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6. C ONSEQUENCES SANITAIRES

6.2 Maladies infectieuses liées à l’usage de drogues

• Les données du CépiDc présentent plusieurs inconvénients: premièrement, de nombreux cas sont classés comme "cause inconnue" ; deuxièmement certains décès sont dans l'attente des résultats d'analyse toxicologique éventuellement demandée par le parquet21, provoquant un retard d'enregistrement ; troisièmement, les décès par surdose en France provoquant automatiquement l'ouverture d'une enquête judiciaire, certains d'entre eux peuvent faire l'objet d'une certification de complaisance afin de protéger les familles.

Ce problème de codification illustre un problème chronique en France de l'application des modalités de certification (Desesquelles 1997), et peut avoir une influence sur les niveaux enregistrés. Afin d'envisager une éventuelle sous-estimation des décès par surdose, deux croisements d'information sont en cours de réalisation. Le premier porte sur les données OCRTIS et du CépiDc (années 2001 et 2002), le second concerne les données de l'OCRTIS et DRAMES (années 2004 et 2005). Les résultats définitifs devraient être disponibles à la fin de l'année 2007.

Tableau 6.4. Nouveaux cas de sida chez les UDVI, 1998-2006.

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004* 2005* 2006**

UDVI 357 309 246 258 204 170 155 98 25

Total nouveaux

cas de Sida 1 948 1 835 1 732 1 673 1 637 1457 1340 1227 494 Part UDVI 18,3% 16,8% 14,2% 15,4% 12,4% 11,6% 11,5% 8% 5%

* : données provisoires non redressées au 30/06/06, ** : données janvier à juin 2006 Source : système de surveillance du Sida, InVS. (Données au 30/06/06)

Données Coquelicot

Les résultats de l’édition 2004 de l’enquête Coquelicot ont été rendus publics. Les données présentées ici proviennent de l'enquête Coquelicot 2004 (Jauffret-Roustide et al. 2006).

Coquelicot est une enquête transversale multi-centrique incluant 5 villes (Lille, Strasbourg, Paris, Bordeaux, Marseille), menée chez les usagers de drogues (UD) ayant sniffé ou injecté au moins une fois dans leur vie. Le recrutement s’est déroulé dans les différentes structures qui participent à la prise en charge spécifique des usagers de drogues (centres de soins spécialisés, structures bas seuil et chez quelques médecins généralistes) sur la base d’un échantillonnage complexe visant à la constitution d’un échantillon aléatoire. Outre le questionnaire socio comportemental administré par un enquêteur, un auto-prélèvement de sang au doigt sur buvard était réalisé par l’UD. La recherche des anticorps VIH et anti-VHC sur les buvards a été réalisée à l’aide de tests Elisa. Au final, 1 462 des 2389 UD à qui le questionnaire a été proposé (61%) ont accepté de participer.

La séroprévalence globale du VIH est de 10,8% [IC95 % : 6,8-16,6]. Elle croît régulièrement avec l’âge : elle est quasi nulle chez les moins de 30 ans (0,3 %) et atteint 17 % chez les UD âgés de 35-39 ans ainsi que chez les plus de 40 ans. La séroprévalence du VHC est quant à elle de 59,8% [IC95 % : 50,7-68,3] et croit également avec l’âge : déjà élevée chez les moins de 30 ans (28%), elle atteint 71% des plus de 40 ans. 27% des UD croyaient être négatifs à tort pour le VHC. Quant à la co-infection VIH/VHC, elle était de 10,2% [IC95% : 6,3-15,9]. La quasi totalité des usagers séropositifs pour le VIH ont été également contaminés par le VHC.

Une analyse par année de naissance montre que la diminution de la séroprévalence du VIH démarre avec la cohorte née après 1970 (soit moins de 34 ans aujourd’hui), alors que, pour le VHC, la diminution commence à être marquée pour la cohorte plus jeune de 10 années, née après 1980 (soit les moins de 24 ans).

Plus de 95 % des usagers déclarent avoir déjà été testés au moins une fois dans leur vie pour le VIH et 91 % pour le VHC. Les moins de 30 ans déclarent un niveau de dépistage moins élevé pour le VIH que les UD plus âgés (89 % versus 97 %, p<0,001), mais la probabilité d’être dépisté au cours de la vie augmente naturellement avec l’âge. L'enquête montre que le niveau de connaissance des UD vis-à-vis des principaux modes de transmission du VIH et du VHC est élevé: les principaux modes de contamination du VIH (partage de la seringue, relations sexuelles non protégées) sont connus par 90 % des UD et ceux du VHC (partage de la seringue) sont connus par 84 % des UD. En revanche, concernant le partage du petit matériel, le niveau de connaissance passe à 71 % pour le risque VIH et à 65 % pour le risque VHC. De plus il faut noter que les moins de 30 ans ont une moins bonne connaissance des risques de transmission du VIH en lien avec le tatouage (63 % versus 75 %, p=0,02) et le piercing (63 % contre 76 %, p=0,004) que les plus de 30 ans.

Durant le dernier mois, 13 % des UD ont partagé leur seringue, 38% le petit matériel, et 25%

la paille de snif. La prévalence élevée du VHC chez les jeunes UD laisse supposer des contaminations dès l’initiation. Les pratiques à risque persistent, ce qui constitue des conditions favorables à la poursuite de la transmission du VHC, mais aussi du VIH.

Données PRELUD

La première édition de l’enquête PRELUD, réalisée par l’OFDT en 2006 et remplaçant l’enquête « première ligne » a visé à associer, auprès d’usagers de CAARUD22, le prélèvement d’échantillons salivaires au recueil de données déclaratives pour la mesure de la prévalence des infections à VIH et VHC dans 5 villes (Dijon, Lyon, Metz, Rennes et Toulouse). Des données déclaratives d’usagers de ces structures sont d’ores et déjà disponibles parmi les 1 017 usagers actifs inscrits dans un parcours toxicomaniaque ayant fréquenté un des 9 sites de l’enquête PRELUD.

Hépatite C.

Tableau 6.5. Evolution de la prévalence des sérologies déclarées positives pour l’Hépatite C dans les structures de première ligne entre 2003 et 2006.

2003 2006 2003 % 2006 % 2006

injecteurs-vie

< 25 ans 131 193 17,6% 8,4% 12,2%

25-34 ans 299 344 45,8% 29,4% 40,9%

> 35 ans 213 273 55,9% 54,4% 64,5%

Ensemble 643 852 43,4% 34,0% 44,6%

Source: PRELUD.

Les données déclaratives, seules disponibles pour observer des évolutions à ce jour en France, évoquent une décroissance de la prévalence de la positivité déclarée à l’hépatite C chez les plus jeunes.

Ce phénomène n’est pas lié à une chute de l’injection chez ces derniers. En effet, parmi les usagers de moins de 25 ans, la part des injecteurs/vie passe de 51 % en 2003 à 59 % en 2006, celle des injecteurs plus de 10 fois au cours de la vie passe dans le même temps de 41 % à 50 %. Cependant, on observe également une pratique du dépistage plus fréquente chez les plus jeunes en 2006 qu’en 2003, qui pourrait être responsable d’une évolution de la population des répondants (seuls ceux qui ont pratiqué un dépistage peuvent répondre à la question). Chez les moins de 25 ans, la part de ceux qui n’ont jamais pratiqué de dépistage chute en effet de 39 % à 25 % entre 2003 et 2006.

Tableau 6.6. Evolution de la prévalence de la sérologie déclarée positive pour l’hépatite C selon la fréquence de l’injection dans la vie dans les structures de

première ligne entre 2003 et 2006.

N 2003 N 2006 2003 2006

Non jamais 125 205 4,8% 2,9%

Oui, moins de 10 fois 55 50 23,6% 10,0%

Oui, 10 fois ou plus 464 548 56,7% 47,8%

Ensemble 644 803 43,8% 34,0%

Source: PRELUD.

22 Usagers de drogues actifs (opiacés ou cocaïne) avec une forte population d’injecteurs.

Chez les personnes ayant déjà expérimenté l’injection et/ou le sniff la prévalence de l’infection déclarée est égale à 35,7 %.

VIH

Comme pour l’hépatite C, on observe que la prévalence de l’infection au VIH déclarée semble décroître entre 2003 et 2006. Parallèlement, on repère également une augmentation de la fréquence du dépistage, notamment chez les moins de 25 ans. Si en 2006, 25 % d’entre eux n’avaient jamais pratiqué de dépistage de l’infection au VIH, ils n’étaient plus que 15 % en 2006.

Tableau 6.7. Evolution de la prévalence des sérologies déclarées positives pour le VIH dans les structures de première ligne entre 2003 et 2006.

N 2003 N 2006 2003 2006 2006 injecteurs /

vie

< 25 ans 143 201 4,9 % 0,3 % 0,8%

25-34 ans 305 359 8,2 % 4,3 % 5,8%

> 35 ans 221 314 16,3 % 13,8 % 14,7%

Ensemble 669 874 10,2 % 7,1 % 8,3%

Source: PRELUD.

D’après les premières données issues de l’enquête PRELUD, la prévalence déclarée de séropositivité au VHC chez les moins de 25 ans enquêtés dans des structures de première ligne et qui connaissent leurs résultats a décrû entre 2003 (dernière édition de l’enquête TREND Première ligne) et 2006 (enquête PRELUD), passant de 17% à 8% environ (tableau suivant). Toutefois ces taux de prévalence de déclaration positive au VHC chez les moins de 25 ans sont variables suivant les sites, allant de 2,9% à Rennes à 15,6% à Lyon.

Données RECAP.

L’enquête RECAP, réalisée en 2005 pour la première fois à l’échelon national (Kopp et al.

1998), permet de décrire les caractéristiques des patients accueillis au cours de l’année dans les structures spécialisées en toxicomanie (CSST) et elle interroge l’ensemble des patients sur leurs statuts sérologiques, en particulier ceux de l’hépatite C et du VIH (tableau 6.8).

Tableau 6.8. Séropositivité déclarée du VHC et du VIH parmi les usagers de drogues ayant injecté au moins une fois dans leur vie en 2006, par tranches d’âge.

VHC VIH

Sérologie connue Positive Sérologie connue Positive

<25 ans 515 73 (14,0%) 511 1 (0,2 %)

25-34 ans 2158 742 (34,0 %) 2107 44 (2,0 %)

<35 ans 3644 2453 (67,0 %) 3523 499 (14,0 %)

Ensemble 6317 3268 (51,7 %) 6141 544 (8,8 %)

Source : RECAP / OFDT – 2006

En 2006, 104 CSST ambulatoires ont répondu à l’enquête RECAP qui porte sur 43 494 patients. On dispose d’information sur l’utilisation de l’injection pour près des trois quarts des

patients (soit 32 053). Parmi eux, 31 % déclarent avoir utilisé l’injection au cours de leur vie, soit 9 820 patients. La sérologie VHC est connue pour la moitié des injecteurs (52 %) et celle du VIH est connue pour 62 %. Les prévalences déclarées s’élèvent à 52 % pour le VHC et à près de 9 % pour le VIH.