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Un haut niveau d’exploitation maintenu par l’importance des

7.2 Postulat principal

7.2.4 Un haut niveau d’exploitation maintenu par l’importance des

qui externalise sur les plus faibles et les ressources

naturelles les coˆuts de sa r´egulation

Pour comprendre le fonctionnement de ce bricolage institutionnel qui m`ene `a des niveaux concrets d’exploitation en forˆet, il ne faut pas seulement analyser les logiques poursuivies par les acteurs lors de leurs actions. Il est aussi n´ecessaire de comprendre qui d´efend les logiques, en particulier dans le cadre de d´es´equilibres politiques importants au sein des communaut´es humaines. En effet, en jouant sur le pluralisme l´egal, les acteurs les plus puissants (notables locaux, agents de l’AEF) arrivent plus souvent `a obtenir une issue de n´egociation avantageuse que les autres (chapitre 6). D’une mani`ere g´en´erale, leurs avantages se situent dans le maintien d’une exploitation intense qui leur permet d’exploiter intens´ement eux-mˆemes ou d’obtenir des pots-de-vin. Localement, lorsque les sanctions sont trop importantes ou que des subventions sont distribu´ees, ces acteurs savent garder leurs avantages : capture des ressources allou´ees `a la conservation, maintien de la

pression personnelle sur les ressources, maintien de la corruption `a coˆut ´elev´e et

invisible.

Les d´es´equilibres de pouvoir sont fortement li´es `a la richesse. En permettant des b´en´efices ´economiques disproportionn´es aux acteurs plus puissants, les r`egles qu’ils imposent leur permettent de reproduire leur pouvoir d´ecisionnel et de se maintenir en tant qu’´elite. Ainsi, lorsque des r`egles contraignantes sont appliqu´ees, elles le sont parce que c’est la configuration qui b´en´eficie le plus aux acteurs les plus puissants plutˆot que par une volont´e des acteurs `a prot´eger la forˆet. Par cons´equent, les avantages des pauvres et l’´etat de la forˆet apparaissent comme des variables secondaires qui permettent aux acteurs puissants d’assurer leur reproduction par la continuit´e de leurs revenus tout en ´evitant des sanctions administratives ou de la r´esistance politique des populations. Cela permet de comprendre comment, dans la situation actuelle, la reproduction presque syst´ematique de la domination de certains acteurs m`ene `a des configurations in´equitables socialement et/ou inefficaces environnementalement.

Pour r´esumer, dans les c´edraies du moyen Atlas, les pratiques r´esultent

d’un bricolage institutionnel o`u s’affrontent des logiques d’intensification des

pratiques (li´ees aux ´economies locales) et des logiques de limitation des pratiques (li´ees `a la volont´e de p´erenniser les ressources). Ce m´ecanisme est impr´evisible environnementalement, mais son issue est presque syst´ematiquement domin´ee par

les logiques port´ees par les acteurs les plus puissants et m`ene pour le moment `a une d´egradation lente des c´edraies. Finalement, les dynamiques socio-´ecologiques qui induisent une lente d´egradation de la c´edraie sont donc principalement li´ees aux avantages que les acteurs les plus puissants tirent de la situation. Nos r´esultats permettent donc d’infirmer le postulat principal selon lequel le SES c´edraies du moyen Atlas est dans une situation critique `a cause d’une d´egradation importante des forˆets li´ee `a la pauvret´e des usagers locaux.

Pratiques humaines

Bénéfices

Economiques Politiques

Bricolage institutionnel

Dynamiques

écologiques

Problèmes

: Dégradation environnementale Conflits Justice Création d'élite (notables et fonctionnaires locaux)

Pouvoir de décision

disproportionné

(Droit coutumier et positif)

Limitation

Maintien des élites

Intensification

Coupe forestière Activités

moyennes Activités pastorales

Dynamiques de

trouées Maturation forestière Dynamiques de forêts parc

Dégradation lente des

ressources

Perception

Dynamiques

sociales

Intensification individuelle Limitation individuelle Richesses Négociation pour la limitation des pratiques Négociation pour intensifier les pratiques Négociation de l'élite pour garder le pouvoir

Acteurs extérieurs

Administrations Bailleurs de fonds

Figure 7.1 – Mod`ele reconstruit des dynamiques du socio-´ecosyst`eme de la c´edraie du moyen Atlas

Troisi`eme partie

Discussion

Chapitre 8

Discussion g´en´erale

8.1 Un regard nouveau sur le socio-´ecosyst`eme

de la c´edraie du moyen Atlas

En revoyant tous les postulats formul´es au d´ebut de cette ´etude `a partir des expertises disponibles concernant les c´edraies, nos r´esultats soulignent l’importance de tester les donn´ees locales qui paraissent incertaines comme le fait la critical political ecology (Forsyth, 2001). Il est clair que dans les pratiques foresti`eres du moyen Atlas beaucoup de choses se font dans l’ombre et n’apparaissent pas dans les documents officiels (Aubert, 2010, BCEOM-SECA, 1996). Il nous est donc apparu n´ecessaire de mettre les discours officiels `a l’´epreuve des donn´ees. Cette approche a d´ej`a ´et´e appliqu´ee localement dans le cas des populations de singes magots. Alors que les id´ees re¸cues allaient dans le sens de l’accroissement d´emographique de cette esp`ece (M’Hirit, 2006), Menard et al. (2015) ont montr´e le contraire : les populations de singes magots sont en train de se r´eduire rapidement et pourraient ˆetre menac´ees. Sur un autre registre, Ch´ery and Smektala (2007) ont montr´e que les usagers agissent dans leur exploitation de la forˆet en mobilisant un savoir-faire local important. Mais ces travaux, malgr´e leur importance et la solidit´e scientifique des postulats qu’ils avancent, n’arrivent pas affaiblir les images et id´ees re¸cues sur ces forˆets, qui sont parfois reproduites d’´ecrit en ´ecrit. C’est par exemple le cas de l’id´ee qui ´etablit un lien direct entre pauvret´e et surexploitation des ressources foresti`eres (TTOBA, 2002, UrbaPlan, 2002, BCEOM-SECA, 1996), ou encore des propositions d’am´enagement inappropri´e, pour des raison de connaissance technique insuffisante de l’´etat des lieux du site forestier consid´er´e, ou pour des raisons qui tiennent `a des irr´egularit´es dans la transparence des actions men´ees par l’administration. En rapport avec ce dernier point nous relatons l’exemple des plans de conservation du massif forestier de Koubbat, dans le secteur administratif de Bekrite (non loin de Senoual), consid´er´e comme n’ayant jamais ´et´e soumis `a la

coupe de bois d’œuvre, et propos´e `a ˆetre maintenu comme zone de s´enescence. Or, l’´evidence du terrain montre le contraire : de nombreuses souches sont pr´esentes dans tout le massif (observations personnelles) qui, selon les usagers locaux et un forestier retrait´e, sont les restes d’une exploitation ill´egale par des entrepreneurs priv´es avec la connivence de l’AEF locale. Ainsi, faute de v´erification des donn´ees, les bonnes intentions des projets de conservation et de d´eveloppement semblent ainsi vou´ees `a l’´echec.

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