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Thierry CHEVAILLIER, Stéphane LOUVET, Aurélien PERRUCHET

L’enquête, dont les premiers résultats sont exposés ici, a été menée entre le 4 mars et le 22 mars 2002 auprès de 574 étudiants de maîtrise de l’université de Bourgogne (voir tableau 1). On a cherché à ce que tous les grands secteurs disciplinaires soient représentés.

Le questionnaire distribué comprenait, outre diverses questions sur la situation personnelle de l’étudiant(e), des questions plus spécifiques sur ses souhaits d’orientation pour l’année suivante, ainsi que des listes d’items devant l’amener à préciser sa vision des DEA, thèses et DESS. Le but poursuivi était en effet de préciser quelles représentations se font les étudiants de maîtrise des poursuites d’études possibles, et quelles stratégies gouvernent leurs choix d’orientation.

Nous donnerons ici tout d’abord quelques indications sur les choix envisagés par les étudiants, puis nous reviendrons plus en détail sur l’image que ceux-ci se font des DEA, thèses et DESS.

1- Analyse des souhaits d’orientation

Premier constat : les étudiants souhaitent massivement poursuivre des études à l’issue de l’année de maîtrise, et cela quelle que soit la discipline (voir tableau 2). La proportion d’étudiants souhaitant poursuivre s’élève à 100 % pour cinq disciplines, et s’élève en moyenne à 92 % (le minimum étant de 83 %, pour le droit).

Les étudiants étaient invités à exprimer au maximum trois choix, en les classant par ordre de préférence. 56 % d’entre eux ont explicitement exprimé un premier choix40.

Le graphique 1 montre, pour chaque discipline, la répartition des premiers choix exprimés. La catégorie « thèse » regroupe les choix « DEA + thèse » et « DESS + thèse ». La catégorie « concours » regroupe les concours de l’enseignement et les concours administratifs, et la catégorie « autres » comprend notamment les écoles. Certains résultats étonnants s’expliquent par la composition de l’échantillon : ainsi, la faiblesse de la catégorie « concours » pour le droit et la biologie est liée au fait que la maîtrise de droit public ne fait pas partie de l’échantillon, de même que la mention de la maîtrise de biologie spécifiquement dédiée aux concours de l’enseignement.

* Nous remercions les membres du CIA-CEREQ de l’Irédu, pour l’aide apportée lors de l’élaboration du

questionnaire.

40 On trouve dans les 44 % restants ceux qui ne veulent pas poursuivre d’études, ainsi que ceux qui n’ont pas

Globalement, la structure des premiers choix apparaît relativement différenciée suivant les disciplines. Néanmoins, l’avantage va très nettement aux DESS, qui réunissent à eux seuls 60 % des premiers choix exprimés, les thèses en représentant 15 %.

Il est intéressant d’observer comment les choix s’ordonnent (voir tableau 3). Ainsi, le choix « DESS seulement » apparaît massivement comme un premier choix (55 % des cas où ce choix a été exprimé). Le choix « DEA + thèse » n’apparaît quant à lui comme un premier choix que dans 32 % des cas.

Les choix « DEA seulement » et « DESS + thèse » apparaissent avant tout comme des seconds choix (respectivement 49 % et 52 % des cas où ces choix ont été exprimés).

Ainsi, peu d’étudiants envisagent a priori de ne faire qu’un DEA. Cela semblerait davantage constituer une « solution de remplacement » derrière le DESS : 47 % des personnes ayant coché « DEA seulement » avaient placé « DESS seulement » en premier (15 % d’entre eux ayant indiqué « DEA + thèse » comme premier choix).

Le choix « DESS + thèse » peut apparaître comme relativement surprenant a priori. Il est à noter qu’il apparaît de manière assez différenciée suivant les disciplines (voir graphique 2). De plus, comme nous l’avons déjà noté, il apparaît très rarement comme un premier choix (9 % des cas). Les étudiants ayant coché « DESS + thèse » ont indiqué en premier choix « DESS seulement » (pour 56 % d’entre eux), ou « DEA + thèse » (dans 13 % des cas seulement). Le choix « DESS + thèse » serait donc principalement le fait d’étudiants qui souhaitent prendre une « assurance » en faisant un DESS, et qui envisagent, une fois le DESS obtenu, de poursuivre éventuellement en thèse (quitte pour cela à passer par un DEA).

2- Les raisons du choix : représentations et stratégies

Il était demandé aux étudiants de sélectionner, parmi une liste d’items, ceux qui, pour eux, correspondaient le mieux aux raisons de choisir, ou de ne pas choisir, DEA, thèse ou DESS. * DEA

L’inscription en DEA (voir graphique 3) semble davantage liée au contenu (« faire de la recherche », « approfondir des thèmes intéressants ») qu’aux débouchés (« avoir un niveau Bac + 5 » étant néanmoins fréquemment cité). En effet, les raisons « professionnelles » (« accéder à de meilleurs débouchés », « avoir un travail mieux rémunéré ») sont à peine plus citées que les raisons « par défaut » (« se donner une année de réflexion supplémentaire », « choisir une solution de repli »).

Les raisons les plus fréquemment citées pour ne pas poursuivre en DEA (voir graphique 4) sont « trop théorique », « incertitude sur les débouchés », « faire des études longues » ou encore « n’intéresse pas les entreprises ».

* Thèse

La raison majeure de poursuivre en thèse (voir graphique 5) est de pouvoir « approfondir des thèmes intéressants ». « Permet de travailler dans l’enseignement supérieur » arrive en deuxième position.

A l’inverse, l’inconvénient majeur (voir graphique 6) semble être de « faire des études longues ». Puis arrivent, assez proches les uns des autres « incertitude sur les débouchés », « retarde l’entrée dans la vie active » et « problèmes de financement ».

* DESS

Les raisons les plus fréquemment citées pour poursuivre en DESS (voir graphique 7) sont « avoir un niveau bac + 5 », « réaliser un stage pratique », « accéder à de meilleurs débouchés » ou encore « accéder à un emploi rapidement ».

Peu de raisons sont citées pour ne pas poursuivre en DESS. Celle qui dépasse de loin toutes les autres (voir graphique 8) est la « forte sélection à l’entrée », les « problèmes de financement » arrivant en deuxième position (et loin derrière).

De ces résultats, on peut tirer plusieurs enseignements :

- On ne peut pas dire qu’il y ait confusion, dans l’esprit des étudiants, entre DEA et DESS : alors que les items proposés sont les mêmes dans les 2 cas, les réponses sont nettement différentes, traduisant des représentations bien distinctes de ces 2 types de diplômes. Ces représentations correspondent assez bien aux objectifs affichés de chaque diplôme. La présence d’une minorité remarquable de « DESS + thèse » atteste néanmoins du fait qu’il n’y a pas, dans l’esprit des étudiants, incompatibilité complète entre la filière « recherche » et la filière « professionnelle ».

- les préoccupations professionnelles apparaissent assez présentes chez les étudiants, et les DESS bénéficient à ce titre d’une bien meilleure image. DEA et thèse sont perçus comme allongeant les études sans véritable contrepartie en termes de réussite professionnelle. On leur reconnaît surtout un intérêt en termes de contenu (approfondir sa réflexion personnelle sur des thèmes que l’on juge intéressants).

ANNEXES