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Comme nous l‟évoquions précédemment, les études sont plus nombreuses concernant la prévalence de chaque évènement digestif. Elles individualisent volontiers les troubles digestifs hauts et les troubles digestifs bas.

1) Troubles digestifs hauts :

On y associe la perte d‟appétit, le pyrosis ou les sensations de reflux, les nausées et les vomissements. Ils touchent majoritairement les cyclistes (67%), dont la compression abdominale due à la position est probablement une explication, puis viennent les triathlètes (52%) et en dernier lieu les coureurs de fond (36%) [19]. Dans l‟étude de Lopez et al. [13], 8,9% des 25640 triathlètes se sont plaint de troubles digestifs hauts. De telles différences, sont dues à la méthodologie différente des études. Pour la première, il s‟agit d‟un questionnaire portant sur la saison passée et incluant notamment les renvois aux troubles hauts. La méthode de cotation des symptômes : « jamais », « parfois », « souvent », toujours » était moins dichotomique que dans la seconde étude où les réponses possibles étaient « oui » et « non ». Dans cette deuxième étude, on peut dire que le fait d‟avoir recueilli les questionnaires au décours direct de la compétition empêche toute surestimation ou sous estimation des symptômes.

a) Pyrosis :

Peuvent y être assimilés les éructations, régurgitations, douleurs thoraciques (après élimination de la pathologie cardiaque) et même certains symptômes respiratoires évoquant l‟asthme d‟effort. Il touche tout les sports mais principalement l‟haltérophilie [20], l‟aviron [21], le cyclisme, la natation… Le dénominateur commun de ces sports (outre la natation) est à un moment ou un autre une position favorisant la compression abdominale et un certain degré d‟effort « à glotte fermé » augmentant aussi la pression intra-abdominale.

Sa prévalence se situe autour de 10% [10, 12, 13, 14, 19, 22]. b) Nausée :

Les différentes prévalences retrouvées sont plus éparses. En moyenne, nous pouvons la situer à 14% [10, 12, 13, 14].

c) Vomissements :

C‟est un évènement responsable d‟un inconfort important pouvant entraîner l‟abandon. La perte de liquide et la perturbation de la balance électrolytique causées par les vomissements, ainsi que l‟impossibilité dans la plupart des cas à compenser ces pertes (nausées) majorent la déshydratation et le risque de survenue de ses conséquences.

Sa prévalence est en moyenne à 6% [10, 11, 12, 13, 14, 22]. 2) Troubles digestifs bas :

On y trouve les douleurs abdominales simples, les envies impérieuses, les épisodes de diarrhées, les rectorragies ou méléna. Ils affectent en priorité les coureurs (71%) puis les cyclistes (64%) et enfin les triathlètes (45%) [19]. Là encore, il existe une forte discordance avec l‟étude de Lopez et al. [13], puisque dans celle-ci, les symptômes traduisant une atteinte de la sphère digestive basse ont une prévalence relevée à 8%. Les raisons en sont les mêmes que celles évoquées plus haut, à savoir les différences dans les modalités de questionnaire. La différence la plus importante consiste en le fait que sont indiqués comme « troubles digestifs bas » dans l‟étude de Peters et al. : Douleurs abdominales, météorisme, envies impérieuses, épisodes de selles (normales) durant une compétition, diarrhées,

Les études sont néanmoins d‟accord sur un point : leurs fréquences sont plus importantes que celles des troubles digestifs hauts. Le sexe féminin est là encore le plus sensible, tout comme les compétiteurs jeunes [12, 19].

a) Douleurs abdominales :

Un quart des compétiteurs, tout sport confondu est concerné [10, 11, 13, 14, 22].

b) Envies impérieuses :

Elles sont surnommées « Bush Syndrom », que l‟on retrouve principalement lors d‟épreuves de course à pied. Elles ne sont pas nécessairement suivies de diarrhées. Elles surviennent chez plus d‟un tiers des compétiteurs tout sport confondu [10, 14, 22]. Chez les coureurs, ces envies impérieuses entraînent une interruption de la course (et donc ont un retentissement sur la performance) dans environ 17% des cas [14].

c) Diarrhées :

C‟est le fameux « Runner‟s trot » de Fogoros [23]. Elles sont relativement fréquentes puisque qu‟elles touchent un quart des sportifs, selon les études

[10, 12, 14, 22]. Elles sont responsables d‟arrêt temporaire de la course dans 9% des cas environ

[14].

d) Rectorragies :

Keeffe et al. s‟y sont intéressés lors d‟une étude portant sur les participants du « Annual Trail‟s End Marathon in Seaside » [14] et il s‟est avéré que sur 707 réponses (parmi 1700 participants), 1,5% ont présenté au moins une fois pendant un entraînement ou une course des selles sanglantes ; 2,4% après une course. Elles sont le résultat de phénomènes ischémiques entraînant des lésions muqueuses ulcéro-nécrotiques et un saignement lorsqu‟après arrêt de l‟effort, la muqueuse est le siège d‟une reperfusion.

3) Résumé des prévalences (d‟après [24]):

Chiffres donnés en pourcentage

Quadriathlon : Sport enchaîné associant natation, kayak, vélo et course à pied avec des distances variables

4) Phénomènes « associés » : a) Point de côté :

Il a été associé par certains auteurs aux troubles digestifs. On lui donne le nom de « douleur abdominale transitoire associée à l‟exercice ». Une enquête rétrospective a mis en évidence que 60% des coureurs expérimentent le point de côté en une année [25]. Chez des participants à une course populaire de 14 km, 31% ont rapporté en avoir été affecté avec un retentissement sur la performance dans 42% des cas [26]. Ses étiologies seront discutées plus loin.

b) Risque infectieux :

Le risque infectieux est bien présent dans la pratique sportive. Il peut emprunter les voies habituelles : épidémie de gastro-entérites virales dans une population souvent proche où les connaissances et le contact sont nombreux, toxi-infection alimentaire avec risque accru lors de compétition dans certains pays où « le péril fécal » reste d‟actualité. Un sport est particulièrement la cible de ses problèmes infectieux : le triathlon. En

maladie et contre laquelle trop peu de triathlètes sont vaccinés), le risque de gastro-entérite en relation avec la pollution fécale des eaux est réel.

Une étude réalisée parmi les participants de sept Triathlons Olympiques contre les participants de 15 Run&Bike (R&B) , a permis de mettre en évidence deux éléments importants [27]. Premièrement, un nombre plus important de gastro-entérite est survenu parmi les triathlètes par rapport aux participants du R&B (0,4 à 5,2% vs 0,1 à 2,1%, résultats en fonction des symptômes d‟inclusions). Deuxièmement, au dessus d‟un seuil déterminé par l‟étude, le risque de gastro-entérite est significativement supérieur chez les nageurs que chez les non nageurs. Ce seuil est inférieur aux impératifs minimaux européens concernant les concentrations maximales en bacilles thermotolérants et Escherichia Coli. Or, une grande partie de ces épreuves se déroulent dans de telles eaux : critères remplis pour les minimaux européens, non remplis pour les critères idéaux européens.

II. PHYSIOPATHOLOGIE DES TROUBLES DIGESTIFS A L‟EFFORT :

Les troubles digestifs à l‟effort font intervenir de nombreux mécanismes s‟avérant complexes et intriqués. Certains d‟entre eux restent mal compris. D‟autres sont clairement établis. Nous allons les évoquer de manière fondamentale dans un premier temps avant de développer leurs implications dans chaque symptôme.

A. LES DIFFERENTS MECANISMES IMPLIQUES

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