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Trajectoires de petites exploitations agricoles

CHAPITRE 2 - Paysage des petites exploitations agricoles en France : typologie et analyse

4. Trajectoires de petites exploitations agricoles

Nous complétons la typologie présentée ci-dessus par une analyse des trajectoires de petites exploitations agricoles entre 2000 et 2010. L’objectif de cette analyse est de comprendre quelle a été l’évolution des petites EA, repérées dans le RA de 2010, dans la décennie précédente. D’où viennent-elles ? S’agit-il d’installations récentes dont l’agrandissement à l’avenir est à prévoir ? S’agit-il d’EA de taille moyenne qui ont progressivement diminué leur activité ? Ou peut-on identifier d’autres types de trajectoires ne correspondant ni à une augmentation d’activité, ni à une cessation progressive ?

L’analyse des trajectoires nous permet également d’alimenter la typologie présentée en partie 3 et de confirmer, ou non les hypothèses faites sur les différents stratégies déduites des caractérisations des groupes obtenus.

4.1 La méthode d’appariement utilisée

L’enjeu de ce travail est de réussir à apparier au mieux les données du RA2000 avec celles du RA2010. Une représentation de cet appariement est présentée dans le graphique II.3.

Nous ne pouvons apparier toutes les EA en raison des limites de construction des bases de données. En effet, il n’y a pas d’identification commune entre les deux recensements. Ceci nous oblige à utiliser les numéros SIREN du recensement agricole 2000 et les numéros SIRET du recensement agricole de 2010. Le SIRET identifie un établissement donné et le SIREN correspond à une entreprise. Plusieurs EA peuvent avoir un même SIREN mais chacune aura son propre SIRET. C’est par exemple le cas quand une communauté de commune ou une association gère du foncier agricole où sont installées différentes exploitations.

L’appariement via les SIRET et SIREN est possible uniquement par le raccourcissement du numéro SIRET de quelques chiffres.

Cependant, cette méthode limite les appariements :

- tout d’abord, car 62% des petites EA telles que nous les avons identifiées en 2000 (ie avec une PBS inférieure à 21 000€) n’ont pas de numéro SIREN et ne sont donc pas identifiables dans le RA2010. En moyenne ces EA ont une PBS deux fois inférieure à celle des petites EA du RA2000 qui ont un numéro SIREN ;

- Ensuite, car 15% des petites EA de 2010 et déjà installées en 2000 n’ont pas de SIRET et ne sont donc pas appariables. Dans près de 68% des cas, il s’agit des EA du groupe 2 « conserver un patrimoine familial avant tout » ou du groupe 1 « simplifier un système d’exploitation tourné vers l’autoconsommation ». En moyenne, leur PBS est plus de deux fois inférieure à celle des petites EA avec SIRET du RA2010 ;

96 - Ajoutons également, que la reprise d’une EA implique un changement de SIREN et que la

disparition d’une EA sans reprise implique la disparition du SIREN associé80

. Ces exploitations ne peuvent donc pas figurer dans notre base des EA appariées ;

- Enfin, le passage du SIRET au SIREN dans le RA2010 entraîne l’existence de doublons. Pour les 300 cas de ce type, nous conservons un unique SIREN pour une petite EA donnée de façon aléatoire, les autres sont supprimées de la base.

En tout, près de 72 000 petites EA du RA2010 dont l’installation date d’avant 2000 ne peuvent être appariées selon cette méthode (cadre (4) du graphique II.3). Etant donné les importantes limites d’un appariement par les SIREN et SIRET pour les petites EA, nous ne pouvons conclure sur ce qui est arrivé aux EA non appariées81. Nous pouvons cependant faire l’hypothèse que la plupart de ces EA qui ont donc été exclues de notre base appariée font partie des très petites EA. Nous apparions tout de même 61 220 EA classées comme petites dans le RA2010 (plus de 34% des petites EA) (cadres (1) et (2) du graphique II.3) et 3 994 EA classées comme EA de taille moyenne dans le RA2010 mais qui étaient des petites EA en 2000 (cadre (5) du graphique II.3).

Comme cela a été évoqué auparavant, les petites EA qui n’ont pas de SIRET ou de SIREN sont plutôt les plus petites EA. On voit dans le tableau II.5 que l’échantillon apparié des petites EA n’est donc pas représentatif des petites EA de 2010. Les petites EA des groupes 1 « simplifier un système d’EA tourné vers l’autoconsommation », 2 « conserver un patrimoine familial avant tout » et 3 « maintenir une petite activité agricole rémunératrice » sont sous représentées dans notre base. Les groupes 4 « maintenir et développer une activité agricole à plein temps » et 5 « être en transition » sont quant à eux sur-représentés. Nous garderons ce biais d’échantillonnage en mémoire lors de l’analyse des trajectoires (tableau II.5).

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Le SIRET est associé à une personne et à une exploitation. Dans le cas d’une reprise/rachat, un nouveau numéro SIRET est donné à l’exploitant.

81 Nous avons tenté d’apparier les deux recensements agricoles en fonction d’autres variables combinées comme l’âge de l’exploitant, son sexe, la commune du siège d’exploitation agricole mais le nombre d’EA appariées était bien inférieur (moins de 4 300 petites EA appariées).

97 Petites EA du RA2010 appariées 61 220 EA Petites EA du RA2010 177 811 EA Groupe 1 : simplifier un système d’exploitation

tourné vers l’autoconsommation 7,1% 8,2%

Groupe 2 : conserver un patrimoine

familial avant tout 23,8% 31,2%

Groupe 3 : maintenir une petite activité agricole

rémunératrice 26,3% 29,6%

Groupe 4 : maintenir et développer une activité

agricole à plein temps 26,7% 17,5%

Groupe 5 : être en transition 16,1% 13,5% Tableau II.5 : Petites EA appariées et petites EA du RA2010 (recensement agricole de 2010) Comme on l’évoquait ci-dessus, une partie des EA appariées sont des EA de taille moyenne (on les appelle par la suite des « moyennes EA » du RA2010 (cadre (5) du graphique II.3). En effet, l’appariement est réalisé sur l’ensemble des EA des recensements agricoles de 2000 et 2010 ce qui nous permet d’identifier parmi les EA appariées, les moyennes EA de 2000 qui sont devenues des petites EA en 2010 (27 621 EA, cadre (2) du graphique II.3) et inversement, celles qui étaient des petites EA en 2000 et qui sont devenues des moyennes EA en 2010 (3 994 EA) (cadre (5) du graphique II.3).

En début de chapitre, nous avons choisi d’identifier les petites EA dans le RA2000 en fonction de leur PBS et d’après le seuil des 25 000€ ramené aux prix de 2000. Compte tenu de l’inflation, le seuil retenu par l’Insee est de 21 000 € courant pour 2000. Nous pouvons travailler sur la PBS à partir de 2000, car les services de la statistique de Ministère ont ajouté ex-post dans le RA2000 des coefficients de PBS recalculés sur cette période.

Le seuil de 21 000€ parait pertinent pour plusieurs raisons. Les EA situées au-dessus couvrent près de 97% de la PBS nationale de 2000, il répond donc à la détermination statistique du RICA. Ensuite, les petites EA délimitées par ce seuil sont comparables à celles délimitées en 2010 par un seuil à 25 000€. Nous aurions éventuellement pu utiliser la classification « EA professionnelles vs EA non professionnelles », mais celle-ci repose sur un critère de main d’œuvre et le calcul de taille économique diffère de celui de la PBS82.

Enfin, nous complétons l’analyse des trajectoires avec les petites EA de 2010 dont l’installation a eu lieu entre 2000 et 2010. Ces EA ne peuvent évidemment pas être appariées puisqu’elles n’existaient pas en 2000. Parmi les petites EA du RA2010, elles sont plus de 44 600 EA (cadre (3) du graphique II.3).

82

On note néanmoins que 73% des exploitations classées comme non professionnelles en 2000 avec un SIREN sont des petites EA en 2000 avec SIREN.

98 Graphique II.3 : Représentation des appariements possibles des petites EA entre le RA2000 et le RA2010 (recensements agricoles 2000 et 2010). Les EA du RA2010 appariées sont identifiées par un cercle noir.

Nous étudions dans une première partie, les petites EA installées entre 2000 et 2010 (cadre (3) du graphique II.3). Elles représentent 25% des petites EA de 2010. Notre objectif est de voir à partir de données statistiques générales, si elles se différencient des petites EA installées depuis plus longtemps.

Nous étudions dans une seconde partie les EA appariées, elles sont 65 214 EA. Nous présentons leurs grandes caractéristiques et leurs évolutions en différenciant « leurs origines et leurs destinations » : les petites EA de 2000 qui sont restées des petites EA en 2010 (cadre (1) du graphique II.3) et qui représentent 52% de notre base appariée ; les moyennes EA de 2000 devenues des petites EA en 2010 repérables dans le cadre (2) (42% de la base appariée), et les petites EA en 2000 devenues des moyennes EA en 2010 (cadre (5), elles représentent 6% de la base appariée).

Dans une troisième partie, nous ciblons notre analyse sur les petites EA de 2010 appariées (cadres (1) et (2) soit 61 220 petites EA). Pour ces dernières, nous observons plus précisément

99 leurs trajectoires à partir des professions déclarées par les exploitants entre 2000 et 2010. Nous croisons ces informations aux groupes de la typologie afin de confirmer les hypothèses faites.

4.2 Qui sont les petits exploitants récemment installés en 2010 ?

25% des petites EA de 2010 ont été créées après 2000. Ce premier chiffre démontre un important renouveau qui existe au sein des petites EA. A titre de comparaison, 21% des moyennes et grandes EA de 2010 ont été créées après 2000.

En termes de SAU, unités de travail annuel, Otex, on note peu de différences entre les petites exploitations récemment installées (c’est-à-dire installées entre 2000 et 2010 avec ou sans SIRET) et les autres petites EA du RA2010 (tableau II.6). Nous devons souligner l’importance des femmes puisqu’elles sont à la tête de 40% des petites EA nouvellement installées, ainsi que le nombre d’exploitations dirigées par des exploitants pluriactifs (55% des petites EA nouvellement installées). On remarque également que ces installations sont des installations tardives, l’âge moyen des exploitants est de 43 ans. On souligne de plus, qu’au sein des nouveaux installés en 2010, 19% sont des exploitants retraités. On retrouve probablement les exploitants qui travaillaient hors de l’EA (pluriactifs ou non), et qui en arrivant à la retraite, reprennent l’exploitation familiale (5 à 6 ha en moyenne).

100 Petites EA nouvellement installées après 2000 Petites EA installées en 2000 et avant Nombre EA 44 633 EA

(25% des petites EA du RA2010)

133 178 EA

(75% des petites EA du RA2010)

Age moyen en 2010 47 ans 61 ans

Part des femmes 40,5% 29,2%

Année d’installation 2006 1984

SAU moyenne en 2010 11,5ha 10,5ha

UTA totale en 2010 0,6 0,5

Dont UTA du chef d’EA 0,4 0,4

Professions en 2010 26% CE à temps plein 55% d’exploitants pluriactifs 19% d’exploitants retraités 23% CE à temps plein 33% d’exploitants pluriactifs 44% d’exploitants retraités Otex principales 26% de grandes cultures 24% élevage ovins, caprins 14% viticulture

12% élevage bovins 11% polyculture polyélevage

27% de grandes cultures 19% élevage ovins caprins 15% élevage bovins 13% viticulture

12% polyculture polyélevage

Ventes en circuits courts

(avec vin) 19% 13%

Production sous SIQO

(avec vin et hors AB) 19% 16%

AB 10% 4% Activités de diversification 11% 7% % zone défavorisée 53% 50% % zone périurbaine 39% 40% Groupes 1 « système simplifié » 2 « conserver le patrimoine » 3 « maintenir une petite activité agricole rémunératrice » 4 « avoir une activité agricole à plein temps » 5 « être en transition » 1 : 3,6% 2 : 23,8% 3 : 38,9% 4 : 20,1% 5 : 13,6% 1 : 9,7% 2 : 33,7% 3 : 26,5% 4 : 16,6% 5 : 13,5%

Tableau II.6 : Petites EA du RA2010 en fonction de leur date d’installation : les petites EA nouvellement installées en 2010 vs les petites EA existantes en 2000 et avant (données RA2010). Les nouveaux installés en 2010 à la tête de petites EA sont divers et cela se traduit dans leur répartition au sein des groupes de la typologie (tableau II.6).

Dans l’ensemble ces exploitants peuvent s’inscrire dans une agriculture peu traditionnelle : ils sont plus nombreux à vendre en circuits courts, à être engagés dans des Signes Officiels de Qualité (SIQO) et à développer des activités de diversification. La différence la plus forte entre les nouveaux installés en 2010 et les autres concerne l’AB : près de 10% des nouveaux installés sont engagés ou se convertissent en AB contre moins de 4% pour les petits exploitants installés avant 2000. Ces résultats indiquent une tendance des nouvelles petites EA à s’orienter vers des activités et productions innovantes et plus rémunératrices.

101 En conclusion, on voit qu’un quart des petites EA sont de nouveaux installés ce qui montre l’importance du renouveau des petites EA. Nouveaux installés ou non, la petite agriculture est diverse. Depuis 2000, les installés à la tête de petites EA semblent de plus, s’inscrire dans des formes d’agriculture innovante, mais une analyse plus poussée devrait être menée pour conclure sur ce point. Nous revenons dans la partie suivante sur les trajectoires des EA qui ont été appariées entre 2000 et 2010.

4.3 Trajectoires des petites et moyennes exploitations appariées entre les recensements

agricoles de 2000 et 2010

Au sein des petites EA du RA2000, les exploitations devenues des moyennes EA avaient-elles des caractéristiques très différentes de celles qui sont restées petites en 2010 ? Les EA qui en 2000 étaient classées comme moyennes ont-elles connu de grandes évolutions dans leurs structures pour être classées comme petites EA en 2010 ou étaient-elles dès 2000 proches du seuil des petites EA ?

On recense 65 214 EA appariées qui ont été classées comme petites dans un des deux recensements agricoles (61 220 sont des petites EA en 2010 et 3 994 sont d’anciennes petites EA du RA2000 devenues des moyennes EA en 2010) (cadres (1), (2) et (5) du graphique II.3).

On rappelle les seuils utilisés pour délimiter les petites EA dans les deux recensements : 21 000€83 pour le RA2000 et 25 000€ pour le RA2010.

Au sein des 61 220 petites EA de 2010 appariées aux EA de 2000, on compte :

- 55% des petites EA en 2010 qui étaient déjà des petites EA en 2000 (environ 33 600 EA) (cadre (1) du graphique II .3). La SAU de ces exploitations a légèrement diminué entre les deux recensements, comme le nombre d’UTA totales et la PBS. Les principaux chiffres du tableau II.7 traduisent un vieillissement des exploitants qui a entraîné une diminution progressive de leur structure et de leur activité agricole. En 2010, ces exploitations sont présentes dans tous les groupes de la typologie (graphique II.4) ;

- 45% d’anciennes moyennes EA en 2000 (environ 27 600 EA) (cadre (2) du graphique II.3). En moyenne, leur PBS a été divisée par cinq, la SAU par deux et les UTA totales sur l’exploitation par deux (tableau II.7). Là encore, il s’agit d’exploitations qui se dirigent vers la retraite et la cessation d’activité, mais on remarque en 10 ans d’importantes modifications dans la structure et la gestion de l’EA. Les anciennes moyennes EA de 2000 se répartissent dans l’ensemble des groupes de la typologie construite en 2010 (graphique II.4).

83

Le seuil de 21 000€ a été calculé à partir de l’index des prix comme équivalent aux 25 000€ de PBS en 2010. La PBS pour l’année 2000 a été recalculée par les services de la statistique et de la prospective (SSP).

102 Graphique II.4 : Classification des petites EA en 2010 appariées au RA2000 en fonction des groupes de la typologie et de leurs tailles économiques en 2000.

Enfin, seulement 3 944 petites EA en 2000 sont devenues des moyennes EA en 2010 (cadre (5) du graphique II.3).

Le tableau II.7 compare en fonction de grandes caractéristiques les petites EA restées petites, celles qui sont devenues moyennes et les moyennes devenues des petites.

0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5

Petites EA en 2000 Moyennes et grandes EA en 2000

103 Petites EA en 2000 et

Petites EA en 2010

Moyennes EA en 2000 devenues des petites EA

en 2010

Petite EA en 2000 devenues des moyennes

EA en 2010 Nombre

d’EA 33 599 EA Entrées : 27 621 EA Sorties : 3 994 EA

PBS 2000 10 600€ 59 000€ 13 500€

PBS 2010 8 300€ 11 400€ 68 200€

SAU 2000 14,5ha 37ha 18ha

SAU 2010 12,5ha 18ha 38,5ha

âge 60 ans en 2010,

installés depuis 24 ans

59 ans en 2010, installés depuis 34 ans 50 ans en 2010, installés depuis 20 ans SIQO en 201084 (hors AB) 13% 18% 30% Ventes directes sur l’EA en 2000 13% 19% 22% Ventes en circuits courts en 2010 12% 14% 27% Diversification 8% 9% 17% UTA totales en 2000 et 2010 Equivalentes (entre 0,5 et 1 UTA)

Temps total divisé par deux entre 2000 et 2010. (entre 0,5 et 1 UTA en 2010) Augmentation entre 2000 et 2010 (1,5 UTA en 2010) Professions déclarées Augmentation de la part des retraités principalement au détriment des CE à

temps plein

Augmentation de la part des retraités au détriment des CE à temps plein

Répartition inchangée : principalement CE OTEX principales 28% de grandes cultures 26% élevage bovins 15% polyculture polyélevage 15% élevage ovins, caprins 17% bovins lait 16% polyculture polyélevage 15% de grandes cultures 14% élevage bovins 12% viticulture 28% de grandes cultures 21% élevage bovins 15% élevage ovins, caprins 12% polyculture

polyélevage 10% viticulture

Tableau II.7 : Chiffres généraux des EA selon leur appartenance aux petites EA en 2000 et 2010 (recensements agricoles 2000 et 2010).

Les chefs d’EA des petites EA restées petites et ceux des anciennes moyennes EA devenues petites ont le même âge moyen. Le départ à la retraite/diminution d’activité a eu de grandes conséquences sur les structures des moyennes EA : en 10 ans elles ont perdu 19ha en moyenne (tableau II.7).

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Les données sur les SIQO en 2000 sont disponibles sur un trop petit nombre d’EA appariées (20%), on choisit de ne pas les présenter.

104 On observe que les petites EA de 2000 qui sont devenues des moyennes EA en 2010 avaient en moyenne des SAU et PBS légèrement plus élevées en 2000 par rapport aux exploitations qui sont restées petites. Mais on note surtout et parmi celles-ci le nombre important d’EA vendant en directe une partie de leur production en 2000. En 2010, on voit également l’importance des activités de diversification, de vente en circuits courts et des SIQO dans ces EA.

Même si la vente directe était largement développée dans ces EA en 2000, on ignore si les exploitants ont développé des activités de diversification, la vente en circuits courts et se sont tournés vers les SIQO avant ou après s’être agrandis. Sans pouvoir conclure sur les effets causes/conséquences entre l’agrandissement de ces exploitations et leur engagement dans des activités de valorisation (diversification, circuits courts, SIQO), on suppose tout de même une relation entre eux. On peut alors questionner l’avenir des petites EA récemment installées présentées dans la partie 4.2 et sur le possible passage de certaines au sein des moyennes EA dans les années à venir.

Enfin et du point de vue méthodologique, on souligne que l’appariement par les SIRET implique une surreprésentation des anciennes moyennes EA au sein des petites EA du RA2010. On voit également que l’évolution des structures des exploitations entrées et sorties du groupe des petites EA est tellement marquée, que même si la détermination du seuil de 21 000€ pourrait être discutée, elle a finalement peu de poids sur la détermination des trajectoires d’entrées et sorties au sein des petites EA.

4.4 Trajectoires des petites exploitations appariées entre 2000 et 2010 : évolutions dans

les professions déclarées

On concentre notre analyse sur les 61 220 petites EA de 2010 appariées. Il s’agit donc à 55% de petites EA de 2000 (33 599 EA) (cadre (1) du graphique II.3) et à 45% de moyennes EA de 2000 (27 621 EA) (cadre (2) du graphique II.3). Nous choisissons d’analyser les trajectoires de ces exploitations non plus en fonction de leur taille économique mais en fonction de leurs professions déclarées afin de croiser ces informations avec les groupes de la typologie et confirmer les hypothèses faites auparavant. La trajectoire la plus courante est-elle celle du départ à la retraite ? Retrouve-t-on des trajectoires d’installation progressive au sein des petites EA appariées ? Nous observons dans un premier temps, les trajectoires des exploitants qui ont modifié leur profession déclarée entre 2000 et 2010. Nous présentons ensuite rapidement ceux qui ne l’ont pas modifiée sur la même période.

Les changements de professions déclarées entre 2000 et 2010

Sans surprise, entre 2000 et 2010, la part des exploitants retraités au sein des EA appariées augmente. Les exploitants retraités représentaient moins de 10% de ces EA en 2000 contre plus de

105 36% des petites EA en 2010 (graphique II.5) (rappelons que dans cette analyse, les nouveaux installés ne sont pas pris en compte, tout comme les exploitations disparues avant 2010).

Graphique II.5 : De 2000 à 2010, profession principale déclarée par les exploitants dans les petites EA appariées (recensements agricoles 2000 et 2010).

Les exploitants qui se sont déclarés à la retraite en 2010 étaient chefs d’EA dans 62% des cas et exploitants pluriactifs dans 16% des cas en 2000 (graphique II.6). Ils représentent 28% des petites EA de 2010 appariées.

En 2000, ces exploitations dépassaient les 28ha de SAU, en 2010 elles font 6 ha en moyenne. De même, les exploitants déjà âgés en moyenne 56 ans en 2000, travaillaient un temps plein. En 2010 ils travaillent moins d’un mi-temps. Pour ces exploitations, on peut supposer qu’au-delà de l’âge, leur statut MSA a joué un rôle dans la diminution de leur SAU pour atteindre ce qu’on appelle la parcelle de subsistance et qui permet à l’exploitant de toucher sa retraite agricole85. On retrouve les trajectoires mises en évidence dans la partie 4.3 et dans plus d’un cas sur deux il s’agit d’anciennes moyennes exploitations. En 2010, 68% de ces exploitants retraités qui ne l’étaient pas en 2000 ont été classés dans les groupes 1 « simplifier un système d’exploitation tourné vers l’autoconsommation » et 2 « conserver un patrimoine familial avant tout ». Ce type de trajectoires démontre une partie des hypothèses faites pour ces groupes sur l’évolution rapide et