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Le travail à temps partiel

LES INSTITUTIONS DU MARCHE DU TRAVAIL ET L’EMPLOI

2.3. LA DUREE DU TRAVAIL

2.3.3. Le travail à temps partiel

Jusqu’à présent nous n’avons raisonné qu’à partir de moyenne de durée du travail et de profils moyens de durée du travail. Mais cette agrégation des comportements d’activité en terme de durée du travail ne met pas en avant la multiplicité des formes d’emploi du temps et elle masque de fortes disparités entre pays. Ainsi, si l’Allemagne et la Belgique ont des durées moyennes relativement équivalentes, les structurations des durées du travail des individus occupés dans ces deux pays sont très différentes.

6 La durée du travail analysée ici est celle du premier emploi, c’est-à-dire de l’activité reconnue comme principale par l’enquêté.

L’exemple de l’impact du travail à temps partiel sur la moyenne de la durée du travail est éloquent : en effet, le travail à temps partiel, et son développement au cours des dernières décennies, ont fortement influé sur l’évolution de la durée moyenne du travail. Or si la plupart des pays de l’Union européenne ont tous vu croître la proportion de personnes recensées comme travailleurs à temps partiel, cette croissance est fortement liée aux configurations nationales.

Les évolutions font particulièrement ressortir les Pays-Bas et le Danemark. Les Pays-Bas, situés à la première place du classement des pays à forte utilisation du temps partiel en 1997, présentent le taux de variation le plus élevé du travail à temps partiel entre 1990 et 1997 tandis que le Danemark qui suit de très près le classement des Pays-Bas en 1997 a en revanche connu entre 90 et 97 une nette décroissance du travail à temps partiel. A l’autre extrême, on repère des pays comme la Grèce où le travail à temps partiel semble relativement peu fréquent : ainsi, non seulement son taux de variation entre 90 et 97 est faible mais elle occupe en 97 la dernière place du classement en utilisation du travail à temps partiel. Enfin des pays comme la France, l’Irlande, la Belgique, le Portugal, l’Espagne sont des pays qui ont connu entre 90 et 97 un accroissement net du taux de travail à temps partiel sans pour autant qu’ils se placent dans le peloton de tête des pays utilisateurs de travail à temps partiel (sauf peut-être pour la France).

TABLEAU 2.12. RECOURS AU TEMPS PARTIEL. HOMMES ET FEMMES

Pays Taux de travail à

temps partiel 1997 Taux de chômage

1997

∆ taux de temps

partiel 1990-97 ∆ taux de chômage

Si on met en relation le taux de chômage avec le taux de travail à temps partiel des pays, on peut alors distinguer trois groupes de pays. On a d’un côté des pays comme la Grèce, l’Italie et le Portugal qui combinent des taux de chômage compris entre 6 et 12 % avec des taux de temps partiel relativement faibles (inférieurs ou égaux à 10) et d’un autre côté des pays comme le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède qui associent des taux de chômage de 5 à 10,5 % avec des taux de temps partiel très hauts, c’est-à-dire supérieurs à 20%. Enfin, il y a le groupe très hétérogène constitué par la Finlande, l’Irlande, la Belgique, la France, l’Allemagne et l’Autriche. Ce sont des pays qui globalement ont :

– une durée effective moyenne normale ;

– un taux de travail à temps partiel normal (Allemagne et France ont des taux relativement supérieurs) ;

– des taux de chômage très hétérogènes (forts pour la Finlande et la France, normaux pour l’Irlande, la Belgique et l’Allemagne et bas pour l’Autriche).

Mais comme le rappelle à juste titre Margaret Maruani (1992), « on peut retourner les chiffres comme on veut, qui dit temps partiel, pense femme. Aucune autre forme d’emploi, aucune autre forme de chômage n’est à ce point sexuée ». En vertu du caractère fortement féminin du travail à temps partiel, l’analyse des ajustements entre le taux de chômage des femmes et la durée du travail des femmes s’avère incontournable. Le tableau 2.13 reprend les mêmes informations que le tableau précédent mais uniquement pour la main-d’œuvre féminine.

TABLEAU 2.13. RECOURS AU TEMPS PARTIEL. FEMMES

Pays Taux de travail à

temps partiel 1997

Taux de

chômage 1997 ∆ taux de temps

partiel 1990-97 ∆ taux de chômage

La relation entre taux de temps partiel féminin et taux de chômage féminin n’est pas très différente de celle qui s’établit sur l’ensemble de l’emploi, même si les taux de chômage et de temps partiel sont beaucoup plus élevés chez les femmes. On observe des situations assez contrastées. Ainsi, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Danemark associent fort taux de temps partiel avec bas taux de chômage et l’Italie, la Grèce et la Finlande associent pour leur part fort taux de chômage et faible taux de temps partiel. Mais les situations « mixtes » sont nombreuses et nettement différenciées : ainsi l’Autriche associe taux « moyen » de temps partiel avec faible taux de chômage tandis que la Belgique associe pour sa part taux « moyen » de temps partiel avec un taux élevé de chômage. Autre cas particulier : le Portugal qui conjugue taux de chômage

« faible » (de l’ordre de 7,5%) avec un taux de temps partiel assez faible (15%) en comparaison avec les autres pays.

En somme, la relation entre utilisation du travail à temps partiel et taux de chômage apparaît relativement peu évidente. Quelques groupes particuliers et extrêmes se dégagent et peuvent faire sens (comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark ou le Portugal, la Grèce, l’Italie, la Finlande) mais dans l’ensemble rien ne semble suffisamment solide pour affirmer l’existence d’une relation continue et homogène entre temps partiel et performance d’emploi. De plus, dans cet

exemple, le TOp4, qui est ici réduit à un Top3 (du fait de l’absence de la Norvège) n’apparaît pas comme un ensemble de pays aux caractéristiques communes.

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