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UN TRAVAIL D’ENQUETES : LES FACTEURS DE LOCALISATION DANS L’AIRE

CHAPITRE 2 LOCALISER DANS LES VILLES LES INVESTISSEMENTS

4. UN TRAVAIL D’ENQUETES : LES FACTEURS DE LOCALISATION DANS L’AIRE

Les résultats obtenus grâce aux analyses de notre base de données nous ont conduit à effectuer un changement d’échelle pour mener une investigation particulière dans l’une des principales aires métropolitaines du pays, celle de Cape Town. Aborder la question par d’autres méthodes, plus qualitatives, nous emblait pertinent, même si cela ne concernait qu’un échantillon restreint d’entreprises.

4.1 Des interlocuteurs difficiles d’accès

Le travail de terrain a consisté en une série d’enquêtes auprès d’un échantillon aussi varié et divers que possible d’interlocuteurs issus d’entreprises étrangères installées dans cette agglomération et auprès de nombreux acteurs locaux, impliqués dans le développement économique urbain. L’échantillon enquêté est ainsi constitué de responsables de sièges sociaux d’entreprises installées en Afrique du Sud (par exemple, la compagnie pétrolière Shell), de représentants d’établissements implantés secondairement au Cap alors que le siège social se trouve dans une autre agglomération urbaine (par exemple, la branche ciment de Lafarge), de responsables du développement économique travaillant pour la municipalité et la province mais aussi d’économistes engagés dans des institutions issues d’un partenariat entre secteur public et secteur privé telles que le Wesgro53.

Ce travail d’enquêtes sur le terrain a consisté en une série d’entretiens personnalisés approfondis. Nous tenons à souligner ici qu’il est souvent délicat, en tant que jeune chercheur étranger, de contacter des entreprises afin qu’elles acceptent une rencontre de plus d’une heure. Le contenu du guide d’entretien est en effet assez long et diversifié (voir annexe 4). Néanmoins, nous avons pu nous entretenir avec une vingtaine de personnes54, ce qui

représente déjà un échantillon intéressant et valide.

A partir d’une extraction dans la base de données des entreprises localisées dans l’aire métropolitaine (454), nous avons contacté, le plus souvent par courrier électronique et par téléphone plus d’une centaine d’entreprises, le temps de notre mission sur place étant limité.

Le taux de retour de ces tentatives de contacts avoisine donc les 25 %. Outre l’absence de réponse, parfois en dépit de plusieurs relances, nous avons dû répondre à de nombreuses questions émanant de directeurs ou de conseillers en communications souvent suspicieux. Il fallut souvent expliquer à nouveau ce que nous faisions, ce que nous cherchions à savoir et dans quel cadre nous nous placions. Une fois ces explications données, le rendez-vous était accepté ou refusé, l’argument le plus souvent utilisé dans ce cas étant que notre requête relevait d’un domaine confidentiel.

Nous avons ainsi mené nos entretiens selon un échantillon varié des entreprises installées au Cap. Des entreprises d’activités, de nationalités et de tailles diverses ont été contactées afin d’obtenir des résultats en correspondance avec le profil économique de l’aire métropolitaine. 4.2 Les entretiens : des informations complémentaires et convergentes

En dépit des difficultés énoncées, consommatrices de temps mais surmontables, nous avons pu mener à bien nos entretiens et tenons à remercier l’ensemble des personnes qui s’y sont prêtées.

Dans l’ensemble, nous avons pu bénéficier de bonnes conditions lors de nos entretiens. Nous avons, dans la mesure du possible, rencontré directement les directeurs d’entreprises ou les responsables des stratégies de localisation car ce sont généralement les mieux informés, bien évidemment sur les stratégies de développement du groupe mais aussi sur l’historique de l’installation en Afrique du Sud.

Enfin, ces entretiens nous ont amenée à constater la grande richesse, la convergence fréquente des avis et la qualité des informations obtenues, qui donnent réellement du sens à l’information statistique traitée par ailleurs. De plus, ces entretiens permettent d’étudier les positions et les stratégies des acteurs présents et d’analyser les choix de localisation dans toute leur complexité.

53 WESGRO : Institution pour la promotion et la croissance économique de la province du Western Cape. 54 Une vingtaine d’entretiens (24) a été menée en deux mois au Cap en juillet et août 2004.

CONCLUSION

Les sources concernant la population en Afrique du Sud sont certes délicates à utiliser, surtout dans une perspective d’analyse sur le temps long. Cependant, par connaissance de l’histoire passée et du terrain, il est possible de surmonter les écueils et de rectifier les biais ou approximations existantes. De là, s’intéresser au système des villes sud-africaines, suppose la mise en place d’une définition de la ville en adéquation avec la réalité et pertinente sur la durée. Seule, l’agglomération fonctionnelle, telle que nous la justifions, est satisfaisante pour constituer une base de données depuis 1911 jusqu’en 2001. Les espaces urbains pris en compte dans cette approche permettent en effet de corriger l’histoire en réintégrant les populations des espaces non-blancs (townships et bantoustans) dans les espaces urbains. Dans le cadre de ces agglomérations, collecter des informations concernant les secteurs économiques d’activité des populations est relativement délicat, du moins jusqu’en 1996. Nous n’avons pas, à l’échelle des villes prises individuellement et sur le long terme, d’indication précise, sur la répartition des actifs. Tout au plus, l’information est agrégée mais néanmoins utile. L’information inédite et originale collectée sur les implantations étrangères a permis la mise en place d’une base de données spatialisée, à l’échelle des agglomérations urbaines constituées. De là, nous avons pu préciser certaines données, à une échelle encore plus fine, intra-urbaine, à travers des entretiens menés sur un échantillon d’entreprises implantées à Cape Town.

La confrontation de ces différents types d’information sur nos objets d’étude forme le matériau indispensable dans les analyses qui vont suivre.