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2.2 Moyens radiologiques d’étude de l’ostéoporose

2.2.4 Tomodensitométrie

La tomodensitométrie (TDM) est également une méthode d’imagerie médicale basée sur l’absorption des rayons X par le corps humain. Contrairement à la radiographie, qui donne des images projetées, la TDM fournit des images en coupe, qui, empilées les unes sur les autres, permettent de reconstruire un volume. Chaque coupe est une cartographie 2D des coefficients d’absorption dans un plan de coupe.

Formation de l’image Pour reconstruire une coupe, les scanners acquièrent une série

de vues projetées d’une tranche de corps humain en faisant tourner une source de rayons X et des détecteurs autour du sujet (figure 2.4). Comme en radiographie standard, les rayonnements reçus au niveau des détecteurs sont atténués par tous les tissus traversés le long du trajet du rayon. Chaque projection permet de calculer la somme des coefficients d’absorption le long du trajet des rayons. À partir des vues prises à 360˚ autour du sujet, des méthodes mathématiques permettent de calculer la cartographie 2D de coefficients d’absorption de cette coupe.

Les appareils de TDM modernes fonctionnent sur ce principe avec plus ou moins de variation, et sont maintenant capables de reconstruire de nombreuses coupes en quelques secondes. La résolution d’un scanner classique dans le plan de la coupe peut atteindre de l’ordre du demi-millimètre, et l’épaisseur des coupes est généralement de 1 mm. Des variations même légères des coefficients d’absorption permettent de différencier les tissus. La TDM donne ainsi accès à une vue anatomique précise et tridimensionnelle de la zone étudiée.

La TDM est la méthode d’imagerie de référence dans l’étude morphométrique des os, du fait de leur coefficient d’absorption important, qui les différencient facilement des autres tissus.

2.2. MOYENS RADIOLOGIQUES D’ÉTUDE DE L’OSTÉOPOROSE

Figure 2.4 – Principe de mesure en tomodensitométrie. La source et le récepteur prennent des images en tournant autour du sujet pour constituer une coupe.

Figure 2.5 – Tomodensitométrie d’une vertèbre (coupe transversale). La DMO dans la vertèbre est mesurée à l’aide des 4 zones de densité différente du fantôme (en bas).

TDM quantitative Les scanner TDM fournissent une cartographie de l’absorption

exprimée en unités Hounsfield (HU), une unité d’absorption standardisée, qui attribue une valeur de −1000 à l’air, 0 à l’eau, et +1000 à l’os dense. Comme on l’a vu précédem- ment, l’absorption des rayons X est proportionnelle à la masse de l’objet absorbant. Les coefficients d’absorption de l’os sont ainsi proportionnels à la densité minérale osseuse. Il est donc possible, sous certaines conditions, de convertir une image en HU en image

appareils et leur tendance à dériver dans le temps, il n’y a pas de formule de conversion

universelle entre HU et g HA/cm3. Pour pouvoir faire cette conversion, il faut mesurer

un objet de référence de densité en équivalent HA connue. La valeur en HU mesurée

par le scanner correspondra à sa densité en g HA/cm3. Avec plusieurs objets de densités

différentes, une droite de calibration entre g HA/cm3 et HU pour les images considérées

peut être trouvée. On utilise pour cela des fantômes de calibration en HA ou en autre sels, que l’on place à côté de l’objet à mesurer.

Certains constructeurs de scanner fournissent des fantômes de calibration avec leurs appareils et des logiciels pour calculer la DMO dans une zone d’intérêt. Si ces méthodes sont parfois utilisées par exemple en planification chirurgicale pour évaluer la qualité d’un os qui va recevoir un implant par exemple, elles ne sont pas utilisées pour le diagnostic de l’ostéoporose, en raison du coût et de l’irradiation qu’elles entraînent.

En biomécanique, la TDM est souvent utilisée pour étudier les structures osseuses. Elle permet d’accéder à la géométrie précise des os. Des méthodes dites de segmentation permettent de reconstruire la géométrie en trois dimensions des os ou d’autres struc- tures visibles en TDM. Chaque voxel, c’est-à-dire chaque élément de l’image, est d’abord attribué plus ou moins manuellement soit à l’os, soit à l’extérieur. Ensuite, l’interface entre l’os et l’extérieur est décrite sous forme d’un nuage de points reliés par des tri- angles, grâce à des algorithmes automatiques tel que « les marching cubes » (Lorensen et Cline, 1987). Les méthodes de segmentation sont plus ou moins automatisées selon l’os considéré. Les vertèbres sont particulièrement difficiles à segmenter automatiquement, du fait de leur faible densité.

Lorsqu’elle est quantitative, la TDM donne également accès aux propriétés méca- niques des os. En effet, des études ont mis en évidence le lien entre la DMO volumique mesurée en TDM et les propriétés mécaniques du tissu osseux (Kopperdahl et al., 2002). Pour cela, des échantillons d’os vertébral trabéculaire ont été récoltés, leurs DMO ont été mesurées en TDM, puis ils ont été testés expérimentalement en compression. La figure 2.6 montre la corrélation entre le module d’Young E, ainsi que la contrainte maximale

à la rupture σmaxet DMO des échantillons.

Figure 2.6 – Relation entre module d’Young, contrainte maximale à la rupture, la déformation maximale, et DMO mesurée au CT-scan ((Kopperdahl et al., 2002))

Une équation de régression linéaire permet d’estimer le module d’Young en fonction de la DMO. Dans cette étude :

E(MPa) = 2320 DM O(g/cm3) − 34,7 (2.7)

2.2. MOYENS RADIOLOGIQUES D’ÉTUDE DE L’OSTÉOPOROSE

ractérisée par un coefficient de corrélation R2 = 0.91. Outre la variabilité des mesures,

cette variation résiduelle peut être expliquée par d’autres facteurs que la DMO qui inter- viennent dans les propriétés mécaniques de l’os, comme la microstructure, l’organisation des travées, la composante protéique, etc. Néanmoins, la DMO fournit une estimation

raisonnable du module d’Young. Les mêmes remarques peuvent être faites pour σmax. On

notera que, σmax et E variant de la même façon, la déformation maximale à la rupture

εmax varie peu pour l’os vertébral trabéculaire.

La TDM quantitative est ainsi une méthode d’imagerie de choix, qui donne accès à une géométrie précise et une cartographie 3D des densités. Elle donne la possibilité de modéliser finement les os, comme nous le détaillerons dans la section 2.3. Cependant, elle est trop coûteuse et trop irradiante pour être utilisée en routine clinique pour le dépistage de l’ostéoporose. L’imagerie basse dose est à préférer pour cette utilisation, qui touche la plupart des personnes âgées.

Micro-tomodensitométrie Si la résolution d’une TDM au niveau vertébral est de

l’ordre du demi-millimètre, les micro-scanners peuvent atteindre une résolution de l’ordre de la dizaine de microns, mais avec un volume limité. Ces scanners sont utilisables pour des petits animaux, des pièces anatomiques isolées, ou les membres de sujets humains (on parle alors d’HRPQCT, pour High resolution peripheral quantitative computed to- mography). Ces scanners donnent alors accès à la microstructure : les travées osseuses sont visibles. De nombreux indices de microstructure peuvent être calculés, comme le nombre de travées par unité de volume, le nombre de connexions entre les travées, la taille moyenne des travées, etc. S’ils ne permettent pas une application clinique au site vertébral, la micro-TDM donne la possibilité de modéliser l’os à plus petite échelle (Eswaran et al., 2006), ou d’estimer les propriétés mécaniques d’un échantillon plus finement, en prenant en compte la microstructure.