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C. Comparaison à la littérature

2. Une approche globale centrée sur la patiente

L’avantage de la médecine générale est l’approche de la patiente dans sa globalité. Dans notre étude, les médecins généralistes sont bien conscients de l’avantage qu’ils ont dans la prise en charge du patient. Le médecin connaît mieux la personne et peut prendre en compte les facteurs de risque liés à son mode de vie ou de son entourage lors de la prévention et du dépistage. En effet, la connaissance de l’environnement de la patiente est un réel bonus dans la prise en charge. Nous n’avons donc pas seulement la vision focalisée d’un spécialiste sur un organe mais plutôt une vision globale prenant en compte tous les paramètres intérieurs ou extérieurs ayant de près ou de loin une influence sur notre patient. C’est donc essentiellement sur ce point d’approche globale centrée sur le patient que seule la médecine générale parvient à se démarquer. Ainsi, la médecine générale donne accès à un service que nul autre spécialiste ne peut offrir. La notion de prise en charge globale de la femme par le médecin généraliste a aussi été retrouvée dans la thèse de BURNAY J. (16)

De plus, lorsque nous demandons aux médecins généralistes comment ils abordent la gynécologie en consultation, beaucoup d’entre eux nous répondent que c’est grâce à la contraception mais aussi en abordant le dépistage en général pour ensuite aborder le FCU et la mammographie. Grâce à cette approche, ils peuvent par la suite aborder la gynécologie dans sa globalité. Le dépistage et la contraception représentent donc tous deux une porte d’entrée à l’introduction de la gynécologie en consultation par le médecin généraliste. Cette même approche, passant par le dépistage et la contraception, n’a pas été retrouvée dans une autre étude car ce champ n’a pas été exploré jusqu’ici, notre étude a donc bien introduit cette nouvelle notion.

La notion de violence obstétricale ressortie dans notre travail par les médecins généralistes interrogés est un sujet d’actualité. En effet, le Haut conseil d’égalité entre les femmes et les hommes a publié un rapport concernant les violences obstétricales le 29 juin 2018 (25), décrivant que « Plus de 7000 femmes ont dénoncé des propos porteurs

d’injonction sur leur poids ou leur sexualité, sur leur volonté ou non d’avoir un enfant, des examens vaginaux brutaux ou des actes pratiqués sans leur consentement, jusqu’à des violences sexuelles… Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves et sont le fait de soignant.e.s – de toutes spécialités – femmes et hommes, qui n’ont pas nécessairement l’intention d’être maltraitant.e.s. ».

Dans ce rapport ils stipulent que cette prise en charge inadaptée serait due à « La

multiplicité d’occasions en comparaison avec d’autres suivis médicaux (une femme aura en moyenne 50 consultations gynécologiques et obstétricales au cours de sa vie), l’insuffisante prise en compte du caractère particulièrement intime de ces consultations, le sexisme encore très prégnant dans le secteur médical : 86% des internes en médecine (95% des femmes et 68% des hommes) déclarent avoir été exposé.e.s à du sexisme, l’histoire de la gynécologie médicale, marquée, à l’origine de la spécialité, par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter), ou encore le manque de moyens humains et financiers alloués au secteur de la santé, et en particulier dans les maternités ».

Selon nos médecins interrogés, ce genre d’évènements relatés par leurs patientes entraînent de fortes réticences à reprendre un suivi gynécologique par la suite, voire même des blocages psychologiques chez les patientes. Cette notion était retrouvée dans le travail de CARLES K. (26) sur les freins et les facteurs de motivations à la consultation gynécologique chez les femmes de 50 à 65 ans, qui définissent l’examen gynécologique comme étant « gênant et désagréable ». Le travail d’YVON A. (27), une étude qualitative sur le vécu du premier examen gynécologique, allait dans ce sens. Il ressortait une part de peur et d’angoisse concernant l’examen gynécologique des jeunes femmes, dues aux mauvaises expériences décrites par les proches (mère, amies). Ces jeunes femmes craignaient donc la douleur, la gêne, la nudité, le jugement.

Ces réticences de la part des patientes étaient bien décrites comme étant des freins à

l’abord de la gynécologie en consultation dans notre étude. Les médecins généralistes pratiquant les examens gynécologiques nous confient la patience dont ils doivent faire preuve afin de mieux comprendre les raisons de ce blocage, et ainsi de prendre le temps d’en parler, de rassurer et d’expliquer à leurs patientes les enjeux d’un suivi gynécologique régulier.

Les médecins généralistes s’appuient donc sur l’empathie parfois même la sympathie et la bienveillance pour créer ou solidifier une relation de confiance, permettant ensuite de diminuer les craintes de leurs patientes pour prendre en charge le suivi gynécologique de manière optimale. La relation de confiance avec la patiente est un des points majeurs qui ressort de notre étude. Les médecins affirment que cette notion est primordiale dans la prise en charge gynécologique de leurs patientes. Le but étant de mettre à l’aise la patiente afin qu’elle vive au mieux l’examen gynécologique, adhère de son plein gré à un suivi gynécologique régulier et diminuer les réticences lors de l’abord de la gynécologie en consultation. Les notions d’empathie et de la qualité d’écoute étaient largement ressorties de l’étude qualitative de LAGEYRE K. (24) portant sur les déterminants objectifs et subjectifs de la pratique gynécologique en médecine générale. La notion de « médecin de famille » ressortait de notre travail, avec des médecins qui disaient avoir construit une relation de confiance avec la patiente, mais aussi parfois avec son entourage, ce qui permettait une meilleure adhésion au soin et une meilleure écoute de la part de la patiente. Cependant il ressort de notre étude que ce statut de médecin de famille est parfois ambivalent, avec une relation trop proche pour aborder en plus cette intimité ensemble. Le travail de LAGEYRE K. (24) retrouvait cette notion. Une réticence bilatérale pouvait se mettre en place avec des médecins qui ne se sentent pas à l’aise d’aborder ce sujet avec les patientes qu’ils connaissent très bien. Le travail de BURNAY J. (16) soulignait aussi cette notion de gêne du médecin à aborder la gynécologie avec leurs patientes proches.

3. Les principaux freins à la pratique de la

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