• Aucun résultat trouvé

6. A NALYSE

6.2.1. Le tourisme 4-saisons

Il convient tout d’abord de s’accorder sur le fait que la terminologie « tourisme 4-saisons » comme elle est entendue dans le cadre de cette recherche comprend évidemment le printemps, l’été et l’automne mais également la saison hivernale. Développer une offre touristique diversifiée axée sur un tourisme 4-saisons ne signifie pas mettre en opposition l’hiver et le reste de l’année (entretien MINACCI 17.10.2017).

En comparaison au maintien du ski, il est difficile de dégager le même CA global grâce au tourisme 4-saisons parce que les dépenses journalières que le tourisme annuel suscite sont moins importantes que lorsqu’un touriste pratique le ski (entretien MINACCI 17.10.2017). Dans le cas du maintien du ski, ce sont les revenus liés aux forfaits de ski qui permettent de dégager un important CA. Or, cette dépense n’est pas nécessaire voire inexistante dans le cas du tourisme 4-saisons (id.).

Toutefois, engager le secteur du tourisme dans une telle transition offre une assurance économique intéressante. Elle peut être assimilée à la nécessité de diversification du risque pour garantir la rentabilité d’une entreprise qui pourrait être soumise à un phénomène de « cluster »35 (PORTER 1998) sur son marché et donc, de crise financière en cas de crash sectoriel.

33 Mesures disponibles en annexe, au point 9.4.1 du présent dossier.

34 Mesures détaillées au point 9.4.2 de cette recherche.

35 Les clusters illustrent un phénomène de concentration et de regroupement dans l’espace d’entreprises et d’institutions évoluant dans un même domaine industriel ou économique. Ils englobent un éventail d'industries liées et d'autres entités importantes pour la concurrence. De nombreux groupes comprennent des institutions gouvernementales et autres - universités, organismes de normalisation, groupes de réflexion, fournisseurs de formation professionnelle et associations professionnelles - qui offrent une formation spécialisée, de l'éducation, de l'information, de la recherche et du soutien technique (traduction et adaptation libre de Porter (1998)).

Une dépendance à la neige encore importante

L’objectif des autorités est de promouvoir la diversification de l’offre en favorisant une sortie progressive du « tout-ski » (CANTON DE VAUD 2016a : 5). Pour cela, les alternatives au ski36 parmi lesquelles figurent les activités non liées à la neige doivent être envisagées (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 93). Actuellement, l’offre hivernale dépend encore majoritairement de la neige ou intègre explicitement la pratique du ski à sa promotion. Si les mesures cofinancées par les autorités vaudoises dans le cadre de la diversification de l’offre durant la saison hivernale permettent parfois de se positionner en alternatives au ski, on en encore loin de la promotion d’activités réellement non dépendantes de la neige.

Le World Wild Festival prend par exemple ses quartiers à Leysin à la fin du mois de mars et s’adresse à un public international de skieurs au vu de la présentation d’une carte d’accès à Leysin à l’échelle européenne et de forfaits de ski spécialement conçus pour l’occasion (WORLDWILD 26.11.2017). Le festival combine en effet offres culturelle et sportive en proposant des forfaits permettant de skier durant la journée à prix réduit et de profiter des concerts dès la fin d’après-midi selon un concept « d’après-ski » (id.). Aujourd’hui, le World Wild Festival « agendé en fin de saison, [offre] un plus aux touristes et aux visiteurs de la station. Environ 5000 festivaliers sont attendus (…). » (SPECO 2017h). Dès la première édition, les autorités cantonales y voyaient un potentiel de développement des compétences organisationnelles de manifestation internationales à Leysin (SEPCO 2013b), ce qui n’est pas sans rappeler l’ambitions des JOJ2020 (LAUSANNE 2020 7.8.2017).

La compétition nomade de freestyle et cross ski/snowboard « Giant X Tour de Leysin » se déroule en mars (GIANT X TOUR 7.8.2017). Elle s’adresse en particulier aux écoliers qui souhaitent faire leurs premiers pas en tant que compétiteurs (id.), renforçant ainsi aussi l’axe « formation » dans le cadre des positionnements dominants développés pour la station (PDCN 2017 : 417). Une démarche environnementale a été mise en place en partenariat avec la fondation Summit Foundation qui œuvre notamment pour la préservation de l’environnement sur les domaines skiables (SUMMIT FOUNDATION 26.11.2017) en proposant des poubelles incitant au tri des déchets (GIANT X TOUR 26.11.2017). Le transport est également adapté : les compétiteurs sont regroupés et transportés par cars à Leysin. Les organisateurs sont, quant à eux, incités à pratiquer le covoiturage et disposent de 2 voitures roulant au gaz naturel (id.). Or, la compétition se déroule sur le domaine skiable de Leysin à un moment de l’année (fin mars) susceptible de connaître des températures empêchant la formation de précipitations neigeuses (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 20). En soi, les domaines skiables sont des supports infrastructurels intéressants et sécurisés sur lesquels peuvent être développées des activités de diversification à la pratique traditionnelle du ski alpin de piste. Mais il n’est donc pas exclu que la tenue de cet événement entraîne un usage renforcé de l’EM et, par conséquent, des ressources en eau et électricité, induisant ainsi un impact écologique négatif, car l’usage des canons à neige ne peut pas toujours être évité, même dans le

36 Les mesures validées par les autorités cantonales vaudoises dans le cadre de la diversification durant la saison hivernale sont d’ordre événementiel, les infrastructures dédiées au maintien du ski étant analysée au point 6.1 de ce dossier.

cas de manifestations n’ayant pas de lien direct avec la pratique du ski de piste. L’investissement dans un programme d’EM sur le parc ludique de Château-d’Oex, aussi petit soit-il, n’est a priori pas rentable en raison de l’altitude à laquelle il se trouve. Situé à 958m, il sera pleinement concerné par le réchauffement climatique et l’élévation de la limite des chutes de neige d’ici 2035 (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 57). Or, le Festival des Ballons qui se tient en janvier se déroule sur le même terrain que le parc ludique enneigé artificiellement. Dès lors, le recours à l’EM permet de disposer d’une aire de décollage praticable car le sol dur empêche les aéronefs de s’embourber dans un éventuel terrain délavé et couvert de boue (entretien RAMSEIER 5.10.2017). Cela garantit la tenue de cette manifestation à portée internationale (id.) créée en 1979 dans le village devenu depuis la « capitale suisse de la montgolfière » (OT CHÂTEAU-D’OEX 17.1.2018). La dureté de la couche de neige artificielle, problématique d’un point de vue environnemental en raison de la prolifération d’agents pathogènes, est ici une aubaine : elle permet de valoriser le village en tant que destination de ski familiale mais aussi son patrimoine culturel, tout en évitant des impacts environnementaux majeurs en raison de la petite surface enneigée (entretien RAMSEIER 5.10.2017).

L’hiver n’est donc pas seulement synonyme de ski alpin. Aux Mosses par exemple, « Ski-24 » est une course de ski de fond en relai de 24 heures (SKI-24 23.11.2017) certifiée ecosport.ch (SEPCO 2017d). Le principe de ce label est le suivant : « L’offre en matière de sport et les manifestations sportives ne doivent pas nuire à l’environnement « plus qu’il n’est nécessaire » car l’environnement est souvent la condition d’une pratique sportive réussie » (ECOSPORT.CH 23.11.2017). En dehors de l’usage de produits alimentaires régionaux et de couverts biodégradables, les animations ne se font que dans l’aire de départ et d’arrivée dans le but de ne pas déranger la tranquillité de la faune (id.). Dans cette optique, le tracé de la compétition n’est pas modifié par rapport à ceux habituellement proposés par l’Espace nordique des Alpes Vaudoises37 (id.). La station « a été choisie pour accueillir cet évènement, notamment pour ses conditions d'enneigement et la disponibilité́ de nombreux logements à proximité́ des pistes de ski » (SEPCO 2013a), ce qui confirme également le positionnement dominant des Mosses en tant que station de ski nordique et familiale (PDCN 2017 : 415) puisque les enfants ont aussi leur course (SKI-24 17.1.2018). Et le succès est au rendez-vous : en 2013, 450 nuitées avaient été réservées lors de la 1ère édition (SPECO 2013a). En 2017, lors de la validation de la subvention de soutien, les autorités vaudoises prévoyaient l’inscription de 800 candidats, la venue de 1000 spectateurs et 800 nuitées pour l’édition 2017 de Ski-24 (SEPCO 2017d). Le record de participation sera même battu puisque 849 skieurs, toutes catégories confondues, ont pris part aux courses (SKI-24 17.1.2017).

Aussi, d’autres activités sportives telles que la luge, la marche sur neige et plus particulièrement la randonnée en raquette ont connu un essor important ces dernières

37 Les Mosses se distinguent parmi l’offre de ski nordique des autres stations grâce à la création de l’Espace nordique des Alpes Vaudoises sur son territoire et l’ampleur de ce dernier (CANTON DE VAUD 2017a : 4). 42 km de pistes de fond ainsi que des vestiaires sont à disposition des fondeurs (OT LES MOSSES 23.11.2017). Cette mesure est explicitement recensée dans le cadre de la diversification et de la transition vers un tourisme 4-saisons (CANTON DE VAUD 2017a : 4).

années (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 97). A la Braye, Leysin et les Mosses, des itinéraires dédiés à la luge ou à la randonnée hivernale, avec ou sans raquette, existent (OT LEYIN ; OT LES MOSSES ; YETIPASS 11.12.2017).

Or, ces dernières peuvent se pratiquer sur une couche de neige moins importante que le ski alpin (id.). Elles ne sont a priori pas soumises à la même pression économique liée à la réduction du couvert neigeux que la pratique du ski alpin. Aussi, les équipements qu’elles nécessitent sont moins importants puisqu’elles peuvent être pratiquées sans recourir aux RM ni à l’EM. Associées à un meilleur ensoleillement d’octobre à mars en montagne qu’en plaine en raison de la formation de stratus (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 30-33), les Alpes Vaudoises pourraient offrir un panel de loisirs hivernaux véritablement diversifié s’adressant à un large public dans un cadre idéal. Toutefois, ces activités restent complémentaires au ski et « il n’est dès lors pas certain que les touristes se déplaceraient en masse si le ski venait à disparaître complètement » (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 97). De plus, couverture neigeuse tend à diminuer globalement (KLEIN et al. 2016) et, depuis le début des années 1960, une diminution du cumul de neige fraîche d’environ 30% a été observée à Château-d’Oex et de 20 à 25% à Leysin (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 47). De ce fait, les efforts de diversification doivent être poursuivis dans le but de développer des activités véritablement non liées à la neige puisque les Alpes Vaudoises seront confrontées à un manque futur (2013 : 98) qui affectera même les sports se pratiquant sur une fine couche de neige.

Des opportunités liées au réchauffement climatique à saisir

Les Alpes Vaudoises connaissent également des opportunités relatives à l’augmentation globale des températures notamment. Les conséquences des changements climatiques deviennent alors un atout dans le cadre de la diversification de l’offre : tandis que le climat estival des villes de plaine sera de plus en plus chaud en raison des épisodes caniculaires, les Alpes représenteront un lieu de fraîcheur (REBETEZ ET LEHMANN FRIEDLI 2016 : 119). De plus, « si la variabilité des températures ne va pas changer, les conditions estivales interviendront de plus en plus tôt au printemps et se prolongeront de plus en plus tard en automne » (id.). Cette dernière perspective permet l’extension de l’offre estivale mais aussi d’envisager une meilleure rentabilité de l’entre-saison, moins fréquentée (id.). C’est le cas par exemple de la course VTT-24, calquée sur le même principe que le Ski-24 (VTT-24 27.11.2017). En 2017, elle s’est déroulée les 23 et 24 septembre, profitant ainsi de l’extension des conditions estivales que connait le début de l’automne (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 58 et 120).

Pendant l’été, l’argument de fraîcheur est du reste utilisé par les organisateurs du « Au Pays des Enfants » (LA TELE 4.8.2017). Les Alpes Vaudoises ont l’avantage de la proximité avec le bassin lémanique et connaissent déjà une hausse de fréquentation lors de pics caniculaires en plaine (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 104). Ces derniers sont également susceptibles de se renforcer selon les prévisions climatiques (2013 :53). Or, l’augmentation des journées caniculaires modifiera potentiellement les destinations choisies par les voyageurs lors de grandes chaleurs (Amelung & Viner 2006, Ceron & Dubois 2000, Hamilton et al. 2005, Perch-Nielsen et al. 2010, Rutty & Scott 2012 in SERQUET ET REBETEZ 2013 : 102). La réorientation des destinations devrait être favorable aux régions situées plus au nord et plus en altitude en raison de

canicules « de plus en plus rédhibitoires » prévues aux abords de la Méditerranée (2013 :102).

Dans cette logique de modification des comportements due au réchauffement climatique, le festival « Au Pays des Enfants » est un exemple de transition vers un tourisme 4-saisons réussi. Il vise à « compléter le tourisme évènementiel du Pays-d’Enhaut et des Alpes Vaudoises, accroître la diversification et la fréquentation estivale, renforcer le positionnement famille-enfants de la région, développer les liaisons estivales entre Château-d'Oex, Rougemont et Rossinière » (SEPCO 2014c et 2017g). Pour cela, le jeune public est invité à prendre part à des ateliers de bricolages, des spectacles liés aux arts du cirque ainsi que des animations de rues dans 4 villages du Pays-d’Enhaut dans un décor naturel (AU PAYS DES ENFANTS 26.11.2017)

La manifestation intègre également des principes de durabilité environnementale et sociale : un rabais de 10% sur la ligne du MOB est accordé aux festivaliers arrivant depuis Montreux ou toute autre gare MOB. S’agissant d’une manifestation multi-site, le transport entre les différents lieux du festival est gratuit à bord du « train des enfants » (AU PAYS DES ENFANTS 26.11.2017). La suite de mon analyse démontre également que les déplacements en TP s’intègrent dans une logique d’atténuation des émissions de GES. A la durabilité environnementale favorisée par les déplacements en train s’ajoute aussi une perspective sociale rare et très intéressante puisqu’à quelques exceptions près de représentations et d’ateliers payants, l’ensemble du festival est gratuit (id.).

Les mesures cofinancées par le Canton de Vaud permettent également tant aux touristes qu’aux habitants de la région de profiter des beaux jours et donc de l’allongement de la saison estivale. Le village de Château-d’Oex illustre particulièrement bien les améliorations consenties dans le but de rénover les équipements sportifs en plein air existants. La piscine en plein air attenante au camping a été rénovée : les structures dédiées aux visiteurs (toboggan, zone d’accueil et sanitaires) ont été améliorées et la pompe à chaleur remplacée (SEPCO 2015b). La place multisports située au centre du village a également été assainie « afin de pérenniser l’offre d’activités estivales » (SPECO 2014b). Les courts de tennis et les surfaces multisports ont également été rénovés (id.).

L’esprit de durabilité qui entoure le processus de diversification à Château-d’Oex est aussi observable dans le cadre des mesures infrastructurelles validées liées à la diversification de l’offre. La cabane-buvette du Parc des Sports est la même que celle du parc ludique d’apprentissage du ski. La structure démontable est transportée selon la saison sur le site exploité (entretien RAMSEIER 5.10.2017). Il n’a donc pas été nécessaire d’investir dans deux bâtiments, les risques de pollution par hydrocarbures existant sur tout chantier ont été complètement supprimés (HINTERMANN ET WEBER 2013 : 24). Il n’existe néanmoins pas d’EIE relatif au tourisme 4-saisons. Par conséquent l’impact environnemental du tourisme annuel et estival en particulier est difficilement estimable dans le cadre de cette recherche. Il serait intéressant de questionner par exemple les conséquences du pic de fréquentation lors d’une manifestation estivale sur les ressources en eau. Une diminution prévue en été des précipitations et des débits affectera la recharge des nappes phréatiques et l’approvisionnement en eau (WEINGARTNER ET ROESSLER 2016 : 85-86). L’organisation de manifestation pourrait engendrer une pression sur les ressources

naturelles ponctuellement encore plus intense en raison de l’augmentation temporaire de la population. Ce phénomène éphémère renforcerait encore plus les impacts écologiques relatifs à l’utilisation de l’eau.

De l’importance de diminuer le phénomène de saisonnalité du tourisme

Historiquement, le développement touristique des Alpes s’est construit autour d’un phénomène de binarité important opposant été et hiver (SUISSE TOURISME 2010 : 26). Aujourd’hui, les conditions météorologiques prévalant à certaines saisons et les périodes de vacances scolaires conditionnent moins la pratique du tourisme que par le passé. L’existence d’une « basse saison » caractérisée par « une offre réduite et une météo incertaine » perd de plus en plus de sens en raison de l’évolution climatique (id.). Il est donc nécessaire de revoir la forme de l’offre en accordant une attention particulière aux activités et attractions touristiques qui atténuent le caractère saisonnier du tourisme suisse (CONSEIL FEDERAL 2013 : 47-48).

La saison automnale a un potentiel économique intéressant puisqu’elle connaît notamment le taux de précipitations moyennes saisonnières le plus faible (SERQUET ET REBETEZ 2013 :23). Mais globalement, l’entre-saison, à savoir le début du printemps (avril-mai) et la fin de l’automne (octobre-novembre), reste peu exploitée pour l’instant (2013 : 107-108). Elle concerne plutôt une clientèle d’affaires ou individuelle qui se décidera très spontanément en fonction des conditions météorologiques dans les Alpes Vaudoises (2013 : 107-108). Les prestataires d’offres touristiques doivent donc faire preuve de flexibilité notamment face au risque d’annulation et le développement d’activités alternatives est nécessaire pour faire face aux jours de mauvais temps (id.).

Dans cette perspective, le Canton de Vaud a cofinancé la numérisation du cinéma « Le Regency » de Leysin afin de l’adapter à l’évolution technique cinématographique mais aussi de maintenir une offre culturelle grand public dans la station (SPECO 2012). Il convient de relever le fait que les prix pratiqués par les cinémas de la région sont nettement inférieurs à ceux d’une ville telle que Lausanne : une entrée adulte à Leysin coûte CHF 14.- contre 19.60.- au cinéma Pathé de Lausanne (LE REGENCY ; PATHE 12.12.2017). En ce sens, si aller au cinéma à la montagne n’est peut-être pas une activité typiquement alpine, elle peut se profiler comme étant une occasion plus accessible pour des familles de profiter d’une séance en dehors de toute considération météorologique et ce, durant toute l’année.

Suivant la même logique, l’extension du musée du Vieux Pays-d’Enhaut à Château-d’Oex s’inscrit « dans la droite ligne des options stratégiques définies en matière de diversification touristique dans le cadre du programme Alpes Vaudoises 2020 » (SEPCO 2017b). Elle permettra d’accueillir une collection de découpages sur papier plus importante encore (id.). Le musée se profilera dès lors comme le centre suisse des papiers découpés en partenariat avec l’Association suisse des amis du papier découpé (id.). Les autres collections valorisant notamment la pratique sociale de la fabrication du fromage contribuent aux « fondements de la politique touristique de la région, avec un potentiel très concret de développement d'offres et de produits correspondant à une demande du public et à l'identité même du Pays-d’Enhaut » (AGRICULTURE.CH 27.10.2017).

Mais toutes les actions entreprises dans les Alpes Vaudoises ne nécessitent pas forcément de soutien financier de la part des autorités. Ainsi, les acteurs du tourisme régional ont réussi à développer une forme de tourisme saisonnier très spécifique sans recourir à des mesures de diversification cofinancées par le Canton. Le phénomène de mondialisation, qui a d’abord malmené le secteur touristique suisse, offre aujourd’hui de nouvelles perspectives de développement notamment durant l’entre-saison en gagnant des marchés à fort potentiel de croissance (CONSEIL FEDERAL 2013 : 48). Associé à la tendance avérée de l’accès simplifié au voyage, les marchés traditionnels38 de provenances des clients glisseront vers de nouveaux horizons : BRIC39, Etats du Golfe, Asie du Sud-Est, Australie, Corée et Taïwan prennent une importance croissante (id.). Suite à des négociations avec des tour-opérateurs indiens, les flux de touristes ont été détournés des étapes traditionnelles que sont Engelberg-Titlis ou Interlaken-Jungfrau pour venir découvrir les Alpes Vaudoises (TTC 23.5.2017). Cet accord entre la station et les prestataires indiengénère un CA de près d’un million de francs et ce chiffre pourrait encore augmenter car les dépenses des touristes pourraient être amplifiées par un plus long séjour dans la station (id.).

Concrètement, l’activité proposée à Leysin se déroule au sommet de la Berneuse où se tient un gala au Kuklos. Le restaurant est l’une des deux attractions phare des Alpes Vaudoises avec le Glacier 3000 (AV2020 2013 : 17) et pionner de l’écotourisme dans la région : « le Kuklos est le point de départ du sentier des énergies renouvelables et ses panneaux photovoltaïques contribuent à la rotation du restaurant » (OT LEYSIN 27.11.2017). Mais les objectifs et les attentes nouvelles de ces clients ne sont pas sans poser d’autres challenges (SUISSE TOURISME 2013 : 27-28) : le gala du Kuklos requiert par exemple la venue d’un chef cuisinier d’Inde tous