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Malgré une certaine concordance temporelle trouvée entre l'augmentation des CSS, les débits et les précipitations, seule une très faible corrélation a été notée entre les CSS et les débits. Aucune corrélation significative n'a été observée entre les CSS et les précipitations. Ces résultats corroborent ceux de l'étude de Pavey (2006), qui a également constaté que les CSS n’étaient pas corrélées avec les précipitations ou les débits. Les corrélations avec les précipitations auraient possiblement été différentes si les précipitations avaient été mesurées sur le site, mais les données de la station météorologique de Miramichi RCS (située à 60 km au nord de la tourbière) ont dû être utilisées. Il peut y avoir des différences importantes dans l'intensité des événements convectifs et des précipitations pour les stations distancées (Zhang et al., 2001). L'humidité du sol dans la zone étudiée peut également avoir joué un rôle dans l'absence de corrélation avec les précipitations. Il a été noté que les débits ont réagi différemment au cours des événements de précipitations semblables, ceci peut être dû à la saturation variable des sols selon les événements. Cette saturation étant elle-même liée à l’arrangement structural des sols et à la végétation (type et densité). Les niveaux des CSS ont été les plus élevés à la station C2, située à environ 10 m, en aval de la confluence de la rivière East Branch Portage et d’un chenal (dépression) formé par les eaux de drainage qui sont acheminées vers la zone tampon, avec des valeurs atteignant jusqu’à 2g/L. La norme néo-brunswickoise a été dépassée environ 50% du temps en 2007 et en 2008 dans cette même station. Les dépassements des CSS à la station C1 n’ont pas coïncidé avec ceux de la station C2, un résultat possible de la présence d’un marécage, situé entre C1 et C2. La station C3, située dans une zone non perturbée par les activités d’extraction de la tourbe durant cette présente étude, avait de très faibles fréquences de dépassements (3% du temps en 2007 et 2% du temps en 2008) de la norme néo- brunswickoise. Les activités reliées au réseau de drainage et la récolte ont probablement causé les niveaux élevés des CSS, étant donné la fréquence de valeurs élevées observées pendant les périodes durant lesquelles ces activités ont eu lieu. L’étude de Gemtec (1993) a constaté que des niveaux élevés de CSS étaient le résultat de travaux de creusage des canaux de drainage qui participent à libérer des fibres de tourbe qui ont ensuite été transportés par l'eau.

Certes, l’entretien du bassin de sédimentation semble avoir un impact important sur les niveaux des CSS, mais l'entretien du bassin seul ne serait pas suffisant pour réduire les niveaux des CSS sous la norme néo-brunswickoise de 25 mg/L. En 2007, les niveaux des CSS ont baissé de 82% pendant les 20 jours après l'entretien du bassin. Par contre, les niveaux des CSS sont demeurés largement supérieurs à 25 mg/L durant cette période. En 2008, les niveaux des CSS ont même augmenté de façon étonnante après l'entretien. De plus, les bassins se remplissaient rapidement de tourbe. Ces niveaux élevés de CSS peuvent être associés à une augmentation de la mobilité des sédiments du fond et des côtés du bassin de sédimentation après l'entretien. En Finlande, Martilla et Klove (2008), au cours d'expérience en canal au laboratoire utilisant des échantillons de sédiments à partir de quatre bassins de sédimentation de tourbe et des expériences sur le terrain pour ces mêmes bassins, ont montré que la contrainte de cisaillement critique d'une couche de sédiments de tourbe non tassée était six fois inférieure à celle d'une couche consolidée. Il se peut que le creusage des bassins lors de l’entretien affecte la contrainte de cisaillement en éliminant la couche compactée de tourbe. Ce faisant, l’érodabilité des particules de tourbe a pu être augmentée. Cependant, des mesures de vitesse dans le bassin de sédimentation n’ont pas été incluses dans la présente étude. Il est donc difficile de conclure de manière certaine que les variables hydrauliques (rugosité, cisaillement, vitesse) ont été modifiés de manière significative lors du nettoyage des bassins.

En effet, 36 jours après l'entretien du bassin, environ 60% du volume du bassin était comblé de sédiments. Ceci suggère soit que le bassin peut atteindre un niveau de saturation rapidement, ou que la technique de nettoyage n’est pas efficace, ce qui a comme conséquence que la capacité du bassin à retenir la tourbe n'est plus suffisante. Par conséquent, le bassin de sédimentation doit être nettoyé fréquemment, avec une technique adéquate, en prenant en considération les activités de récolte. Les mesures d'accumulation de la tourbe dans le bassin doivent être plus fréquentes afin de ne pas dépasser le point de saturation. Gemtec (1993) a également recommandé que les bassins de sédimentation doivent être nettoyés, au minimum, immédiatement après les activités de drainage et une fois au printemps de chaque année et avant que le taux d’accumulation des sédiments atteint de 25% à 50% du volume du bassin de sédimentation.

En ce qui concerne la caractérisation des sédiments déposés, les dépôts récoltés par les trappes à sédiments ont montré que le sable était généralement le principal type de sédiments présent dans tous les sites pour les deux années. Parmi les

sédiments plus fins, le sable est aussi le type de sédiments qui contient le plus de matière organique, principalement composé de tourbe. Les pourcentages du contenu en matières organiques ont été plus élevés au S5, le site situé à proximité des activités d’extraction de la tourbe, et a diminué au S1, le site situé en aval de la tourbière. Cependant les pourcentages de matière organiques sont relativement faibles, ce qui peut être dû au fait que les particules de tourbe restent en suspension sur de très longues distances. Dans l'étude de l'accumulation de tourbe dans le ruisseau Mill, Ouellette et al. (1997 et 2006) ont montré que la tourbe peut rester en suspension pendant près de 1 km avant de s'installer dans les zones à faible gradient. Madej et al. (2005) ont étudié des ruisseaux dans le nord de la Californie et ont constaté que les particules organiques sont capables de rester en suspension plus longtemps en raison de leur structure. Une étude ultérieure devrait mettre des pièges à sédiments encore plus loin en aval de la tourbière afin de valider cette hypothèse.

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