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3. Résultats

3.2. La conduite d’élevage et la santé du troupeau

3.2.2. Traitements et soins des animaux

En fonction de leurs observations les éleveurs vont choisir ou non d’intervenir pour guérir leurs animaux. Cela dépend de la maladie et de ses effets. C’est le cas pour AGRI 1 et AGRI 4 concernant la Border Disease ou AGRI 8 pour la toxoplasmose :

AGRI 1 : « Et bé là j’estime qu’elle doit vivre avec et qu’elles doivent s’auto-immuniser et passer au-dessus de ça. »

AGRI 4 : « Il conseillerait même de vacciner mais comme on ne veut pas vacciner. On fait avec. » AGRI 8 : « C’est-à-dire que la toxo, la brebis qui avorte une fois, ba elle s’immunise naturellement. Et voilà, plutôt que leur injecter un vaccin vivant, il faut peut-être que dans sa carrière elle avorte une fois. On leur laisse un peu … Une chance quoi. »

Quand ils n’interviennent pas, c’est pour permettre aux animaux de se créer une immunité contre ces maladies. Le seuil d’intervention peut aussi dépendre de l’état de l’animal et de ses chances de survie. C’est le cas pour AGRI 7 qui n’agit que si elle a une chance de sauver la brebis :

AGRI 7 : « Si je juge, si je sens qu’il n’y a rien à faire et bien on ne fait rien et voilà. […] Un cas comme ça, il y a de fortes chances que même si je la soignais, elle serait morte. Donc c’est quand je juge que bon de toute façon il y a peu de chance, je ne m’acharne pas. »

Aucun symptôme n’est cité précisément, c’est l’agricultrice qui juge de l’avancement de la maladie et qui choisit ou non d’intervenir ; c’est un jugement personnel propre à cette exploitante. D’autres vont essayer de soigner leurs animaux avec des méthodes multiples.

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3.2.2.2. Les traitements antibiotiques et les huiles essentielles

Il y a une utilisation privilégiée des médecines alternatives pour soigner les animaux, comme le recommande le cahier des charges. En effet, tous sauf AGRI 8 n’utilisent les antibiotiques qu’en dernier recours, quand l’animal est dans un état critique. L’éleveur AGRI 8, qui utilise les antibiotiques pour soigner régulièrement ces animaux, est le seul de l’échantillon qui n’a pas suivi de formation sur les médecines alternatives comme l’aromathérapie, la phytothérapie ou encore l’ostéopathie.

Les éleveurs vont donc utiliser des huiles essentielles pour soigner les animaux en cas de maladies comme les diarrhées des agneaux, les problèmes de mamelles ou encore pour la désinfection de plaies (AGRI 1, AGRI 2, AGRI 3, AGRI 4, AGRI 5). Pour les agriculteurs enquêtés, les huiles essentielles ont un rôle plus curatif que préventif. Pour les utilisateurs, ces huiles remplacent, pour les cas non critiques, les antibiotiques. L’éleveur AGRI 1 en parle même comme étant l’équivalent de l’antibiotique en AB :

« C’est la même approche que les antibiotiques quoi, les huiles essentielles c’est curatif. »

3.2.2.3. Les autres méthodes dites alternatives

Les autres médecines alternatives utilisées sont l’ostéopathie ou encore l’homéopathie. Ainsi quatre éleveurs (AGRI 4, AGRI 5, AGRI 6, AGRI 7) pratiquent l’ostéopathie pour rétablir la santé de leurs animaux parmi les six (AGRI 2, AGRI 3, AGRI 4, AGRI 5, AGRI 6, AGRI 7) qui ont suivi la formation :

AGRI 4 : « Voilà ensuite sur la santé des bêtes on a fait, j’ai fait une formation ostéo, deux formations ostéo. […] ça m’aide par exemple à soigner des mammites sans apport d’antibiotique. »

AGRI 6 : « Non parce qu’on se dit elle a un don, ce n’est pas possible, elle a surement un truc quand on la voie faire, …. Mais ça marche. »

AGRI 7 : « J’ai fait là, une formation ostéopathie et on a appris … c’est une séquence de huit manipulations. Je leur fais ça, je me dis que ça les soulage. »

Les deux agriculteurs qui ne l’utilisent pas, évoquent soit le manque de temps (AGRI 3) ou est sceptique sur la méthode (AGRI 2). De plus, il y a un caractère nébuleux qui entoure la pratique de l’ostéopathie sur les animaux. Les agriculteurs ne comprennent pas comment cela fonctionne. En effet, AGRI 6 définit la pratique par « un don » de la formatrice et AGRI 5 comme « un autre

monde ». L’utilisation de l’ostéopathie faite par CT 3, est assez originale et ésotérique car elle mêle

22 Concernant l’homéopathie, deux (AGRI 1, AGRI 5) ont fait des formations mais trouvent cela trop compliqué à utiliser.

AGRI 1 : « Après voilà quoi, en brebis en homéopathie, il faudrait une homéopathie du troupeau quoi. Mais homéopathie par tête c’est pas évident quoi. Quand il y a 260 brebis, les particularités de chacun, de chacune, … C’est pas évident à trouver et à gérer. »

AGRI 5 : « J’ai suivi une formation homéopathie aussi mais pfff c’est … On verra plus tard c’est pfff … […] Voilà je pense que c’est assez technique là quand même. »

Mais les trois (AGRI 3, AGRI 6, AGRI 7) qui utilisent ou qui vont utiliser l’homéopathie sont toutes des femmes travaillant en couple sur l’exploitation. C’est aussi le cas pour la phytothérapie. Dans quatre élevages (AGRI 2, AGRI 3, AGRI 6, AGRI 7), cette pratique est liée à la présence de femme sur l’exploitation. Au sein de notre échantillon, nous avons donc constaté que les femmes sont plus impliquées dans l’utilisation de certaines médecines alternatives comme l’homéopathie ou la phytothérapie.

3.2.2.4. La nécessité d’une formation et des tests pour les utiliser

Dans tous les cas, les exploitants qui utilisent les médecines dites alternatives, ont suivi une formation sur le sujet, avec l’association CIVAM BLE. Si ces médecines sont utilisées, c’est parce que l’agriculteur qui les applique est convaincu par la méthode et constate une efficacité réelle sur son troupeau après avoir fait des essais. Par exemple, l’AGRI 4 a essayé différents traitements contre le piétin :

AGRI 4 : « Après individuellement, j’essaye un petit peu de tout, soit du sulfate de zinc avec de l’argile, j’ai essayé de l’argile avec du chlorure de magnésium, j’ai essayé un mélange d’huiles essentielles aussi dans de l’huile végétale. Des huiles essentielles dans de l’argile, bon de tout. »

Mais ce n’est pas le seul à faire des tests : trois autres éleveurs (AGRI 2, AGRI 3, AGRI 7) en parlent de manière moins détaillée. Les tests permettent de voir si les traitements fonctionnent au sein de leur exploitation.