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III. Approche prise en charge et traitement d’une intoxication

2. Le traitement épurateur

Il vise à diminuer l’absorption digestive des toxiques.  Après pénétration par voie digestive :

a) Décontamination gastro-intestinale :

La décontamination digestive a pour objectif d’évacuer les toxiques présents dans la lumière digestive. Elle comprend le lavage gastrique, l’administration de charbon activé par voie orale en dose unique et l’irrigation intestinale (12).

La décontamination diminue ou d’empêche l’absorption du toxique et sa pénétration dans le sang ou les tissus. L’élimination a pour but d’augmenter ou d’accélérer l’élimination du toxique soit par les voies d’élimination naturelle ou par des techniques artificielles (40).

o L'administration de charbon activé :

En raison de son pouvoir d'absorption de nombreuses substances, le charbon activé est l'un des traitements permettant la décontamination digestive ou l'accélération de l'élimination systémique de principes actifs toxiques, essentiellement des médicaments, lors d'intoxications aigues ou de surdosages thérapeutiques. Les études récentes, tant chez les volontaires sains que chez les intoxiqués donnent au charbon activé une place primordiale parmi les techniques d'épuration digestive (40).

Le charbon activé en dose unique par voie orale est réservé à l’ingestion depuis moins d’une heure de quantités toxiques d’une substance carbo-adsorbable (12). Il prévient l'absorption digestive de nombreuses substances s'il est administré précocement et s'avère d'une efficacité remarquable, en comparaison de celle donné par le lavage gastrique ou le sirop d'ipéca. L’administration de charbon activé est envisagée pour un toxique connu pour être adsorbé par le charbon, et ceci dans l'heure qui suit l'ingestion. Le charbon activé n'adsorbe pas les alcools (éthanol, méthanol, éthylène glycol), le lithium, les sels de fer et les éléments à traces métalliques (41).

o Lavage gastrique :

le principe du lavage gastrique implique l’administration par une sonde nasogastrique d’un calibre adéquat de petits volumes de liquides tièdes qui sont aspirés dans l’espoir de récupérer une quantité significative de substance toxique présente dans l’estomac (40).

Les indications du lavage gastrique concernent les toxiques qui ne sont pas adsorbés par le charbon activé. Le lavage gastrique n'est recommandé que dans la mesure où le patient est vu dans l'heure qui suit l'ingestion. Il est contre indiqué en cas de (42):

- Troubles de déglutition et dont les voies aériennes ne sont pas protégées, patient comateux non intubé.

o Les vomissements provoqués : Sirop d'ipéca et d’apomorphine

L’émétine, un des principes actifs du sirop d’ipéca, à une action irritante sur la muqueuse gastrique entraînant des vomissements qui sont également la conséquence d’une action centrale des alcaloïdes. Pratiquement 85 % des patients vomissent au bout de 25 à 30 minutes après l’administration d’une dose unique de sirop d’ipéca (40).

Les études cliniques sont peu nombreuses, et la plupart ont exclu l'utilisation du sirop d'ipéca lors des intoxications sévères (43).

b) Autres méthodes de décontamination gastro-intestinale :

Évacuation endoscopique des toxiques :

o Les laxatifs :

Les laxatifs sont supposés diminuer l’absorption digestive des substances en accélérant l’expulsion des substances toxiques du tube digestif. La plupart des toxiques étant absorbés dans la partie haute du tube digestif, l’intérêt de l’utilisation de laxatifs devrait logiquement se limiter aux substances dont la résorption est lente et distale. Les principaux laxatifs étudiés sont le sorbitol et les sels de magnésium ou de sodium (40).

o Irrigation intestinale :

La réalisation d’une irrigation intestinale a pour objectif d’accélérer dans l’ensemble du tractus gastro-intestinal l’élimination mécanique du contenu entérique. Elle fait appel à l’administration via une sonde nasogastrique d’un volume horaire important d’une solution osmotique composée de polyéthylène glycol et d’ions, jusqu’à l’obtention de selles claires (40). L’irrigation intestinale est indiquée dans l’ingestion de doses potentiellement toxiques de médicaments à libération prolongée ou de fer (12).

o Dialyse gastro-intestinale :

Son principe repose sur le fait que l'organisme sécrète quotidiennement des volumes très importants de liquides digestifs qui contiennent le toxique à une concentration égale à sa fraction plasmatique libre. Le charbon activé va fixer les toxiques par adsorption ajoutant ainsi un facteur supplémentaire de clairance corporelle totale. L'adsorption digestive de

substances présentes dans le sang s'explique par la création d'un gradient de concentration entre le sang et la lumière digestive ou se trouve le charbon. La dialyse des toxiques peut être expliquée par une diffusion passive, un transport facilité, une sécrétion active ou une sécrétion biliaire. Le cycle entéroentérique ou entérohépatique du toxique peut également être interrompu. Enfin, l'administration de doses multiples permet de diminuer l'effet de d’absorption des substances initialement captées (41).

 Après pénétration par voie respiratoire :

L’élimination par voie respiratoire concerne en particulier des gaz (CO, HCN) et des substances volatiles (acétone, alcools, éther, benzène). La chambre hyperbare est utile en cas d’intoxication par le monoxyde de carbone ; elle permet d’accroître la vitesse d’élimination du monoxyde de carbone. L’élimination convient alors d’évacuer l’air expiré par la victime à l’extérieur de la pièce où elle est traitée (12).

 Après fixation sur les téguments et les muqueuses oculaires :

Déshabiller rapidement et complètement. Laver abondamment la peau pendant plusieurs minutes sans frotter. Après projection oculaire laver pendant 10 min au besoin après instillation d’une goutte de collyre anesthésique qui permettra ce lavage prolongé.

o Décontamination cutanée : La décontamination cutanée est réalisée par des sauveteurs protégés par des gants : le déshabillage et le retrait des bijoux. La décontamination est immédiate avec l’eau du robinet et suit la règle des 3 quinze. Lavage du patient à l’eau pendant 15 minutes avec une eau de température > 15°C à 15 cm des lésions (12).

o Décontamination oculaire : La décontamination oculaire répond aux mêmes indications. L’irrigation oculaire à l’eau doit être entreprise immédiatement et suit la règle des 3 quinze (éviter une surpression oculaire). Il convient d’écarter les paupières et d’instiller le liquide de lavage dans les yeux du patient en décubitus dorsal. Il est souhaitable d’effectuer le retrait des lentilles en cours de décontamination (12).