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Le « traitement documentaire » et la diversification des fonctions 47

4. Eléments de prospective 44

4.4. Le « traitement documentaire » et la diversification des fonctions 47

4.4.1.

Dans les bibliothèques universitaires

La fin des années 80 et le début des années 90 ont privilégié les préoccupations technologiques (système intégré de gestion de bibliothèque, système d’information documentaire, ressources électroniques). Les bibliothèques de l’enseignement supérieur qui ont réussi à franchir un cap sont

celles qui ont su se recentrer sur leur mission et mettre en place un pilotage permettant de maintenir une proximité avec l’ensemble des missions de l’université et pas seulement avec le service des finances ou les services informatiques de l’université.

Aujourd’hui les bibliothèques sont entrées dans une décennie de mutation radicale de leurs outils et méthodes de travail ; en témoignent la diversification des missions et des activités des bibliothécaires assistants spécialisés ainsi que les nouvelles fonctions tenues et à tenir par ces personnels, de même que les bibliothécaires, au service de la formation et de la recherche. Ils doivent être incités à aller là où les étudiants se trouvent (forums de discussion, communautés sur le web, listes d’utilisateurs, guichet du savoir), là où les choses se font (cursus de formation documentaire, besoins des jeunes chercheurs, adaptation des métadonnées à la richesse du web, traitement et valorisation de collections spéciales). Par ailleurs, il convient d’observer que, même si le phénomène est encore marginal dans les BU, on assiste à l’émergence de nouvelles compétences, notamment autour de la bibliométrie, de la valorisation des archives ouvertes ou de la gestion des données de la recherche, compétences beaucoup plus développées à l’heure actuelle dans les services d’information scientifique et technique des EPST (CNRS, INSERM, INRA, etc.).

Le développement des applications de l’Abes (et le projet de SGB mutualisé), celui des activités du CTLes comme l’importance de la culture de l’information pour les jeunes générations signalent à leur tour les virages amorcés par la documentation :

- le catalogage traditionnel va se réduire et la gestion des métadonnées requérir rapidement des compétences multiples et des expertises sur différents plans : modèle de données (FRBR), code de catalogage (RDA), formats de saisie (RDF), transformation et conversion pour l’échange avec d’autres catalogues ou applications et pour l’exposition sur le web, maintenance de référentiels d’autorité, signalement de la documentation électronique. Un double défi se présente aux personnels des bibliothèques, celui de l’acquisition des compétences et celui de l’organisation nécessaire à leur mise en œuvre, dans des environnements techniques hétérogènes ;

- la conservation partagée ne va pas se limiter à la redéfinition des critères de désherbage et de pilon, car le recours au stockage distant, dès lors qu’il sera possible, s’accompagnera d’une recherche d’adéquation entre l’offre documentaire et les besoins des usagers et d’une réflexion générale, renouvelée, sur la politique documentaire autant que sur la place occupée par les collections numériques ;

- la culture de l’information sera un des plus grands domaines d’activité pour les bibliothèques qui s’efforcent déjà de mettre leurs bases bibliographiques en cohérence avec les besoins des usagers. La génération actuelle des étudiants témoigne trop souvent en effet d’une compréhension limitée des méthodes de recherche et de la validité des sources de l’information cependant que les formations les plus traditionnelles à la méthodologie documentaire échouent à traiter ces points faibles.

Dans ces trois domaines, de nombreuses missions et activités concerneront les personnels techniques de la catégorie B et les bibliothécaires.

4.4.2.

Dans les bibliothèques publiques

A l’opposé des bibliothèques universitaires, les bibliothèques municipales comme les bibliothèques départementales ne disposent pas (ou peu) d’outils communs ou n’y recourent qu’imparfaitement (les services bibliographiques proposés par la BnF, par exemple). Dans le même temps, les bibliothèques municipales se trouvent écartelées entre le souci croissant de leurs collectivités de réduire les dépenses de personnels, l’extension souhaitable des horaires d’ouverture et la diversification de l’offre (action culturelle, rôle social, liens avec l’école, etc.). Comme dans les bibliothèques universitaires, médiation, accompagnement et pédagogie deviennent le « cœur du métier ». Quelques pistes propres à faciliter ces mutations peuvent être évoquées :

- l’ouverture des bibliothèques aux personnels d’autres filières de la fonction publique territoriale : administration, animation, sociale et technique. On trouve, de fait, de plus en plus souvent dans les établissements, à côté des membres de la filière bibliothèques, des médiateurs habitués à travailler dans le secteur social, des agents de médiation et de prévention pour gérer l’afflux de publics très divers dans les établissements, des techniciens informatiques, des médiateurs familiers de l’action culturelle et des techniques d’organisation et de communication qu’elle implique, des personnels administratifs rompus aux tâches de gestion quotidienne ;

- la polyvalence des personnels : on ne résoudra pas les problèmes d’extension des horaires d’ouverture sans décloisonnement des services et des agents : un bibliothécaire qui travaille en section adultes doit pouvoir assurer à l’occasion des services en section jeunesse, un discothécaire doit pouvoir prêter main forte à l’accueil général, un agent de la centrale doit considérer comme normal de travailler quelques heures dans une bibliothèque de quartier, et inversement ;

- les possibilités offertes par l’intercommunalité : de taille inégale, dans des environnements divers, les regroupements intercommunaux, lorsqu’ils incluent les bibliothèques dans leur champ de compétences transférées, pourraient faciliter le développement de services-supports transversaux : traitement bibliographique et achats, organisation de l’action culturelle en réseau, informatique documentaire, etc. ;

- l’externalisation : la couverture et l’équipement des livres, le catalogage rétrospectif de certains fonds, la numérisation, pour ne citer que ces exemples, peuvent être confiés sans dommages à des prestataires extérieurs ;

- la vigilance dans les recrutements : on doit désormais privilégier la qualité de la formation professionnelle, la motivation et la richesse des expériences antérieures lors des recrutements. Le caractère trop systématique de recrutements directs en catégorie C, parfois dictés par une certain « clientélisme » ou inspirés par une vision obsolète et méprisante du métier, (« il suffit de savoir lire ») conduit à freiner le développement de services répondant aux attentes nouvelles des publics.

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