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Transformation Scalaire et Extrapolation

5.2 Quelques Rappels

5.2.1 Transformation Scalaire et Extrapolation

La nouvelle classe de schémas proposée dans ce chapitre, pour l’accélération des

ité-rations de point fixe et en particulier l’algorithme EM, exploite la connection entre les

méthodes d’extrapolation, les transformations de suites, et les itérations de point fixe.

Dans cette sous-section et les suivantes, nous présentons les éléments essentiels sur les

transformations de suites et les méthodes d’extrapolation pour permettre par la suite une

meilleure compréhension des nouveaux schémas. Pour une étude complète sur ce sujet, le

lecteur est convié à lire [36].

Le but de cette section est de présenter pour le cas scalaire (p = 1) des méthodes

d’accélération de convergence habituellement obtenues par une procédure d’extrapolation.

Considérons une suite scalaire (x

n

)qui converge vers le scalairex, mais dont la

conver-gence est lente et doit par conséquent être accélérée. Nous transformons alors la suite(x

n

)

en une nouvelle suite (t

n

)et nous notons T une telle transformation. Afin de présenter un

intérêt, la suite(t

n

) doit vérifier les propriétés suivantes

5.2 Quelques Rappels 62

2. (t

n

) converge aussi versx

3. (t

n

) converge versx plus vite que (x

n

), c’est-à-dire

lim

n→∞

(t

n

−x)/(x

n

−x) = 0.

Si ces trois conditions sont satisfaites alors nous disons que la suite(t

n

)converge plus vite

que la suite (x

n

) ou bien encore, la transformation T accélére la convergence de la suite

(x

n

). Par exemple, nous pouvons avoir

t

n

= (x

n

+x

n+1

)/2

ou

t

n

=x

n

(x

n+1

x

n

)

2

x

n+2

−2x

n+1

+x

n

.

La première transformation est un processus de sommation et la seconde est le processus

2

d’Aitken [2]. Étudions quelle classe de suites ces deux transformations permettent

d’accélérer. Pour la première transformation, nous écrivons

t

n

−x

x

n

−x =

1

2

1 +x

n+1

−x

x

n

−x

.

De ce fait,

lim

n→∞

t

n

−x

x

n

−x = 0 si et seulement si lim

n→∞

x

n+1

−x

x

n

−x =−1

ce qui montre que cette transformation est seulement capable d’accélérer la convergence

d’une classe très restrictive de suites, ce qui est essentiellement le cas pour tous les processus

de sommation. Pour le processus d’Aitken, il peut être prouvé qu’il accélére la convergence

de toutes les suites pour lesquelles il existe unρ∈[−1,1[tel que

lim

n→∞

x

n+1

−x

x

n

−x =ρ

ce qui constitue clairement une classe plus large de suites par rapport à la première

trans-formation. Des exemples de suites convergentes (x

n

) pour lesquelles la suite (t

n

) obtenue

par le processus d’Aitken a deux points d’accumulation sont connus (voir [36, pp.84])).

Mais il peut être prouvé que si(t

n

) converge, alors sa limite est la même que celle de(x

n

)

[124].

Dans l’étude des transformations de suites, la première question à se poser (avant

celles sur la convergence et l’accélération) est algébrique : elle concerne le noyau de la

transformation, c’est-à-dire l’ensemble des suites pour lesquelles il existe x tel que pour

tout n > N, t

n

= x. Pour la première transformation, le noyau est l’ensemble des suites

de la forme

x

n

=x+c(−1)

n

où cest un scalaire. Pour le processus d’Aitken, le noyau est donné par

5.2 Quelques Rappels 63

oùcetλsont des scalaires avecc6= 0etλ6= 1. Nous constatons que le noyau du processus

d’Aitken contient bien celui du processus de sommation. Comme nous pouvons le voir,

dans les deux exemples, le noyau dépend de quelques paramètres, x et c dans le cas du

processus de sommation et x, c et λdans le cas du processus∆

2

d’Aitken.

Si la suite (x

n

) à accélérer appartient au noyau de la transformation utilisée, alors par

construction, nous avons t

n

=x pour tout n > N. Bien entendu, habituellement, x est la

limite de la suite(x

n

), mais ce n’est pas toujours le cas ; la question doit donc être étudiée.

Par exemple, dans le processus d’Aitken, x est la limite de la suite (x

n

) si |λ| < 1. Si

|λ| >1, la suite(x

n

) diverge et x est appelée son anti-limite.

Dans les deux exemples, nous sommes capables d’obtenir une forme explicite du noyau.

Mais le noyau peut aussi être donné dans une forme implicite au moyen d’une relation qui

prend en compte plusieurs termes consécutifs de la suite. Pour le processus de sommation,

il est équivalent d’écrire que

x

n+1

−x=−(x

n

−x), ∀ n > N

tandis que pour le processus d’Aitken, nous avons

x

n+1

−x=λ(x

n

−x), ∀n > N.

De telles équations sont appelées forme implicite du noyau car elles ne donnent pas

expli-citement la forme des suites appartenant au noyau mais seulement impliexpli-citement comme

solution de ces équations. Résoudre ces équations, ce qui est facile dans nos deux exemples,

mène à la forme explicite du noyau. Bien entendu, les deux formes sont équivalentes.

La forme implicite du noyau d’une transformation est généralement décrite de la façon

suivante

K(x

n

, . . . , x

n+q

;x, c

1

, . . . , c

p

) = 0

ce qui doit être satisfait si et seulement si la suite(x

n

)appartient au noyauK

T

de la

trans-formation T. Une transformation de suites T : x

n

7→t

n

est dite méthode d’extrapolation

si elle est telle que ∀ n, t

n

= x si et seulement si (x

n

) ∈ K

T

. Expliquons comment une

méthode d’extrapolation est construite à partir de son noyau, dont la forme implicite est

K.Soient x

n

, x

n+1

, . . . , x

n+p+q

, et(u

n

)∈ K

T

une suite satisfaisant les conditions suivantes

d’interpolation

u

i

=x

i

, i=n, n+ 1, . . . , n+p+q.

Comme (u

n

)∈ K

T

, elle satisfait la relation implicite, et nous avons

K(u

i

, . . . , u

i+q

;x, c

1

, . . . , c

p

) = 0, i=n, . . . , n+p.

C’est un système de (p+ 1) équations à (p+ 1) inconnues, x, c1, . . . , c

p

dont la solution

(si elle existe) dépend de l’indice n. Afin de déterminer la solution de ce système, nous

supposons que

∂K

∂x

6= 0. Ceci garantit par le théorème des fonctions implicites, l’existence

d’une fonction G(dépendant des paramètres inconnus c

1

, . . . , c

p

) telle que

5.2 Quelques Rappels 64

La solution t

n

= x de ce système dépend seulement des termes de la suite initiale,

x

n

, . . . , x

n+p+q

. De ce fait, nous obtenons la méthode d’extrapolation suivante qui dépend

de net est notée t

n

t

n

=F(x

n

, . . . , x

n+k

).

Elle est aussi parfois notée t

(nk)

pour signifier qu’elle dépend également de k = p+q.

Illustrons le développement d’une méthode d’extrapolation sur un exemple. Supposons

que le noyau implicite soit de la forme suivante

K(u

i

, u

i+1;

x, c1, c2) =c1(u

i

−x) +c2(u

i+1

−x) = 0

où c

1

+c

2

6= 0. Nous pouvons supposer sans perte de généralité que c

1

+c

2

= 1. Nous

devons alors résoudre le système

c

1

(x

i

−x) +c

2

(x

i+1

−x) = 0

c

1

(x

i+1

−x) +c

2

(x

i+2

−x) = 0.

Ce système a une solution uniquex, puisque la dérivée

∂K

∂x

=−(c

1

+c

2

) =−1.La fonction

Gest donnée par

G(u

i

, u

i+1) =

c1u

i

+c2u

i+1

et le système à résoudre devient alors

t

n

=x= c

1

x

n

+ (1−c

1

)x

n+1

t

n

=x= c

1

x

n+1

+ (1−c

1

)x

n+2

.

En ajoutant et en soustrayant x

n

dans la première équation et x

n+1

dans la seconde

équation, il en résulte le système équivalent suivant

x

n

= t

n

+ (c

1

−1)∆x

n

x

n+1

= t

n

+ (c

1

−1)∆x

n+1

,

où ∆ est l’opérateur différence défini par ∆x

i

=x

i+1

−x

i

. La solution pour t

n

peut être

écrite en utilisant les règles de Cramer comme un rapport de deux déterminants

t

n

=

x

n

x

n+1

∆x

n

∆x

n+1

∆x1

n

∆x1

n+1

. (5.4)

En développant les déterminants et par définition de l’opérateur ∆, nous obtenons

t

n

= x

n

∆x

n+1

−x

n+1

∆x

n

∆x

n+1

−∆x

n

= x

n

x

n+2

−x

2n+1

5.2 Quelques Rappels 65

lequel est le processus∆

2

d’Aitken.

Considérons maintenant un autre problème plus compliqué. Nous supposons que le

noyau implicite K est de la forme

K(u

i

, . . . , u

i+q

;x, c1, . . . , c

p

) =c1(u

i

−x) +c2(u

i+1

−x) +· · ·+c

p+1(ui+q

−x) = 0

où c

1

c

p+1

6= 0, P

pi=1+1

c

i

= 1 et p =q =k. En utilisant les techniques utilisées auparavant

pour la méthode d’Aitken, nous obtenons le système (k+ 1)×(k+ 1) suivant

t

n

+ b

1

∆x

n

+ · · · + b

k

∆x

n+k1

= x

n

t

n

+ b

1

∆x

n+1

+ · · · + b

k

∆x

n+k

= x

n+1

...

t

n

+ b

1

∆x

n+k

+ · · · + b

k

∆x

n+2k1

= x

n+k

(5.6)

où les variables b

i

dépendent de c

j

, j = 1, . . . , p. Résoudre ce système en utilisant de

nouveau les règles classiques de Cramer, mène à

t

(nk)

=

x

n

x

n+1

. . . x

n+k

∆x

n

∆x

n+1

. . . ∆x

n+k

... ... . . . ...

∆x

n+k1

∆x

n+k

. . . ∆x

n+2k1

1 1 . . . 1

∆x

n

∆x

n+1

. . . ∆x

n+k

... ... . . . ...

∆x

n+k1

∆x

n+k

. . . ∆x

n+2k1

(5.7)

Cela correspond à une transformation bien connue de suites appelée la transformation

de Shanks [113]. Elle implique le calcul de deux déterminants de dimension k+1, et donc

elle requiert 2(k + 1)(k + 1)! multiplications. Cela est ainsi prohibitif pour des grandes

valeurs de k. De plus, les résultats peuvent être affectés par des erreurs d’arrondis dues à

l’utilisation d’un ordinateur. Calculer directement ces déterminants pour obtenir l’itérét

(nk)

n’est donc pas la meilleure solution. Pour résoudre ce problème, des algorithmes récursifs

(voir [61, 76]) furent développés afin de calculer le rapport de deux déterminants avec de

telles structures. Voir aussi l’εalgorithme de Wynn [129] pour implémenter récursivement

la transformation de Shanks.

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