en réponse à un coït (pic de LH déclenché par l’accouplement). Ainsi à la fin de la croissance folliculaire, s’il n’y a pas de coït, l’ovulation n’est pas induite et donc le follicule régresse (32,33).

L’ovulation chez les camélidés se produit 24-48 h après l’accouplement. Il est bien établi maintenant que l’accouplement avec un mâle complet ou vasectomisé induit l’ovulation chez les camélidés, mais le mécanisme précis n’est pas encore bien connu. Chez la femelle dromadaire, le déterminisme de l’ovulation est une combinaison de stimulus incluant des facteurs chimiques du plasma séminal, des réponses neuro-hormonales liées au coït et des effets des phéromones mâles.

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