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Les données issues des capteurs fixes : une mesure collective 2.3.

DU TRAFIC ROUTIER : LE CAS DE LA VILLE DE D IJON

La mobilisation des données de capteurs, fixes, dans le domaine des transports (urbains ou non) s’inscrit dans les Systèmes de Transports Intelligents (STI). Les STI se définissent comme « l’application des technologies de l’information et de la communication dans le domaine des transports » (Faye et

al., 2012, p. 2). Sous cette définition relativement vague, on rassemble l’ensemble des moyens de

type TIC (Technologies de l’Information et de la Communication)42 mis en place pour la

régulation du trafic routier et les études liées à la circulation, à la sécurité ou à la pollution atmosphérique. L’utilisation des STI permet au gestionnaire de trafic routier de bénéficier d’outils de mesure dont les objectifs sont multiples (Faye et al., 2012). Par exemple, ils sont utilisés pour surveiller et fluidifier le trafic routier en milieu urbain, lors de la mise en place des plans de feux tricolores, ou de politiques de stationnement… En milieu urbain, les réseaux routiers sont gérés par des Centres d’Ingénierie et de Gestion du Trafic (CIGT) chargés d’élaborer et de mettre en œuvre la stratégie d’exploitation de la route. Le rôle de ces structures est de trois natures 43 :

- Gérer le trafic de la manière la plus fluide possible par une bonne gestion des carrefours importants de la ville. Cette gestion passe principalement par l’application de cycles de feux tricolores sur les intersections.

- Informer les usagers de l’état du trafic et des conditions de circulation au cours de la journée. Cette compétence couvre aussi la gestion des parkings publics, et permet par exemple, aux usagers de connaitre le nombre de stationnements encore disponibles. - Maintenir les routes dans un bon état de viabilité en limitant toutes les perturbations

comme lors de la viabilité hivernale avec des actions de dégagement des chaussées ou lors de la mise en place de déviations pendant des périodes de travaux de voirie.

Sébastien Faye et al. (2012) identifient deux grandes catégories d’application des STI : ceux contribuant pleinement et directement au domaine de la régulation du trafic routier (usage opérationnel) et ceux contribuant plus indirectement et sans y faire référence à ce domaine, comme lors de la modélisation ou de la simulation du trafic routier (usage de recherche). Le travail présenté s’inscrit dans cette seconde catégorie. Pour les deux catégories, la connaissance des volumes de trafic est un élément essentiel pour alimenter, d’une part les systèmes d’aide à la gestion du trafic, et d’autre part, pour apporter des données de calibrage ou de validation pour la modélisation du trafic routier (Dupuy, 1975 ; Bonnel, 2002). Les comptages routiers se situent donc à l’interface de ces deux grandes catégories.

Dans leur vocation première, les capteurs fixes placés au cœur du réseau routier dijonnais ont pour objectif de fournir des valeurs de trafic pour la mise en place de plans de circulation. Dans un second lieu, ces capteurs peuvent être des sources de données précieuses pour la

42 Pour le terme de TIC, nous utiliserons les définitions faites par Galit Cohen et al. (2002, p. 34) « l’ensemble des technologies et des applications qui permettent le traitement électronique, le stockage et le transfert de l’information à des tiers » et

Georges A. Giannopoulos ( 2004, p. 302) : « les TIC sont utilisées pour délimiter les différentes technologies de l’information qui

ont été utilisées dans le domaine des transports depuis les années 80. Elles comprennent un grand nombre de technologies et de systèmes développés dans le domaine des transports ».

43 CEREMA « Exploitation routière : gestion du trafic, information routière, maintien en état de viabilité de la route » :

représentation et la visualisation des conditions de circulation sur le réseau urbain. Néanmoins, en l’état ces données ne peuvent apporter qu’une information ponctuelle des conditions de trafic. Ces systèmes de mesure ont pour principale vocation de surveiller le trafic routier pour optimiser la gestion globale des infrastructures de transport routier. Comme nous l’avons vu précédemment (cf. section 1.2.1, p. 36), il convient donc de les réagencer et de les structurer pour en extraire une information viable pour d’autres applications en les détournant de leur vocation première. Ce glissement, progressif, d’un usage opérationnel vers un usage de stratégique ou de planification du trafic routier constitue l’objet de ce chapitre, en vue d’introduire le travail présenté à la suite. Les données issues des capteurs fixes de trafic routier constituent le principal jeu de données mobilisé au cours de cette thèse.

Nous avons vu dans le chapitre précédent que l’objet de la mesure de ces capteurs est centré sur la route et non pas sur le véhicule. Ainsi constitués, ils permettent de connaître en un point du réseau la fréquentation du tronçon observé sous la forme d’un débit : nombre de véhicules pour une tranche de temps donné. Formés en un réseau plus ou moins dense, les capteurs fixes permettent d’obtenir une photographie relativement fidèle de la circulation routière en milieu urbain. L’état des lieux que nous avons fait a posteriori a permis de montrer les avantages de ces capteurs fixes par rapport aux capteurs mobiles. Il convient alors d’en explorer le potentiel d’exploitation comme dispositif de quantification : dans quels champs d’application sont-ils mis en place ? Que nous révèlent les données issues de ces capteurs ? Que mesurent-ils ? Comment les envisager pour reconstituer les dynamiques urbaines ?

Un rôle pivot des données de comptages routier pour la régulation