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Tous vaccins confondus

Dans le document Les vaccins : pourquoi font-ils peur ? (Page 152-155)

III. Étude expérimentale

III.5 Discussion

III.5.1 Tous vaccins confondus

Absence de proposition par le médecin traitant

De manière générale, la cause de non vaccination la plus citée, est l’absence de proposition par le médecin traitant (27 %).

Pour nuancer ce chiffre important, il faut rappeler que les recommandations vaccinales pour certains vaccins ne visent pas l’ensemble de la population. Si une personne de 30 ans est en bonne santé, et n’est pas en contact avec une personne à risque, le médecin traitant ne va pas forcément proposer le vaccin contre la grippe. De ce fait, si 30 % des personnes interrogées n’ont pas été vaccinées contre la

grippe, cela n’est pas nécessairement contraire aux recommandations nationales.

On remarque que pour le vaccin ROR, l’absence de proposition par le médecin traitant n’est pas du tout citée. Ce vaccin est donc bien conseillé et il est souvent indispensable pour toute entrée en collectivité.

Pour le DTP, 18 % des personnes interrogées ont cité cette cause de non vaccination. Bien que les premières injections de ce vaccin soient obligatoires, ce sont les rappels à l’âge adulte qui sont souvent oubliés : 12 % des personnes interrogées ne savent pas si elles sont à jour. Le médecin traitant peut également rencontrer des difficultés pour connaître le statut vaccinal de son patient (perte du carnet de santé par exemple). Mais les recommandations en vigueur depuis 2017 ont instauré un âge auquel faire ces vaccins, ce qui permettra de résoudre progressivement ces problèmes d’oublis.

Dans le cas du papillomavirus et de l’hépatite B, l’absence de proposition par le médecin traitant est citée dans 26 % et 28 % des cas respectivement. Ces chiffres importants peuvent témoigner d’un manque de confiance des médecins dans ces vaccins. Pour l’hépatite B, les ratés de la campagne de vaccination de 1994 en sont sûrement la cause. Quant au vaccin contre le papillomavirus, le peu de recul sur ce vaccin ainsi que des effets indésirables présumés ont pu freiner certains professionnels de santé.

Manque de confiance dans les laboratoires pharmaceutiques

Le manque de confiance dans les laboratoires pharmaceutiques est cité tous vaccins confondus à 12 %. Si l’on s’intéresse à chaque vaccin, on retrouve :

- 11 % pour la grippe - 9 % pour le DTP - 20 % pour le ROR - 13 % pour l’hépatite B - 13 % pour le papillomavirus

Maladies Vaccins Laboratoires

Grippe saisonnière Influvac® Vaxigrip®

Mylan

Sanofi-Pasteur Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite Revaxis® Sanofi-Pasteur Rougeole, Oreillons, Rubéole Priorix®

M-M-MVaxpro® GSK MSD Hépatite B Engerix B20® HBVaxpro® GSK MSD

Page 151 sur 190 Infections à papillomavirus Cervarix®

Gardasil®

GSK MSD

Il est peu probable que les patients connaissent le fabricant de chaque vaccin. Les résultats obtenus concernent plutôt les laboratoires pharmaceutiques dans leur ensemble. On constate que ce manque de confiance ressort davantage pour les vaccins à polémique, comme le vaccin contre l’hépatite B.

Peur des effets secondaires

La peur des effets indésirables représente de manière générale 15 % des raisons de non vaccination. - 10 % pour la grippe

- 0 % pour le DTP - 10 % pour le ROR - 30 % pour l’hépatite B - 17 % pour le papillomavirus

Là encore le vaccin contre l’hépatite B est pointé du doigt car il obtient le plus de réponses. Il est suivi par le vaccin contre le ROR et celui contre le papillomavirus. Ce sont des vaccins pour lesquels l’important bruit médiatique a relayé des polémiques quant à leur sécurité d’emploi. Le vaccin contre l’hépatite B avec la crainte de sclérose en plaques, le ROR accusé de provoquer l’autisme, et plus récemment le vaccin contre le papillomavirus prétendument impliqué dans des maladies neurodégénératives.

Mais on remarque, que les personnes ayant répondu au questionnaire, ont rarement cité un effet indésirable en particulier.

Inefficacité

L’inefficacité du vaccin est citée dans 6 % des réponses tous vaccins confondus. - 7 % pour la grippe

- 0 % pour le DTP - 0 % pour le ROR - 4 % pour l’hépatite B - 9 % pour le papillomavirus

Il est ici difficile de savoir sur quel élément s’appuie la personne interrogée pour juger de l’efficacité du vaccin. Celle-ci peut dépendre de la date de vaccination, et il faut rappeler qu’un vaccin n’est jamais efficace chez 100 % des personnes vaccinées. Il arrive que certaines physiologies soient résistantes au vaccin. En effet, la notion d’immunogénicité d’un antigène est relative. Elle est liée à la personne qui reçoit l’antigène et dépend de son génome, de son état immunologique et physiologique. Par exemple, le vaccin contre l’hépatite B sera plus efficace chez le nourrisson que chez l’adulte. Il peut également être moins efficace chez une personne en surpoids, consommatrice de tabac, d’alcool, ou encore chez quelqu’un ayant un déficit immunitaire.

Inutilité

L’inutilité du vaccin en raison d’une maladie peu grave ou disparue est citée pour 5 % des réponses, 6 % pour la grippe. Comme cette maladie est récurrente, on peut penser qu’elle est perçue comme peu grave, alors que ses conséquences mortelles sont rappelées à l’occasion de la campagne annuelle de vaccination.

Page 152 sur 190 La diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont probablement vus comme des maladies ayant disparu du fait de leur rareté. Pour le DTP, l’item a été choisi dans 9 % des cas.

Pour le vaccin contre l’hépatite B, l’item a été cité par 2 % des personnes n’ayant pas vacciné leurs enfants.

Items non choisis

Certains items n’ont pas ou peu été choisis par les répondants. Il s’agit de l’impossibilité de se procurer le vaccin (seulement une personne) ainsi que le prix. Cela s’explique par le fait que la question sur la vaccination DTP était axée sur les adultes et non sur les enfants. Or ce sont surtout les vaccins tétravalents pour les enfants qui ont été victimes de ruptures d’approvisionnement. Pour ce qui est du prix, c’est une question qui pouvait se poser pour le vaccin Gardasil® en début de commercialisation quand il n’était pas encore remboursé. Mais cela représente une courte période, et n’a pas été détecté dans ce questionnaire.

III.5.2 Grippe saisonnière

Pour la grippe saisonnière, les plus de 65 ans sont les plus vaccinés. Ce taux de vaccination de 53 % s’explique par la prise en charge à 100 % du vaccin. L’objectif de couverture vaccinale fixé à 75 % n’est cependant pas atteint.

La première cause de non vaccination correspond à l’absence de proposition médicale. En effet, les recommandations nationales ne concernent pas les classes d’âge en dessous de 65 ans, hors cas particuliers (certaines maladies chroniques, l’entourage d’un nourrisson de moins de 6 mois…). Or cette classe d’âge représente la majorité de notre panel.

Certaines personnes ont répondu que le vaccin était inefficace mais notre étude n’a pas permis d’expliquer sur quels critères :

- Ont-elles déjà attrapé une infection virale après le vaccin, qu’elles ont pu confondre avec la grippe ?

- Ont-elles eu une grippe moins virulente que ce qu’elles auraient eu sans vaccin ? S’étaient- elles vaccinées depuis plus de deux semaines ?

- Le vaccin correspondait-il aux souches en circulation ?

Chez 5 % des personnes interrogées, la peur des adjuvants représente un frein pour faire ce vaccin. Or les vaccins contre la grippe saisonnière ne contiennent pas d’adjuvants. Cela relève donc d’une mauvaise connaissance de la composition du vaccin. La confusion vient sans doute de l’épisode la grippe A H1N1 dans lequel l’adjuvant à base de squalène avait fait polémique en 2009.

III.5.3 Diphtérie, tétanos, poliomyélite

Bien que ce vaccin soit obligatoire, 10 % des personnes interrogées ne sont pas vaccinées et 12 % ne connaissent pas leur statut vaccinal, ce qui n’est pas négligeable. Ce fait concerne très majoritairement les personnes âgées de 65 ans et plus.

L’oubli est la première cause de non vaccination. En effet, après 25 ans ce vaccin est recommandé tous les 20 ans, puis tous les 10 ans passé 65 ans. Or cela peut être difficile à appliquer lorsqu’aucun document ne répertorie la date des vaccinations précédentes, ou que celui-ci a été égaré ou encore si le médecin traitant ou l’officine consultés ont changé.

Beaucoup de patients se reposent sur leur médecin traitant, mais encore faut-il que celui-ci propose le vaccin. Or 18 % des personnes interrogées ont répondu que ce n’était pas le cas.

Page 153 sur 190 18 % des personnes interrogées déclarent ne pas être vaccinées par opposition aux vaccins, cependant l’absence d’explications supplémentaires rend l’interprétation de cette affirmation difficile. Cela peut être dû par exemple à l’adjuvant présent dans les vaccins, ou encore par opposition à l’obligation vaccinale.

Parmi les personnes interrogées 9 % jugent ce vaccin inutile. Certes le dernier cas déclaré de poliomyélite en France date de 1992, mais cette maladie était à l’origine de véritables épidémies au XXème siècle causant plusieurs centaines de décès chaque année.

De même pour le tétanos, à l’heure actuelle les cas déclarés sont rares, mais au début des années 60 cette pathologie tuait plus de 300 personnes par an. (64)

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