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L'aluminium aurait un pouvoir toxique pour l'Homme. Pour certains chercheurs, cette toxicité est relative et s'observerait uniquement chez des sujets particuliers et exposés à de fortes doses d'aluminium. Pour d'autres, ce métal qui est omniprésent dans notre quotidien posséderait une toxicité au long cours, même pour des sujets exposés à des faibles doses d'aluminium. Si l'on suit cette hypothèse, l'aluminium représenterait donc un risque sanitaire pour l'ensemble de population (Chantal Bismuth et coll., 1998).

9.1. Toxicité aiguë

L'intoxication aiguë correspond à une intoxication causée par de fortes quantités de toxique sur une période très brève. Comme les cas d'intoxications aiguës à l'aluminium sont très rares, il existe par conséquent peu de données sur cette toxicité. Les sels solubles d'aluminium (chlorure, fluorure, sulfate et citrate) sont généralement les causes de ces intoxications. Chez les animaux, il a été mis en évidence dans les études que la DL50 (Dose Létale 50) par voie orale variait de 140 à 6200 mg d'aluminium/kg de poids corporel suivant les espèces.

Elle est de 164 à 980 mg d'aluminium/kg de poids corporel chez le rat. A titre de comparaison, les DL50 par voie intrapéritonéale chez le rat sont inférieures et comprises entre

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25 à 108 mg d'aluminium/kg de poids corporel (agence francaise de securite sanitaire des

produits de sante ., 2011)

Chez l'homme, il y a peu de cas de décès par ingestion d'une importante quantité d'aluminium. Les cas recensés sont liés à des ingestions volontaires (suicides) ou accidentelles de pesticides (présence de phosphure d'aluminium). Dans ces cas-là, ce n'est pas directement l'aluminium qui a été mis en cause, mais le gaz phosphine qui a été produit au niveau gastro-intestinal.

Le seul effet nocifs qui ont été identifiés sont des éruptions cutanées, des ulcérations des lèvres et de la bouche, des troubles gastro-intestinaux et des douleurs musculaires chez des sujets qui on accidentellement bu de l'eau contaminée par d'importantes quantités de sulfate d'aluminium lors de l'accident de Camelford (village situé en Cornouailles, dans le SONTHONNAX Julien | Faculté de Pharmacie de Limoges| Décembre 2014 65 :sud-ouest de l'Angleterre) en 1988. La concentration retrouvée dans l'eau lors de cet accident variait de 30 à 620 mg/L). De la même manière, pour la voie respiratoire, aucun effet nocif ou décès n'est pour l'instant directement imputable à une exposition brève et à de fortes doses d'aluminium (Frery., 2004).

La réelle toxicité de l'aluminium va donc s'observer dans le cadre d'expositions chroniques. La toxicité aiguë de l’aluminium est modérée à faible. En raison de leur meilleure biodisponibilité, les formes solubles de l’aluminium (AlCl3, AlF3, sulfate d’aluminium Al2(SO4)3 et citrate d’aluminium) présentent un potentiel toxique plus important que les formes insolubles, telles que l’hydroxyde d’aluminium (Tableau 9).

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Tableau 9 : Valeurs de DL50 orales et intra péritonéales pour différents sels d’aluminium

Valeurs de Espèces Voie DL50 DL50

DL50 orales d’administr (mg (mg Al/kg

et intra ation substance pc)

péritonéales test/kg pc) pour différents sels d’aluminiu m (FAO/WH O 1989 et WHO 1997). Sels

AlBr3 Souris Orale 164

Rat Orale 162

Souris Ip 108

Rat Ip 82

Al(NO3)3 Souris Orale 286

Rat Orale 261

Souris Ip 133

Rat Ip 65

AlCl3 Souris Orale 3800 770

Souris Orale 220 Rat Orale 370 Rat Orale 3700 750 Rat Orale 1600 737 Souris Ip 105 Rat Ip 81

Al2(SO4)3 Souris Orale 6200 980

Souris Orale >730

Rat Orale >730

Souris Ip 40

Rat Ip 25

Al(OH)3 Rat Ip 1100 35

9.2.Toxicité subchronique, chronique :

Les premiers signes de toxicité liés à une exposition chronique à l’aluminium ont été révélés en milieu professionnel et chez les patients hémodialysés. Par la suite, des études menées en population générale principalement axées sur le risque neurologique ont été mises en œuvre. (ATSDR 1999).

Par voie orale, les sels d’aluminium provoquent des effets hématologiques (chlorure et sulfate), hépatiques (chlorure et nitrate), rénaux (chlorure) et immunologiques (chlorure). D’importantes

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modifications neurocomportementales sont également observées après exposition par voie orale et comprennent, notamment, une diminution de l’activité motrice et de la coordination, un défaut d’apprentissage et des troubles de la mémoire. Par inhalation, des signes d’inflammation pulmonaire sont rapportés pour le chlorure et le fluorure d’aluminium. (IPCS, 1997).

Aucune donnée n'est disponible concernant les effets systémiques du fluorure et de l'hydroxyde d'aluminium ainsi que pour l'aluminium poudre ou métal. (Toxicological profile for Aluminum, 2008).

Chez le rat, l'administration de 5 mg/kg de chlorure d'aluminium pendant 10 semaines par voie intrapéritonéale entraîne des effets hématologiques (diminution du nombre de globules rouges et blancs, du taux d'hémoglobine, de l'hématocrite et des plaquettes), rénaux et hépatiques (augmentation des niveaux en acide urique et urée ; augmentation des activités enzymatiques ASAT, ALAT ou LDH) (Geyikoglu et al., 2012). En revanche, lorsqu'il est administré par gavage ou dans l'eau de boisson, aucun effet n'est rap porté au niveau hématologique (gavage, 13 mg Al/kg/j, 2 semaines, souris), hépatique ou rénal (eau de boisson, 70 mg Al/kg/j, 90 jours, rats ou 49 mg Al/kg/j, 180 jours, souris) (Garbossa et al., 1998).

Le nitrate d'aluminium n'entraîne aucune atteinte hématologique ou rénale (eau de boisson, 284 mg Al/kg/j, 100 jours, rats) (ATSDR, 2008). Chez des rats exposés à 79 mg Al/kg/j dans l'eau de boisson, pendant 1 mois, une hyperémie splénique est rapportée ; à partir de 133 mg Al/kg/j, les effets hépatiques apparaissent avec hyperémie et infiltration de monocytes (ATSDR, 2008).

À la suite d'une exposition au sulfate d'aluminium, une diminution du taux d'hémoglobine et de l'hématocrite est observée chez des rats ayant reçu 54,7 mg Al/kg/j pendant 18 mois dans l'eau de boisson (ATSDR 1999).

Aucun effet hépatique ou rénal n'est rapporté chez des souris expo sées pendant 20 mois à 979 mg Al/kg/j (dans la nourriture) ou chez des rats et souris exposés respectivement à 0,6 et 1,2 mg Al/kg/j dans l'eau de boisson, durant toute leur vie (ATSDR, 2008).Les effets de l'aluminium sur le système immunitaire commencent à être étudier.

Ainsi, le chlorure d'alu minium (64 mg/kg dans l'eau pendant 120 jours) est à l'origine d'une augmentation des niveaux en complexes immuns circulants et d'une inhibition de la fonction immunitaire des érythrocytes, éléments précurseurs au développement de maladies auto- immunes. Il peut aussi induire des réactions d'hypersensibilité de types I et III ; par contre, son implication dans l'expression des mar queurs CD4+ et CD8+ reste à confirmer. (Zhu et al.,

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À la suite de l'inhalation pendant 5 mois (6 heures/jour, 5 jours/semaine) de chlorure (0,37 mg Al/m) ou de fluo rure d'aluminium (0,41 mg Al/m), une augmentation des niveaux de lysosomes, de protéines et de phosphatases alcalines est mesurée dans le liquide bronchoalvéolaire. Une protéinose alvéolaire est rapportée chez des rats, des cobayes et des hamsters exposés à 15, 20 ou 30 mg/m de poudre d'aluminium (taille des particules entre 2,5 et 4,8 μm) ; aucune fibrose pulmonaire n'est observée chez le hamster et le cobaye, alors que des foyers de pneumo pathie lipidique se développent chez le rat (ATSDR., 2008).

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