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CHAPITRE 4 RÉSULTATS DE RECHERCHE

4.2. L A SYNTHÈSE DES COMPÉTENCES DE LECTURE ET DE LEURS COMPOSANTES

4.2.1. Un regard selon les compétences cognitives et affectives

Une des compétences cognitives et affectives sur laquelle ce mémoire se penche touche à la compréhension des messages multimodaux, et ce, peu importe le média. Dans la grille de Lebrun et al. (2013) et de Lacelle et al. (2015), retenue dans le cadre conceptuel de cette étude, cette compétence est titrée ainsi : Décoder, comprendre et intégrer un message multimodal. Cette dernière sous-entend que l’élève devrait pouvoir recevoir, reconnaitre le thème/topique et la macrostructure textuelle, sélectionner et distinguer l’implicite, réaliser des inférences et des prédictions, mobiliser ses savoirs, ses représentations et ses expériences antérieurs, distinguer réalité/fiction, interpréter le sens, organiser et retenir l’information, etc. De plus, cela inclut sa capacité à gérer les stratégies multimodales telles que la régulation, l’autorégulation, etc. Au regard des propos tenus par les participants, les dimensions sur lesquelles cette recherche s’arrête sont les suivantes : les inférences, la distinction réalité/fiction, l’organisation et la rétention de l’information ainsi que l’interprétation du sens.

En ce qui a trait aux compétences cognitives et affectives et à la compétence spécifique Décoder, comprendre et intégrer un message multimodal, il importe de souligner qu’elles ne sont pas mobilisées de manière identique, que ce soit entre les sujets eux-mêmes ou entre les types de BD. Dans cette analyse, c’est donc davantage un portrait global qui est présenté, les similitudes et les disparités marquantes étant mises de l’avant.

En ce qui concerne la capacité des élèves à réaliser des inférences (textuelles ou visuelles), il semble que, pour Radisson, les inférences textuelles sont moins bien conçues par Jean, Gaëlle et Carlos, alors que Hannah est celle qui fait les meilleures. Quant aux inférences visuelles, ils sont deux à moins les maitriser : Gaëlle et Carlos. Les données amassées pour Laflèche diffèrent. Trois élèves font une juste lecture des inférences visuelles, sauf Gaëlle. Quant aux inférences textuelles, Jean et Carlos les maitrisent, mais pas Gaëlle ni Hannah. L’humour contenu dans la BD Laflèche parait, à cet égard, troubler la compréhension de ces derniers sujets, notamment en ce qui a trait aux inférences

textuelles : ne saisissant pas toujours totalement la plaisanterie, ces sujets ne peuvent probablement pas comprendre finement ce qui est raconté. Celle qui a ainsi le plus de difficulté à saisir la part de l’humour est Hannah, ce qui explique possiblement pourquoi elle réalise moins adéquatement les inférences textuelles dans Laflèche que dans Radisson. Par contre, Jean et Carlos comprennent fort bien l’humour dans cette BD, particulièrement Carlos, qui lit même avec justesse l’expression des visages.

Quant à la distinction réalité/fiction, parmi les quatre lecteurs, Jean est le seul à remarquer que Radisson est rédigé «d’après l’autobiographie de Pierre-Esprit Radisson». Par la suite, il en vient logiquement à croire que tout ce qu’il lit est vrai parce que c’est «historique» et «réaliste». Cette vision est relativement généralisable à tous les sujets, qui pensent que, dans cette BD, tout est plausible, sauf des éléments frappants (d’ailleurs visuels) tels que la présence d’un immense «lézard» ou encore certains choix de l’auteur en ce qui concerne le récit.

Ainsi, tous semblent peu remettre en question ce qu’ils lisent, autant dans les images que dans le texte. Pour Radisson, la plus grande différence entre les participants se révèle dans les réponses données sur la présence des éléments les moins vraisemblables : Jean dit en retrouver dans les deux modes, Hannah tout comme Gaëlle, dans le récit, et Carlos, dans les images. Dans Laflèche, grâce à la présence de l’humour, trois élèves perçoivent facilement les indices qui désignent certaines invraisemblances, sauf Hannah, qui considère même que «cette histoire s’est surement déjà passée».

De plus, Jean, Hannah et Carlos retrouvent le vrai en se fiant à leurs connaissances (scolaires ou personnelles), tandis que Gaëlle s’appuie sur le texte pour le déceler. D’ailleurs, elle annonce que la trame de fond est vraie : une Algonquienne se fait enlever et sa famille tente de la récupérer. Ici, elle ne semble pas faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui est possible ou vraisemblable. En outre, trois élèves, sauf Jean qui affirme que cette BD est «faite pour ridiculiser», pensent que cette BD est vraisemblable dans le sens où ce qui est présenté «aurait pu arriver». Selon cette interprétation, il est certain que l’histoire est probable. Par contre, tous réussissent à identifier des éléments moins

vraisemblables. Ainsi, trois élèves considèrent que ceux-ci sont davantage présents dans les deux modes, sauf Gaëlle qui les voit dans les images seulement.

En ce qui a trait à la dimension sur l’organisation et la rétention de l’information, une unité de réponses est constatée. Effectivement, dans Radisson, pour trois élèves, l’apprentissage des faits historiques est possible grâce aux deux modes (texte et image), sauf pour Gaëlle qui déclare qu’apprendre s’effectue grâce au texte seulement, car ce dernier «explique» et procure un contexte. Même si elle relie le contexte avec le texte, elle ne semble pas prendre conscience que l’un va avec l’autre. Quant aux trois autres, ils précisent que les images illustrent, tandis que le texte donne des définitions et raconte ce que le dessin montre. De même, dans Laflèche, des similitudes transparaissent : Jean, Gaëlle et Carlos avouent apprendre les faits historiques grâce aux images, alors que Hannah est la seule à exprimer qu’elle peut apprendre des faits historiques dans les deux modes. Pour elle, le texte apporte beaucoup d’informations et les images les complètent.

Pour ce qui est de l’interprétation du sens, autant dans Radisson que dans Laflèche, tous réussissent à expliquer le sens des mots requis, mais sans percevoir concrètement à quels indices ils se réfèrent pour arriver à cette compréhension. Pour définir «emplâtre» dans Radisson, Jean et Hannah s’appuient sur leurs connaissances scolaires et sur le texte, dont le mot «plâtre» inclus dans «emplâtre». Par contre, Gaëlle et Carlos se rapportent au texte (particulièrement au mot «racines») ainsi qu’aux images, dont celle de la mère qui soigne avec un couteau dans les mains. Cependant, pour Laflèche, Jean, Hannah et Carlos devinent la définition de «déroger» grâce au texte (ou contexte), tandis que Gaëlle dit saisir grâce aux deux modes : texte et images. Pour ces quatre élèves, le contexte est un concept vague, qu’ils peinent à percevoir clairement. Or, à travers leurs commentaires, il s’avère que, derrière le terme «contexte», ils sous-entendent souvent le mot «texte». Par exemple, Jean, tentant d’expliquer comment il devine la définition de «déroger», mentionne le mot «mission», qu’il repère dans le texte. Enfin, tous lisent avec exactitude les onomatopées dans les deux BD et sont capables de les élucider, au point de constater qu’elles induisent du son.

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