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PARTIE II – Approche cognitive du symptôme hallucination précoce

3.6. Étude 6 - Module évaluant la théorie de l’esprit, ToM ©

4.1.1. Interventions classiques

4.1.1.1. Les psychothérapies

4.1.1.1.3. Thérapies émotionnelles, cognitives et comportementales (TECC)

Les TECC visent la modification des émotions, croyances et comportements dysfonctionnels via des techniques telles que la restructuration cognitive, la relaxation, le jeu de rôle, la décentration ou encore les situations d’exposition. Elles ne s’intéressent pas à l’origine du trouble mais plutôt aux facteurs qui maintiennent ce trouble.

Ce type de prise en charge est très en vogue à l’heure actuelle notamment du fait de son caractère concret et bref. Les TECC s’attaquent aux troubles « ici et maintenant ». Un certain nombre de contextes étiologiques peuvent être pris en charge de manière efficace par ce type de thérapie, comme la dépression, les troubles bipolaires (Docteur et al, 2007) ou encore la lombalgie (Laroche & Jammet, 2010).

Ø TECC pour les hallucinations

Ce type de thérapie a été instauré dans le cadre de la prise en charge des hallucinations auditives résistantes à la fin des années 1990, avec pour objectif principal la diminution de la sévérité du symptôme. Pour ce faire, l’idée est d’agir sur les pensées dysfonctionnelles trop rigides amenant le sujet halluciné à développer des idées délirantes. Sont également

visées les émotions ressenties telles que l’anxiété et la dépression généralement associées aux symptômes psychotiques résistants (Tarrier, 1987).

La prise en charge TECC des symptômes hallucinatoires résistants s’est montrée plus efficace dans la diminution de la sévérité du symptôme comparativement à une prise en charge classique (i.e. thérapie de soutien) (Gould et al 2001), il en va de même lorsqu’elles sont associées à un entraînement des habiletés sociales (Pinto et al 1999) ou à un traitement pharmacologique (Turkington et al, 2004). Cette efficacité est non seulement significative mais également durable, de 9 mois (Kuipers et al 1998 ; Sensky et al 2000 ; Tarier et

al 2001), à 18 mois (Kuipers et al 1997) (Favrod et al 2004 ; Monestes et al 2005).

La prise en charge TECC permettrait également de réduire la conviction délirante associée et le stress psychologique généré par les hallucinations auditives (Chadwick et al 2000 ; Kuipers et al 1998). Cette approche permet par ailleurs d’améliorer le sentiment de contrôle sur l'hallucination (Wykes et al 1999) et l’estime de soi, diminuant ainsi les affects dépressifs. Les différentes techniques utilisées favoriseraient aussi le développement de stratégies d’adaptation, dont découlerait une amélioration du fonctionnement social (Wykes

et al 2005). Ces effets ont été constatés notamment lors de prises en charge groupales

(Gledhill et al 1998). Enfin, dans une étude pilote, Pinkham et al (2004) démontrent que ces effets se retrouvent également chez des patients hospitalisés et présentant une symptomatologie plus sévère, les premières études sur le sujet n’incluant généralement que des patient pris en charge de manière ambulatoire.

L’efficacité des TECC sur les hallucinations résistantes serait principalement associée à la modification des convictions délirantes. En apprenant à générer des hypothèses alternatives sur la survenue et la nature du symptôme hallucinatoire, le patient gagnerait en « flexibilité cognitive » (Garety et al 1997).

Des recommandations cliniques dans l’utilisation des TCC en association avec un traitement antipsychotique auprès de patients avec diagnostic de schizophrénie ont été publiée et éditées par le National Institute for Clinical Excellence (NICE, 2002).

Ø Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT)

La thérapie cognitive d’acceptation et d’engagement a été introduite dans le cadre de la prise en charge des symptômes positifs dans la schizophrénie par Bach et al (2002). Elle consiste en l’acceptation des symptômes hallucinatoires, des ressentis et des pensées intérieures. Dans leur étude, Bach et al. mettent en évidence une action indirecte de la thérapie sur les symptômes, puisque les résultats consistent principalement en la diminution du degré de croyances dans le contenu de leurs hallucinations et de leurs convictions délirantes. Par ailleurs le taux de réhospitalisation de ces patients comparativement à un groupe recevant un traitement habituel, avait diminué de moitié. Une autre étude de Gaudiano et al (2006) a mis en évidence une amélioration du fonctionnement social et global, ainsi qu’une diminution des répercussions émotionnelles des symptômes. Ce type de prise en charge n’a par contre pas montré d’impact direct sur les caractéristiques des symptômes hallucinatoires, notamment leur fréquence ou leur intensité.

Ø Thérapie par la pleine conscience

Cette prise en charge correspond à l’utilisation de techniques de méditation issues du bouddhisme dans un but thérapeutique. Elle est dénuée de toutes implications métaphysiques ou religieuses. Cette thérapie est définie comme la capacité à « diriger son attention d’une certaine manière : délibérément au moment voulu, sans jugement de valeur » et afin de devenir pleinement conscient de ses expériences.

Plusieurs études se sont intéressées à cette technique dans le cadre des symptômes positifs de la schizophrénie. L’objectif principal est de changer de point de vue par rapport à ses symptômes, voire même par rapport à la pathologie sous-jacente (e.g schizophrénie).

Abba et al (2008) proposent un modèle de changement et définissent trois étapes pour y arriver :

1. apprendre à se centrer consciemment sur les symptômes psychotiques 2. permettre aux symptômes d’aller et venir sans réagir

3. récupérer du pouvoir grâce à l’acceptation de la psychose et de soi

Suivant ce modèle, Bardy-Linder et al (2013) proposent dans leur étude à 5 patients souffrant de schizophrénie avec symptômes psychotiques résistants un entraînement sur 8 séances à la pratique de la pleine conscience. Les résultats sont positifs avec des patients se situant pour la plupart entre la 1ère et la 2ème étape.

Ø TECC, ACT et mind fullness chez l’enfant

Aucune étude spécifique pour l’enfant halluciné n’a été réalisée, même si les symptômes hallucinatoires constituent une indication pour ces types de prise en charge.

En population pédiatrique, quelques particularités devront agrémenter la prise en charge, notamment l’aspect ludique afin de motiver un enfant qui n’est pas forcément conscient du trouble ou en demande de changement. Les objectifs seront de faire quelques apprentissages faciles tels que la flexibilité cognitive et la généralisation rapide. Un aspect important est également d’inclure les parents dans la prise en charge.