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Une brève synthèse des principaux résultats est présentée

d’oiseaux tropicaux dans leurs habitats océaniques

Annexe 4). Une brève synthèse des principaux résultats est présentée

2.4.2 Principaux résultats

Cette synthèse des principaux résultats issus des deux études publiées tente de mettre en évidence les principales caractéristiques des deux communautés d’oiseaux étudiées, celles d’Europa et de la Réunion. Ainsi, il est possible, malgré les différences géographique et d’échantillonnage, de trouver des caractéristiques communes aux communautés des deux îles (Tableau 2.9).

La diversité en espèces est relativement faible avec des espèces qui peuvent être des

résidentes temporaires et une proportion importante d’espèces visiteuses, aux effectifs réduits. Ces espèces visiteuses se distribuent principalement au large des colonies.

Quelle que soit l’échelle d’étude, il existe une structuration de la communauté en fonction de la distance à la côte (Figure 2.9). Autour de la Réunion, où la bathymétrie et la distance à la côte sont corrélées, les noddis à bec grêle sont principalement répartis le long du tombant, alors que les pétrels de Barau, les sternes fuligineuses et les puffins d’Audubon sont essentiellement au large. Les noddis bruns et les puffins du Pacifique présentent une distribution plus large dans la zone d’étude (Figure 2.9A). Autour d’Europa, les espèces en reproduction présentent également une distribution en fonction de la distance à la côte. Les fous à pieds rouges sont quasiment exclusivement rencontrés entre 100km et 150km, alors que les sternes et les frégates se distribuent partout dans la zone prospectée et jusqu’au delà de 250km de l’île (Figure 2.9B).

Dans les deux communautés, les individus pêchent surtout en bancs plurispécifiques. Les densités d’oiseaux en pêche étaient plus fortes lorsque la pêche se déroulent en association avec des prédateurs marins (Figure 2.10), surtout lorsque ceux-ci étaient des thons de surface. Les mammifères marins sont également très attractifs pour les oiseaux marins en pêche. Les noddis bruns et les sternes fuligineuses, sont respectivement les espèces les plus abondantes autour de la Réunion et autour d’Europa. Leur grande abondance provoque une répartition spatiale large autour de la colonie, lorsque les individus sont en recherche alimentaire. Leur densité est significativement plus élevée que celles des autres espèces et leur distribution plus large.

De ce fait, les individus en mer constituent un réseau d’oiseaux qui prospectent à faible distance les uns des autres et couvrent de grandes surfaces. Les deux espèces sont par

0 5 1,0

1,5 Noddi à bec grêle

Puffin du Pacifique

Paille en queue à brins blancs

0,0 0,2 0,4 6 8 0 0-200 200-500 500-1000 1000-1500 > 1500 Bathymétrie (m) Sterne fuligineuse Puffin d'Audubon Petrel de Barau 0, 0, 0, 0, 1,

Nombre

moyen

d

’oiseaux

par

A)

B)

Distance à Europa (km) Nombre moy en de S F et de FP R par observ ation 0 10 20 30 40 Nombre moy en

de frégates par observ

ation

0 1 2 Sterne fuligineuse (SF)

Fou à pieds rouges (FPR) Frégates

0-50 50-100 100-150 150-200 200-250

Figure 2.9- Répartition des oiseaux marins, autour de la Réunion, en fonction de la bathymétrie (A) et, autour d’Europa, en fonction de la distance à la côte (B)

Distribution of the seabirds in the vicinity of Réunion Island according to the depth (A) and around Europa according to the distance to the shore (B)

Type d'association N o mb re d'o is eau x p a r observ a ti on 0 20 40 60 80 100 N o m b re de paille en q u

eue par obser

va ti on 0 1 2 Noddi brun Noddi à bec grêle Sterne fuligineuse Puffin d'Audubon Puffin du Pacifique Paille en queue

Aucune Poissons divers Dauphin Thon

Type d'association Nom b re d'oi sea ux pa r observ ation 0 50 100 150 200 250 300 N o mbre de f

régates par observ

a ti on 0 1 2 3 4 5 6 Sterne fuligineuse Fou à pieds rouges Frégates

Aucune Autres Dauphin Thon

B)

A)

Figure 2.10- Evolution du nombre d’oiseaux par observation, en fonction du type d’association, autour de la Réunion (A) et d’Europa (B)

Evolution of the number of birds per observation according to the type of association around Réunion Island (A) and Europa Island (B)

d’après (from): Jaquemet et al 2004 (Annexe 3) & Jaquemet et al sous presse (Annexe 4)

conséquent souvent catalytiques des événements de pêche. Dès qu’un individu, ou un petit groupe d’individus, trouve une source de nourriture, les autres oiseaux de la même espèce et des autres espèces, présents à proximité, profitent du stimuli visuel que représentent les premiers en pêche. A l’inverse dans les deux communautés, les pailles en queue sont des espèces solitaires dans leur recherche alimentaire et le plus souvent lorsqu’ils sont en pêche. Les espèces visiteuses, finalement, vont souvent profiter des bancs en pêche des espèces résidentes pour venir s’alimenter.

L’effet sur la distribution et l’abondance des oiseaux marins des Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) fixes, qui sont mouillés autour de la Réunion, n’a pu être

démontré que sur deux espèces, le puffin du Pacifique et le puffin d’Audubon. Autour d’Europa, à plus grande échelle, la majeure partie des espèces était attirée préférentiellement par les zones où la production primaire était la plus élevée et où les poissons volants étaient les plus abondants.

2.4.3 Discussion

La comparaison de deux communautés d’oiseaux marins tropicaux (Réunion et Europa) a permis de mettre en évidence certaines particularités communes concernant leur structure et leur fonctionnement, bien que les espèces communes entre les communautés soient peu nombreuses. Sur les 22 espèces recensées au total, trois seulement étaient communes aux deux îles, dont deux nicheuses (Puffinus lhierminieri et Phaethon lepturus). Les espèces résidentes présentent donc des assemblages spécifiques majoritairement différents, entre les communautés. Il est intéressant de noter que les espèces visiteuses diffèrent également entre le sud du canal du Mozambique et le sud du bassin des Mascareignes, alors que les conditions de température et de salinité de surface ne présentent pas de différences marquées (Tomczak & Godfrey 1994).

La distribution des oiseaux est un facteur qui structure fortement les communautés au sein

de leur habitat marin. La répartition des espèces selon un gradient côte large, à plusieurs échelles, a déjà été souvent démontrée pour d’autres communautés (Hunt & Schneider 1987, Hulsman 1988, Yen et al 2004, Ainley et al 2005). Cependant les similitudes de répartition observées entre les deux communautés n’ont pas la même origine. Autour de la Réunion, les oiseaux ne sont pas limités par la distance et la ségrégation spatiale traduit un choix de pêcher dans des secteurs différents en fonction du type de proies recherché. Autour d’Europa, le gradient observé dans la distribution spatiale traduit des différences dans les capacités de

recherche alimentaire. La distance par rapport à la colonie évoque donc à la fois les différences de capacités de mouvements des différentes espèces et les différences de répartition des proies dans le milieu (Ballance et al 1997). En effet, le coût énergétique du vol, chez certaines espèces, limite leur capacité de déplacement (Spear & Ainley 1997) et par conséquent leur rayon de prospection alimentaire, surtout en période de reproduction. Par ailleurs, la distance à la colonie et la bathymétrie sont corrélées. Or la répartition des proies est souvent liée à la bathymétrie (Hunt & Schneider 1987, Hunt et al 1999, Yen et al 2004). Il en résulte des associations particulières entre certaines espèces d’oiseaux et les eaux peu profondes, situées à distance modérée de la côte. Les noddis à bec grêle sont ainsi associés au plateau autour de la Réunion, mais également aux Seychelles, comme dans d’autres écosystèmes (Harrison et al 1983, Hulsman 1988). A petite échelle, il est possible de distinguer des espèces côtières et des espèces océaniques, au sein des communautés. Au sein des espèces océaniques, les contraintes énergétiques propres à chaque espèce vont également provoquer une ségrégation dans la distribution des individus, à moyenne échelle.

La plus forte abondance en oiseaux observée dans les zones où la production primaire était

la plus élevée autour d’Europa et l’influence réduite des DCP autour de la Réunion, suggèrent que les individus cherchent à se concentrer dans les zones où la probabilité de rencontrer des bancs de prédateurs en chasse à la surface est élevée. En effet, le rôle trophique des DCP pour les poissons pélagiques n’est pas l’hypothèse qui est la plus retenue actuellement pour expliquer l’agrégation de ces poissons autour de ces objets (Fréon & Dagorn 2000, Castro et

al 2002). Chez les grands pélagiques, les DCP favoriseraient essentiellement la rencontre des

individus,. Par conséquent, il est certainement préférable pour les oiseaux de chercher activement des sources potentielles de nourriture, qui sont le plus souvent éphémères, plutôt que de rester sur un lieu où les thons sont susceptibles de passer, sans forcément favoriser les remontées de proies, en surface. Cette stratégie de recherche active joue également un rôle important sur la structure spatiale à moyenne échelle de la communauté dans l’habitat marin. Il existe dans l’écosystème des taches de concentration en oiseaux qui sont liées à la distribution des sources potentielles de proies (Schneider 1993). La structuration des communautés d’oiseaux marins tropicaux selon un gradient de productivité observée dans le Pacifique (Ballance et al 1997) est donc confirmée dans l’océan Indien. D’une manière générale, les oiseaux cherchent les zones les plus productives pour accroître leur succès de nourrissage. Cependant, en fonction des contraintes énergétiques liées au métabolisme basal, au vol, à la reproduction et à la morphologie des espèces, les individus se distribuent plus ou moins largement dans l’écosystème.

La recherche alimentaire collective, fondée sur des comportements individuels, en tissant un

réseau de prospecteurs est une stratégie développée par les espèces les plus abondantes pour accroître leur taux de rencontre avec les sources de nourriture. Ce phénomène de « coopération indirecte » est une adaptation de la vie en colonie (Wittenberger & Hunt 1985). Cependant, cette stratégie est avant tout fondée sur le comportement individuel des oiseaux qui cherchent leurs propres informations sur la présence de proies, directement en surveillant la surface de la mer, et indirectement en surveillant les autres individus (Nevitt & Veit 1999). Ainsi, la découverte de source de nourriture s’effectue à la fois directement si un individu ou un groupe d’individus trouve une autre source potentielle de nourriture et indirectement pour les oiseaux qui se trouvent à proximité. En effet, la découverte de proies provoque des comportements de pêche caractéristiques chez les oiseaux, qui changent fréquemment de direction, d’altitude et de vitesse (Kareiva & Odell 1987). Ces comportements informent les autres oiseaux de la présence de proies. Ce phénomène est connu chez les oiseaux à différentes latitudes et se nomme « accroissement local» (local enhancement) (Wittenberger & Hunt 1985, Nevitt & Veit 1999, Davoren et al 2003).

Dans les habitats marins, la structuration des communautés d’oiseaux tropicaux se ferait donc en fonction de l’habitat dans lesquels les différentes espèces se nourrissent et selon les stratégies de recherche alimentaire et d’exploitation des ressources, développées par les différentes espèces. La taille des populations reproductrices en particulier joue un rôle important dans ces stratégies. Ces stratégies ont été sélectionnées au cours de l’évolution et les espèces, au sein des communautés, présentent des adaptations morphologiques, physiologiques et comportementales caractéristiques qui sont en relation avec leurs techniques de recherche alimentaire. La suite de ce travail s’intéresse donc à ces stratégies individuelles de recherche alimentaire en fonction des contraintes spécifiques des différentes espèces.

2.5 Stratégies individuelles de recherche alimentaire de